1 PLAN DU COURS 1ère Partie : NOTIONS DE PSYCHOLOGIE GENERALE Chapitre 1. GENERALITES 1.1. Origines de la psychologie 1.2. Définition de la psychologie 1.3. Branches de la psychologie 1.4. Méthodes utilisées en psychologie Chapitre 2 : EXPLORATION ET CONNAISSANCE DU MONDE 2.1. Perception et sensation 2.2. Formes de sensibilités 2.3. Perturbations dans la perception Chapitre 3.LA VIE ACTIVE DANS SES VARIATIONS 3.1. La motivation 3.2. Les conduites et leurs formes Deuxième Partie : PSYCHOLOGIE MEDICALE Chapitre 1.GENERALITES 1.1. Bref aperçu historique 1.2. Objet de la psychologie médicale 1.3. Méthodes d’approche de la psychologie médicale 1.4. Sciences connexes à la psychologie médicale Chapitre 2. NOTIONS FONDAMENTALES EN PSYCHOLOGIE MEDICALE 2.1. La santé 2.2. La maladie Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 2 2.3. Notion de normal et d’anormal 2.4. Le maladie 2.5. Le médicament Chapitre 3. LE MALADE ET LE MILIEU HOSPITALIER 3.1 Le milieu hospitalier 3.2 Face technique de l’hôpital 3.3 Relations humaines à l’hôpital Chapitre 4. LES ACTES MEDICAUX ET LE COMPORTEMENT DU MALADE 4.1 La consultation 4.2 Le comportement du malade TRAVAUX PRATIQUES Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 3 BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 1. AMAR A. et al. ; Le dictionnaire de la psychologie moderne, Tome l, Bibl. Marabout Service, Belgique, 1969 2. BRIAN M.F. ; Les voies nouvelles de la psychologie, Tome I, Col. Marabout Service, 1971 3. BESANÇON G. ; Qu’est-ce que la psychologie médicale ?-Actualité et nécessité, Col. Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 1999. 4. DACO P. ; Les prodigieuses victoires de la psychologie, Ed. Marabout, Paris, 2004 5. DELAY J. et PICHOT P. ; Abrégé de psychologie, 3e éd., Masson, Paris, 1990 6. JEAMMET Ph, REYNAUD M. et CONSOLI S.M ; Psychologie médicale, 2ème éd., Masson, Paris, 1996. 7. KRECH D. et al. ; Psychologie, Ed. du Renouveau pédagogique, Québec, 1979 8. MUPAPA S. ; Consultation psychologique, cours inédit, OSP/IPN, KINSHASA, 1984 9. PAROT F. et RICHELLE M. ; Introduction à la psychologie-Histoire et méthodes, PUF, Paris, 2005 10. PAUL S. ; Traité de psychologie médicale, PUF, Paris, 1973 11. PETIT P.et DUBOIS M. ; Introduction à la psychosociologie des organisations, DUNOD, Paris, 1998 12. SILLAMY N. ; Dictionnaire de Psychologie, Larousse, Paris, 1999 Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 4 OBJECTIFS DU COURS Au terme de ce cours, l’étudiant(e) de premier graduat en Sciences infirmières sera capable de : 1. Situer l’objet de la psychologie en général et de la psychologie médicale en particulier ; 2. Identifier les attitudes et les problèmes psychologiques du patient en vue de les interpréter pour une psychothérapie appropriée ; 3. Expliquer certains processus psychologiques permettant de comprendre et de s’adapter au comportement- du patient (client) dans ses relations avec l’infirmier ou le médecin au sein d’une institution hospitalière ; 4. Monter certains mécanismes pour rendre harmonieux ces rapports avec les personnes malades. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 5 Première partie : NOTIONS DE PSYCHOLOGIE GENERALE Chapitre 1 : GENERALITES 1.1. ORIGINES DE LA PSYCHOLOGIE La psychologie est une science de long passé et de courte durée ! La pratique psychologique est fort ancienne mais la psychologie fut longtemps attachée à la philosophie, aux sciences biologiques (neurologie, physiologie,…), à la médecine et même à certains domaines non scientifiques et pseudo- scientifiques. Exemples : -L’astrologie : art divinatoire cherchant à déterminer l’influence des astres sur le cours des événements. -La graphologie : étude du comportement d’un individu à partir de son écriture. -La phrénologie, étude du caractère et des fonctions intellectuelles de l’homme d’après la forme du crâne, celle du cerveau. -La chiromancie : procédé de divination fondée sur l’étude de la main (forme, lignes…) La date retenue pour marquer le début de la psychologie comme science autonome (indépendante) est celle de la fondation de l’institut de Psychologie en 1879. C’est au cours de cette année que l’allemand WILHELM WUNDT (1832-1920) créa le premier laboratoire de psychologie expérimentale à l’institut de psychologie de LEIPZIG. D’aucuns considèrent ainsi que l’Allemagne a été le berceau de la psychologie. 