1.3. methodes d`approche de la psychologie medicale

publicité
1
PLAN DU COURS
1ère Partie : NOTIONS DE PSYCHOLOGIE GENERALE
Chapitre 1. GENERALITES
1.1. Origines de la psychologie
1.2. Définition de la psychologie
1.3. Branches de la psychologie
1.4. Méthodes utilisées en psychologie
Chapitre 2 : EXPLORATION ET CONNAISSANCE DU MONDE
2.1. Perception et sensation
2.2. Formes de sensibilités
2.3. Perturbations dans la perception
Chapitre 3.LA VIE ACTIVE DANS SES VARIATIONS
3.1. La motivation
3.2. Les conduites et leurs formes
Deuxième Partie : PSYCHOLOGIE MEDICALE
Chapitre 1.GENERALITES
1.1. Bref aperçu historique
1.2. Objet de la psychologie médicale
1.3. Méthodes d’approche de la psychologie médicale
1.4. Sciences connexes à la psychologie médicale
Chapitre 2. NOTIONS FONDAMENTALES EN PSYCHOLOGIE MEDICALE
2.1. La santé
2.2. La maladie
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
2
2.3. Notion de normal et d’anormal
2.4. Le maladie
2.5. Le médicament
Chapitre 3. LE MALADE ET LE MILIEU HOSPITALIER
3.1 Le milieu hospitalier
3.2 Face technique de l’hôpital
3.3 Relations humaines à l’hôpital
Chapitre 4. LES ACTES MEDICAUX ET LE COMPORTEMENT DU MALADE
4.1 La consultation
4.2 Le comportement du malade
TRAVAUX PRATIQUES
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
3
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
1. AMAR A. et al. ; Le dictionnaire de la psychologie moderne, Tome l,
Bibl. Marabout Service, Belgique, 1969
2. BRIAN M.F. ; Les voies nouvelles de la psychologie, Tome I, Col.
Marabout Service, 1971
3. BESANÇON G. ; Qu’est-ce que la psychologie médicale ?-Actualité et nécessité,
Col. Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 1999.
4. DACO P. ; Les prodigieuses victoires de la psychologie, Ed. Marabout, Paris, 2004
5. DELAY J. et PICHOT P. ; Abrégé de psychologie, 3e éd., Masson, Paris, 1990
6. JEAMMET Ph, REYNAUD M. et CONSOLI S.M ; Psychologie médicale, 2ème éd.,
Masson, Paris, 1996.
7. KRECH D. et al. ; Psychologie, Ed. du Renouveau pédagogique, Québec,
1979
8. MUPAPA S. ; Consultation psychologique, cours inédit, OSP/IPN,
KINSHASA, 1984
9. PAROT F. et RICHELLE M. ; Introduction à la psychologie-Histoire et méthodes,
PUF, Paris, 2005
10. PAUL S. ; Traité de psychologie médicale, PUF, Paris, 1973
11. PETIT P.et DUBOIS M. ; Introduction à la psychosociologie des organisations,
DUNOD, Paris, 1998
12. SILLAMY N. ; Dictionnaire de Psychologie, Larousse, Paris, 1999
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
4
OBJECTIFS DU COURS
Au terme de ce cours, l’étudiant(e) de premier graduat en Sciences infirmières sera
capable de :
1. Situer l’objet de la psychologie en général et de la psychologie médicale en
particulier ;
2. Identifier les attitudes et les problèmes psychologiques du patient en vue de les
interpréter pour une psychothérapie appropriée ;
3. Expliquer certains processus psychologiques permettant de comprendre et de
s’adapter au comportement- du patient (client) dans ses relations avec l’infirmier ou le
médecin au sein d’une institution hospitalière ;
4. Monter certains mécanismes pour rendre harmonieux ces rapports avec les
personnes malades.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
5
Première partie : NOTIONS DE PSYCHOLOGIE
GENERALE
Chapitre 1 : GENERALITES
1.1. ORIGINES DE LA PSYCHOLOGIE
La psychologie est une science de long passé et de courte durée ! La pratique
psychologique est fort ancienne mais la psychologie fut longtemps attachée à la
philosophie, aux sciences biologiques (neurologie, physiologie,…), à la médecine et
même à certains domaines non scientifiques et pseudo- scientifiques. Exemples :
-L’astrologie : art divinatoire cherchant à déterminer l’influence des astres sur le cours
des événements.
-La graphologie : étude du comportement d’un individu à partir de son écriture.
-La phrénologie, étude du caractère et des fonctions intellectuelles de l’homme d’après
la forme du crâne, celle du cerveau.
-La chiromancie : procédé de divination fondée sur l’étude de la main (forme, lignes…)
La date retenue pour marquer le début de la psychologie comme science
autonome (indépendante) est celle de la fondation de l’institut de Psychologie en 1879.
C’est au cours de cette année que l’allemand WILHELM WUNDT (1832-1920) créa le
premier laboratoire de psychologie expérimentale à l’institut de psychologie de
LEIPZIG. D’aucuns considèrent ainsi que l’Allemagne a été le berceau de la
psychologie.
1.2. DEFINITION DE LA PSYCHOLOGIE
Etymologiquement, le mot psychologie vient de deux termes grecs : psyché (âme)
et logos (science, étude ou traité) ; ce qui conduit à une très vielle définition de la
psychologie selon laquelle « la psychologie est l’étude de l’âme » (ARISTOTE).
Comme objet d’étude d’une discipline qui se veut scientifique, l’âme paraît impropre à
cause de sa connotation religieuse et de son inaptitude à se prêter directement aux
méthodes d’investigation rigoureusement scientifiques. Elle est donc inaccessible,
immatérielle et insaisissable par les méthodes scientifiques. En plus, l’âme ne constitue
qu’une partie de l’ensemble de la personnalité de l’être humain et on ne saurait pas la
localiser dans l’organisme de l’homme.
Les psychologues modernes préfèrent partir des manifestations extérieures, des
réactions observables, bref du comportement. D’où nous pouvons retenir la définition
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
6
suivante : « La psychologie est la science du comportement (de l’homme ou de
l’animal) ». Le terme comportement a été traduit de l’anglais « behavior » ; terme utilisé
par le plus grand psychologue du comportement, l’américain John Broadus WATSON
(1879-1958). Comportement signifie l’ensemble des actions et des réactions d’un
individu aux stimuli ou excitations variées dans un milieu donné. Enfin, nous pouvons
dire que la psychologie est l’étude du comportement et des processus mentaux de
l’homme.
1.3. BRANCHES DE LA PSYCHOLOGIE
Il existe plusieurs branches de la psychologie classées selon l’objet d’étude, les
domaines d’application et les méthodes utilisées.
1.3.1. Selon l’objet d’étude
Comme la psychologie étudie le comportement de l’organisme vivant, en
l’occurrence l’homme et l’animal, nous aurons la psychologie humaine et la psychologie
animale. Entre les deux se situe la psychologie comparée.
a)La psychologie animale
Elle étudie le comportement des animaux. L’animal réagit, il est donc un être
psychique dont on peut étudier le comportement. Deux tendances :
-La psychologie animale classique : elle se fait dans des situations de laboratoire et
utilise la méthode expérimentale.
-L’éthologie : elle met l’accent sur le comportement spontané de l’animal dans son
milieu naturel ou dans des conditions très proches de celui-ci.
b) La psychologie humaine
Elle étudie le comportement de l’homme. Cette psychologie comprend plusieurs
variantes :
-La psychologie générale : elle étudie les lois générales du comportement humain. Elle
vise l’établissement des lois générales du fonctionnement mental de l’homme normal
indépendamment du milieu social dans lequel il évolue, en négligeant les différences
individuelles.
-La psychologie de l’enfant et de l’adolescent : elle étudie les lois et les étapes de
développement de l’enfant et de l’adolescent. Certains auteurs l’appellent « psychologie
génétique » ou « psychologie du développement de l’enfant et de l’adolescent ». La
psychologie du développement peut se concevoir également pour d’autres périodes de
la vie : l’âge adulte et la vieillesse.
-La psychologie sociale : elle étudie le comportement de l’homme dans le groupe, dans
le milieu social avec ce que cela comporte comme conséquences sur la conduite
(interactions individu –groupe – individu).
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
7
-La psychopathologie (psychologie pathologie) : elle étudie le comportement des
malades mentaux (comportement morbide) c’est- à - dire, elle cherche les mécanismes
et les lois des troubles du comportement, des anomalies psychiques. Elle se situe à michemin de la psychologie et de la psychiatrie.
-La psychologie différentielle : elle étudie les différences de comportement entre les
individus (différences quantitatives et qualitatives). Elle cherche à mettre en évidence le
fonctionnement de l’esprit de chaque individu différent de celui des autres. Dans ce cas,
on parle des différences inter- individuelles car les êtres humains se différencient les
uns des autres sur le plan physique (âge, sexe, poids, stature, couleur de la peau, des
cheveux,…) et sur le plan mental (aptitudes, intelligence, caractère).
-La psychanalyse : elle explore les couches profondes de la personnalité. D’où
l’appellation de « psychologie des profondeurs » ou science de l’inconscient. En
général, la psychologie n’étudie et ne peut atteindre que les phénomènes psychiques
conscients ne représentant qu’une faible partie de l’ensemble de la vie psychique. Or le
comportement humain est commandé non seulement par des facteurs conscients mais
aussi par des facteurs inconscients. C’est ainsi que FREUD, pour atteindre ces
phénomènes inconscients, a créé des méthodes d’investigation parmi lesquelles nous
citons l’entretien avec l’individu et l’analyse des rêves. Bref, la psychanalyse se
présente à la fois comme une théorie du psychisme et comme une méthode
d’investigation qui s’intéresse particulièrement aux phénomènes inconscients.
c)La psychologie comparée.
Elle se situe entre la psychologie animale et la psychologie humaine. Cette
psychologie s’efforce de faire apparaître les similitudes et les différences
psychologiques en mettant en parallèle l’homme et l’animal. Ainsi, on peut tirer
certaines conclusions sur le comportement humain parce qu’il y a un rapprochement
entre l’homme et l’animal, et ce dernier se prête mieux que l’homme aux conditions de
laboratoire (expérimentation). En effet, pour des raisons morales, le chercheur ne peut
pas mener certaines expériences sur l’homme. La psychologie comparée peut
concerner également les hommes et les groupes humains entre eux, en fonction des
races, des milieux culturels, des milieux socio-économiques, des âges, etc.
1.3.2. Selon les domaines d’application
Sous ce titre, il s’agit des branches de la psychologie pratique ou appliquée aux
différents domaines de l’activité humaine.
a)La psychologie du travail ou industrielle : c’est l’application des principes
psychologiques dans l’entreprise ou dans l’industrie pour une meilleure productivité. La
psychologie industrielle se préoccupe principalement d’ :
-adapter l’homme au travail par une orientation professionnelle, une sélection à
l’embauche et une formation permanente au cours de la carrière ;
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
8
-adapter le milieu de travail à l’homme par une structure bien réfléchie de l’entreprise,
par un style de commandement adapté, par un système de rémunération qui tient
compte du travail rendu, par des conditions de travail plus efficaces.
N.B : Quand on étudie particulièrement les rapports entre l’homme et la machine pour
les améliorer, on parlera de l’ « ergonomie ».
b) La psychologie commerciale : c’est l’application de la psychologie dans le
commerce (recherches sur le comportement du consommateur, problèmes de vente, de
publicité, de marketing).
c) La psychologie médicale : c’est l’application des connaissances psychologiques
sur le comportement du malade, la manifestation de sa maladie, le comportement du
personnel soignant en relation avec le malade ; le tout dans un cadre institutionnel bien
déterminé, l’hôpital. Elle permet d’harmoniser les relations médecin-malade afin de
redonner confiance au patient et de l’aider à vaincre son mal.
d) La psychopédagogie : c’est l’étude des problèmes psychologiques en rapport avec
la vie scolaire. Elle vise à faire connaître toute la réalité de l’enfant à l’enseignant avant
que celui-ci n’exerce une action sur lui. Les données de la psychologie sont appliquées
dans l’apprentissage de la lecture, de la mathématique,…
e) L’orientation scolaire et professionnelle : c’est l’application de la psychologie pour
adapter l’individu à son milieu scolaire ou professionnel. Elle cherche à placer chacun là
où ses aptitudes peuvent mieux le conduire au succès. On parle également de la
psychologie scolaire qui est presque l’équivalent de l’orientation scolaire.
f) La psychologie judiciaire, religieuse, militaire, musicale, politique…
1.3.3. Selon les méthodes utilisées
a)La psychologie expérimentale : elle recourt à l’expérimentation, aux méthodes de
laboratoire pour saisir les processus mentaux d’un homme normal. Les psychologues
expérimentalistes étudient la façon dont les personnes réagissent aux stimuli
sensoriels, comment perçoivent-elles le monde,…
b) La psychologie clinique : elle utilise les méthodes cliniques. Elle diagnostique et
traite les troubles de l’affectivité et du comportement (conflits par exemple).L’approche
des cliniciens et leur intervention sont proches de celles des psychiatres qui possèdent
un diplôme de médecine et qui soignent également les malades mentaux même en
prescrivant des médicaments.
c)La psychologie factorielle : elle utilise l’analyse factorielle.
d) La psychologie scientifique : elle utilise l’observation quantifiée.
e)La psychologie mathématique : elle utilise l’analyse mathématique et la statistique.
N .B : Cette liste des branches de la psychologie n’est pas exhaustive et les recherches
continuent.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
9
1.4. LES METHODES UTILISEES EN PSYCHOLOGIE
Chaque science diffère de l’autre de par son objet et sa méthode. Le psychologue
ne procède pas de la même façon qu’un géologue, un agronome,…Voici les
principales méthodes utilisées en psychologie pour explorer le comportement humain.
1.4.1. L’introspection :
Du latin intro (en dedans) et aspicere (regarder), l’introspection est une méthode
qui consiste à regarder au-dedans de soi-même afin de se rendre compte de ses
propres états de conscience. C’est une auto-observation, une observation interne, un
examen de conscience.
a)Avantages :
-L’introspection aide l’individu à mieux se connaître, à connaître directement sa réalité
psychique sous un de ses aspects les plus importants, la conscience.
-Contact direct : le sujet observé est en même temps sujet observant. On ne recourt
donc pas à un sujet extérieur.
-Elle aide à comprendre et à interpréter ce qu’on observe chez les autres. Les
psychologues sont unanimes qu’on ne peut découvrir le vrai sens du comportement que
par la projection qui prend son point de départ dans la vie intérieure du psychologue
(Cfr le phénomène de l’empathie par lequel l’observateur voit ses propres états de
conscience coïncider avec ceux du sujet observé : nous souffrons avec celui qui
souffre).
b) Limites et défauts :
-L’introspection est subjective : les conclusions que l’on tire sur soi-même reflètent ses
penchants, ses sentiments personnels.
-L’introspection ne peut être appliquée à tous les domaines. Exemple : la psychologie
génétique, animale et psychopathologie (ex. un malade mental est incapable d’une
certaine concentration de son esprit sur un problème intérieur).
-Il est difficile d’être à la fois sujet observant et sujet observé surtout en cas d’émotions
de grande intensité (peur, colère). L’individu pensant ne saurait se partager en deux
dont l’un raisonnerait et l’autre regarderait raisonner.
-Il n’y a pas de science du particulier : on ne peut généraliser les conclusions que l’on
tire sur soi-même.
-Les résultats obtenus par l’introspection ne sont pas vérifiables par des observateurs
extérieurs.
-On tombe souvent dans la rêverie : au lieu de réfléchir sur l’objet de l’introspection, on
peut se mettre à penser à autre chose.
N .B : Un des remèdes pour corriger les défauts de l’introspection, c’est la
rétrospection : elle consiste à rappeler les états de conscience longtemps après leur
manifestation. Il s’agit d’une introspection dirigée, dans laquelle on demande au sujet
de décrire rétrospectivement ce dont il a eu conscience.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
10
1.4.2. L’extrospection :
Du latin extre (en dehors) et aspicere (regarder), l’extrospection est une méthode
qui consiste à observer les manifestations extérieures du comportement (de l’observé,
différent de l’observateur), c’est l’observation externe.
a)Avantages :
-L’extrospection permet d’étudier plusieurs personnes, donc de généraliser les
conclusions.
