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DÉPARTEMENT D’HISTOIRE
Faculté des lettres et sciences humaines
Université de Sherbrooke
THUCYDIDE : PRÉPARATIF À LA GUERRE DU PÉLOPONNÈSE
par
STEVE LEBLANC
Commentaire de document présenté à
EVELYNE FERRON
dans le cadre du cours
HST 223
Antiquité I : La Grèce, culture et société
Sherbrooke
3 DÉCEMBRE 2009
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Introduction
La société grecque dans l’antiquité a toujours été divisée, tout d’abord, chaque cité État
était indépendante l’une de l’autre, ce que nous pouvons aujourd’hui considérer comme
étant des pays à part entière. Il est certain que les Grecs se voyaient comme ayant une
provenance commune et quelques similarités les unissant, mais cela n’était pas bien
différent de notre situation qui prévaut aujourd’hui avec comme exemple les Occidentaux.
Les mœurs sont semblables, la provenance des groupes sociaux majoritaires est souvent
la même. Alors comme pour les Occidentaux du XXe siècle, la société grecque de
l’antiquité était constamment en conflit. Ces conflits ont résulté très souvent en bataille
ou en guerre tournée contre leur propre congénère, il en est de même pour l’une des plus
grandes crises que la Grèce n’est jamais connue, la guerre du Péloponnèse. Cette guerre
dura plus de 27 ans, de 431 à 404 avant J.-C., elle arriva lors d’une des périodes les plus
florissantes de la Grèce classique, avec de nombreux philosophes, mathématiciens et
penseurs. L’armée hoplitique était à son apogée et c’est à cette période qu’apparaissant
des systèmes politiques comme la démocratie qui influença le reste de l’histoire humaine.
Le premier véritable historien, du nom de Thucydide, produisit une œuvre d’une très
grande qualité, qui amena une nouvelle méthodologie historique. L’auteur écrit plus de
huit livres sur la guerre du Péloponnèse et en raconta son importance au reste de
l’humanité. Un extrait du livre II de la guerre du Péloponnèse nous intéresse plus
particulièrement, c’est les chapitres VII et VIII que nous allons analyser et commentés
pour décortiquer la pensée de Thucydide. Dans ce travail, nous allons aborder le contexte
historique de l’auteur et de son œuvre. Par la suite, il sera question d’analyser et de
critiquer l’extrait pour y découvrir son sens général et ce qu’il y dit implicitement. Cette
analyse et critique sera divisée en trois partis. Tout d’abord la nécessité de trouver des
alliées. Ensuite, il sera question de la mobilisation générale à la guerre et finalement,
nous aborderons l’apport des croyances dans la mythologie et ces conséquences sur le
reste de la guerre du Péloponnèse. Pour terminer, nous allons faire un bilan
d’interprétation qui servira à synthétiser ce que cet extrait peut nous enseigner sur son
milieu historique et trouver ce qui est dit explicitement dans le texte et implicitement.
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Remise en contexte du documentaire
L’auteur de ce document se nomme Thucydide, il est né aux environs de 460 av.
J.-C., à Athènes d’une famille influente.1 Tout ce que l’on sait de la vie de ce personnage
vient de lui-même. En 424, il est élu stratège, mais il échoue dans sa mission d'empêcher
le spartiate Brasidas de s'emparer d'Amphipolis. Il fut jugé à Athènes et condamné à un
exil de 20 ans. Durant ses années d’exils, Thucydide parcourt la Grèce et voit les
conséquences de la guerre du Péloponnèse. En 404, il revient à Athènes, mais n'y reste
que peu de temps et retourne en Thrace où il périt assassiné, entre 400 et 395.2 On ne sait
pas exactement quand il écrit La guerre du Péloponnèse, une polémique existe à savoir si
Tucydide à écrit son livre tout d’un coup, à la fin de sa vie ou si l'écrit s'est fait tout au
long de la guerre du Péloponnèse.3 Thucydide étant Grec, a écrit son œuvre dans sa
langue natale, mais ses livres furent si populaires que de multiples traductions existent
aujourd’hui en latin, en français, en allemand, en anglais et dans presque toutes les
langues. Thucydide avait comme principale occupation d’être un politicien ainsi d’être
considéré comme étant le premier historien ayant une méthodologie très poussée lui
permettant d’être impartial.4 À l’époque de Thucydide le philosophe atomiste Démocrite
d'Abdère rédigea plus de 52 œuvres de physique, d’éthique, de mathématique, d’art et de
musique.5 Le médecin Hippocrate de Cos rédigea le Corpus hippocratique qui est des
plus grands traités médicinaux6 et le philosophe Socrate, qui ne rédigea rien, influença
énormément tous les Grecs de l’époque. Les intentions de Thucydide en écrivant La
guerre du Péloponnèse furent sans aucun doute d’expliquer aux générations futures les
causes de cette guerre ainsi que les conséquences qui en résultaient.7 En résumé, il dit
qu’il avait une compréhension profonde de cette guerre et c’est la recherche de la vérité
qui le motiva à faire une des plus grandes oeuvres historiques.
