24ème FORUM des FACULTES de MEDECINE de RANGUEIL et PURPAN JEUDI

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REUNION COMMUNE DE FMC
JEUDI 18 OCTOBRE 2012
« Quand solliciter la réalisation d’une endoscopie digestive »
Benoît BOURDET1, Audrey HAENNIG2, Jacques MOREAU2, Barbara BOURNET2, Louis
BUSCAIL2
1 : Service de Chirurgie Digestive, Pôles Digestif et d’Anesthésie Réanimation, Hôpital
Rangueil-Larrey, Toulouse
2 : Service de Gastroentérologie et Nutrition, Pôle Digestif, Hôpital Rangueil-Larrey,
Toulouse
Contact : Pr BUSCAIL Louis, Service de Gastroentérologie et Nutrition, CHU Rangueil,
TSA 50032, 31059 Toulouse Cedex 9
Téléphone : Tel : 05 61 32 30 55/ 27 61 Fax : 05 61 32 22 29
PROGRAMME DU SYMPOSIUM
- Exposé de situations pratiques (Pr Louis BUSCAIL)
- Le point de vue de l’anesthésiste (Dr Benoît BOURDET)
- L’endoscopie digestive haute (Dr Audrey HAENNIG)
- La coloscopie (Dr Jacques MOREAU)
- Les complications et les alternatives (Dr Barbara BOURNET)
INTRODUCTION :
L’endoscopie digestive est arrivée à un haut niveau d’évolution technologique et de ce fait,
ses applications sont actuellement multiples avec deux grands volets: l’endoscopie
diagnostique et l’endoscopie thérapeutique. L’endoscopie diagnostique est au centre de la
prise en charge des affections du tube digestif et le dépistage des cancers. Le but de ce
symposium est de faire une mise au point sur les indications, les conditions de réalisation et
les résultats actuels de l’endoscopie digestive. L’omnipraticien a un rôle primordial dans le
parcours du patient requérant une endoscopie digestive quant à l’analyse des symptômes
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d’alerte, l’identification d’une situation de dépistage, l’information première sur le
déroulement et les résultats de la dite endoscopie.
CONDITIONS DE REALISATION :
La plupart des endoscopies digestives hautes (endoscopie oeso-gastro-duodénale et
entéroscopie) et basses (coloscopie, entéroscopie basse) sont réalisés sous anesthésie générale
et en conditions ambulatoires (ce en l’absence de tout geste thérapeutique). Le parcours du
patient comportera donc une information écrite « éclairée » sur la réalisation et les
complications du geste (formulaires établies par les sociétés savantes), la préparation (en
particulier régime et purges pour la coloscopie), l’anesthésie, les conditions de l’ambulatoire.
Il faudra aussi informer le patient sur les possibilités thérapeutiques et de suivi en cas de
tumeurs bénignes ou de lésions précancéreuses à surveiller. Enfin des alternatives à
l’endoscopie sont aussi à connaître quant à leur avantage, indications et limites. L’endoscopie
thérapeutique ou interventionnelle relève de la pratique gastroentérologique avec des examens
de deuxième intention souvent après concertation pluridisciplinaire.
LE POINT DE VUE DE L’ANESTHESISTE :
Il est réalisé environ 8 millions d’actes d’anesthésie par an en France et peu de spécialités
peuvent se targuer d’une baisse aussi rapide de la mortalité. En effet en 1990 on estimait la
mortalité à 1 patient pour 10000 actes et 10 ans plus tard ce chiffre était passé à 7 pour un
million.
