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100
ème
anniversaire de la Charte d’Amiens
Réception au Carré de la République
Mercredi 4 octobre 2006
Intervention de Claude GEWERC
Président du Conseil Régional de Picardie
Monsieur le Secrétaire Général de la Confédération Générale
du Travail – Force Ouvrière,
Mesdames, Messieurs,
Bienvenus en Picardie,
Bienvenus au Conseil Régional,
C’est avec plaisir que je vous y accueille à l’occasion de la
célébration d’un grand moment de l’histoire du mouvement
ouvrier français, le 100
ème
anniversaire de la Charte d’Amiens.
Je voudrais saluer particulièrement la présence de Jean
Claude Mailly, votre secrétaire général, qui nous fait l’honneur
d’être avec nous, et remercier Paul L’Hote, votre secrétaire
régional, grâce à qui cette manifestation est une réussite.
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La Picardie vous le savez est une vieille région de tradition
industrielle et de luttes sociales, un berceau d’utopies, une
terre de progrès.
La République a trouvé ici nombre de ses combattants, Saint-
Just, Camille Desmoulins, et l’aspiration à un monde plus juste
y a été portée sous des formes différentes par Gracchus
Baboeuf.
Aujourd’hui encore on peut lire dans nos paysages l’histoire du
capitalisme industriel dans la vallée de la Nièvre, les Frères
Saints ont bâtis leur empire avec le travail de dizaines de
milliers de salariés. Guise et son Familistère nous rappellent
aussi Godin, mais ce qui caractérise fondamentalement notre
Région c’est la force de l’anarcho-syndicalisme, terreau de la
Charte d’Amiens qui nous réunit aujourd’hui.
On retient généralement de la Charte d’Amiens l’affirmation de
l’indépendance des syndicats par rapport aux formations
politiques. On oublie aussi l’indépendance par rapport aux
sectes et au patronat, ce qu’il convient de rappeler au Pays de
Godin.
Mais la Charte d’Amiens c’est aussi une prise de position sur le
rôle des organisations syndicales dans la préparation de
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« l’émancipation intégrale du salariat » pour reprendre ses
termes mêmes.
Combat quotidien dans l’entreprise pour conquérir et fendre
les droits matériels et moraux des salariés, combat collectif
pour construire un ordre économique et social plus juste.
Ces deux dimensions, l’indépendance et l’affirmation de la
vocation à construire un autre avenir sont l’expression de la
même volonté, celle de l’autonomie du salariat.
Cela donne un rôle éminent aux organisations syndicales dans
la transformation de l’ordre social.
Je pense que c’est cette indépendance, cette autonomie du
salariat qui caractérise le mieux la Confédération Générale du
Travail – Force Ouvrière.
Votre histoire est aussi celle des conquêtes sociales. En
œuvrant à la création de structures de protection sociale
collective, comme par exemple l’UNEDIC et les Retraites
complémentaires, vous avez été les artisans du socle du Pacte
social républicain édifié après la seconde guerre mondiale et
sur lequel repose encore notre système de solidarité.
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Mais comme les libertés politiques, les droits sociaux
individuels et collectifs ne sont jamais définitivement acquis. Ils
ont besoin d’être défendus, et celles et ceux qui l’auraient
oublié courent le risque de les perdre au nom d’un
néolibéralisme qui ressort les même vieilles lunes qu’il y a cent
ans.
Je fais partie de ceux qui pensent que l’économie a besoin
d’être régulée, encadrée impulsée au plus haut niveau. Je suis
persuadée qu’il s’agira d’une exigence de plus en plus forte
pour des raisons sociales mais aussi économiques.
Disant cela je suis conscient de l’ambition que cela représente
mais cette ambition n’est pas plus forte que celle qui animait
vos aînés il y a un siècle lorsqu’ils ont combattu au risque de
leur vie pour défendre les droits des salariés.
La conquête de nouveaux droits, de nouveaux espaces de
démocratie économique concerne aussi le niveau territorial
dans la mesure les collectivités exercent les compétences
qui concernent l’économie mais aussi la formation et la
recherche comme le transfert technologique.
Les salariés ne sont pas suffisamment associés aux grands
choix qui les concernent. C’est pour cette raison que nous
avons voulu dans le Schéma Régional de Développement
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Economique placer la démocratie économique au ur de
notre projet pour la Picardie.
Ce n’est pas un gadget, un effet de mode, c’est la conviction
profonde qu’on ne peut construire un développement régional
en oubliant celles et ceux qui au quotidien créent cette
richesse.
C’est dans cet esprit que seront créés un Conseil de
Développement Economique Régional associant toutes les
collectivités à compétence économiques et les partenaires
sociaux. Ce Conseil de Développement sera un lieu de débat
sur les grands enjeux économiques et technologiques, un
moyen pour battre ensemble des mutations qui concernent
les salariés.
Prévoir l’avenir ne doit pas pour autant nous faire oublier de
répondre aux difficultés du présent et de promouvoir une
culture d’entreprise citoyenne. Il est normal que les salariés
soient parties prenantes des débats qui les concernent. C’est
le sens de la mise en place d’un Comité Régional des aides
aux entreprises d’ici à la fin de l’année, comme de
l’accompagnement des salariés aux organisations syndicales
pour répondre aux crises industrielles que nous subissons.
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