-Elle garantie l’objectivité : elle permet de contrôler les résultats car plusieurs personnes
peuvent observer le même phénomène à la fois.
-Elle permet d’observer les petits enfants, les animaux et les malades mentaux qui ne
peuvent ni s’observer, ni s’exprimer.
N.B : L’extrospection est la méthode la plus utilisée en psychologie.
b) Limites et défauts.
-Contact indirect : à partir de seules manifestations extérieures des faits psychiques, on
peut aboutir à des interprétations parfois erronées.
-L’extrospection peut souffrir de l’équation personnelle, des préjugés dans
l’interprétation des faits observés.
-La sélection des phénomènes observés : nous ne pouvons percevoir les phénomènes
dans leur totalité. Nous exerçons toujours un certain choix ; nous dirigeons notre
attention sur un aspect particulier. Et nous ne percevons que ce que nous voulons
percevoir, nous cherchons trop souvent à confirmer nos idées préconçues.
Conseils :
 Par souci d’efficacité, les psychologues utilisent simultanément l’extrospection
(observer le comportement extérieur de l’individu) et l’introspection (lui demander
ce qu’il ressent à l’intérieur de lui-même).
 Pour éviter les erreurs de l’équation personnelle et des préjugés, il faut recourir à
la répétition et à la vérification des observations.
1.4.3. L’observation spontanée.
Il s’agit d’observer les phénomènes sans les avoir provoqués, c’est -à - dire
observer un sujet (sans qu’il ne s’en rende compte) dans son milieu naturel, habituel ou
social et de retenir les faits tels qu’ils apparaissent. La formule la plus connue est celle
de « l’observation participante » ou « observation- participation ». L’observation
participante est une méthode utilisée aussi bien en psychologie que dans d’autres
branches s’occupant de l’être humain (anthropologie culturelle, sociologie,…). Elle
consiste à se faire membre du groupe que l’on veut étudier ; on s’identifie au groupe en
participant à toutes les activités, sans donner à ce groupe une quelconque orientation.
Exemple : en voulant étudier les activités journalières des adolescents, je participe à
toutes leurs activités de la journée : danse, jeu, activités informelles,…On parle
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
11
également du participant observateur, membre du groupe qui observe les autres
membres de son groupe pour le compte de l’observateur principal.
1.4.4. L’observation expérimentale
Elle est appelée également « observation provoquée » ou « méthode
expérimentale ». Expérimenter, c’est provoquer le phénomène mental que l’on veut
étudier en plaçant un ou plusieurs individus dans des conditions préalablement et
soigneusement définies ou établies, susceptibles de le provoquer.
Caractéristiques de la méthode expérimentale :
a. La mesure : elle exprime le degré avec lequel le terme et les concepts en
considération sont précisément spécifiés. Mais la mesure ne requiert pas
nécessairement l’application du nombre, bien que l’usage du nombre soit souhaité
comme indice de la finesse dans la mesure. Exemple : on peut avoir une idée sur
l’intelligence d’un individu si on nous dit qu’il a un quotient intellectuel de 100, plutôt
que de dire qu’il est très intelligent.
b. La répétition : en règle générale, le résultat d’une recherche qui ne peut être
confirmé par d’autres recherches similaires risque d’être considéré comme étant
suspect et d’être rejeté. Exemple : un même observateur, plusieurs fois sur un même
sujet et à des moments différents.
c. Le contrôle : il permet à un observateur de réduire le nombre de facteurs qui
pourraient influer sur le comportement à observer.
d. La variance : dans une expérience, on peut avoir une ou plusieurs variables. On
distingue généralement :
 la variable indépendante : c’est la variable cause, la cause, le stimulus ou
la situation. C’est celle qui provoque un fait, celle dont le chercheur
observe ou détermine les effets sur la variable intermédiaire. Exemple : le
café
 la variable intermédiaire : c’est le sujet lui-même, la personne qui subit et
agit sous la variable indépendante. Exemple : l’étudiant de G1
 la variable dépendante : c’est la variable conséquence, les conséquences
ou effets, c’est celle qui est influencée par la variable indépendante. C’est
la réponse ou le résultat. Exemple : l’insomnie
1.4.5. La méthode des enquêtes
Cette méthode consiste à administrer à un grand nombre de sujets un
questionnaire d’enquête auquel ils ont à répondre. Le chercheur peut envoyer ce
questionnaire à un échantillon de la population qu’il veut étudier. On peut également se
servir de ce questionnaire comme guide dans l’entretien avec les sujets : c’est
l’interview. Il existe deux principaux types de questions :
 Questions à réponses fermées : elles permettent d’orienter le sujet qui
répond. Exemple : Etes-vous étudiant ? Oui ou Non.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
12
 Questions à réponses ouvertes : elles donnent une grande liberté de
réponse au sujet. Exemple : Que pensez-vous de votre avenir ?
Attention : Cette méthode peut offrir des renseignements fortuits.
1.4.6. La méthode psychanalytique
La psychanalyse se présente comme une théorie du psychisme humain et une
méthode d’investigation qui s’intéresse particulièrement aux phénomènes inconscients
en vue de les rendre conscients. Pour cela, elle recourt aux diverses techniques :
 La libre association (dites tout ce qui vous passe par l’esprit)
 L’analyse des actes manqués (le lapsus, l’oubli)
 L’hypnose,…
La psychanalyse est une théorie de la psychopathologie. Les maladies mentales
comme la névrose, la psychose, … dit FREUD ne sont pas causées par des lésions
cérébrales ; leurs causes sont à chercher dans le passé de l’individu et particulièrement
dans ses relations affectives, sexuelles avec ses parents. Exemple : Le psychanalyste
pour expliquer une déviation sexuelle comme l’homosexualité.
1. Il peut entrer en causerie avec le malade homosexuel et peut découvrir que
l’individu dans la deuxième enfance était amoureux de sa mère. Sachant que
l’amour envers la mère n’est pas permis, l’individu fournit l’effort pour le refouler.
Puis il va généraliser ce refoulement envers toute femme. Toute femme pour lui
représente sa mère avec qui il ne peut avoir des relations sexuelles. Ce désir, ce
besoin naturel, il le retourne vers les autres hommes auprès desquels il trouve
satisfaction.
2. Une autre possibilité de l’expression est que lorsque l’on est affectivement fixé à
une personne, on cherche à l’imiter. Or la mère aime les hommes. La fixation à
une mère qui aime naturellement les hommes entraîne l’enfant fixé à elle, à
aimer par imitation les hommes (les garçons).
1.4.7. La méthode de tests
Le test est une épreuve définie, impliquant une tâche à remplir, identique pour
tous les sujets examinés, avec une technique précise d’appréciation du succès ou de
l’échec ou pour la notation numérique de la réussite (Association Internationale de
Psychotechnie).
La méthode de tests consiste en la mesure rapide d’un comportement à travers
les réponses que le sujet fournit à un stimulus standard appelé test. Dans la
psychologie appliquée, elle a surtout une valeur prédictive : à partir d’un résultat obtenu
au test, on peut prédire pour un individu son comportement dans diverses situations
concrètes de la vie courante. On peut mesurer l’intelligence avec le W.I.S.C, le
G.A.T.B,… la personnalité avec les tests projectifs, par exemple le test projectif de
RORSCHACH. Le test peut se présenter sous plusieurs formes :
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
13
 verbal ou non verbal
 papier-crayon
 manipulation des objets
 choix multiples ou réponses libres
Avantages d’un test :
Le test permet de recueillir rapidement des informations et de fournir aux
psychologues le moyen de comparer les réponses du sujet à celles de milliers d’autres
personnes qui ont déjà été soumises au même test.
Désavantages du test :


un sujet peut intentionnellement donner de fausses réponses
les réponses peuvent être influencées par diverses conditions comme la
fatigue, l’énervement,…
N.B : Pour pouvoir tirer quelques conclusions, un seul test ne suffit pas ; il faut utiliser
une « batterie de tests » ainsi que toute information recueillie par d’autres moyens
comme l’interview ou l’observation.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
14
Chap. 2 : EXPLORATION ET CONNAISSANCE DU MONDE
Le monde physique qui nous entoure nous assaille chaque jour et nous oblige à
une adaptation ininterrompue et continuelle. Le comportement de l’individu dépend
largement de la façon dont il perçoit le monde qui l’entoure.
Les différentes perceptions du monde nous indiquent que les hommes
réagissent différemment devant un stimulus. Le monde physique est donc identique
mais le monde perçu ne l’est pas. Donc, il y a différence de perception entre les
individus.
2.1. PERCEPTION ET SENSATION
2.1.1. Notions
Notre organisme reçoit des stimuli qui proviennent soit du milieu extérieur (un son,
une lumière, une odeur…) soit du milieu intérieur (sensibilité kinesthésique).Ces stimuli,
s’ils sont suffisamment forts, vont exciter les cellules de l’organe récepteur. Cette
excitation est alors transmise par voie nerveuse jusqu’ à un centre du cortex.
a) La perception : c’est la prise de conscience du milieu en vue de la régulation de notre
conduite. Elle est aussi définie comme la prise de conscience d’un objet ou d’un fait
extérieur qui a provoqué en nous des excitations sensorielles plus ou moins
nombreuses et complexes. D’après la « théorie des complexes » ou « théorie de la
mosaïque », les anciens psychologues concevaient la perception comme étant une
somme de sensations. Aujourd’hui, cette théorie est dépassée.
b) La sensation : elle est considérée comme une perception élémentaire, celle qui se
produit dans des conditions d’excitation et d’impression les plus simples possibles.
N.B : La perception est plus profonde, plus riche, plus complexe. Elle est fonction
d’attention, de jugement, de souvenir, … bref, elle fait intervenir toute la personnalité.
C’est l’interprétation que nous donnons aux contacts avec l’extérieur.
Exemple : Je me trouve à 200 m de l’école, j’entends le sifflet (sensation), je cours pour
ne pas être en retard de peur d’être puni (perception).
2.1.2. Conditions du phénomène perceptif
a)Condition physique : c’est l’excitant ou le stimulus capable d’agir sur l’organe
sensoriel. Cet excitant doit avoir une certaine force (intensité) pouvant lui permettre
d’exciter l’organe sensoriel. Exemple : la lumière constitue l’excitant ou le stimulus.
b) Condition physiologique : c’est l’impression organique et sa transmission au cerveau.
c)Condition psychologique : c’est l’interprétation que le sujet fournit quand ces
impressions parviennent au cerveau ; c‘est la prise de conscience de l’objet qui a
provoqué l’impression sensorielle. Bref, c’est la perception proprement dite.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
15
2.2. FORMES DE SENSIBILITES
SHERRINGTON (physiologiste anglais, 1857-1952), distingue trois formes de
sensibilités.
2.2.1. La sensibilité intéroceptive
Cette sensibilité comprend toutes les sensations qui viennent du milieu interne,
viscéral ; liées aux modifications chimiques ou mécaniques du milieu interne (chaleur,
froid, crampes, douleurs internes diverses, etc.) La sensibilité intéroceptive est appelée
cœnesthésie pour marquer qu’elle est générale ou diffuse. Elle nous renseigne sur :
-l’état de nos muscles, nerfs, tendons et articulations ;
-la contraction de l’estomac quand nous avons faim, de l’intestin et d’autres viscères
(reins, poumons, foie…) ;
-la température de notre corps.
2.2.2. La sensibilité proprioceptive
Cette sensibilité nous renseigne sur les positions, attitudes et mouvements de
notre corps et de nos membres (sensation de posture, d’attitude et d’équilibre).Deux
sortes de sensibilité proprioceptive :
a)Le sens statique (labyrinthique) : il nous renseigne sur l’équilibration générale du
corps. Son organe de sensation se localise dans le labyrinthe de l’oreille interne
(urtricule, sacculo, canaux semi-circulaires, cils vibratiles).
Exemple : Quand nous tournons sur nous-mêmes et que nous nous arrêtons
brusquement, nous perdons le sens d’orientation, l’endolymphe (liquide contenu dans
les canaux semi-circulaires) continue son mouvement : on ressent la
sensation de
vertige.
b) Le sens kinesthésique (kinésique) : il nous renseigne sur les mouvements de
déplacement de nos membres et de la position de notre corps dans l’espace. L’origine
de ces sensations c’est dans les muscles, les tendons, le périoste des os, … Tout
individu peut toucher, les yeux fermés, son nez, son oreille,… avec précision. Ainsi,
nous pouvons manger en pleine obscurité sans mettre la nourriture ailleurs que dans la
bouche ; nous pouvons cerner le poids de certains corps en les soulevant tout
simplement ; nous pouvons marcher sans faire attention aux jambes, …
2.2.3. La sensibilité extéroceptive
Appelée également sensibilité spéciale, elle enregistre les excitations extérieures
par rapport au corps et a comme agents les sens externes. Ces sens sont regroupés en
deux catégories :
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
16
-sens impressionnables à distance : l’ouïe, la vue et l’odorat ;
-sens impressionnables par contact direct : le toucher et le goût.
La sensibilité extéroceptive comprend donc : la sensibilité cutanée, la sensibilité
visuelle, la sensibilité auditive, la sensibilité gustative et la sensibilité olfactive.
a)La sensibilité cutanée
L’organe du toucher c’est la peau. Le sens du toucher comprend trois
sensibilités :
-la sensibilité tactile : elle renseigne sur le contact et la pression exercée à la surface de
la peau.
- la sensibilité thermique : elle renseigne sur la chaleur, la température locale de la peau
(le chaud et le froid). Les points de froid et de chaud sont répartis inégalement à la
surface de la peau (2 à 3 fois plus de points de froid que de chaud).
-la sensibilité algésique : elle renseigne sur la douleur (ex : la brûlure).Du point de vue
biologique, il est prouvé que la douleur est nécessaire car chez les personnes
dépourvues de la sensibilité algésique, de nombreux accidents ont été enregistrés.
Elles auraient pu les éviter si elles étaient capables de ressentir les premières
douleurs. La douleur joue donc le rôle d’avertisseur.
b) La sensibilité visuelle
L’organe récepteur de la vue c’est l’œil. Du point de vue physiologique, l’appareil
qui engendre la sensibilité visuelle est la rétine dont les cellules sensorielles et
nerveuses se prolongent en nerf optique. La rétine contient :
-des bâtonnets abondants à la périphérie : ils sont sensibles à la lumière, servent à la
vision crépusculaire et assurent surtout la vision périphérique.
-des cônes qui abondent au centre et qui sont sensibles aux couleurs. Il semble qu’il
existe trois types de cônes respectivement sensibles au bleu, au vert et au rouge. Les
plus fréquents des troubles de la vision des couleurs sont : le type Dalton (confusion du
rouge et du vert) et le type Nagel (confusion du jaune et du bleu).
N.B. Les images sont transmises au cerveau par le nerf optique et le défaut de
la vision s’appelle « cécité ».
c) La sensibilité auditive
L’organe de l’ouïe c’est l’oreille. L’audition permet de percevoir des vibrations
sonores transmises en général par l’air. Ces vibrations sont conduites et concentrées
par le pavillon de l’oreille puis le canal auriculaire vers une membrane vibrante, le
tympan. Celui-ci, par la chaîne des osselets, transmet la vibration à la membrane
vibrante de la fenêtre ovale. A son tour, celle-ci transmet les vibrations à un liquide qui
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
17
entraîne la vibration de poils sur les cellules sensibles (cellules de Corti), puis le
message est transmis au cerveau. Si cette sensibilité disparaît, l’individu devient sourd.
d) La sensibilité gustative
L’organe du goût c’est la langue. Cette dernière se présente comme un
ensemble de papilles et de petits trous au fond desquels se présentent des cellules
sensorielles. Pour mieux goûter, le stimulus doit entrer en contact direct avec la langue.
On distingue quatre goûts :-l’acide du côté gauche et du côté droit de la langue ;
-le sucré et le salé au niveau de l’avant de la langue ;
-l’amer au fond de l’arrière de la langue.
