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Le fardeau humain et financier
de la MPOC :
Une des principales causes dʼhospitalisation au Canada
Le fardeau humain et financier de la MPOC :
Une des principales causes dʼhospitalisation au Canada
La maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC)
figure parmi les affections chroniques les plus négligées et
mal comprises au Canada.
Dans notre pays et partout dans le monde, de trop
nombreux patients reçoivent un diagnostic de bronchite, de
toux ou dʼinfection des voies respiratoires quand en réalité
ils sont atteints dʼune maladie pulmonaire évolutive et que
lʼinfection aiguë dont ils souffrent est en fait une
exacerbation de la maladie sous-jacente. La
méconnaissance et lʼabsence de traitement de la MPOC
sous-jacente ont contribué à faire grimper le nombre
dʼhospitalisations et de décès prématurés au Canada, qui
dʼailleurs nʼont pas cessé de croître.
La MPOC est une maladie pulmonaire débilitante et
dégénérative. Les personnes qui en souffrent présentent
un rétrécissement des voies respiratoires, une limitation du
débit aérien et une réduction de la fonction pulmonaire, qui
entraînent une incapacité et un décès prématuré. Même si
elle ne se guérit pas, la MPOC peut être traitée,
particulièrement si elle est diagnostiquée tôt et que le
patient suit un traitement préventif.
Malgré tout, les plus récentes statistiques sur les
hospitalisations au Canada, compilées par lʼInstitut
canadien dʼinformation sur la santé (ICIS), montrent que la
MPOC est maintenant associée au taux dʼhospitalisation le
plus élevé parmi les principales affections chroniques au
Canada1.
En fait, on dénombre plus de patients hospitalisés pour
cause de MPOC que pour une crise cardiaque, et lʼécart se
creuse plus fortement au fil des ans2.
Non seulement la MPOC est la première cause
dʼhospitalisation, mais elle est aussi associée à un taux de
réhospitalisation beaucoup plus élevé que les autres
maladies chroniques. Le rapport de lʼICIS nous apprend
que 18 % des patients admis à lʼhôpital pour cause de
MPOC ont été hospitalisés une autre fois et 14 % deux
autres fois au cours de la même année. Ces pourcentages
sont beaucoup plus élevés que ceux qui sont associés à
lʼangine, à lʼinsuffisance cardiaque, au diabète ou à
lʼhypertension. À titre dʼexemple, seuls 7 % des patients
hospitalisés pour cause dʼhypertension ont été réadmis une
fois et 2 % deux fois au cours de la même année1.
Ces données de lʼICIS peuvent surprendre de nombreux
médecins et administrateurs de soins de santé au Canada,
mais elles se comparent à celles que lʼon recueille
actuellement aux États-Unis et en Europe.
La montée en flèche des taux dʼhospitalisation associés à
la MPOC se produit au moment où lʼon constate une chute
considérable des décès attribuables à la coronaropathie, à
lʼAVC et à lʼhypertension depuis les 40 dernières années3.
La MPOC est la seule maladie chronique pour laquelle on
observe un accroissement de la mortalité4,5.
Le présent rapport examine de nouvelles données sur la
MPOC et les exacerbations, les coûts psychosociaux pour
les patients canadiens ainsi que les répercussions sur le
système de santé. On y voit aussi que les exacerbations ou
les crises pulmonaires liées à la MPOC sont la principale
cause dʼhospitalisations au Canada. Avant tout, il montre
que les crises pulmonaires accélèrent la progression de la
maladie, provoquent une détérioration rapide de la santé et
entraînent même des décès prématurés. Enfin, on y
souligne que grâce à un traitement approprié, il est
possible de réduire les crises pulmonaires liées à la
MPOC6,7,8.
On démontre dans le rapport quʼil faut dʼabord
diagnostiquer la maladie et en assurer une prise en charge
optimale afin de réduire les hospitalisations, dʼaméliorer la
qualité de vie des patients et dʼoffrir des soins de santé
plus complets en utilisant les ressources de santé
Le fardeau humain et financier de la MPOC
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18 % des patients admis à lʼhôpital pour
cause de MPOC ont été hospitalisés une
autre fois et 14 % deux autres fois au cours
de la même année.
Hospitalisations répétées par condition lors de la première admission
existantes de la manière la plus efficace et la plus efficiente
possible.
Le rapport se termine par un appel à lʼaction auprès des
membres de la communauté médicale pour quʼils
accordent la même priorité à la MPOC quʼà lʼhypertension
et au diabète quant au diagnostic et au traitement. De plus,
on conseille fortement aux praticiens dʼétablir un plan
dʼaction pour assurer une prise en charge continue des
patients atteints de MPOC.
