Elle s’en différencie par la présence d’une
leucopénie avec réaction lymphoplasmocy-
taire et par les réactions sérologiques.
Certaines affections virales, en particulier
celles causées par le cytomégalovirus, peu-
vent également se manifester sur le plan
clinique par de la fièvre, une angine, des adé-
nopathies et un rash cutané; sur le plan bio-
logique, par l’apparition de lymphocytes
atypiques. En dehors du CMV, d’autres virus
tels que les virus du groupe herpès (HHV6),
influenza, para-influenza, hépatite, adénovi-
rus peuvent simuler un tableau clinique iden-
tique. L’infection à HIV doit aussi être prise
en considération (9).
Certaines affections à rickettsiose comme
la rickettsie sennetsu, connue uniquement au
Japon, peuvent entraîner des modifications
cliniques et biologiques identiques à celles de
la mononucléose infectieuse.
Enfin, les leucémies et hématosarcomes
peuvent présenter un début clinique fort si-
milaire à celui de la mononucléose. L’atteinte
des autres lignées sanguines et surtout la pré-
sence dans le sang et la moelle de formes cel-
lulaires anormales orienteront rapidement le
diagnostic.
COMPLICATIONS
La plupart des patients atteints de mono-
nucléose infectieuse ont une évolution bé-
nigne limitée aux symptômes de l’infection
avec une complète récupération au terme de
quelques semaines. Le potentiel de compli-
cations n’est cependant pas négligeable (3, 5).
Les complications neurologiques s’obser-
vent dans 0.7 à 1% des formes graves de mo-
nonucléose. Elles se traduisent le plus sou-
vent par de la somnolence, des céphalées, des
vertiges et des convulsions. Plus rarement,
elles peuvent apparaître sous forme soit d’at-
teinte méningée avec le tableau de la ménin-
gite lymphocytaire aiguë, soit d’atteinte mé-
ningo-encéphalitique allant du simple
trouble de conscience au coma profond avec,
dans certains cas, paralysie du centre respira-
toire ou encore des névrites périphériques
entraînant des parésies ou paralysies faciales
ou réalisant le tableau de la polyradiculoné-
vrite type Landry ou Guillain Barré.
Les complications cardiaques, relative-
ment rares, sont consécutives à une infiltra-
tion lymphocytaire du myocarde ou du péri-
carde, pouvant entraîner l’apparition d’une
myocardite ou d’une péricardite générale-
ment bénigne. Dans 6% des cas, des anoma-
lies électrocardiographiques sont rencon-
trées.
Les complications pulmonaires de la mo-
nonucléose infectieuse sont un peu plus fré-
quentes. Elles peuvent, en effet, apparaître
dans 5 à 10% des cas et se caractérisent, sur
le plan clinique, par des signes d’infections
des voies respiratoires inférieures avec toux
d’allure coqueluchoïde ou détresse respira-
toire et, sur le plan radiologique, par des
images d’infiltrats pulmonaires mal délimi-
tés, souvent bilatéraux, des micronodula-
tions diffuses, des adénopathies trachéo-
bronchiques ou médiastinales avec sténose
bronchique ou, plus rarement, des pleuré-
sies.
L’obstruction des voies respiratoires supé-
rieures, rencontrée principalement chez les
enfants et liée à l’hypertrophie lymphoïde de
l’anneau de Waldeyer, est une indication de la
corticothérapie et permet d’éviter ainsi l’in-
tubation ou la trachéostomie. La non répon-
se aux corticoïdes indique, dans cette situa-
tion, une surinfection bactérienne comme,
par exemple, un abcès amygdalien à strepto-
coque bêta-hémolytique du groupe A (9).
Les complications hépatiques ne sont pas
à négliger. Sans doute, la présence dans 80 à
90% des cas de mononucléose infectieuse
d’une perturbation manifeste des principaux
tests de la fonction hépatique, associée à une
hépatomégalie modérée, n’écarte pas, que
LOUVAIN MED. 117: S315-S322, 1998.
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