N.B : Le reste c’est la zone du milieu qui est neutre. La perte du goût est appelée
« dysgneusie ».
e)La sensibilité olfactive
L’organe de l’odorat c’est le nez. L’olfaction est due à l’excitation des cellules
sensorielles appelées cellules de SCHULTZE situées dans chaque fosse nasale. Ces
cellules olfactives ciliées baignent dans le mucus nasal et transmettent l’excitation au
cerveau par l’intermédiaire du nerf olfactif. HENNING distingue 6 odeurs :
-
le putride (de la pourriture)
le fleuri (des fleurs)
le fruité (du fruit)
l’épicé (qui pique comme du poivre)
le résineux (odeur de certains arbres)
le brûlé (de ce qui brûle)
N.B : La perte de l’odorat s’appelle « anosmie ». L’odorat et le goût sont
étroitement liés car ils se communiquent et remplissent un rôle important dans la
nutrition.
2.3. PERTURBATIONS DANS LA PERCEPTION
Le processus complexe que constitue la perception peut être perturbé de
diverses manières :
2.3.1. Perturbations quantitatives
a) L’hyperesthésie : il s’agit de l’excitabilité excessive d’un ou de plusieurs sens. Les
excitants du monde extérieur sont perçus plus fort que normalement.
b) L’hypoesthésie : c’est la diminution de l’excitabilité des sens. Cela peut être léger et
aller jusqu’à l’insensibilité
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
18
2.3.2. Perturbations qualitatives
a)Les illusions
L’illusion est une perception mal interprétée. Il y a donc bien des excitants venant
du monde extérieur mais ils sont perçus de manière erronée. En d’autres termes, c’est
une fausse apparence : l’objet est pris pour un autre ou considéré autrement.
Exemples :
-interpréter des bruits mal localisés comme des bruits de pas ;
-entendre des voix à partir des bruits mal définis ;
-dans l’obscurité, un tronc d’arbre peut être pris pour un militaire surtout quand on a
peur ;
-l’illusion de Müller- Lyer : les deux lignes horizontales sont de même longueur, mais
elles nous semblent de longueurs différentes à cause de la pointe des flèches.
N.B : Les illusions peuvent se produire aussi bien chez les individus normaux
que chez les malades. Une forme particulière de l’illusion pathologique est la fausse
reconnaissance (paramnésie). Le sujet a l’impression d’avoir déjà vu ou vécu certaines
situations, de reconnaître des personnes ou des objets, de trouver ce qu’il n’a jamais
connu, …
b) Les hallucinations
Elles ne sont pas provoquées par des excitants réels du monde extérieur. La
perception est effectivement vécue par le sujet, mais elle ne correspond pas à la réalité
extérieure. C’est la perception sans objet réel. Les causes possibles des hallucinations
sont les intoxications à l’alcool, à l’opium,… ainsi que des états infectieux graves ou des
perturbations mentales.
Exemple : un fou qui se munit toujours d’une machette pour attaquer des soldats
(inexistants) qui semblent l’attaquer. Les hallucinations peuvent porter sur tous les
sens :
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
19
-
-
hallucinations visuelles : dans le delirium tremens (délire alcoolique), le sujet
voit des animaux répugnants (rats, insectes, serpents, araignées…) contre
lesquels il se débat et cherche à fuir ;
hallucinations auditives : le sujet entend des voix qui menacent, injurient,
donnent des ordres,…
hallucinations gustatives et olfactives : des patients paranoïas goûtent du
poison dans la nourriture, ils sentent du gaz dans leur chambre, …
hallucinations tactiles : le patient ressent des brûlures, du courant électrique,
des rayons sur le visage, …
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
20
Chapitre 3 : LA VIE ACTIVE DANS SES VARIATIONS
3.1. LA MOTIVATION
3.1.1. Notions
Dans ce point, il s’agira d’examiner les forces qui orientent nos buts et notre
comportement. Ces forces ou motifs traduisent notre patrimoine social, culturel et
biologique.
La motivation est l’ensemble des facteurs qui déterminent la conduite d’un
individu. C’est ce qui sert de moteur, ce qui cause le mouvement. La motivation est
donc un terme général qui fait allusion aux causes d’un comportement. Pour qu’il y ait
motivation, il faut :
 Un déséquilibre chez l’homme qui puisse créer un besoin. Ex. Le manque
d’eau provoque une déshydratation. Du coup, l’individu a soif et le besoin
d’eau se crée.
 Une poussée de l’homme à rechercher la façon de rétablir l’équilibre
rompu par le manque d’eau. Donc, le besoin déclenche un comportement
susceptible de trouver le moyen de le satisfaire. Ce comportement vise à
trouver, à rétablir l’équilibre en buvant de l’eau. Le rétablissement de cet
équilibre rompu est le but à atteindre.
Besoin, comportement et but sont les 3 termes désignant les étapes du cycle de
motivation. Au départ, le déséquilibre déclenche un besoin qui déclenche à son tour un
comportement qui se manifeste par différentes conduites tendant vers l’atteinte d’un
objet (but) qui pourra satisfaire le besoin de départ et rétablir ainsi l’équilibre rompu.
3.1.2. Sources de la motivation
Les raisons qui poussent l’homme à agir de certaines façons sont complexes.
Depuis les temps les plus reculés, certains ont supposé que les hommes étaient
contrôlés par des forces extérieures comme Dieu ou Satan, la société, … D’autres
affirmaient que ces forces étaient intérieures. De ce qui précède, il s’agit de deux
sortes de motivations :
o la motivation extérieure et
o la motivation intérieure (personnelle)
D’autres auteurs ont cru que pour comprendre les motifs derrière les gestes, il
fallait envisager deux forces : les influences extérieures venant de l’environnement
(institutions sociales, culturelles, économiques et religieuses) et les motifs personnels
(intérieurs) de notre « moi » profond. Quelques théories :
 L’homme, instrument du destin : l’homme serait guidé par les forces
astrologiques selon lesquelles le destin guide notre vie. Selon certaines
versions, les forces du bien et du mal se combattent pour obtenir l’âme
d’une personne, la livrant à différents désirs. Pour d’autres, la lutte se livre
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
21
essentiellement entre Dieu et le diable. Souvent, le diable ou l’esprit malin
prend possession de la personne, et la fait agir selon son désir.
 L’homme, maître de son comportement : on croit que l’homme dicte son
propre comportement en tenant compte de la situation dans laquelle il se
trouve, il calcule et pèse les conséquences, il agit selon son analyse
rationnelle. Selon ce point de vue, la motivation fait partie de l’individu,
maître de son propre destin. Nous croyons en cette théorie jusqu’à un
certain point mais nous pouvons nous heurter à un fait incompréhensible.
Ex : un crime sans motif contrairement à celui d’un assassin qui en tire
profit.
 L’homme, une machine : il s’agit des explications de cause à effet, simples
et cohérentes à tous les événements. L’homme est considéré comme une
machine et certains de ses comportements semblent être mécaniques.
C’est le cas du réflexe.
 L’homme, victime des forces sociales : selon cette théorie, le
comportement de l’homme est un produit de la société : les valeurs, les
idéaux et les règles de la société font de l’homme ce qu’il est et le font
agir d’une certaine façon.
3.1.3. La biologie et la motivation
a)La pulsion
Le point de vue biologique sur la motivation est né des travaux de Charles DARWIN
avec la théorie sur l’évolution présentée pour la première fois en 1859. On a soutenu
que le facteur de base de la motivation consiste en une série de pulsions biologiques
qui déclenchent les mécanismes de l’organisme. Deux sortes de pulsions :


Les pulsions primaires : celles qui proviennent des besoins biologiques (besoins
d’eau, de nourriture, d’oxygène, de repos, de chaleur et les besoins sexuels).Tout
comportement sert à satisfaire des besoins biologiques.
Les pulsions secondaires : elles dérivent des pulsions primaires et sont acquises (le
désir du pouvoir, du statut social et de l’argent). Ainsi, le pouvoir et le prestige social
semblent rendre certaines personnes plus intéressantes pour le sexe opposé en
plus de leur procurer un meilleur abri, davantage de nourriture,…
b) L’équilibre biologique
1°Notion
Selon le point de vue biologique de la motivation, l’organisme a tendance à agir
seulement lorsque le corps manque d’une substance nécessaire ou lorsqu’il y a un
surplus d’un élément quelconque. Un épuisement de substances nutritives dans le
corps cause une carence (déséquilibre) qui mène à un état d’agitation, l’être humain ou
animal se voit poussé à chercher de la nourriture. Une fois la nourriture absorbée, le
déséquilibre est corrigé, l’état d’agitation disparaît ainsi que le désir de chercher de la
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
22
nourriture. Bref, le motif se manifeste lorsqu’il existe un déséquilibre physiologique et le
but du comportement est de rétablir l’équilibre biologique.
2° L’homéostasie
Du grec homios (semblable) et status (stable), homéostasie signifie maintenir un
état stable ou équilibre. Il s’agit d’un processus autorégulateur maintenant l’équilibre de
différentes fonctions du corps.
Dans son livre “The Widson of the Body”, le physiologiste Walter Cannon décrit
l’étonnante façon dont le système physiologique maintient un équilibre dans les
différents processus biologiques. Il décrit:
-
la façon dont la température du corps est maintenue dans les limites restreintes
et comment des organismes étrangers sont éliminés du sang.
-
la façon dont le corps maintient une certaine proportion de sel dans les liquides,
quelle que soit leur quantité dans le corps.
Un déséquilibre (dans la concentration de sel, de sucre, d’oxygène...)
déclenchera automatiquement des mécanismes physiologiques spécifiques qui
rétabliront l’équilibre. Ce phénomène est automatique et l’individu n’en est pas
conscient ni ne peut le déclencher volontairement. Ex : Quelle que soit la température
ambiante, froide ou chaude, le corps maintiendra une température de 37°C.
Cependant, lorsque le phénomène homéostatique spécifique et involontaire ne suffit
plus à maintenir cette stabilité nécessaire au corps, l’individu y remédie volontairement,
soit en mettant plus de vêtements chauds lorsqu’il fait froid ou en se réfugiant dans une
pièce climatisée lorsqu’il fait très chaud.
3.1.4. La frustration
On parle de frustration quand le comportement vers un but est bloqué ou
contrarié c’est-à-dire lorsqu’un obstacle s’interpose entre le sujet et l’objet de tendance.
Cet obstacle empêche le sujet à satisfaire son besoin. La frustration fait partie de notre
vie de tous les jours même si c’est un état d’esprit déplaisant. Toutefois, la frustration
peut avoir des effets positifs et peut améliorer notre efficacité à atteindre nos buts en
nous forçant à éclaircir nos motifs et à intensifier nos efforts.
a)Sources de frustration
1° Sources internes: il s’agit de tout handicap physique ou intellectuel pouvant
empêcher de satisfaire un besoin.
Ex. :- une faiblesse intellectuelle, une malformation physique ;
- les traits de caractère telles que la timidité, la maladresse,…
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
23
2° Sources externes: elles peuvent être physiques ou sociales. Exemples des
sources physiques de la frustration :
-
une panne de voiture alors qu’on se rend d’urgence à l’aéroport ;
-
une pluie abondante qui nous empêche d’aller participer à l’examen ;
-
un stylo qui n’écrit pas alors que le résumé continue,…
Les frustrations d’ordre social sont les plus fréquentes et surviennent dès la naissance.
Ex: La ségrégation raciale, ethnique, tribale, sexuelle,…
b) Réactions à la frustration
Etant donné le déséquilibre dans lequel plonge la frustration, le sujet adopte
certaines attitudes lui permettant de rétablir son équilibre.
1° La compensation
L’individu fait preuve de plus de détermination et s’efforce davantage.
L’effort mène à un accomplissement dans la voie originale ou dans une voie différente. .
Exemple: Démosthène qui, déterminé à corriger ses difficultés d’élocution, s’entraîne à
parler avec des cailloux dans la bouche et devint un des plus grands orateurs de la
Grèce antique. Nous connaissons aussi des gens physiquement faibles, maladifs,
intellectuellement faibles, qui réussissent dans la vie.
Ces gens ont en commun la motivation à développer leurs aptitudes et leurs
qualités au maximum et à les diriger vers un but spécifique et cette force vient du désir
de pallier leurs lacunes ou leurs incompétences dans d’autres domaines. Bref, quand
nous parlons de compensation, nous voulons dire que l’individu compense ou essaie de
vaincre son handicap.
2° La substitution
L’individu étudie et analyse les circonstances dans lesquelles il se trouve et
conclut qu’un objectif différent satisferait ses besoins ou désirs frustrés et contrariés.
L’objet de substitution peut consoler le sujet même sans jouer exactement le rôle de
l’objet frustrant.
Exemple : Un jeune homme peut ressentir une motivation à servir la
communauté comme médecin. S’il se rend compte qu’il n’a ni le talent ni les moyens de
faire la médecine, il peut changer de voie en entrant dans la faculté de théologie pour
devenir prêtre ou pasteur ; ce qui lui permettra quand- même de servir la communauté.
Lorsqu’on choisit un substitut, on fait des compromis et des ajustements et on
doit parfois se contenter des aspirations moins nobles. Il arrive cependant que le motif
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
24
ou le but du second choix soit devenu tellement satisfaisant que l’individu affirme que
l’échec de son premier objectif était « un mal pour un bien ».
3° La tolérance
Il existe un degré au-delà duquel la tension et le désagrément causés par la
frustration entraînent un comportement destructeur. Ce degré varie selon l’individu.
Dans une même situation, un individu supportera un degré très élevé de frustration
avant que sa résistance ne s’écroule alors qu’un autre n’y parviendra pas. Voilà
pourquoi nous affirmons que la tolérance de la frustration est une caractéristique de la
personnalité d’un sujet.
Plusieurs comportements d’inadaptation peuvent faire surface lorsque le degré
de frustration dépasse celui de la tolérance de la frustration. Une des conséquences
fréquentes de cette sorte de frustration, c’est la régression. Elle se manifeste par un
retour à une méthode antérieure et moins réfléchie, employée pour atteindre un but ou
réagir à une contrariété.
Exemple: Un adulte qui, frustré au-delà de son degré de tolérance, revient à une
réaction enfantine pomme pleurer ou donner un coup de pieds à l’objet inanimé qui est
la source de la frustration (comme si cet objet méritait d’être puni pour avoir contrarié
son objectif).
4° Autres réactions :



L’agressivité : elle est très fréquente et s’accompagne généralement de la colère.
Le renoncement: reconnaître qu’on se trouve devant une réalité puissante,
devant un problème insoluble et que le but ne peut être atteint en aucune
condition.
L’identification : une personne qui ne parvient pas au but qu’il s’est assigné peut
s’identifier à une autre. Exemples:
- Une mère qui n’a pas pu épouser un homme qui l’aurait élevée à un grand
niveau social peut s’identifier à sa fille qui a réussi dans son mariage.
- Un père qui n’a pas fait de hautes études s’identifie à son fils qui réussit à
l’université.
La négation : la frustration est tellement forte que le sujet la nie car l’accepter
équivaudrait à une grande souffrance morale. Ceci se remarque par des « non »,
« ce n’est pas vrai », « ce n’est pas possible »,…
 La rationalisation: le sujet cherche des raisons pour justifier sa frustration.
Exemple: un échec aux examens est justifié par une maladie.