Le fardeau imposé aux patients et aux prestateurs de
soins
La MPOC est une maladie insidieuse qui attire peu
lʼattention et qui évolue de manière presque imperceptible
en privant graduellement les personnes atteintes de leur
santé et de leur vitalité. Elle se manifeste souvent durant
les années de plus grande productivité par des
essoufflements, une toux persistante et une fatigue. Les
personnes qui en souffrent se sentent plus vieilles quʼelles
ne le sont en réalité et éprouvent de grandes difficultés à
effectuer leurs activités quotidiennes, comme faire leurs
courses, accomplir les tâches domestiques ou même
sʼadonner à leurs loisirs.
Même si elles subissent de plus en plus de contraintes au
quotidien, les personnes aux prises avec la MPOC peuvent
ignorer quʼelles sont atteintes dʼune maladie évolutive et
attribuer leurs symptômes aux signes normaux du
vieillissement ou à leur mauvaise forme physique.
Le fardeau imposé aux médecins et au système de
santé canadien
Les nouvelles données sur les hospitalisations attribuables
à la MPOC ont des répercussions directes sur les
médecins de famille, les urgentologues et les spécialistes.
Elles témoignent du besoin urgent de prioriser le diagnostic
précoce et exhaustif de la maladie pour réduire le nombre
de crises pulmonaires nécessitant une hospitalisation et
pour améliorer la rentabilité des dépenses consacrées aux
soins de santé.
Selon un article canadien publié en 2008, la durée des
hospitalisations pour cause de crises pulmonaires liées à la
MPOC était en moyenne de 10 jours et le coût dʼun séjour
àlʼhôpital sʼélevait à environ 10 000$9.Cet article canadien
estimait de façon conservatrice le coût total de ces
hospitalisations à 1,5 milliard de dollars par année9. Par
ailleurs, Mittman et ses collaborateurs ont affirmé que la
manière la plus simple de réduire le nombre
dʼhospitalisations en lien avec la MPOC consiste à prévenir
les crises pulmonaires grâce à un traitement approprié de
la maladie9.
Une étude épidémiologique internationale récente indique
que la MPOC est deux fois plus courante que ce que lʼon
croyait auparavant et que la maladie est confirmée chez
10 % de la population. On sait également quʼelle demeure
non diagnostiquée chez 50 % des gens qui en souffrent, ce
qui devrait augmenter bientôt considérablement le nombre
de personnes atteintes10,11.
Le Dr Darcy Marciniuk, pneumologue en Saskatchewan et
directeur du comité sur la MPOC de la Société canadienne
de thoracologie, confirme que le nombre dʼhospitalisations
pour cause de MPOC augmente chez les patients.
La MPOC est la première maladie chronique en importance
en ce qui a trait aux hospitalisations dans sa région, rang
quʼelle occupe depuis 2002, année où il a commencé à
recueillir des données en ce sens.
« Au chapitre des hospitalisations, la MPOC devance
toutes les autres maladies auxquelles on la compare,
comme lʼinsuffisance cardiaque, la cardiopathie
ischémique, le diabète ou lʼinsuffisance rénale », affirme le
Dr Marciniuk, professeur de médecine à lʼUniversité de
Saskatchewan et chef de la Division de pneumologie, des
soins intensifs et de la médecine du sommeil.
Bien que lui et ses collègues pneumologues soient
parvenus à réduire de 40 % le nombre de
réhospitalisations et de jours passés à lʼhôpital ou aux
soins intensifs chez les patients atteints dʼune MPOC
confirmée, ce sont les nouveaux cas et les cas non
diagnostiqués qui continuent de faire grimper les taux
dʼhospitalisation.
Un des moyens de réduire les hospitalisations, et les
pneumologues le confirment, consiste à dépister la maladie
qui nʼest pas encore diagnostiquée chez les patients déjà
atteints pour quʼils puissent entreprendre plus tôt un
traitement approprié.
Il sʼagit de la principale lacune à combler en médecine
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La durée des hospitalisations pour cause de
crises pulmonaires liées à la MPOC était en
moyenne de 10 jours et le coût dʼun séjour à
lʼhôpital sʼélevait à environ 10 000 $9. Une
estimation conservatrice établissait à
1,5 milliard de dollars le coût total des
hospitalisations pour cause de MPOC9.
familiale, selon le Dr Jean Bourbeau, directeur de lʼunité de
recherche respiratoire, épidémiologique et clinique à
lʼInstitut thoracique de Montréal. Il confirme que les
nouvelles données, provenant à la fois de ses collègues
pneumologues et de lʼICIS, montrent que la MPOC non
diagnostiquée et non maîtrisée est une des principales
causes dʼhospitalisation au Canada.
