études de cas abondent, elles ne sont pas reliées entre elles. Une relation bilatérale délimite
premièrement un espace d’action pour deux acteurs à partir des leurs intérêts qui peuvent être
distincts mais parfois convergents. Cet espace n’est pas entièrement institutionnalisé. Il y a
donc un « officiel » et un « non officiel » dans les rapports des deux pays. L’espace officiel,
conceptualisé, s’organise autour des dirigeants et des appareils diplomatiques qui sont des
partenaires privilégiés. L’autre, non conceptualisé, compte les contacts non étatiques, entre les
sociétés civiles. Il y a bien évidemment des points de rencontre entre ces deux niveaux. Mais
lorsqu’on parle des liens entre deux pays, il est impossible de ne pas réaliser que les relations
bilatérales – qui ouvrent aussi la perspective d’une étude comparative – sont encadrées dans
des espaces géopolitiques plus larges. C’est pour quoi une telle étude doit partir de l’idée que
rien n’est local, mais régional et continental. Cette étude vise à mettre en évidence le côté
évolutif d’une relation bilatérale à partir du cas franco-albanais. Il s’agit d’une période
comprise entre la Première Guerre mondiale, suivie par l’établissement d’un nouvel ordre,
celui de Versailles et sa destruction en 1939-40. Nous avons donc une période d’évolutions
majeures de l’équilibre des puissances, de l’architecture du sud-est européenne, de l’évolution
de l’Albanie. À l’intérieur de ces limites on rencontre d’autres repères, la période de 1916-
1920 avec la présence militaire française à Kortcha, de 1921-1925 , la Conférence des
Ambassadeurs, représente une nouvelle lecture du traité de Londres pour les dix années
suivantes. Ensuite, de 1926 à 1928, nous avons un autre repère : le traité de Tirana, et l’année
1934, avec la création de l’Entente balkanique, dernier essai d’attirer l’Albanie dans la
politique de sécurité collective. La période se clôt par la chute de la France, en juin 1940.
La rivalité après l’alliance : à la source de la friction gréco-turque dans l’après-guerre (1947-
1955)
Sofia PAPASTAMKOU
En février 1952, la Turquie et la Grèce assistent pour la première fois en tant que
membres de l’Alliance Atlantique à la conférence de Lisbonne. Leur accession simultanée
n’est pourtant pas le fruit d’un effort diplomatique concerté, même si le danger communiste
est le principal problème de sécurité aux yeux des Turcs comme aux yeux des Grecs. La
Grèce n’a pas systématiquement cherché son insertion dans l’OTAN, alors que la Turquie
voit là l’aboutissement d’une politique réfléchie qui vise à obtenir des garanties d’un allié fort.
C’est n’est qu’après que le principe d’admission des deux pays à l’OTAN ait été accepté que
les gouvernements turc et grec ont fait d’efforts pour resserrer leurs liens. Le rapprochement
gréco-turc reflète une volonté politique sincère, mais limitée, et n’a jamais été profond, même
avec l’extension de leurs liens dans une entente balkanique triangulaire avec la Yougoslavie.
L’intérêt de la Grèce pour l’île de Chypre, colonie britannique, a attiré la vive attention du
gouvernement turc et le gouvernement britannique a trouvé en lui un soutien fort pour
contrecarrer les revendications grecques. L’internationalisation de l’affaire de Chypre a
gravement miné les relations gréco-turques et la brève « amitié » entre les deux pays a perdu
tout sens au moment des incidents graves contre les minoritaires Grecs de la Turquie en
septembre 1955. Les problèmes qui apparaissent dans les relations gréco-tuques de cette
période relèvent d’une importance particulière parce qu’ils se trouvent à la base des difficultés
bilatérales entre les deux pays qui continuent à être présentes aujourd’hui et qui ont rendu
problématique le fonctionnement du flanc sud-est de l’Alliance Atlantique.
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Dimitri T. ANALIS, Les Balkans, 1945-1960, la prise du pouvoir, Paris, P.U.F., 1978.
Jacques ANCEL, Peuples et nations des Balkans, Géographie politique, Paris, A. Colin, 1930 (reproduction
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André BLANC, Géographie des Balkans, coll. « Que sais-je ? », Paris, P.U.F, 1965.
Pierre CABANES (dir.), Histoire de l’Adriatique, coll. L’univers historique, Paris, Seuil, 2001.