3.1.5. Le conflit
Lorsque nos motivations nous tiraillent d’un côté et de l’autre, elles engendrent
une lutte intérieure: c’est le conflit. Plus il y a des motivations, plus il y a des possibilités
de conflit de motivation. En 1935, KURT LEWIN (Psychologue américain d’origine
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
25
allemande, 1890-1947) fit une analyse des genres de circonstances qui causent un
conflit. Selon lui, ces conflits se classent en trois modèles fondamentaux: approcheapproche, évitement- évitement et approche- évitement.
a) Le conflit d’approche- approche (attraction- attraction)
Ce conflit survient lorsqu’un individu doit faire un choix entre deux objectifs
souhaitables c’est-à-dire deux choses agréables dont il faut faire le choix. C’est
probablement la moins douloureuse des trois situations de conflit parce que les deux
objectifs sont désirables. Cependant, puisque le choix implique l’abandon d’une
possibilité, le conflit peut être très intense. Exemples :
- choisir entre deux emplois
- accepter un emploi ou être épousée et suivre son mari
Plus la désirabilité des deux objectifs s’approche de l’égalité ou plus la force des
deux motifs s’approche de l’égalité, plus le conflit sera grand. On peut alors demeurer
indécis dans le choix.
b) Le conflit d’évitement- évitement (répulsion- répulsion)
Il se produit lorsqu’un individu doit choisir entre deux possibilités négatives de
même force. L’expression « se trouver entre le marteau et l’enclume » résume bien
cette situation. Exemple : Etre enrôlé dans l’armée pour une cause immorale ou refuser
avec possibilité d’encourir la désapprobation de la société et d’être considéré comme
poltron. Ce genre de situation tend à immobiliser l’individu qui s’abstient aussi
longtemps possible entre deux possibilités négatives.
c) Le conflit d’approche- évitement (attraction- répulsion)
Dans ce cas, l’individu ressent à la fois une attirance et une répulsion pour une
même direction parce que l’objet d’appétence comporte à la fois des caractéristiques
positives et négatives. On utilise le terme « ambivalence » pour décrire la sensation
d’un individu à l’égard d’un objet de ce genre. Exemples :
-Un voleur pense aux intérêts de sa sale besogne ainsi qu’à ses conséquences (gagner
l’argent ou perdre la vie)
-L’acrobatie procure du prestige mais elle est également dangereuse.
-Un homme peut désirer épouser la femme qu’il aime et avoir des enfants, mais il peut
sentir que cela gênerait son travail.
-Une personne qui souffre d’une maladie souhaite s’en voir soulagée, mais elle doit
d’abord subir une intervention douloureuse et peut- être dangereuse.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
26
3.2. LES CONDUITES ET LEURS FORMES
Une conduite est un comportement d’exploration, de recherche d’un objet ou
d’une situation susceptible de satisfaire un besoin. On distingue deux sortes de
conduites: les conduites innées et les conduites acquises.
3.2.1. Les conduites innées
Ce sont des comportements dont la forme dépend des propriétés et des
conditions liées à la structure originelle de l’organisme c’est-à-dire ces propriétés sont
transmises par voie de l’hérédité et non par l’action du milieu. Cependant, le milieu
extérieur n’est pas totalement exclu car c’est un agent déclencheur. Ex.: La mare d’eau
pour un caneton à la différence d’un poussin devant la même mare.
Quelques conduites innées :
1° Les réflexes
Le réflexe est la réaction la plus simple, la plus élémentaire de toutes les
réactions innées, il peut être étudié du point de vue physiologique et du point de point
de vue psychologique.
a) Du point de vue physiologique
La moelle épinière est le centre nerveux du réflexe. La réaction réflexe est
déclenchée par un excitant agissant sur une terminaison nerveuse sensitive. La
transmission de l’excitant se fait par le circuit des voies nerveuses constituant l’arc
réflexe.
L’arc réflexe comporte cinq parties:
(1) un organe sensoriel recevant l’excitant
(2) un nerf sensitif
(3) un centre nerveux (élaborant la réaction)
(4) un nerf moteur
(5) un organe fonctionnel ou moteur (glande ou muscle)
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
27
Centre nerveux
(3)
(2)
Nerf moteur
Nerf sensitif
(4)
(1)
Organe sensoriel
(5)
Organe moteur
Exemples des réflexes: dilation de la pupille, mouvement des viscères, bayer,
éternuer, le hoquet,...
b. Du point de vue psychologique:
Le réflexe est un mouvement, une réaction simple et automatique d’un organe ou
d’une partie du corps en réponse à une excitation. La réaction réflexe définie comme
comportement, présente certaines caractéristiques :
-
réaction innée (absolue) : transmise par hérédité et non par apprentissage
-
réaction simple : elle ne requiert pas un niveau supérieur de conscience
Exemple: une simple contraction musculaire
-
réaction stéréotypée : elle se produit toujours de la même façon
-
réaction automatique : elle se produit fatalement lors d’une excitation
2°. Les instincts
L’instinct est une disposition innée qui détermine un animal à agir d’une manière
propre, suivant sa nature et sa structure physiologique. Donc chaque espèce d’animaux
a ses instincts différents de ceux de l’autre de par sa nature même.
a. Caractéristiques de l’instinct
L’instinct est:
-
inné: il vient avec la naissance, il ne s’apprend pas ;
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
28
-
uniforme et spécifique : il est le même pour chaque animal et propre à chaque
espèce ;
-
aveugle et irréfléchi: l’animal ne semble pas connaître le but de son activité et
continue cette dernière même si elle est devenue caduque. Dans ce cas, on
parle de la folie des instincts. Ex: la poule continue à couver même si on a
déplacé ses œufs ;
-
invariable: l’instinct reste toujours le même à travers les âges. Toutefois, il peut y
avoir certains petits changements selon les milieux ;
-
utile : il est au service des besoins vitaux, soit pour l’individu, soit pour la race.
b. Les instincts chez l’homme
Chez l’enfant, le comportement peut encore être dicté par l’instinct mais au fur et
à mesure qu’il grandit, l’instinct est modifié par l’intelligence, l’expérience et la volonté.
Donc à l’état pur, l’instinct n’existe pas chez l’homme. Exemples d’instincts chez
l’homme: instinct de succion, instinct sexuel.
3°. Les tropismes
Le tropisme est une réaction vitale d’orientation d’une plante ou d’un animal visà-vis de certains agents physiques ou chimiques. Sortes de tropismes:
a. Selon l’orientation (la direction), on distingue:
-
le tropisme positif: l’organisme vivant se dirige vers l’agent physique ou
chimique ;
-
le tropisme négatif: l’organisme vivant s’éloigne de l’agent physique ou chimique.
b. Selon l’agent qui provoque le tropisme, on distingue:
-
le phototropisme: réaction par rapport à la lumière. En fonction de la lumière du
soleil, on parle de l’héliotropisme ;
-
le géotropisme: réaction par rapport au centre de la terre (la pesanteur) ;
-
le chimiotropisme : réaction par rapport aux substances chimiques ;
-
l’anémotropisme: réaction par rapport au vent ;
-
l’hydrotropisme: réaction par rapport à l’eau,…
N.B. Employé primitivement par les botanistes pour désigner les réactions
d’orientation des végétaux, le terme tropisme fut repris par le physiologiste américain
d’origine allemande Jakob LOEB (1859-1924) pour caractériser les comportements
attractifs ou répulsifs d’animaux soumis à l’influence de certains agents physiques ou
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
29
chimiques. Notons enfin qu’actuellement, les tropismes animaux sont désignés par
certains auteurs par le terme “taxie”.
3.2.2. Les conduites acquises
a. Notion
Une conduite acquise est un comportement dont le déroulement dépend en
grande partie d’un contact antérieur avec une situation donnée. La plupart de nos actes
relèvent de l’apprentissage: la marche, le langage, l’écriture, l’usage de certains
instruments,...
b. Le conditionnement classique
1° La vue d’une soupe apporte de la salive dans la bouche .Nous avons ici un réflexe
de salivation causé par un stimulus naturel (la nourriture).
2° Supposons que chaque fois que nous sommes à table, il y ait un événement fortuit
qui survient. Exemple: la sirène de T. M. K. Après plusieurs répétitions, la simple
audition de la sirène, même quand il n’y a pas de nourriture, occasionne la mémoire de
la sirène et excite notre appétit.
3° Le réflexe conditionné de PAVLOV.
Après ses travaux sur la digestion, le psycho-physiologiste russe IVAN
PETROVITCH PAVLOV s’est, depuis 1905, intéressé à la sécrétion salivaire.
Il a isolé un chien dans une pièce pour qu’il ne soit dérangé ni par l’expérimentateur, ni
par l’appareil d’enregistrement. Il a pratiqué une fistule salivaire pour mesurer la
quantité de la salive, lors de la présentation de la poudre de viande au chien.
Schéma : S.l. = Stimulus inconditionnel (naturel)
R.l. = Réaction inconditionnelle
S.C = Stimulus conditionnel (provoqué)
R.C = réaction conditionnelle.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
30
ESSAIS
SC
SI
1
-
Poudre de viande
2
Son
3
Son
4
Son
-
5
Son
-
Poudre de viande
REACTION
Salivation (R.I)
Salivation (R.I)
Répétitions
Salivation (R.C) Répétitions
-
Si les excitants tels que lumière, son,… sont associés pendant un temps plus ou
moins long à l’excitant naturel, ils acquièrent un pouvoir réflexogène. Les réflexes
provoqués sont appelés “ réflexes conditionnels”. Pour qu’il y ait réflexe conditionnel, il
faut que le stimulus conditionnel soit associé au stimulus inconditionnel qui doit venir
directement après. Ce phénomène est appelé « renforcement ». Quand le stimulus
conditionnel n’est plus associé au stimulus inconditionnel, la réaction conditionnelle
peut diminuer jusqu’à disparaître. C’est l’extinction.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
31
Deuxième partie : PSYCHOLOGIE MEDICALE
Chapitre 1 : GENERALITES
1.1. BREF APERÇU HISTORIQUE
La pratique à prodiguer des soins au malade est aussi vieille que le monde et
remonte à la préhistoire. Comme les autres disciplines, la science médicale (médecine)
a évolué en se dégageant dans un premier temps de la magie qui reposait sur le
mysticisme. Il ne faut cependant pas sous-estimer la médecine antique car ses
traitements reposaient sur des observations exactes et un empirisme éprouvé
(expérience pratique).Le cas concret est celui de la civilisation chinoise. La Chine avait
développé une science médicale basée sur la connaissance de l’anatomie, la pratique
de la dissection, l’étude du rôle de la rate et de la circulation sanguine. Très
observateurs, les chinois avaient découvert la médecine préventive en se fondant sur le
fait que les maladies organiques sont précédées des troubles fonctionnels et l’altération
du caractère. Ils enseignaient déjà que « chacun est malade à sa manière »et qu’il faut
tenir compte de la différence de tempérament pour établir le traitement.
En Grèce, nous pouvons citer HIPPOCRATE qui est dans l’histoire de la
médecine, le premier médecin dont elle ait connu. Né à Cos (une ile de la Grèce) vers
460 avant JC, HIPPOCRATE a établi des bases scientifiques et morales de la
médecine moderne. Il a révolutionné la médecine en enseignant que la maladie avait
des causes naturelles et non des causes magiques. Il a mis au premier plan la méthode
médicale d’observation clinique.
En éthique (déontologie), Hippocrate a composé le serment que prêtent les
médecins (serment d’Hippocrate) qui résume l’essentiel de la morale professionnelle du
médecin. Ce serment d’il ya plus ou moins deux mille ans demeure de nos jours la base
de la déontologie médicale. Ainsi, les médecins et les infirmiers doivent le connaître et
s’en inspirer dans leur conduite.
A l’histoire des soins infirmiers se rattache le nom de Florence NIGHTINGALE
(1820- 1920) lors de la guerre de Crimée (presqu’île de l’URSS qui s’enfonce dans la
mer Noire).Par la suite, Nightingale fit l’organisation sanitaire de l’armée anglaise et des
hôpitaux civils. Elle créa pour les élèves infirmiers l’école St Thomas Hospital et publia
de nombreux ouvrages des techniques hospitalières. Elle a aussi spécifié le devoir de
l’infirmier - le serment Nightingale - prêté dans les écoles anglosaxones par les jeunes
infirmiers au moment de l’obtention de leurs diplômes.
Enfin, nous ne pouvons passer sous silence le philanthrope HENRI DUNANT
(1828-1910), arrière petit neveu de Jean Jacques ROUSSEAU. Il a fondé la CroixRouge. Il a assisté à la bataille de Solferino (village d’Italie) où les français remportèrent
la bataille sur les autrichiens. Cette bataille fut l’une des plus meurtrières de l’histoire.
DUNANT fut bouleversé par l’horreur du spectacle et organisa des secours immédiats.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
32
1.2. OBJET DE LA PSYCHOLOGIE MEDICALE
La psychologie médicale est la psychologie appliquée aux problèmes posés par
la médecine. Née dans les années 50, elle a été officialisée en 1961 avec son
introduction dans le cursus des études médicales. Il ne s’agit pas d’un domaine
particulier mais d’un ensemble de connaissances dont le personnel soignant a besoin
pour exécuter son métier c’est-à-dire, les soins de santé en faveur des patients.
L’importance de la psychologie médicale s’est révélée confrontée aux problèmes
psychologiques tels que celui des rapports avec le malade au cours desquels ce
personnel exerce une action qui relève en partie du domaine psychologique. Jusqu’à la
fin du 19ème siècle, ces phénomènes ont été abordés empiriquement sans qu’un effort
soit fait pour en donner une formation théorique pouvant aboutir à une action plus
efficace. C’est la psychanalyse qui a le mérite d’avoir formulé des concepts généraux
comme celui du transfert, valable en médecine. Elle a également attiré l’attention sur la
liaison étroite entre les faits psychiques et la maladie physique.
La psychologie médicale est restée longtemps restreinte au domaine de la
psychopathologie. A ce titre, elle était traditionnellement rattachée à la psychiatrie qui
est une partie de la médecine qui traite les maladies mentales. La psychologie médicale
est une étude des phénomènes psychologiques observés en médecine à l’écart de
toutes les investigations thérapeutiques.
La psychologie médicale a été beaucoup influencée par les gestaltistes qui
considèrent que l’homme perçoit d’abord la réalité dans sa globalité et il ne s’intéresse
aux parties de cette réalité qu’après. De cette théorie (gestalt theory) est née la notion
de l’unicité de l’organisme en psychologie médicale. La notion de l’unicité souligne la
nécessité d’envisager l’organisme malade dans sa totalité, de ne pas envisager un
aspect (psychique ou somatique).Privilégier l’aspect somatique au détriment de l’aspect
psychologique rend la compréhension de la maladie difficile.
1.3. METHODES D’APPROCHE DE LA PSYCHOLOGIE MEDICALE
La psychologie médicale utilise généralement les mêmes méthodes que celles utilisées
en psychologie générale.
1.3.1. L’observation
Le problème qui se pose dans l’observation en psychologie médicale est de savoir
comment l’homme malade se situe par rapport à l’observateur externe. C’est soit la
maladie, soit l’homme malade qui est l’objet même de l’observation.
1.3.2. La compréhension et l’explication
Elles constituent les deux points d’approche pour l’étude et la connaissance de la
maladie et du malade.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
33
-la compréhension : c’est la connaissance par l’interprétation psychologique. Il s’agit ici
de vivre, d’éprouver, de se représenter ce que ressent le malade. La méthode utilisée
est l’introspection.
-l’explication : il s’agit de la connaissance objective des faits, des rapports de causalité
entre deux ou plusieurs facteurs de l’élaboration des lois.
1.3.3. La méthode expérimentale
L’importance de l’observation, de l’hypothèse et de l’expérimentation varie selon les
disciplines. Exemples :
-les méthodes dites cliniques sont faites de l’observation et de la compréhension des
conduites humaines dans des conditions bien déterminées.
-les méthodes dites de laboratoire sont faites d’expérimentation. Mais de l’observation à
l’expérimentation, la démarche demeure identique.
L’observation en psychologie médicale s’exerce de deux manières :
a)l’observation directe : elle porte sur le malade, sur son comportement et les signes
extérieurs.
b) l’observation externe : elle ne porte pas sur l’état actuel du malade, ni même sur la
maladie mais plutôt sur l’anamnèse, la biographie, les écrits, les tests psychologiques et
témoignages d’autrui.
1.4. SCIENCES CONNEXES A LA PSYCHOLOGIE MEDICALE
1.4.1. La psychiatrie
Les rapports de la psychologie médicale avec la psychiatrie ne sont pas faciles à
comprendre. La psychiatrie est une branche de la médecine qui s’occupe du diagnostic
et du traitement des maladies mentales. Elle vise à comprendre le fonctionnement du
psychisme humain ; elle en découvre les lois, en déduit éventuellement les méthodes et
les données théoriques permettant l’activité thérapeutique.
1.4.2. La psychopathologie
C’est la science du fonctionnement anormal de l’esprit humain, une étude scientifique
du comportement morbide. Elle se trouve à mi-chemin entre la psychologie et la
psychiatrie. Elle permet de comprendre les faits pathologiques du sujet en saisissant la
signification du symptôme tel que celui-ci le vit afin d’en tirer les lois générales
concernant les processus mentaux.