1 Jean, Leclant, Dictionnaire de l'Antiquité, Thucydide, p.2190.
2 Ibid.
3 Ibid.
4 Ibid.
5 Ibid, p.641.
6 Ibid, p.1064.
7Jean-François Thibault Études internationales, vol. 32, n° 1, 2001, p. 107-110. [En ligne], [s.d], [consulté
en ligne sur le site de Érudit.org],
[http://www.erudit.org.ezproxy.usherbrooke.ca/revue/ei/2001/v32/n1/704261ar.pdf], p.109.
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L’extrait à l’étude
L’extrait que nous analysons dans le cas présent provient du livre II de La guerre
du Péloponnèse et plus précisément des chapitres VII et VIII. L’endroit où il fut rédigé
est toujours difficile à définir, mais si Thucydide a écrit cette œuvre historique à la fin de
sa vie, la guerre du Péloponnèse aurait été écrite en Thrace du fait qu’il y habitait. De ce
fait, viens une question très importante, quand cette œuvre fut-elle rédigée? En fait, il y a
une polémique qui existe à ce sujet, nous ne savons pas précisément si Thucydide à écrit
la guerre du Péloponnèse au furent et à mesure du déroulement de la guerre du
Péloponnèse ou s’il la rédigé plus tard, après la guerre, aux environs de 396 ou 411.8 Il
aurait été intéressant de connaître la réponse à cette question puisque cela nous aurait
renseignés sur la façon de travailler de Thucydide. Les événements racontés dans cet
extrait portent sur la préparation, d’Athènes et de Sparte ainsi que de leurs alliées, à la
guerre du Péloponnèse. Ce document est destiné aux générations futures pour que tous
connaissent les vraies raisons et causes de la guerre du Péloponnèse.
Analyse et critique du document
a) Nécessité de trouver des alliées
Il y a quelques passages dans le texte qui font état de la nécessité de trouver des
alliances pour les deux cités États dans le but de préparer la guerre. Citons un exemple de
l’auteur «envoyer des ambassades auprès du Roi et dans les pays barbares» (lignes 3,
annexe 2). Le mot barbare pour les Grecs signifie un étranger, quelqu’un qui n’est pas un
Hellène. Ce mot n’est pas péjoratif comme nous le percevons aujourd’hui. Il ne faut pas
oublier que tous les Grecs sont conscients d’appartenir ensemble à une même
communauté, distincte des non-Grecs que son les Barbares.9 Ces alliances permettent de
percevoir qu’autant du côté de Sparte que des Athéniens, les alliances seront d’une
8 Ibid, p.2190.
9 Jean, Leclant, Dictionnaire de l'Antiquité, Barbare, p.321.
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grande utilité dans une guerre qui s’annonçait pour être totale. Cependant, Thucydide ne
fait pas mention des noms des alliées des pays barbares. Après une recherche, il apparaît
que les Spartiates voulant battre la flotte athénienne ont été obligés de demander de l’or à
leur ancien ennemi, les Perses. Effectivement, l’or du Perse Cyros le Jeune, permit la
construction de navire et permettant de payer les équipages10 Il faut mentionner que
durant la guerre du Péloponnèse, les Spartiates, contrairement aux Athéniens, n’ont pas
de système monétaire en place dans leur cité État. Ils ont compris que cet état de fait leur
était désavantageux dans le domaine maritime puisqu’ils devaient avoir de l’argent pour
entretenir les flottes et de l’argent, Athènes en avait beaucoup grâce à la ligne de Délos.11
Dans l’extrait de document, Thucydide mentionne aussi que «Les Lacédémoniens
intimèrent l’ordre à leurs congénères d’Italie et de Sicile […]» (lignes 5-6, annexe 2).
Dans cet extrait, il y a plusieurs éléments à décortiquer, tout d’abord, en utilisant les mots
«intimèrent» et «ordre», Thucydide dit que les Lacédémoniens ont pris une position très
ferme, ce qui entre dans la politique spartiate aristocratique et dominatrice. L’auteur
utilise aussi le mot «congénères» pour parler des habitants d’Italie et de Sicile. Pour les
Spartiates, ils seraient évidents de les considérer comme fessant partie de la même famille
puisque l’Italie et la Sicile furent colonisées par une multitude de cités États grecques et
plus particulièrement des Lacédémoniens, de plus, le style politique des cités États
d’Italie et de Sicile reste très près de celui des spartiates ce qui les rapproche évidement
plus encore. Plus loin dans le document, l’auteur fait aussi état des appels de la cité
d’Athènes à ses alliées; «Les Athéniens, de leur côté, firent le dénombrement de leurs
alliés […] Corcyre, Céphallènie, l’Acarnanie et Zacynthe» (lignes 10-14, annexe 2).
Corcyre est une île de la mer Ionienne au nord-ouest de la Grèce. Céphallènie pour sa
part est une Île de la mer Ionienne au nord de Zakynthos (Zacynthe).
L’Acarnanie est une région occidentale de la Grèce antique, délimitée au nord par le
golfe ambracique, à l'ouest et au sud-ouest par la mer Ionienne. À l'est, le fleuve
Achéloos la sépare de l'Étolie et finalement Zacynthe est une Île de la mer Ionienne au
10 Ibid, p.2049.
11 Suzanne, Desfray, Aristophane, La paix, p.30.
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