
Gaëlle L Lionel T
IFRS8 VERSUS IAS14 APPROCHE MANAGÉRIALE DE L’INFORMATION SECTORIELLE:
IMPACTS ET DÉTERMINANTS
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Comptabilité – Contrôle – Audit /Tome 20 – Volume 1 – Avril 2014 (p. 93 à 119)
La segmentation
L’IAS 14 impose une double segmentation avec, au choix, le secteur d’activité ou la zone géographique
comme premier ou deuxième niveau d’information en fonction de la source principale des risques
et de la rentabilité du groupe. En d’autres termes, si les risques et la rentabilité sont essentiellement
aectés par les produits et services proposés, le premier niveau d’information sectorielle correspond
au secteur d’activité, le second au secteur géographique et inversement. La qualication de premier
ou deuxième niveau s’avère importante car cela implique un degré d’information à présenter diérent.
Pour réaliser cette segmentation, l’IASB recommande de s’appuyer sur la structure d’organisation et le
système d’information interne de l’entreprise.
Avec l’IFRS 8, la qualication de premier et deuxième niveaux disparaît avec une segmentation
par secteur opérationnel qui doit s’aligner sur le découpage sectoriel (par entité juridique, activité,
zone géographique ou un mix) utilisé en interne par « le principal décideur opérationnel » du groupe
(PDG, DG ou comité exécutif par exemple) pour l’évaluation des performances de chaque secteur et
l’aectation des ressources.
Quelle que soit la norme, seuls les secteurs véritablement signicatifs font l’objet d’une infor-
mation sectorielle détaillée en annexe. Pour que cette information soit représentative, ces segments
doivent représenter au moins 75 % du chire d’aaires externe total.
Malgré quelques diérences, l’IAS 14 est souvent assimilée à la norme SFAS 14 (FASB 1976)
remplacée par la norme SFAS 131 (FASB 1997) depuis 1998. Dans ses conclusions sur l’adoption de
l’IFRS 8, cela conduit l’IASB à s’appuyer sur l’analyse eectuée par le FASB lors de l’adoption de la
norme SFAS 131. Le normalisateur considère alors que l’approche managériale doit amener certaines
entreprises à présenter un nombre plus important de secteurs au regard de leurs pratiques actuelles.
Berger et Hann (2003) et Street et al. (2000) conrment cette hypothèse en montrant que l’applica-
tion de la norme SFAS 131 se caractérise par un découpage sectoriel plus n avec une augmentation
du nombre de secteurs présentés et une diminution du nombre de rmes mono-sectorielles. Herr-
mann et omas (2000) obtiennent des résultats semblables. Ils démontrent, de surcroît, que le chan-
gement de normes conduit les deux tiers de leur échantillon à revoir leur segmentation. Or, dès lors
que les secteurs sont plus nombreux et donc moins agrégés, il devient plus dicile de dissimuler de
l’information, ce qui conduit à une amélioration du contenu informationnel des données sectorielles
(Berger et Hann 2003 ; Botosan et Stanford 2005 ; Hardin 2009).
La question de la transposition de ces résultats à l’IFRS 8 se pose. En eet, même si l’IAS 14
ne dénit pas les segments de la même manière que l’IFRS 8, elle précise que le découpage doit
s’appuyer sur le système d’organisation et d’information du groupe. Elle indique notamment
que « sauf dans de rares cas, une entreprise fournira une information sectorielle dans ses états
nanciers sur la même base que dans son information interne à la direction générale » (IAS 14
§ 28). En d’autres termes, l’IFRS 8 ne devrait s’accompagner d’une segmentation diérente que
si le découpage précédent n’était pas aligné sur le système de reporting interne. Cette référence au
système d’organisation et d’information du groupe était quasiment absente de la norme SFAS 14.
Il faut également préciser qu’avec l’IFRS 8, l’obligation pour un segment de réaliser la majeure
partie de son chire d’aaires en externe disparaît. Cela peut conduire à reconnaître des secteurs
supplémentaires.
1.1.