1.4.3. La psychophysiologie
Elle s’occupe des bases anatomophysiologiques sur le comportement. Il a été prouvé
que les processus mentaux dans une large mesure dépendent de certains mécanismes
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
34
physiologiques. Les recherches ont prouvé que les manifestations psychiques
supérieures telles que la pensée sont liées au bon fonctionnement du dernier étage du
cerveau (le télencéphale) ; tandis que les instincts, les émotions et les états affectifs
sont en relation avec le cerveau moyen(le diencéphale).Les découvertes faites dans le
domaine des sécrétions internes ont prouvé que les processus chimiques qui se
déroulent dans notre corps influencent notre vie psychique. Exemple : la
psychophysiologie a montré que la gaucherie n’est pas un handicap physique comme le
croient la plupart des parents et enseignants avec comme conséquence le traitement
frustrant infligé aux enfants gauchers à l’école et en famille. Elle est plutôt la résultante
naturelle d’un développement de la partie droite du cerveau (hémisphère droit) par
rapport à l’hémisphère gauche.
1.4.4. La psychosomatique
Elle étudie les troubles organiques dus totalement ou partiellement à des facteurs
psychiques. Exemples : maux d’estomac, énurésie (émission involontaire des
urines),…La médecine psychosomatique s’occupe à la fois de l’esprit, du mental
(psyché) et du corps (soma) et n’envisage jamais l’un sans l’autre. Notons que celui qui
se trouve dans un état de tension affective presque permanent peut voir se développer
dans son organisme des troubles : ulcères gastriques, angine de poitrine, hypertension,
asthme, obésité, diabète, certaines maladies cutanées,…Bref, le but de la
psychosomatique est d’étudier l’homme (sain ou malade) comme un tout ; étudier les
rapports étroits entre le psychisme et le soma.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
35
Chapitre 2 : NOTIONS FONDAMENTALES EN PSYCHOLOGIE
MEDICALE
2.1. LA SANTE
La santé conçue comme une valeur positive, a été définie par l’OMS
(Organisation Mondiale de la Santé) comme «un état de complet bien-être physique,
mental et social » ; et non seulement l’absence de maladies ou d’affections.
Cette définition ressemble plutôt à un idéal car un état complet est rare chez les
humains. Le mal-être social peut bien s’accorder avec le bien-être physique et mental
tout comme le bien-être physique peut coexister avec les troubles mentaux. Lorsqu’on
parle de santé, on se réfère implicitement à l’équilibre dynamique existant entre
l’organisme et son milieu.
2.2. LA MALADIE
2.2.1. Notion de maladie.
a) Selon le dictionnaire de psychologie de Norbert SILLAMY, la maladie est définie
comme étant « une altération de la santé par suite de l’incapacité du corps à utiliser ses
défenses organiques contre une agression extérieure (traumatisme, toxi-infection, etc.)
ou pour résoudre ses conflits psychologiques ». Selon le dictionnaire « Vocabulaire de
psychologie et de psychiatrie » de LAFFON, la maladie est définie comme une
altération de la santé correspondant à l’atteinte ou au mauvais fonctionnement de tout
ou d’une partie du corps et se traduisant en une série de troubles généraux ou
localisés, lésionnels ou fonctionnels.
b) Selon l’ancienne conception : un agent extérieur, un microbe s’introduit dans
l’organisme ; sa présence et son développement produisent la maladie. Exemple : la
tuberculose est une maladie produite par le bacille de Koch.
c) Selon la conception moderne : tout le monde attrape des bacilles, mais tout le
monde ne tombe pas malade. Ici on souligne l’importance du « terrain » sur lequel
tombe le microbe pour que la maladie soit déclenchée.
Voici le processus aboutissant à la maladie :
 le bacille pénètre dans l’organisme et passe à l’attaque au moyen de ses toxines.
 défense immédiate de l’organisme pour conserver son équilibre menacé par la
présence du bacille. Il s’en suit donc la bataille pouvant déboucher à l’un des
résultats suivants :
 si l’organisme et le bacille sont à égalité, la lutte est silencieuse et l’individu
ignore tout ce qui s’est passé en lui ;
 si le microbe est le plus fort, un déséquilibre organique se produit ;
l’organisme déclenche une contre-attaque : la maladie apparaît. La maladie
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
36
est donc la réaction d’un organisme qui se défend. Ce n’est donc pas le
microbe qui produit la maladie ; mais c’est l’organisme qui déclenche la
« maladie » pour détruire le microbe.
NB. L’attaque de l’organisme peut être foudroyante et ce microbe peut être vaincu
sans aide extérieure. Si le microbe est résistant, l’organisme demande une aide
extérieure (le médicament). D’où il ne faut pas dire que la tuberculose est produite par
le bacille de Koch, mais il faut plutôt dire que la tuberculose est une réaction de
l’organisme contre le bacille de Koch.
L’histoire de la maladie va de paire avec celle de l’humanité. Evoquer le problème
de la maladie, c’est penser consciemment à celui de la vie et de la mort car la maladie
constitue une des causes qui met fin à la vie. La maladie est donc considérée comme la
jonction ou le trait d’union entre la vie et la mort. Cependant, la mort n’est pas due au
hasard. Plusieurs agents situés dans le monde sensible (matériel) et dans le monde
surnaturel sont à l’origine de la maladie et peuvent occasionner la mort. Ces agents se
regroupent autour de trois grandes causes :



les causes naturelles : vieillissement, accident, microbes ;
les causes surnaturelles : Dieu et les esprits maléfiques ;
les causes sociales et psychologiques : la sorcellerie, l’empoisonnement,
l’assassinat, le suicide, la pendaison.
2.2.2. Evolution de la maladie au plan thérapeutique à travers les âges
Le besoin de lutter contre la maladie et de conserver la vie le plus longtemps
possible s’est fait sentir à travers les âges (époques) dans toutes les sociétés suivant
des conceptions et des modes d’approche différents. Ainsi, l’histoire de la maladie
débute à partir du moment où l’homme a tenté de soulager la souffrance de son
semblable en exerçant une influence sur lui ; influence qui a changé de visage à travers
les temps et qui a évolué en fonction du développement des conceptions et des idées
au plan religieux, philosophique, social et scientifique.
L’effort thérapeutique (traitement de la maladie) a commencé avec le sorcier
guérisseur de la période préhistorique et depuis lors les philosophes, les médecins, les
hommes de l’église et enfin les psychologues se sont consacrés à cet effort. En ce qui
concerne l’explication et la compréhension de la maladie, notamment de la maladie
mentale, le comportement de l’homme a oscillé de l’antiquité à nos jours entre 4 types
de réponses différentes : réponse mystique, organique, psychologique et sociologique.
1º L’Antiquité
Le guérisseur était le grand prêtre ou le sorcier du clan, les causes de la maladie
étaient mystiques. Exemple : En Mésopotamie, les premiers médecins étaient des
prêtres et les affections mentales étaient attribuées à des possessions démoniaques.
Chez les hébreux, le médecin était le grand prêtre qui invoquait le grand guérisseur qui
est Dieu.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
37
2º Le Moyen âge
C’est presque la même conception qu’à l’antiquité : la maladie mentale était attribuée à
une possession démoniaque. Pour guérir les malades, il fallait chasser les démons et
dans le cas contraire, ces malades étaient tout simplement brûlés.
3º La Renaissance (XVème - XVIème S)
On note une réaction sévère contre l ‘orientation thérapeutique mystique des maladies
mentales. L’accent est désormais mis sur l’observation et la médication prend le pas sur
le mysticisme pour soigner toute maladie physique ou mentale.
4º Le XVIIème Siècle
On assiste à l’ouverture des maisons d’internement dans lesquelles sont enfermées
les fous, les inadaptés sociaux, les chômeurs, les pauvres, les infirmes et même les
vieillards.
5º Le XVIIIème Siècle
Il est caractérisé par la création d’asiles psychiatriques où les médecins se mirent à
étudier la symptomatologie des maladies mentales.
6º Le XIXème Siècle
Un effort d’explication de l’origine de la maladie est déployé et focalisé dans l’hérédité
et dans les accidents infectieux, toxiques ou traumatiques dont l’individu a eu à
souffrir.
7º Le XXème Siècle
C ‘est le siècle de le découverte de l’inconscient par Freud. Cette découverte a eu un
impact sur la conception, sur l’origine des maladies mentales, lesquelles sont la
résultante non pas des altérations d’une partie ou d’un segment de la personnalité mais
comme des altérations de la personnalité dans sa totalité. Ainsi, l’approche
thérapeutique consistera à considérer la personnalité dans toutes ses différentes
facettes.
2.2.3. Conceptions actuelles de la maladie
La conception que se fait la communauté actuelle médecin-malade au sujet des
maladies varie dans le temps et se rapporte à deux pôles :
a) La conception exogène de la maladie
C’est vers la fin du XIXème siècle que cette conception exogène ou physique de la
maladie a pris ses racines à partir des travaux de Pasteur sur les maladies
infectieuses. Sur ce point de vue, la conception exogène est déculpabilisante c’est-àdire les causes de la maladie ne viennent pas de l’individu ; elles viennent de
l’extérieur. Dans ce cas, le rôle du médecin est de découvrir la maladie physique
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
38
causée par un agent extérieurement physique et en même temps de dégager la
responsabilité. Cependant, il est à signaler que cette liaison n’est pas absolue car
certaines théories exogènes sont culpabilisantes. Tel est le cas du démon qui punit le
malade qui l’a offensé.
b) La conception endogène de la maladie
Cette conception explique que l’origine de la maladie est dans le malade luimême et donne droit aux notions telles que la disposition, l’hérédité, le terrain du
malade. Vu sous cet angle, cette conception est culpabilisante, c’est-à-dire elle rend le
malade coupable de sa maladie. Certaines conceptions endogènes déculpabilisent les
malades. C’est le cas des maladies héréditaires où on dit que l’individu ne peut pas être
tenu pour responsable de son hérédité.
2.3. NOTION DE NORMAL ET D’ANORMAL
2.3.1. Le normal
Le concept «normal »renferme une double signification :

Ce qui est conforme à une valeur, exemple : il n’est pas normal de voler, de
mentir…
 Ce qui est conforme à une règle : une règle, un règlement, c’est un code de
conduite qui est accepté par la moyenne de cas, si pas la majorité de cas dans
une société bien déterminée.
Les psychologues soulignent les caractéristiques de la vie relationnelle de
l’homme quand ils abordent les critères et/ou les descriptions de la normalité
humaine. Cette caractéristique de la vie relationnelle est jugée selon deux points de
vue opposés :
 Selon le monde extérieur (physique, social, culturel) auquel l’individu doit
s’adapter pour survivre. Ainsi, l’individu est normal quand il se conforme à
son milieu ;
 Selon les règles et propriétés de sa propre individualité, est normal celui
qui se conforme à lui-même, à sa propre nature.
2.3.2. L’anormal
L’anormalité se définit par opposition à la normalité. La non intégration,
l’anticonformisme, le manque d’autonomie et l’écart par rapport à l’homme moyen sont
là les termes pour désigner l’anormalité. Anormal signifie aussi ce qui sort de l’ordinaire,
qu’il s’agisse d’une fonction, d’une activité, d’un organe, d’une structure ou d’un
comportement.
2.3.3. Compréhension des concepts normal et anormal.
Les deux concepts se différencient par rapport à la norme établie. Le terme
pathologique appartient souvent au domaine d’anormalité mais l’anormalité ne se réduit
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
39
pas au pathologique. L’anormalité est plus que le pathologique. Ainsi, un individu ou
une situation exceptionnelle, donc ce qui est anormal peut être sain. Exemples : un
génie, un individu qui a six doigts ne sont pas dans la classe pathologique mais ils sont
seulement anormaux.
De ce qui précède, nous pouvons dire que l’anormal est ce qui s’écarte
considérablement de la moyenne statistique et le pathologique est ce qui provoque la
souffrance, la maladie. Cependant en médecine, on a tendance à assimiler l’homme
normal à l’individu parfaitement sain qui, en toute rigueur n’existe pas.
2.4. LE MALADE
2.4.1. Notion
Un malade est une personne qui souffre physiquement ou psychiquement. Il
consulte un médecin (infirmier) ou un psychothérapeute pour le diagnostic de sa
maladie. Le malade traîne derrière lui toute une histoire dictée par des circonstances
physiques ou psychologiques conscientes ou inconscientes. Ces circonstances sont :
l’hérédité, le tempérament, le milieu familial et social, l’enfance, l’adolescence, l’âge
adulte… ; le tout constituant l’homme malade. Il existe donc, dans le passé de la
personne malade un immense faisceau de circonstances qui convergent vers
« aujourd’hui » c'est-à-dire vers le moment où la personne dit : « je suis malade ».
En tant que futur infirmier, il importe de savoir que l’homme est un tout indivisible,
qu’il ne peut être divisé en des pièces détachées qu’il faut réparer séparément. Vu sous
cet angle, la maladie est une réaction de l’organisme dans sa totalité. Cette conception
globale ou totale de l’organisme a donné naissance à la médecine psychosomatique.
Cette dernière s’occupe à la fois du mental et du corps. Dans la démarche
thérapeutique, la dualité corps-esprit doit être mise de côté. Que la maladie soit
physique ou psychique, elle est toujours générale. Il y a maladie tout court qui est une
réaction totale de l’organisme tout entier et solidaire.
2.4.2. Attitudes du malade et du personnel soignant à l’égard de la maladie.
a) La maladie sous l’angle du malade
Pour un sujet donné, être malade peut se traduire en trois types de situations
psychologiques bien distinctes :
1º Se sentir malade
C’est la situation la plus courante et s’exprime de trois manières :
 l’individu éprouve une affection proprement physique et sent un dérangement
ou un dysfonctionnement de son organisme avec ou sans rapport avec son
psychisme. Exemple : l’individu éprouve de la céphalée ou il a des nausées ;
 l’individu appréhende l’arrivée de la mort, sa destruction. Pour cela, il va se
réfugier sous une tutelle qu’on appelle « hospitalisation » ;
 l’individu se dit qu’il n’est pas malade et s’efforce de lutter.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
40
2º L’individu est malade sans le savoir
C’est l’extérieur qui fait prendre conscience au sujet de son état de morbidité. Le
médecin ou l’infirmier détecte une infection inconnue du sujet. Exemple : l’hypertension
lors d’un examen médical de routine. Devant une telle situation, l’individu peut réagir de
deux manières :
 il prend réellement conscience qu’il est malade et cette prise de conscience
peut influencer psychologiquement sa vie future et de ce fait, il va se sentir
malade et va se soumettre au traitement prescrit par le médecin ou l’infirmier ;
 l’individu refuse le diagnostic parce qu’il ne se sent pas malade. Il va
continuer à vivre son état de santé apparent.
3º L’individu est malade sans le sentir et sans le savoir
Deux cas peuvent se présenter :
 la maladie est inexistante pour le sujet. Exemple : une syphilis à l’état
d’incubation. L’aspect pathologique de la maladie a pris corps dans
l’organisme sans être vécu par le sujet c’est-à-dire il est à la fois réel et
inexistant car la situation actuelle du sujet n’est pas perturbée.
 le cas d’une pathologie mentale profonde. Il s’agit notamment d’un vrai fou
qui ne sait pas qu’il est malade tout simplement parce que le pathologique
l’empêche de vivre cette situation et de la reconnaître comme telle.
b) La maladie pour le personnel soignant.
Le personnel soignant ne ressent aucun mal dans son propre corps mais en
revanche, il constate l’état de morbidité chez le malade. Il cherche et trouve des signes
positifs et objectifs de la maladie grâce aux résultats des examens cliniques ou de
laboratoire. Exemple : l’infirmier constate une tension artérielle de 18/12, le normal étant
de 11/9 cm de Hg. Ce constat doit être interprété par le médecin ou l’infirmier et 18/12
signifie l’hypertension artérielle qui constitue une maladie. Cela signifie que
l’observateur a valorisé le constat fait et qu’il a donné à ce constat un jugement de
valeur (valeur scientifique).