L'enquête « 3 jours d'Anesthésie en France » de 1996 a révélé que le nombre annuel
d'anesthésies pour endoscopie était estimé à 2 084 000 actes soit 27 % du nombre total des
d'anesthésies. Les anesthésies pour endoscopie non chirurgicale représentent 1 252 000
d'actes par an dont 95 % de ceux-ci sont motivés par des endoscopies digestives. Les trois
quarts de ces gestes sont réalisés dans le secteur d’hospitalisation privée; la moitié touche des
patients âgés de 50-75 ans. Les actes sont vécus de façon désagréable par le patient qui les
appréhende. Dans la plupart des cas, ils sont effectués selon un mode ambulatoire. Les actes
interventionnels sont en général suivis d'hospitalisation. La banalisation des ces examens, y
compris pour des patients de plus en plus âgés et de plus en plus fatigués, couplée à son
caractère majoritairement ambulatoire donne une fausse impression de facilité technique. En
effet, il faut garder à l’esprit « qu’il n’y a pas de petits gestes, et qu’il n’y a pas de petite
anesthésie ». L’anesthésie pour l’endoscopie digestive obéit aux mêmes règles et lois que
l’anesthésie pour une intervention chirurgicale (consultation, monitorage, passage en salle de
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surveillance post-interventionnelle). De plus, l’anesthésie pour l’endoscopie digestive est pour
nous une des anesthésies les plus compliquée car :
- Elle se réalise dans 98 % des cas hors des blocs opératoires et de leur cadre rassurant
pour l’anesthésiste,
- Elle nécessite une attention toute particulière puisque l’on effectue « un dosage » de
l’anesthésie afin que le patient dorme suffisamment pour supporter le geste avec une
perte de conscience, tout en conservant une ventilation spontanée suffisante pour
assurer une oxygénation suffisante, c’est ce que l’on appelle habituellement une
« petite » anesthésie ou sédation.
Pour toutes ces raisons la consultation d’anesthésie est obligatoire comme avant tout acte
nécessitant notre participation et représente très certainement le moment clé de notre prise en
charge. En effet, c’est au cours de la consultation que sera évaluée le risque anesthésique du
patient et décidée la technique d’anesthésie : sédation ou anesthésie générale avec intubation.
L’anesthésiste est, comme le généraliste, une bête curieuse voulant tout savoir sur le patient.
Si je voulais caricaturer je dirais que « le gastro-entérologue ne s’intéresse pour le patient
qu’à l’indication de l’examen et l’anesthésiste à tout le reste : état cardio-vasculaire,
respiratoire, endocrinien… » C’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à faire un courrier
spécifiquement destiné à l’anesthésiste pour présenter les antécédents et traitements du
patient, en particulier les antiagrégants et anticoagulant.
Le caractère habituellement non urgent de ces examens nous pousse à une extrême vigilance
quant à l’évaluation de l’état de santé du patient, l’évaluation de leur risque cardiaque et
respiratoire et l’équilibration de leur traitement. C’est pour cela que nous pouvons facilement
être emmené à reporter l’examen pour avoir un complément d’information. Il ne s’agit pas
alors d’une contre-indication à une anesthésie.
Dans le cas le risque lié à l’anesthésie est supérieur au bénéfice attendu de l’examen se
pose la question des alternatives : si une endoscopie diagnostique haute peut se faire dans
certains cas sous anesthésie locale (anesthésie simple du pharynx), les endoscopies
diagnostiques basses requièrent une anesthésie. Dans ce cas anesthésiste et gastro-entérologue
peuvent cider de proposer un alternative comme la coloscopie virtuelle ou plus récemment
un examen par vidéo-capsule. En revanche, si le bénéfice attendu est supérieur au risque
comme le traitement d’une lésion cancéreuse par voie endoscopique et non par chirurgie chez
un patient fatigué par exemple, l’anesthésie est envisagée. En résumé, il n’existe pas de
contre-indication à l’anesthésie si l’indication de l’examen et/ou du geste est justifiée.
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Une question récurrente concerne la gestion des traitements anti-aggrégants et anti-
coagulants. Les AINS et l'aspirine peuvent être maintenus pour les gastroscopies, les
rectosigmoïdoscopies, les coloscopies, les entéroscopies avec ou sans biopsie ainsi que les
échoendoscopies diagnostiques. En ce qui concerne les antithrombotiques ou le traitement
AVK la discussion doit se faire autour de l’importance de l’anticoagulation et l’INR cible.
Les coloscopies avec polypectomie , la cholangiopancréatographie rétrograde per-
endoscopique (CPRE) et l’échoendoscopie avec ou sans biopsie ou gestes endoscopiques sont
autorisées sous aspirine mais non pour les autres antithrombotiques, ni les AVK ou le
clopidogrel. Il faudra alors prévoir si nécessaire un relais du traitement anti-coagulant par voie
sous cutanée avec en néral un arrêt des AVK ou du clopidogrel respectivement 5 et 8 jours
avant.