Il recommande aux médecins de commencer à envisager
quʼune infection isolée — comme une bronchite aiguë —
peut très bien être une complication dʼune MPOC
sous-jacente.
«La dyspnée, une modification des expectorations et la
toux sont des symptômes dʼexacerbation de la MPOC »,
précise le Dr Bourbeau, qui confirme que cette affection est
la principale cause dʼhospitalisation dans son
établissement.
« Une exacerbation, ou ce que certains pneumologues
appellent une crise pulmonaire liée à la MPOC, a les
mêmes conséquences quʼune crise cardiaque sur la qualité
de vie des patients, les réhospitalisations et la mortalité. »
Les crises pulmonaires sont à la MPOC ce que les crises
cardiaques sont à la maladie coronarienne — lorsquʼelles
entraînent une hospitalisation, elles ont des taux de
mortalité comparables. Selon des études
observationnelles, 8 % des patients meurent à lʼhôpital et
un patient sur quatre meurt dans lʼannée qui suit son
hospitalisation8,12,13.
Au Canada, les résultats dʼune étude portant sur une base
de données ontarienne (2000-2004) indiquent que le taux
de mortalité à un an est même plus élevé, souligne le
Dr Marciniuk, compte tenu que près du tiers des patients
âgés sont morts moins de 12 mois après une
hospitalisation pour cause de MPOC13.
« Au Canada, le taux de mortalité après une crise
pulmonaire liée à la MPOC est au moins aussi élevé que
celui relatif à une crise cardiaque », poursuit le
Dr Marciniuk.
Le taux de mortalité élevé sʼexplique du fait que la crise
pulmonaire nʼest pas uniquement un symptôme de la
MPOC, mais aussi un facteur qui accélère la progression
de la maladie, précise le Dr Bourbeau.
« Les crises pulmonaires causent des dommages
permanents; en effet, la fonction pulmonaire des patients
qui ont subi une crise ne sera plus jamais aussi bonne
quʼavant. »
Le moyen de stopper la détérioration des poumons
consiste à traiter la maladie sous-jacente.
« Il faut dʼabord traiter lʼexacerbation aiguë, puis
entreprendre un traitement à long terme de la MPOC pour
prévenir la survenue dʼautres crises. »
Cette stratégie doit sʼappuyer sur un plan dʼaction, ajoute le
Dr Bourbeau :
« En plus de leur prescrire les médicaments appropriés,
nous devons enseigner aux patients à reconnaître les
signes particuliers qui annoncent une exacerbation pour
eux et leur établir un plan dʼaction. »
En présence dʼun patient qui éprouve vraisemblablement
une crise pulmonaire, les médecins doivent apprendre à
réagir de la même manière quʼils le font devant un patient
qui subit une crise cardiaque, conclut le Dr Bourbeau.
Cas de MPOC non diagnostiqués lors de
lʼhospitalisation : une véritable source dʼinquiétude
Le Dr Ron Grossman, pneumologue au Credit Valley
Hospital à Mississauga, en Ontario, et professeur de
médecine à lʼUniversité de Toronto, affirme lui aussi que la
MPOC passe souvent inaperçue même lorsque les patients
sont hospitalisés pour une exacerbation.
« Une exacerbation, ou ce que certains
pneumologues appellent une crise
pulmonaire liée à la MPOC, a les mêmes
conséquences quʼune crise cardiaque sur
la qualité de vie des patients, les
réhospitalisations et la mortalité. »
Les crises pulmonaires sont à la MPOC ce que les
crises cardiaques sont à la maladie coronarienne
— lorsquʼelles entraînent une hospitalisation, elles
ont des taux de mortalité comparables. Selon des
études observationnelles, 8 % des patients
meurent à lʼhôpital et un patient sur quatre meurt
dans lʼannée qui suit son hospitalisation8,12,13.
Au Canada, les résultats dʼune étude portant sur une
base de données ontarienne (2000-2004) indiquent que
le taux de mortalité à un an est même plus élevé,
souligne le Dr Marciniuk, compte tenu que près du tiers
des patients âgés sont morts moins de 12 mois après
une hospitalisation pour cause de MPOC13.