2.4.3. Le statut et le rôle du malade
Dans toute société, la situation du malade est régie par des règles qui sont
institutionnalisées et codifiées. Bien que les malades mentaux constituent parfois une
exception, tout malade possède quelle que soit la nature de sa maladie un statut
particulier. Ce statut est fait d’un ensemble de droits et d’obligations étroitement liés.
1º L’exemption des responsabilités
La maladie rend le malade incapable de faire face à ses tâches. Il s‘agit d’un état
de fait mais aussi de droit. L’importance de cette exemption et sa durée varie avec la
société, avec la gravité de la maladie, mais aussi avec le statut social du malade. Plus
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
41
ce statut est élevé, moins l’exemption sera facilement acceptée. Cette exemption des
responsabilités tend de plus en plus à être reconnue officiellement sous la forme du
« certificat médical ».
2º Le droit à l’aide
L’impuissance étant un des éléments du statut du malade, ceci entraîne le droit à
l’aide. Ce droit est de nature absolue et repose sur l'idée selon laquelle la maladie est
involontaire et que le malade ne peut par conséquent en être tenu pour responsable.
Ainsi, le prisonnier, l’ennemi ont droit d’être soignés. L’institutionnalisation du droit à
l’aide peut être envisagée à différents niveaux. Au niveau familial, ce sont en général
des femmes dont le malade doit attendre l’aide (la mère, l’épouse, la sœur). Au niveau
social, l’aide est apportée par l'ensemble des membres de la profession médicale et
cette aide est codifiée légalement (la réglementation de la sécurité sociale, de
l’assistance médicale gratuite,…)
3º L’obligation de désirer guérir
En contrepartie, des deux premiers éléments du statut qui permettent au malade
d’obtenir des avantages secondaires, il existe des obligations. Si le malade n’est pas
responsable de sa maladie, il est considéré comme responsable de sa guérison. Il a
l’obligation de désirer guérir, il n’a pas le droit de désespérer. S’il n'obéit pas à cette
obligation, la société lui refusera le statut de malade, ou bien le soignera de force. Dans
le cas des malades mentaux, la société se substitue à eux en ce qui concerne cette
obligation de désirer guérir.
4º L’obligation de coopérer
Le malade désirant guérir est dans l’obligation de faire appel à des aides des
spécialistes. Le malade doit coopérer avec le soignant et cette coopération s’explique
par une véritable déontologie du malade en partie implicite (l’obligation de suivre les
conseils, les recommandations, les prescriptions du thérapeute). L’obligation de la
coopération est également liée au statut du médecin ou de l’infirmier. La société oblige
le malade à coopérer avec une personne dont elle connaît le statut (le médecin ou
l’infirmier diplômé), mais lui retire les avantages de son statut de malade s’il appelle à
son aide une personne dont le statut n’est pas reconnu. Exemple : la sécurité sociale ne
rembourse pas les consultations d’un guérisseur.
2.5
LE MEDICAMENT
2.5.1. Notion et origine du médicament
Un médicament est une substance ou un mélange des substances pour lutter
contre les maladies. Les médicaments proviennent de quatre sources :
1ºLes médicaments d’origine végétale : le domaine végétal a été le plus exploité et
les plantes ont été et continuent à être utilisées dans la fabrication des médicaments.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
42
On extrait de ces plantes des principes actifs pour combattre la toxine injectée par le
microbe. Exemple : la pénicilline est extraite des champignons.
2ºLes médicaments d’origine animale : le règne animal a été le dernier à être
exploité dans la médication. Cependant, depuis longtemps, certains aliments ont été
largement utilisés en médecine tel que : le lait, le miel et certaines huiles. Certaines
substances d’origine animale ont été extraites pour soigner certaines maladies :
l’insuline, la progestérone. Des sérums ayant des caractéristiques thérapeutiques sont
utilisés pour soigner certaines maladies infectieuses.
Exemple : le sérum antitétanique.
3ºLes médicaments d’origine minérale : ces médicaments sont très anciens et
proviennent de deux grands groupes de compositions chimiques :
 les métalloïdes comme l’oxygène et l’iode ;
 les métaux comme le potassium et le fer.
4º Les médicaments d’origine synthétique : ils sont des médicaments de préparation
récente, issus de certains éléments naturels et fabriqués dans des laboratoires par des
chimistes. Exemple : la chloroquine, l’aspirine.
2.5.2. Importance des médicaments
C’est seulement dans des situations pathologiques qu’il est recommandé
d’utiliser les médicaments. Chaque médicament se caractérise par sa capacité
pharmacodynamique c’est-à-dire sa capacité de lutter contre une maladie spécifique et
particulière. Exemple : l’aspirine diminue la douleur et fait baisser la fièvre
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
43
Chapitre 3.LE MALADE ET LE MILIEU HOSPITALIER
3.1. LE MILIEU HOSPITALIER
L’hôpital est une institution destinée à dispenser les soins médicaux,
chirurgicaux, obstétricaux et spéciaux et cela, dans les meilleures conditions techniques
et psychologiques possibles. Cette institution permet également l’enseignement et la
recherche.
L’hôpital n’est pas seulement un ensemble de locaux et de techniques de
diagnostic de soins, c’est aussi un endroit où se rencontrent au quotidien de multiples
catégories sociales. De ce fait, l’hôpital est un carrefour d’humanité, une organisation
revêtant un caractère médical et social dont la fonction première consiste à assurer à la
population des soins médicaux complets (curatifs et préventifs). Il faut que l’hôpital soit
confortable et le personnel accueillant pour que les malades se sentent à l’aise. La
multiplicité des personnes œuvrant au sein de l’hôpital gravite autour du malade qui est
leur centre d’intérêt et leur raison d’être et d’agir.
Hospitalier évoque par son étymologie l’idée de logement et de soins dispensés
généralement avec une gentillesse spontanée et hospitalière. D’après le langage
courant, la personne qui reçoit de grand cœur ceux qui peuvent avoir besoin d’une aide
et qui pourvoit aux besoins de ses hôtes avec beaucoup de sollicitude est qualifiée
d’hospitalière.
3.2 FACE TECHNIQUE DE L’HOPITAL
3.2.1. Le personnel soignant
Le bien du malade sera l’objectif primordial de l’infirmier. Le malade a droit d’être
soigné le mieux possible. Nul n’ignore les conséquences néfastes de la séparation d’un
patient d’avec les membres de sa famille. L’hospitalisation peut fragiliser, traumatiser le
patient. Il regrette en même temps un changement brutal du milieu, une angoisse
accentuée par l’atteinte organique et enfin un séjour dans un établissement qui n’offre
pas les conditions sécurisantes et dont l’inactivité et les chocs émotionnels aggravent
cette séparation. Aux yeux du malade, l’établissement hospitalier n’est pas attrayant,
son hospitalisation est une preuve que son état de santé est déficient.
La réputation d’un hôpital dépend de la qualité de son personnel tant au plan
technique que moral. Le personnel s’occupe non seulement des fonctions techniques
(examens, surveillance, soins médicaux…) ; mais il doit continuer à donner au malade
de bonnes conditions d’accueil et d’hospitalisation, conditions aussi bien morales
(sentiments de sécurité, la paix du cœur) que matériel (le confort).
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
44
Le personnel soignant doit afficher devant le malade un comportement
psychothérapeutique indiqué car l’amélioration ou l’aggravation de la maladie dépend
aussi des rapports humains entre le malade et le personnel soignant. Le comportement
psychothérapeutique se caractérise par la compréhension vis-à-vis du malade et se
traduit par les principes suivants :
1ºLe malade quel que soit le degré de sa maladie doit être considéré comme un vrai
malade c’est- à- dire un être qui souffre et qui a besoin d’une assistance.
2ºLe malade ne demande que du personnel soignant un effort de compréhension. Tous
les aspects du comportement affiché par le malade ont un sens même si on n’arrive
pas à les déceler.
3ºEntre le malade et les membres du personnel, doivent s’établir des rapports affectifs.
Les sentiments éprouvés par ce personnel vis-à-vis du malade agissent sur ce dernier
et inversement. D’où il y a toujours interaction, ce qui fait que le personnel soignant
modifie le sentiment du malade à son égard et cela dans un bon ou dans un mauvais
sens.
3.2.2. L’accueil du malade à l’hôpital et le processus d’hospitalisation
1º L’accueil du malade à l’hôpital
Le client qui se présente à une clinique ou à un centre de santé a besoin d’une
ambiance sympathique. Il ne doit pas se sentir isolé, dépersonnalisé. Le personnel de
l’institution a le difficile devoir de réaliser pour lui la conciliation du maximum d’humanité
(courtoisie à l’entrée du malade) avec le maximum de technicité.
L’arrivée du malade et son admission à l'hôpital établissent des rapports entre le
personnel soignant et la personne confiée à ses soins. La première impression que le
malade a au contact avec l’hôpital est très importante car cette impression influe sur
l’état d’âme du malade en ce sens que son bien-être mental peut être influencé
positivement durant toute la durée de son séjour à l’hôpital. Les rapports qu’il
entretiendra avec le personnel soignant subiront la même influence.
Un accueil bienveillant crée chez le malade une sensation de confiance vis-à-vis
des médecins et des infirmiers. Il s’en dégage aussi une impression de sécurité. Cette
sensation et cette impression procurent effectivement un sentiment de sécurité chez le
malade dans la mesure où le fait d’être hospitalisé est ressenti comme un abandon par
la famille. Le personnel hospitalier se substitue en quelque sorte à la famille en prenant
en charge le malade pour ses soins et en veillant à son bien-être. Les concierges, les
brancardiers, les autres personnes de service et les infirmiers sont presque toujours les
premières personnes auxquelles le malade s’adresse à son entrée à l'hôpital. Leur rôle
est de fournir des informations, d’accompagner, d’aider le nouveau venu et de le
transporter au besoin jusqu’à la salle d’attente ou à la salle d’examens.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
45
Il faut noter qu’en arrivant au centre de santé ou à l’hôpital, le malade a soif de
rencontrer au plus vite un médecin. Dès l’arrivée du malade à l’hôpital, la présence du
médecin ou de l’infirmier s’impose. La disponibilité d’un médecin est un facteur
important de la réputation de la formation médicale. Un hôpital ou un centre médical où
les médecins sont permanents influence les malades car, d’une manière générale, les
malades se sentent soumis et satisfaits au contact avec un médecin et non pas avec le
personnel paramédical.
Plusieurs centres de soins ont créé une fonction de l’accueil et en ont fait un
service. Des personnes reçoivent les clients et les visiteurs, les dirigent vers le guichet,
communiquent les unités de soins. Elles conduisent le client à l’unité assignée dès que
les formalités sont complétées et le présentent par son nom aux infirmiers qui le
prennent en charge. L’infirmier qui le reçoit accomplit le devoir de maintenir l’impression
favorable.
 saluer le client présenté par son nom, se nommer soi-même, expliquer sa
fonction ;
 accueillir le malade aimablement dans une atmosphère de calme, de
confiance, en lui témoignant un affectueux intérêt ;
 s’efforcer de réaliser la situation du malade: tact, délicatesse dans l’accueil,
compréhension dans son état d’âme ;
 créer l’ambiance qui engage à la communication avec le patient et ceux qui
l’accompagnent ;
 s’adapter à l’âge du malade : la psychologie spéciale des personnes âgées,
adultes, enfants, futures mères,…
2º Le processus d’hospitalisation
L’examen préliminaire permettant l’admission et la prescription des premiers
soins exercent une influence psychologique sur le malade. Cet examen doit donc
s’effectuer proprement et rapidement car, si le malade doit attendre longtemps, il
donnera des signes de malaise pouvant aller jusqu’à la protestation.
Il importe que cet examen ne soit pas sommaire (superficiel) car il peut donner
au patient l’impression de n’être qu’une simple formalité ou un simple contrôle médical.
Il arrive que le malade soit hospitalisé. Dans ce cas, c’est l’infirmier responsable
de service qui accueille le malade dans le service où il devra séjourner. Cependant, la
relation entre l’infirmier et le malade dépend non seulement de la personne assistante
mais aussi de la personne assistée. Le caractère du malade, les attitudes qu’il prend
vis-à-vis du milieu qui l’entoure et des personnes constituant ce milieu revêtent une
grande influence. Il est à souligner aussi que le comportement du patient est influencé
dans la plupart de cas par son état pathologique. Ainsi, devant tout malade hospitalisé,
l’infirmier doit :
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
46
 assurer le bien-être du malade, prendre tout son temps et ne pas être
pressé ; avoir des gestes et attitudes détendus et bienveillants. Les soins
doivent être donnés à temps opportun et de bonne qualité. L’infirmier chef
doit répondre aux appels du malade le plus rapidement possible sans être
pour cela à la merci de ses caprices ;
 dans ses contacts avec le malade, l’infirmier doit plus considérer le malade en
tant que personne totale et dans une perspective de l’unité corps et esprit ;
 converser avec le malade afin que celui-ci puisse lui confier tout sur son état
de santé, sur sa famille et ses problèmes ;
 s’efforcer de mettre le malade à l’aise pour qu’à l’hôpital, il sente comme s’il
était dans son propre foyer. Pour cela, l’infirmier devra se montrer serviable et
entourer le malade des soins attentifs, tout faire pour qu’il ait le nécessaire à
sa disposition. Pendant son séjour, l’accueil doit rester stable et permanent
pour maintenir la confiance et la sécurité chez le malade ;
 l’infirmier doit éviter de donner l’impression aux malades d’une discrimination
volontaire de sa part.
3º Les visites aux malades
Les visiteurs assurent la liaison entre la vie sociale et l’hôpital. Ils sont nécessaires
et désirables pour combattre chez le malade la sensation douloureuse de l’isolement,
de l’ennui et surtout de l’abandon. L’ennui ou l’isolement engendrent un état d’aspect
négatif et pousse le malade à devenir hostile face à tout ce qui fait partie du milieu
hospitalier. La présence des visiteurs lui procure l’apaisement, le soulagement et
contribuent même à la guérison du malade. Les visiteurs doivent toutefois se soumettre
au règlement de l’hôpital et respecter le repos du malade.
3.3. LES RELATIONS HUMAINES A L’HOPITAL
3.3.1. Relations entre le malade et le personnel infirmier
Les infirmiers doivent recevoir une formation morale et professionnelle solides
les préparant d’affronter les malades. L’infirmier doit respecter la personnalité du
malade, l’aimer, alléger ses souffrances physiques et morales, le réconforter, le
soutenir, l’assister avec abnégation (sans attendre une contrepartie du malade).
3.3.2. Relations entre malade et médecin
Ces relations sont basées d’un coté sur ce que l’hospitalisé attend du médecin et
ce qu’il comprend de l’action médicale et de l’autre, ce que le médecin comprend de
l’attente du malade et comment il y répond. Ainsi, l’état psychologique d’un malade
entrant dans un service hospitalier est très complexe et dominé par l’inquiétude,
l’anxiété, l’incertitude et également la tristesse. C’est pour cela qu’on demande au
personnel soignant de comprendre le malade, de le rassurer, de l’encourager, de
l’informer et de l’éduquer sur sa situation. Le malade ne doit être considéré comme un
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
47
nécessiteux et le médecin ne doit pas le voir comme un cas purement clinique. Le
médecin doit respecter la personnalité du malade, sa dignité, son degré de culture, ses
opinions et ses sentiments. Pour ce faire, le médecin doit :
 permettre au malade de s’exprimer directement et librement avec lui pour
qu’il lui confie tout ce qui concerne son état ;
 faire en sorte que les commentaires et les discussions se fassent après
l’examen et à l’absence du malade ;
 réserver un moment de la journée pour recevoir le malade car il y a des
confidences difficiles à dire devant une tierce personne ;
 répondre à chaque question du malade et devant une question difficile, éviter
de se montrer ignorant ou de dire que la question est très compliquée.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
48
Chapitre 4 : LES ACTES MEDICAUX ET LE COMPORTEMENT
DU MALADE
4.1. LA CONSULTATION
La consultation est un examen d’un malade par un médecin ou un infirmier dans
son cabinet. Il s’agit aussi de l’ensemble des informations et des conseils que le
médecin ou l’infirmier donne au malade au cours d’un examen médical. En effet,
lorsque le sujet se rend à une consultation, il y a déjà en lui certaines attentes dirigées
vers la consultation et vers le consulté ; ce qui fait qu’au départ, le malade éprouve une
anxiété, une crainte. La première impression qu’il aura de la consultation peut
augmenter son anxiété et sa crainte, soit les sublimer. C’est pourquoi, le médecin ou
l’infirmier doit adopter une attitude de confiance lors des consultations.