En ce qui concerne l’anesthésie ambulatoire, si son indication ne dépend pas de la technique
d’anesthésie retenue mais du geste réalisé et des conditions classiques (présence d’un
accompagnant au domicile, distance par rapport à un centre hospitalier…). En effet, un patient
bénéficiant de l’examen sous anesthésie générale avec intubation pourra être pris en charge
de cette manière tout comme un patient bénéficiant d’une simple sédation pourra passer une
nuit en hospitalisation après le geste.
En conclusion le risque anesthésique pour un examen endoscopique n’est pas plus ou moins
important que pour n’importe quelle intervention et il faut garder à l’esprit que ce n’est pas
une « petite » anesthésie pour un « petit » examen. L’anesthésie générale est toujours possible
quelque soit le statut du patient si le geste est justifié, à l’anesthésiste alors de décider d’une
stratégie de prise en charge pré, per et post opératoire.
ENDOSCOPIE DIGESTIVE HAUTE :
On distingue trois types de situations : indications devant un symptômes digestif cent ou
chronique, une situation de dépistage et de surveillance et enfin l’urgence.
Endoscopie digestive haute et sémiologie digestive récente ou chronique : il s’agira d’une
dysphagie pour éliminer un cancer oesophagien ou du cardia ou faire le bilan de troubles
moteurs oesophagiens. Les symptômes de reflux gastro-oesophagien, quantquand ils
surviennent chez un(e) patient(e) jeune sans signes de gravité (pas d’amaigrissement ou de
dysphagie) ne nécessite pas d’endoscopie d’emblée et c’est un traitement par IPP qui fera le
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test diagnostique et thérapeutique. Par contre en cas de RGO atypique ou persistant ou avec
signes « inquiétants » chez un patient plus âgé volontiers alcoolo-tabagique l’endoscopie est
une nécessité. Les nausées et vomissements, persistants sont souvent le fait de troubles
dyspeptiques mais nécessitent une endoscopie pour éliminer toute lésion tumorale
gastroduodénale, gastropathies inflammatoires ou une gastroparésie du diabétique. Toute
anémie chronique spoliative avec carence martiale chez un patient volontiers sous AINS ou
anticoagulants impose un bilan endoscopique : on recherche une pathologie ulcéreuse ou
tumorale voire des malformations vasculaires type angiomes. Le syndrome ulcéreux ou les
brûlures épigastriques restent une indication classique : la pathologie ulcéreuse est
actuellement moins fréquente que jadis mais persiste la possibilité d’infection à hélicobacter
pylori dont lale diagnostic sera fait par les biopsies antrales et fundiques. Enfin signalons les
cas de diarrhées chroniques l’endoscopie visera à réaliser des biopsies
duodénaleduodénales à la recherche d’une maladie du grêle en particulier une maladie
cœliaque.
Endoscopie digestive haute et dépistage ou surveillance de lésions pré-néoplasiques:
Dans le cadre du reflux gastro-oesophagien, la présence d’un endobrachyoesophage,
véritable métaplasie à risque de dégénérescence, requièrte une surveillance
endoscopique à la recherche de dysplasie. De même la présence d’une gastrite
atrophique antrale avec métaplasie constitue aussi un état pré-cancéreux à surveiller
par endoscopie et biopsies. En cas de cirrhose et d’hypertension portale l’endoscopie
vise à rechercher et surveiller des varices œsophagiennes en vue d’un traitement
préventif de la rupture par bétabloquants. Chez le patient alcoolo-tabagique chronique
le dépistage de dysplasie œsophagienne est également nécessaire. Ce dépistage
bénéficie de l’évolution technologique telle que chromoendoscopie et zoom.
Endoscopie digestive haute en urgence:
Toute situation d’urgence comme hémorragie digestive haute (hématémèse et/ou
méléna), ingestion de caustique, impaction ou ingestion de corps étrangers cessite
une endoscopie après un conditionnement du patient au plan hémodynamique et
anesthésique. Cette endoscopie permettra le diagnostic et souvent le traitement
(hémostase, extraction) de la cause dans le même temps.
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