Qui n'a pas encore son dossier médical personnel?
Le 31 août 2012 par Rémi Sanchez
L'idée de départ est louable: mettre son dossier médical à disposition de tous les praticiens, le dématérialiser
dans un fichier national consultable depuis n'importe quel accès internet pour éviter des erreurs médicales.
Actes médicaux et paramédicaux antécédents pathologiques, tout peut être consigné dans ce fichier, accessible
et gérable par des patients, qui choisissent de mettre à disposition, ou de conserver, ces informations aux
professionnels de santé : hôpitaux, médecins de famille, infirmiers et thérapeutes divers. Les professionnels se
gardant, en cas d'urgence, la possibilité d'y accéder sans recevoir l'autorisation du patient.
Au 31 juillet 2012, après un an et trois mois d'existence, le Dossier médical personnel (DMP) a convaincu plus
de 180000 patients. Dont 35000, rien que dans notre région. Ce qui fait de la Picardie la première région de
France, comme le montre la carte du dispositif.
Un certain succès, qui s'explique par le fait que la région était pilote sur ce dossier en expérimentant «Dossier
Santé Picardie», ancêtre et brouillon du DMP actuel. Mais la progression du DMP nécessite aussi des
professionnels de santé coopérants.
Un dispositif trop lourd?
À la pratique certains professionnels grincent des dents: la belle idée s'avère laborieuse à mettre en ?uvre. Il
faut tout d'abord que le médecin s'équipe d'un logiciel capable de créer et manipuler ces données partagées. Il
faut ensuite que le médecin ait le temps de remplir un dossier facultatif, qui vient s'ajouter aux dossiers papier
ou informatisés existants.
"Chronophage" selon Philippe Tréhou, médecin généraliste à Guise et président régional du syndicat de
médecins libéraux FMF (Fédération des médecins de France, majoritaire en Picardie). Certains de ses
collègues ont participé à des expérimentations. Sans conviction : «pour chaque patient, pour chaque acte et
même pour un rhume bénin il faudrait remplir un formulaire très exhaustif. Les médecins de ville peuvent
peut-être se le permettre, mais en campagne, dans des déserts médicaux où nous voyons une quarantaine de
patients par jour, c'est simplement impossible à tenir.» Certains des logiciels utilisés par les médecins sont
désormais compatibles avec le recueil des données DMP, mais tous ne le sont pas. Remplir ce DMP peut
signifier plus de temps sur l'ordinateur, moins de temps à la consultation.
Plus de dossiers créés dans les hôpitaux
De fait, les créations de dossier se font à 70% dans les établissements de santé: hôpitaux, maisons de retraite,
cliniques, etc. Le CHU d'Amiens, à lui seul, totalise près de 4800 créations de DMP depuis leur intégration
dans le dispositif, en mai dernier. Presque 1000 dossiers par mois.
C'est que dans ces établissements, le dossier se voit proposer dès l'accueil du patient, par le personnel
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