Une personne qui se sent malade vient consulter le médecin et ce dernier a le
devoir de connaître aussi exactement que possible les symptômes pour pouvoir définir
la maladie. La technique qui permet d’y parvenir est donc la consultation qui passe par
les phases suivantes :
1º L’anamnèse
a)Notion
C’est l’histoire du malade, l’ensemble d’informations fournies par le malade ou
par son entourage sur les circonstances qui ont précédé la maladie ou l’état
pathologique du malade. L’anamnèse est importante parce qu’elle fournit des indices
suffisants pouvant aider le médecin à poser le diagnostic ou alors à orienter les
examens médicaux ultérieurs. Le médecin a également besoin de savoir le type de
traitement reçu avant d’arriver auprès de lui, les autres maladies dont le sujet a souffert,
les habitudes alimentaires, sa vie privée et intime,…
b) Difficultés de faire l’anamnèse
 Le manque de temps de la part du médecin conduit à raccourcir l’anamnèse.
Pour compenser ce manque de temps, il faut s’arrêter aux faits importants et
rechercher les priorités ;
 L’incompréhension linguistique : il est recommandé au médecin de connaître
la langue locale du milieu dans lequel il travaille ;
 Certains malades exagèrent les symptômes dans l’espoir de recevoir des
médicaments plus forts, certains autres minimisent les symptômes par peur
ou par honte ;
 Certains malades ont difficile à avouer qu’ils ont utilisé des médicaments
indigènes par honte ou par peur ;
 Très souvent, le symptôme principal n’est pas avoué ou mentionné par peur
ou par honte.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
49
c) Principes de l’anamnèse
- Le médecin ou l’infirmier doit savoir se taire ;
- Laisser parler son patient. Le soignant n’a pas à introduire sa
problématique psychologique dans la relation avec le malade ;
Il doit à l’aide des questions, relancer le dialogue, diriger et orienter discrètement
l’entretien. Il doit éviter les questions auxquelles on répond par oui ou non car elles
ferment automatiquement le dialogue. Il existe trois formes de l’interrogation de
l’infirmier ou du médecin :
 Le questionnaire standardisé : le soignant interroge en se référant à une grille
préétablie des questions-types. Il ne tient pas compte des variations
interindividuelles qui peuvent survenir de l’un ou l’autre.
 Le harcèlement : faute de temps suffisant, le soignant tente de faire avouer
au malade le plus rapidement possible la vérité sur sa maladie.
 L’infirmier ne donne pas la parole au patient et donne lui-même les réponses
aux questions qu’il pose. Il croit être plus sûr de ce qu’il voit chez le malade
que de ce que celui-ci pouvait lui dire. Le soignant pose le diagnostic en
exerçant l’impérialisme du regard pour que le malade réponde vite et
précisément ce qu’il veut qu’il réponde.
N.B. Beaucoup de soignants considèrent la parole du malade comme inutile car
elle ne véhicule que des croyances et des pseudo-vérités médicales. Ils négligent la
parole du patient sous prétexte qu’il ne sait rien et qu’il ignore tout de la médecine.
Notons qu’il est difficile de comprendre et de traiter la maladie sans se mettre à l’écoute
du discours privé du patient.
2º L’examen physique
Il complète les données obtenues par l’anamnèse et porte sur l’état général du
malade : a-t-il l’air souffrant, est-il faible, maigre, parle-t-il?,… L’examen physique porte
aussi sur les signes vitaux, le pouls, la température, la tension,… et aussi c’est un
examen détaillé de différentes parties du corps.
3º Les examens de laboratoire
Ils ne sont pas toujours nécessaires mais parfois, ils sont indispensables et utiles
pour mieux mener un traitement ou alors comme mesure prophylactique afin de traiter
le sujet avant que l’affection n’ait fait des dégâts plus graves sur l’organisme humain.
4º Le diagnostic
Le diagnostic est fait après les résultats de l’anamnèse, de l’examen physique et
éventuellement des examens de laboratoire. Poser un diagnostic c’est procéder à un
étiquetage exact de la maladie dont se plaint ce malade. C’est l’étape la plus importante
et la plus difficile et même la plus délicate de la procédure médicale. Parfois, certains
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
50
symptômes sont communs à plusieurs maladies. Exemples : la fièvre, la céphalée,
l’amaigrissement,… Pour cela, il faut un diagnostic différentiel c’est-à-dire propre à
chaque symptôme.
5º La prise de décision et de traitement
Suivant le diagnostic obtenu, une des décisions suivantes peut être prise :
 diagnostic inconnu ;
 diagnostic probable (supposé ou hypothétique) ;
 diagnostic sûr.
Le médecin doit être sûr de son diagnostic car sa décision de traiter un malade
est une décision grave Etant donné que la décision de traiter un malade sur place est
une décision grave ; il faudra être sûr du diagnostic et être sûr de soigner l’affection en
cause sans causer préjudice au malade par un traitement incomplet. L’observance de
tous les soins qui entourent un traitement est de stricte exigence. Le médecin doit
connaître pour chaque médicament, des indications et des contre-indications et doit
s’efforcer de soigner une maladie et non pas seulement des symptômes.
6º La prescription
La façon de prescrire en médecine influence l’action du médicament. Le fait de
prescrire est à lui-même un fait thérapeutique en ce sens qu’il introduit de l’ordre dans
le comportement du malade. Désormais, le patient sait ce qu’il doit faire, et il en est de
même pour son entourage. Quelques caractéristiques de la prescription :
 La prescription doit être apaisante et rassurante : le comportement du
médecin ou de l ‘infirmier au cours de la prescription est important. Il doit être
calme et attentif, ses gestes doivent être lents et précis ;
 Le médecin ou l’infirmier ne doit manifester ni la hâte ni l’hésitation, il doit
savoir ce qu’il faut faire. « Le médecin doit savoir qu’il ne faut rien faire plutôt
que de montrer au malade qu’on ne sait rien faire » ; il doit savoir que dans
certains cas, il suffit d’un petit geste habilement exécuté comme par exemple
une injection calme qui suffirait pour déterminer une attitude favorable à
l’action thérapeutique ;
 Une prescription doit être écrite à la main (non à la machine) et rédigée sans
ambiguïté car il arrive de fois que la prescription du médecin ou de l’infirmier
s’écarte des indications qui sont sur le prospectus (notice rencontrée dans la
boîte du médicament, mode d’emploi trouvé sur l’emballage) ;
 Bien préciser la durée de la prescription : de préférence, le délai doit être
court car ça favorise l’attitude de confiance chez le malade ;
 Le prix de l’ordonnance n’est pas différent de celui de l’acte médical. En effet,
la valeur d’un médicament comme celle d’un acte médical tient au prix qu’il
faut payer pour obtenir la guérison. Ce prix est un sacrifice nécessaire que le
malade doit consentir et ce sacrifice se traduit souvent en argent nécessaire
pour payer le médicament et les honoraires du médecin ou de l’infirmier.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
51
7º La communication du diagnostic.
La question qui se pose est celle de savoir s’il faut communiquer au malade et à
son entourage le diagnostic posé, mais aussi de quelle manière faut-il le communiquer.
En effet, dès la phase de l’examen physique, le médecin ou l’infirmier doit être amené à
donner quelques explications sur tout geste qu’il pose, il devra aussi informer le malade
lorsqu’il aura conclu sur son état de santé. A ce propos, il existe des règles générales
relatives à ce qui doit ou ne doit pas être communiqué. Dans cette perspective, la
question qui se pose chez le médecin ou l’infirmier est la suivante : « quelle effet
produira sur le patient qui est devant moi la communication de tel élément de mon
examen ou de mon diagnostic ? » Pour répondre à cette question très capitale dans
l’acte médical, il faut retenir et se référer aux points suivants :
 Il faut éviter de communiquer au patient des doutes, des indices incertains,
des suppositions. Pareilles communications font plus du tort que du bien au
malade déjà anxieux. Le médecin ou l’infirmier a palpé une masse dans le
ventre et cette masse a attiré d’abord son attention. En continuant son
investigation, il constate que c’est une masse bénigne c'est-à-dire sans
signification pathologique. Autant ne pas communiquer cela au malade. Si, au
lieu de vous taire, vous dites ceci au patient : « j’ai palpé une petite masse à
cet endroit-là mais ne vous inquiétez pas, c’est sûr que ce n’est pas un
cancer ». Cette communication rassure le médecin ou l’infirmier lui- même et
non le malade qui a entendu et retenu trois mots : masse, inquiète et cancer.
Si après l’examen physique le médecin ou l’infirmier reste incertain et songe
aux autres examens complémentaires de laboratoire par exemple, il convient
de le demander plus immédiatement plutôt que de le remettre à plus tard. Les
examens demandés plus tardivement inquiètent le malade qui se demandera
si cette procédure n’implique pas une nouvelle inquiétude du médecin ou de
l’infirmier sur son cas ;
 Il n’y a pas de raisons de communiquer au malade seulement des
constatations pathologiques mais aussi il faut insister sur certains aspects
favorables de la situation qui peuvent influencer le traitement et la guérison ;
 Si l’affection implique une intervention chirurgicale, il y a avantage à exposer
au malade l’affection en question avec précision. Il faut également lui
expliquer l’ensemble du programme thérapeutique, en y incluant la
réadaptation ;
 Concernant les affections pour lesquelles on prévoit une issue fatale, les avis
sont partagés. Quoiqu’il en soit, il importe de se demander ce que le malade
fera de l’information qu’on lui donnerait. On distingue à ce sujet plusieurs
catégories de malades dont les principales sont :
 les malades ayant une forte personnalité c'est-à-dire, ceux capables de
mettre à profit d’une manière constructive le temps de vie qui leur reste
pour préparer leur mort et prendre toutes sortes de dispositions utiles à
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
52
l’égard de leur famille. C’est une catégorie de malades qui sont en
général reconnaissants au médecin ou à l’infirmier de cette prévention ;
 les malades ayant une personnalité fragile c'est-à-dire ceux incapables de
faire face à une situation dramatique. Donc à ceux-là, il faut cacher la
vérité. NB. Il faut se méfier de certains malades qui réclament la vérité en
faisant appel à leur courage ou à leur sérénité. Bien souvent, ce sont ces
malades qui s’effondrent les premiers à l’annonce de l’information et qui
vont parfois jusqu’au suicide ;
 Il y a des affections qu’on appelle « incurables » ou dangereuses. Devant
tels cas, il faut s’abstenir d’adopter une attitude d’abandon en disant par
exemple qu’il ne reste plus rien à faire. Si vous agissez de cette manière,
vous condamnez à la mort le malade c'est-à-dire vous précipitez sa mort.
NB. Si l’information ne peut pas être donnée au patient, il est mieux indiqué
de la porter à l’un de ses proches et le choix de ce proche doit se faire avec
discernement.
 Si la mort est proche et inéluctable (inévitable) et si le médecin ou l’infirmier
est convaincu que tout est perdu, il est extrêmement important de
communiquer au proche et avec conviction que tout a été fait et qu’à cela ne
tienne, on continue à tout faire pour sauver le malade. Si la mort survient,
personne ne pourra se reprocher plus tard de n’avoir rien fait pour sauver ceci
ou cela. L’assurance de la part du médecin ou de l’infirmier est très
importante parce que lorsqu’un être cher est emporté par la mort, les
membres
de
famille
présentent
des
réactions
particulières
appelées « réactions de deuil ». Ces réactions sont caractérisées par le
sentiment d’inquiétude et de culpabilité, ceux qui survivent sont anxieux et se
reprochent à l’égard de la mort. Bref, il surgit l’inquiétude ou même l’angoisse
à l’idée de n’avoir pas fait tout ce qu’il aurait fallu faire pour sauver l’être
disparu.
4.2. LE COMPORTEMENT DU MALADE
4.2.1. Notion
L’étude de la psychologie du malade doit essentiellement s'occuper des points
suivants :




La connaissance du malade, de son milieu et de son éducation ;
Les réactions vis-à-vis de la maladie ;
L’étude de différents milieux hospitaliers ;
La conduite de l’infirmier suivant les différents états psychologiques
(exemple : la façon dont le malade se présente devant vous).
Les gens travaillent à l’hôpital parce qu’ils le veulent bien ; d’autres y viennent
comme malades parce qu’ils sont obligés. La maladie crée de l’inquiétude : lorsqu’elle
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
53
apparaît, l’homme perd son équilibre et on lit cette inquiétude sur son visage. Cela se
manifeste également dans la conversation du malade à la maison, autour du lit, dans la
salle d’attente du médecin,… D’habitude, la maladie provoque un choc ; aucune
personne en bonne santé ne s’y attend, c’est une menace pour l’équilibre personnel,
une situation qui crée le besoin d’abandonner les activités normales pour se faire
protéger et soigner.
Les craintes des malades portent parfois sur un détail d’hospitalisation, sur le
souci de la famille qu’ils ont abandonnée, sur la perte de leur salaire ou sur le coût
énorme d’hospitalisation.
4.2.2. Le malade et ses problèmes
Une maladie grave qui exige une hospitalisation et divers traitements médicaux
ou chirurgicaux s’accompagne généralement des réactions affectives ; certains
malades expriment ouvertement leur peur et leur anxiété, d’autres essaient de les
contrôler ou de les nier, d’autres encore réagissent par des grands changements
d’humeur et de comportement.
L’infirmier observateur et sensible peut aider le malade en lui donnant la
possibilité de discuter de sa maladie et les problèmes qui s’y associent et en acceptant
l’expression de son anxiété. Certains malades dont les besoins affectifs et
psychologiques ne sont pas compris peuvent réagir en devenant hostiles et exigeants.
Ils ont des difficultés à accepter les limitations que leur impose la maladie. Ici, il faut
aider le malade dans ses caprices. Le personnel soignant a tendance à considérer le
malade comme non coopératif et ingrat. Dans ce cas, ce personnel ne doit pas adopter
une attitude négativiste car elle renforcerait et prolongerait le comportement anormal
du malade.
1º Le malade a un certain passé
Le malade est un être qui a son histoire. Il existe dans le passé du malade un
faisceau immense de circonstances qui convergent vers aujourd’hui c'est-à-dire vers le
moment où la personne déclare « je suis malade », « je ne suis plus comme tout le
monde en ce qui concerne ma santé ». Les circonstances sont physiques et
psychologiques, conscientes et inconscientes : son hérédité, son caractère, son
tempérament, ses parents, ses enseignants, son milieu religieux, ses emplois, ses
réussites et échecs, sa sexualité, son mariage,…
2º Le malade vit dans l’infantilisme et le complexe d’infériorité
Le malade croit que l’infirmier est seul la source de sa vie ou de sa mort. En
plus, le malade se croit lui-même inférieur aux autres. Il cherchera à réagir contre ce
sentiment d’infériorité pour s’affirmer en tant que personne humaine. Face à cette
situation d’infantilisme et de complexe d’infériorité, il résulte certains comportements
tels que l’insolence, l’agressivité, l’exigence, l’impolitesse, l’opposition, les plaintes, les
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
54
appels incessants, …L’infirmier doit être compréhensif
comportement à la situation du malade.
et essayera d’ajuster son
3º. Le malade vit dans la peur, l’angoisse, le désespoir et la dépression
La maladie est considérée comme une diminution de l’individu, il a peur de la
mort ou de la perte d’un membre, d’un organe. Souffrant de toute autre conséquence
fâcheuse de sa maladie, il va exiger les médicaments les plus efficaces. Tous ces
comportements visent la sortie immédiate de cette situation d’angoisse. Et si la maladie
dure un peu, c’est le désespoir qui s’installe. L’infirmier doit s’en occuper si non il va
enregistrer beaucoup de plaintes et s’il ne répond pas à ces plaintes, le malade s’isole,
se renferme sur lui-même ou bien il devient exigeant et insolent. La mort devient le
terme principal de ses propos.
