Médecine du Maghreb 1999 n°76
DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
Dans 25 % des cas, aucune étiologie n’est retrouvée.
L’infection streptococcique : +++
Elle est retrouvée 1 fois sur 5. Ni la clinique ni la biologie
n’en sont spécifiques. Pour la re t e n i r, on se base sur des
a r guments cliniques : cara c t è r e très infl a m m at o i re ou
c o n fluent des lésions, re chutes ou récidives rythmées par
les épisodes d’infections ORL ; et sur des arguments biolo-
giques : isolement du streptocoque bêta-hémolytique du
groupe A dans la go rge (il existe cependant des port e u rs
sains) et présence d’anticorps anti-streptococciques.
La tuberculose
C’est la pre m i è r e cause à évoquer dans notre contex t e .
L’érythème noueux fait classiquement partie du tableau de
p ri m o - i n fection. La présence d’autres signes aide au dia-
gnostic comme la fièvre, les sueurs nocturnes, l’altération
de l’état général, la notion de contage, le virage récent des
tests tuberculiniques, la présence d’un ch a n c re d’inocula-
tion avec adénopathie médiastinale à la ra d i o grap h i e
p u l m o n a i re et la kérat o - c o n j o n c t ivite phly c t é nu l a i r e. On
peut également re t ro u ver une tuberculose pulmonaire ou
extra-pulmonaire évolutive.
La sarcoïdose
L’érythème noueux en est un mode de révélation fréquent,
et est re t rouvé en particulier au cours du syndrome de
LOFGREN qui y associe une anergie tuberc u l i n i q u e, des
a d é n o p athies médiastinales et des art h ra l gies. La ra d i o -
graphie pulmonaire, complétée par une tomodensitométrie
et le lavage bro n ch o - a l v é o l a i re avec comptage des ly m -
p h o cytes sont indiqués. Le diagnostic de certitude re s t e
cependant histologique lorsqu’on retrouve sur une biopsie
bronchique ou des glandes salivaires accessoires un granu-
lome épithélio-giganto-cellulaire sans nécrose caséeuse.
Les yersinioses
L o rs de cette infection, des manife s t a tions dige s t ive s
précèdent l’éruption sous fo rme d’une diarrhée avec dou-
l e u rs abdominales avec même parfois un tableau pseudo-
chirurgical. La coproculture n’est que rarement positive. Le
diagnostic est sérologique, et repose sur l’augmentation du
taux d’anticorps spécifiques à 15 jours d’intervalle. Il s’agit
de Ye r sinia enterocolitica pour l’adulte, et de Ye rs i - n i a
pseudotuberculosis chez l’enfant.
La lèpre
Elle réalise un EN dans la forme lépromateuse multibacil-
laire. Il ne s’agit pas à proprement dire d’une hypodermite,
mais d’une vascularite à complexes immuns provoquée par
une infection, un stress ou des modifi c ations thérap e u t i -
ques. Il peut s’y associer des œdèmes, une névrite aiguë,
une iridocyclite, une polyarthrite ou encore une glomérulo-
néphrite.
Autres maladies infectieuses
Chlamydiae, mycoplasme, rickettsie, brucella, histoplasma,
MNI, hépatite B, rougeole, grippe, paludisme, toxoplasmo-
se, trypanosomiase.
Les colites inflammatoires
L’EN est une lésion classique de la maladie de Crohn et de
la recto-colite hémorragique. Il précède rarement les mani-
festations digestives.
Autres maladies systémiques
Maladie de Behcet, polyarthrite rhumatoïde, lupus érythé-
m a teux disséminé, maladie de Ta k a yasu, maladie de
H o rton. Le contexte clinique permet souvent de poser le
diagnostic.
Causes médicamenteuses et toxiques
C y clines, tri m é t h o p ri m e, phénacétine, salicylés, py ra zo l é s ,
amiodarone, sels d’or, D-pénicillamine, contraceptifs oraux,
i o d u res, bro mu res. L’ i m p u t abilité est cependant difficile à
prouver le plus souvent.
Les affections malignes exceptionnellement
Maladie de HODGKIN, Lymphome malin non Hodgki-
nien, leucémie aiguë my é l o ï d e , leucémie ly m p h o ï d e
chronique, ou encore carcinome rénal.
CONDUITE PRATIQUE
En l’absence d’ori e n t ation cl i n i q u e, un premier bilan à la
recherche des causes les plus fréquentes doit être entrepris.
Il doit comporter une radiographie pulmonaire de face, une
IDR à la tuberc u l i n e, une nu m é rat i o n - fo rmule sanguine,
une vitesse de sédimentation, le dosage des ASLO ave c
étude du prélèvement de go rge et une séro l ogie des Ye r-
sinia.
En cas de récidive, il faut refaire le bilan initial avec ortho-
pontomogramme et incidence de BLONDEAU à la recher-
CONDUITE A TENIR… 27