4Le fardeau humain et financier de la MPOC
« Il ne fait aucun doute que des patients arrivent à lʼhôpital
avec un diagnostic autre que la MPOC, comme la
pneumonie ou lʼinsuffisance cardiaque congestive, et que
cʼest en fait une MPOC sous-jacente qui contribue à la
gravité de la maladie. »
Comme ces patients voient rarement un pneumologue, leur
MPOC demeure non diagnostiquée et ils sont susceptibles
de subir une crise pulmonaire quʼun traitement approprié
pourrait prévenir. Ils ne reçoivent aucun traitement adéquat
pour leur MPOC sous-jacente et risquent de voir leurs
poumons se détériorer davantage sʼils font dʼautres crises
pulmonaires. En fait, chez la plupart des patients, la MPOC
n'est diagnostiquée que lorsquʼelle est parvenue à un stade
très avancé14.
Le Dr Grossman recommande aux médecins dʼêtre
proactifs en ce qui a trait au dépistage de la MPOC, qui
représente la solution pour ralentir lʼaugmentation des taux
dʼhospitalisation liés à cette maladie qui, selon ses dires,
sévit « incognito ».
La spirométrie est une épreuve simple — en fait, la seule
qui existe — qui permet de diagnostiquer la MPOC,
souligne le Dr Grossman.
« Il est nécessaire dʼavoir une mesure objective de la
fonction respiratoire et la spirométrie est la seule manière
dʼobtenir cette mesure et de déterminer si une personne
souffre de MPOC. »
« Effectuée précocement, la spirométrie permet de repérer
les patients à risque et de leur conseiller de prendre des
mesures préventives qui les aideront à ralentir lʼévolution
naturelle de la maladie. »
Dans ses recommandations de 2008, la Société
canadienne de thoracologie recommande de faire passer
une spirométrie à toute personne de plus de 40 ans qui
fume ou qui a déjà fumé et qui présente au moins un
symptôme respiratoire, comme lʼessoufflement, la toux, la
respiration sifflante ou des mucosités persistantes14.
Comme le dit le Dr Grossman : « Vous nʼoseriez pas
prescrire un traitement à un patient hypertendu sans avoir
mesuré sa tension artérielle, ou à un diabétique sans avoir
mesuré sa glycémie. Alors, pourquoi permettons-nous aux
médecins de traiter les patients souffrant de MPOC sans
mesurer leur fonction respiratoire? Ça nʼa aucun sens. »
Certains médecins de famille ont recours à la spirométrie
dans leur bureau, mais ce nʼest pas la majorité. Sans
compter que de nombreux spécialistes, y compris les
cardiologues, négligent de procéder à ces mesures pour
dépister la MPOC, même si des données ont montré que
plus de 50 % des cardiaques souffrent également de
MPOC. Lʼamélioration procurée par un traitement de la
MPOC approprié sera beaucoup plus importante que celle
qui découlera du traitement de la maladie cardiaque, de
préciser le Dr Grossman.
Il est possible de prévenir les exacerbations de la
MPOC ou les « crises pulmonaires »
Lʼobstruction progressive des voies respiratoires et le
déclin graduel de la fonction pulmonaire ont un effet
considérable sur la qualité de vie des patients et limitent
leur capacité de travailler, de sʼadonner à des activités
sociales et de prendre soin dʼeux-mêmes et de leur famille.
La MPOC entraîne une réduction graduelle de la capacité
fonctionnelle, peut mener à la dépression et raccourcit
lʼespérance de vie.
Toutefois, selon la Société canadienne de thoracologie, il
existe des traitements pour la MPOC, quel que soit le stade
de la maladie14.
Des données montrent quʼun traitement médicamenteux
approprié associé à un programme dʼéducation conçu pour
apprendre aux patients à utiliser correctement leurs
dispositifs dʼadministration, à reconnaître les signes
annonciateurs dʼune exacerbation (ou crise pulmonaire) et
à y réagir rapidement, améliore la qualité de vie des
patients et réduit le nombre dʼhospitalisations.
Selon le Dr Grossman : « Une multitude de données
prouvent que les patients atteints dʼune MPOC modérée ou
sévère qui suivent un traitement améliorent leur tolérance à
Il existe des traitements pour la MPOC,
quel que soit le stade de la maladie14.
Des données montrent quʼun
traitement médicamenteux approprié
associé à un programme dʼéducation
conçu pour apprendre aux patients à
utiliser correctement leurs dispositifs
dʼadministration, à reconnaître les
signes annonciateurs dʼune
exacerbation (ou crise pulmonaire) et
à y réagir rapidement, améliore la
qualité de vie des patients et
réduit le nombre dʼhospitalisations.
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