4º Le malade est un parasite
Pour le malade, sa vie ou sa mort dépend de son entourage, il cherche une
solution morale chez tout le monde. Il devient très dépendant et voudrait que tout le
monde le regarde et ait pitié de lui. C’est le sens des gémissements très fréquents.
Conscient de l’écartement de son milieu de travail, de ses amis, il ressent un sentiment
de désillusion, comprend vite qu’il devient une charge pour les siens et pour la
collectivité, connaît l’humiliation et la peur et commence à s’interroger.
5º Le malade vit dans l’espoir
Cet espoir est assez fragile, car il est basé sur la confiance que le malade a eue
de l’efficacité des médicaments qui lui sont donnés ou encore sur la cordialité du
personnel soignant. Mais une fois que la maladie dure un peu et que la guérison tarde,
le désespoir revient avec force.
6º Le malade sur- actif
C’est un malade qui a des périodes d’excitation spontanée. Il semble infatigable,
déborde d’activité, mentalement hyper excité, affectivement instable et très sûr de luimême. Ces manifestations sont de degrés variables chez les malades atteints
d’alcoolisme, d’artériosclérose, de blessure du crâne,… Il y a des malades qui
dépensent beaucoup d’énergie. Dans ce cas, l’infirmier est responsable d’une
thérapeutique centrée sur l’encouragement et la protection qui sont essentiels pour ces
malades. Devant un malade surexcité, l’infirmier doit lui expliquer les conséquences de
sa surexcitation. Il doit empêcher également le malade de se blesser ou de blesser les
autres, il doit l’empêcher de s’épuiser et montrer au groupe qui l’accompagne qu’il ne
vous gêne pas. Il ne doit pas montrer qu’il est repoussé ou diminué par les attitudes
négatives de son patient. Il doit être ferme, aimable, tolérant, prévoyant et doit tout faire
pour essayer de comprendre les raisons du désordre, de son activité. On rencontre ce
symptômes dans les états suivants : artériosclérose, épilepsie, sénilité, lésion de la
moelle épinière et dans les états toxiques. Dans ces cas, l’infirmier devra encourager le
malade à se sentir en sécurité pendant cette période. Il doit comprendre la réaction du
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
55
patient, lui montrer son intérêt et son souci sera de l’aider à s’adapter et accepter les
limitations imposées par sa maladie.
Par contre, la création d’un rapport avec le malade sous-excité, sous-actif,
déprimé est un processus long, ennuyeux et surtout décourageant. Des jours, des
semaines et même des mois peuvent s’écouler avant que le malade ne commence à
répondre. Il peut s’intéresser à son bien-être, l’encourager en dépit de son antipathie
et de son manque de réactions. Il faut passer beaucoup de temps avec lui et lui fournir
le soutien effectif dont il a tant besoin.
7. Le malade inadapté
C’est un malade qui a des difficultés de s’adapter à son entourage et manifeste
de façon anormale, les symptômes de nervosité, palpitation, insomnie, asthénie,
anxiété, impossibilité de se concentrer, plaintes somatiques vagues sans lésion
organique manifeste, trouble gastro-intestinaux, fatigue. Ces manifestations peuvent
être déclenchées par une blessure, une infection, une maladie chronique. L’infirmier
devra éviter des préjugés au sujet du malade, il doit apprendre à ne jamais sousentendre qu’il ne croit pas à la maladie d’autrui ou de son malade. Il doit donc se garder
de porter un jugement facile en disant par exemple qu’il n ’y a pas de cause
organique à sa maladie, que le malade ne ressent rien, ne fait que perdre le temps de
l’infirmier, sa patience et même ses soins. L’infirmier doit utiliser sa science pour établir
de bonnes relations avec le malade dans un effort pour gagner sa crédibilité. Le fait de
le rassurer et le fait de l’encourager sont d’excellentes techniques utilisées dans le
traitement de ce genre de maladies.
8. Le malade âgé
C’est tout malade vieillissant qui a des altérations cérébrales provoquant des
modifications de l’activité intellectuelle et du pouvoir d’adaptation à son milieu.
Certaines personnes sont victimes de l’âge avant 60 ans, d’autres qui ont plus de 70
ans sont encore capables d’ agir et de réagir face aux réalités et aux circonstances
de la vie. La réaction à la vieillesse est donc fonction de l’individu.
D ‘origine grecque, le mot « gériatrie »signifie soins des personnes âgées. C’est
aussi une partie de la médecine qui étudie les maladies dues au vieillissement. Elle
comprend la prévention de maladies et les soins des personnes âgées en portant une
attention spéciale aux besoins créés par le phénomène de vieillissement. « La
gérontologie »est quant à elle l’étude du phénomène de vieillissement qui commence
à la naissance et se poursuit jusqu’à la mort ; mais qui s’accélère à mesure que l’âge
augmente. Les changements physiques ou psychiques subis au cours de diverses
étapes ou périodes de vie occasionnent la désintégration du soma amenant
graduellement la réduction des possibilités de toutes les fonctions organiques. Enfin
on appelle « sénescence », le processus de vieillissement normal et « sénilité », la
détérioration physique et psychique prématurée.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
56
Certains facteurs influencent le vieillissement. Ils sont intrinsèques lorsqu’ils
proviennent de l’intérieur de l’être tel que l’hérédité, la constitution physique, l’usure par
le travail ou la maladie, les préoccupations, les chocs émotifs. Ils sont extrinsèques
lorsqu’ils viennent du milieu : pollution de l’air par des déchets et les bruits, le
tabagisme, l’alcool, la drogue, la pauvreté, la misère.
Les réactions physiologiques et psychologiques au processus de vieillissement
peuvent s’intensifier lorsqu’un malade très âgé est transféré de sa maison à l’hôpital. Sa
peur de mourir, d’être abandonné, de rester seul, indésirable,… est renforcée par sa
séparation d’avec sa famille et ses amis. Un climat de compréhension du malade avec
ses qualités, ses défauts, ses problèmes et ses limitations peuvent rendre possible son
traitement.
Les objectifs à poursuivre seront donc les suivants :











aider le malade à s’adapter au milieu hospitalier ;
l’aider à agir aussi indépendamment que possible ;
l’aider à prendre part aux activités journalières ;
lui fournir des explications à travers lesquelles il retrouvera sa dignité ;
lui donner son propre estime ;
l’aider à retrouver le contrôle de ses fonctions corporelles ;
lui fournir des activités pouvant l’aider à lutter efficacement contre sa
régression et sa détérioration ;
maintenir le régime alimentaire le meilleur possible ;
l’aider à fréquenter les autres dans la mesure de ses possibilités ;
signaler avec précision ses réactions aux médicaments ;
l’aider à exprimer ses sentiments et à communiquer efficacement avec les
autres.
4.2.3. Attitudes du malade envers le médicament et le phénomène placebo
1º Attitude du malade envers le médicament
La valeur d’un médicament dépend du sujet qui le consomme, la confiance
accordée au médicament par le sujet est fonction des facteurs suivants :
 l’attitude du malade à l’égard de la médecine : si le sujet a une attitude
favorable envers la médecine c’est-à-dire s’il croit au bienfait de la médecine,
le médicament peut trouver un terrain propice physique et psychologique et
produire des effets escomptés;
 la confiance que l’on a vis-à-vis du personnel soignant qui a conseillé ou
prescrit le médicament ;
 la réputation ou l’apparence du médicament (emballage, forme
pharmaceutique, le prix,…).
Dans la plupart de cas, l’introduction d’un médicament dans l’organisme exerce
en grande partie son action par des mécanismes psychologiques. Un des aspects
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
57
psychologiques le plus importants de la thérapeutique médicale est constitué par ce
qu’on appelle « effet placebo ».
2º Le phénomène placebo
Du latin « placere » (plaire), placebo désigne une substance ayant une forme
pharmaceutique mais ne contenant aucun produit pharmacologiquement actif. En
d’autres termes, le placebo est un produit prescrit pour plaire au malade. Le terme
placebo a été utilisé depuis le 18ème siècle dans les pays de langue anglaise pour
désigner un médicament sans action réelle que le médecin ou l’infirmier donne au
malade pour lui plaire.
3º L’effet placebo
L’effet placebo est constitué des modifications objectives ou subjectives de
l’état du sujet auquel on a administré-en milieu médical-un corps sans action
pharmacodynamique propre appelé placebo. Et quand on a administré un placebo aux
malades et qu’on observe des modifications de leur état, on dira qu’ils sont sensibles au
placebo. Certains sujets par contre voient leur état non modifié : ils sont qualifiés de non
sensibles au placebo.
Lorsque les sujets réagissent au placebo, la modification observée est dans le
sens d’une amélioration de leur état pathologique. C’est le cas auquel répond
l’étymologie du terme. On peut dire que ces personnes sont sensibles au placebo
d’une manière positive. Il existe cependant des personnes qui réagissent au placebo en
ressentant une aggravation
de leur état, en accusant des troubles qu’ils ne
présentaient pas auparavant, ce qu’on appelle pour les médicaments actifs les « effets
secondaires ». Ce sont les sujets sensibles au placebo d’une manière négative.
4º Les facteurs de l’effet placebo
a) La maladie comme facteur de l’effet placebo
La sensibilité au placebo varie selon la nature de la maladie, l’origine de la
douleur. Notons que les symptômes purement subjectifs ne sont pas seuls sensibles à
l’effet placebo. On a pu mettre en évidence son influence sur les symptômes les plus
variés. Exemple : la tension artérielle chez les hypertendus.
b) Le malade comme facteur de l’effet placebo
La sensibilité au placebo varie selon certaines
caractéristiques de la
personnalité, selon la disposition générale à la réaction au placebo. En règle générale,
les gens qui ont confiance à la médecine ou tout simplement au médecin ou à
l’infirmier sont sensibles au placebo (des placebos réacteurs). Ils sont généralement
sensibles à d’autres médicaments. Selon certaines recherches, les placebos sensibles
sont des sujets bien équilibrés, d’intelligence normale et ayant coutume d’accepter
l’ordre établi. Par contre, les non sensibles au placebo (les placebos résistants) sont
des gens rigides, fixistes, critiques, ayant l’habitude de s’opposer à tout et à l’ordre
établi. Ce sont les négativistes, les pessimistes.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
58
c) Le médecin comme facteur de l’effet placebo
L’effet placebo dépend en grande partie de l’attitude du médecin ou de l’infirmier
qui administre le placebo. Les médecins optimistes obtiennent de meilleurs résultats
que
les
pessimistes
ou
les
sceptiques ;les médecins
affichant
une
attitude « expérimentale »sera moins efficace Si le soignant est persuadé de l’efficacité
thérapeutique du produit qu’il administre, l’effet placebo sera plus marqué que s’il sait
qu’il s’agit d’un corps inactif. Cette différence ne provient pas seulement des
communications verbales entre médecin et malade. Même si le médecin ou l’infirmier
administre le placebo en le présentant au malade comme une drogue active, l’effet sera
moins grand si le médecin ou l’infirmier est averti de la nature de ce qu’il donne. Cette
connaissance modifiera inconsciemment son comportement et cette modification
s’exprimera dans son attitude.
Pour de nombreux malades, la seule présence du médecin ou de l’infirmier est
un gage de guérison. Il est souvent ressenti comme doué d’une puissance magique,
mystérieuse. On voit des douleurs s’atténuer, momentanément du moins, à la seule
idée que le docteur va arriver. Cela montre bien l’importance de l’action psychologique
du personnel soignant. Les médecins ou les infirmiers savent aussi que la prescription
d’un placebo est suivie chez certains malades des guérisons spectaculaires. Certains
patients vont jusqu’à dire qu’ils ont été guéris dès l’instant où ils ont avalé la première
pilule. L’action chimique de la substance ne peut être responsable de cette guérison et
l’action thérapeutique ne peut être attribuée qu’à des facteurs psychologiques.
d) Le placebo comme facteur de l’effet placebo
La présentation du médicament, la voie d’introduction dans l’organisme, le mode
d’administration joue un rôle important dans la production de l’effet placebo. D’une
façon générale, les injections et les perfusions occupent la première place dans la
production de l’effet placebo, viennent ensuite les comprimés, les dragées et les
suppositoires. Le placebo coloré est plus actif que le placebo incolore, celui du goût
amer plus actif que le sucré ou sans saveur.
N.B. La confiance dans le médicament peut être aussi influencée par le lieu et par
l’expérience que l’on a de la thérapeutique .ex. si on a été antérieurement bien
soigné ou si on a bénéficié antérieurement d’un médicament ayant un effet
favorable, on est plus sensible à l’effet placebo.
4.2.4. Aspect affectif de la relation du malade avec le médecin
On constate que le malade recherche d ‘abord chez le médecin ou l’infirmier les
qualités morales (conscience professionnelle, dévouement, franchise, autorité,…)
autant que les qualités techniques (exactitude du diagnostic, sûreté dans les décisions,
connaissances scientifiques,…). La relation médecin- malade est en effet marquée par
un attachement affectif particulier du malade envers le médecin ou l’infirmier. Ce type
de relation a été surtout étudié dans le cas spécial des malades névrosés traités par
psychothérapie. FREUD qui a mis cette relation au centre de son explication des
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
59
mécanismes
« transfert ».
psychothérapeutiques,
a
proposé
pour
le
désigner
le
concept
Pour la psychanalyse, le transfert est la répétition dans la vie actuelle du malade
et particulièrement dans ses relations avec le médecin ou l’infirmier, des attitudes
émotionnelles inconscientes développées pendant l’enfance vis-à-vis du groupe familial
et particulièrement vis-à-vis des parents. Il représente un report sur le médecin ou
l’infirmier, des attitudes d’affection, d’hostilité ou d’ambiance, que le malade avait eues
antérieurement dans ses relations avec un parent ou avec la personne de son
entourage qui en tenait lieu.
De façon générale, le transfert est la projection d’un sentiment individuel sur un
objet ou une autre personne. C’est aussi un investissement affectif du malade sur le
médecin ou l’infirmier. On distingue :
1°Le transfert positif : c’est l’ensemble des sentiments favorables à l’égard de
l’infirmier ou du médecin. Par exemple, un malade qui rêvait d’être un génie transférera
ces qualités à quelqu’un d’autre. Le médecin ou l’infirmier devient alors celui que le
malade imaginait, ce qui explique les sentiments de sympathie ou de confiance qui
seront un bon moteur thérapeutique. A l’extrême, la situation peut être analogue à celle
du coup de foudre, le médecin étant ressenti comme le médecin parfait ; les guérisons
miraculeuses ou les améliorations spectaculaires peuvent se comprendre ainsi. Dans
ces cas, tout médecin perçoit qu’autre chose a agi que la simple prise
médicamenteuse ; la puissance prêtée au médecin par l’imaginaire du malade suffisant
à suspendre temporairement la manifestation fonctionnelle ou lésionnelle.
2°Le transfert négatif : c’est l’ensemble des sentiments hostiles à l’égard du médecin
ou de l’infirmier Le malade projette sur ce dernier tous les défauts qu’il trouve en luimême, les images considérées comme mauvaises ; ce qui provoque des attitudes de
méfiance ou d’antipathie. Les zones conflictuelles persistant dans la relation auront
alors un effet antithérapeutique.
3°Le contre-transfert : c’est l’ensemble de sentiments que, malgré son désir
d’objectivité, le médecin ou l’infirmier éprouve à l’égard de son patient. Alors qu’il
devrait être théoriquement neutre et ne pas éprouver des sentiments personnels pour
son malade, l’attitude du médecin en sera au contraire imprégnée. Ceci est d’autant
plus dangereux lorsque le médecin ou l’infirmier ne possède pas la formation
psychologique appropriée. Le contre-transfert médical est le plus souvent positif dans
l’ensemble ; il permet une action thérapeutique plus efficace. Il y a toujours un risque
lorsque l’identification est trop poussée et donc le désir de guérir exagéré. Le contretransfert peut aussi être négatif et se traduire alors par des attitudes qui masqueront un
rejet ou une agressivité inconsciente. Exemple : le refus d’écouter le malade parce
qu’on est trop pressé.
Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation
Téléchargement