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LARCIER
interrogations quant à sa clarté et sa capacité à réglementer l’ensemble
de ces nouveaux services 6.
La télévision sur l’Internet Protocol (I.P.T.V.), utilisant la technologie
DSL (Digital Subscriber Line), constitue le premier pas de la télévision
vers le secteur des télécommunications. La convergence va franchir une
étape supplémentaire avec la télévision connectée à Internet. Cette télévi‑
sion permettra d’avoir accès sur un écran de télévision à des programmes
audiovisuels et des services de médias audiovisuels provenant de l’In‑
ternet. Le téléviseur devient un terminal numérique polyvalent. Perçue
comme une opportunité pour certains opérateurs, cette télévision peut se
révéler une menace pour la télévision européenne, ses opérateurs et, par
voie de conséquence, son industrie audiovisuelle et cinématographique.
Remise en cause lors des négociations sur l’accord général sur le
commerce et les services (GATS), la télévision européenne a été sauvée
par l’exception culturelle. Considérant que « [l]’audiovisuel n’est pas une
marchandise comme les autres ! » selon la célèbre phrase de Jacques
Delors, les services de médias audiovisuels ont été exclus du champ
d’application du GATS. À l’occasion du sommet UE‑US de novembre
2011, l’idée d’un accord de libre‑échange entre l’Union européenne et
les États‑Unis d’Amérique a ressurgi. Un éventuel accord remettrait en
cause la capacité de l’Europe de réglementer le secteur audiovisuel et de
mettre en œuvre une politique audiovisuelle européenne fondée sur la
diversité culturelle.
Dans cet univers convergent où les marchés changent d’échelle et les
acteurs de dimension, la menace se révèle sur tous les fronts.
Tout d’abord, avec la télévision de la convergence (TV.2.0), les
services sont transportés directement sur le réseau Internet, alors qu’avec
l’I.P.T.V., ces derniers sont acheminés dans le cadre de services gérés par
le fournisseur de réseau. Ce mode de transport dit « over‑the‑top » (O.T.T.)
génère des coûts qui, en raison de la politique de gratuité du peering,
l’échange de trafic entre opérateurs considérés comme pairs, restent à
la charge du fournisseur d’accès. Par ailleurs, le réseau en cuivre n’a
pas les capacités de faire face à l’accroissement du trafic. En attendant
6 J. B
M
, « Les attentes des législateurs et des autorités de régulation dans le domaine des
services de médias audiovisuels à la demande », Faculté des sciences de la communication Blan‑
querna, Université Ramon Llull, pp.105 à111, in S.Nikoltchev (éd.), La réglementation des services
audiovisuels à la demande : chaos ou cohérence ?, IRIS Spécial, Strasbourg, Observatoire européen de
l’audiovisuel, 2011.