1.2. DEFINITION DE LA PSYCHOLOGIE Etymologiquement, le mot psychologie vient de deux termes grecs : psyché (âme) et logos (science, étude ou traité) ; ce qui conduit à une très vielle définition de la psychologie selon laquelle « la psychologie est l’étude de l’âme » (ARISTOTE). Comme objet d’étude d’une discipline qui se veut scientifique, l’âme paraît impropre à cause de sa connotation religieuse et de son inaptitude à se prêter directement aux méthodes d’investigation rigoureusement scientifiques. Elle est donc inaccessible, immatérielle et insaisissable par les méthodes scientifiques. En plus, l’âme ne constitue qu’une partie de l’ensemble de la personnalité de l’être humain et on ne saurait pas la localiser dans l’organisme de l’homme. Les psychologues modernes préfèrent partir des manifestations extérieures, des réactions observables, bref du comportement. D’où nous pouvons retenir la définition Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 6 suivante : « La psychologie est la science du comportement (de l’homme ou de l’animal) ». Le terme comportement a été traduit de l’anglais « behavior » ; terme utilisé par le plus grand psychologue du comportement, l’américain John Broadus WATSON (1879-1958). Comportement signifie l’ensemble des actions et des réactions d’un individu aux stimuli ou excitations variées dans un milieu donné. Enfin, nous pouvons dire que la psychologie est l’étude du comportement et des processus mentaux de l’homme. 1.3. BRANCHES DE LA PSYCHOLOGIE Il existe plusieurs branches de la psychologie classées selon l’objet d’étude, les domaines d’application et les méthodes utilisées. 1.3.1. Selon l’objet d’étude Comme la psychologie étudie le comportement de l’organisme vivant, en l’occurrence l’homme et l’animal, nous aurons la psychologie humaine et la psychologie animale. Entre les deux se situe la psychologie comparée. a)La psychologie animale Elle étudie le comportement des animaux. L’animal réagit, il est donc un être psychique dont on peut étudier le comportement. Deux tendances : -La psychologie animale classique : elle se fait dans des situations de laboratoire et utilise la méthode expérimentale. -L’éthologie : elle met l’accent sur le comportement spontané de l’animal dans son milieu naturel ou dans des conditions très proches de celui-ci. b) La psychologie humaine Elle étudie le comportement de l’homme. Cette psychologie comprend plusieurs variantes : -La psychologie générale : elle étudie les lois générales du comportement humain. Elle vise l’établissement des lois générales du fonctionnement mental de l’homme normal indépendamment du milieu social dans lequel il évolue, en négligeant les différences individuelles. -La psychologie de l’enfant et de l’adolescent : elle étudie les lois et les étapes de développement de l’enfant et de l’adolescent. Certains auteurs l’appellent « psychologie génétique » ou « psychologie du développement de l’enfant et de l’adolescent ». La psychologie du développement peut se concevoir également pour d’autres périodes de la vie : l’âge adulte et la vieillesse. -La psychologie sociale : elle étudie le comportement de l’homme dans le groupe, dans le milieu social avec ce que cela comporte comme conséquences sur la conduite (interactions individu –groupe – individu). Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 7 -La psychopathologie (psychologie pathologie) : elle étudie le comportement des malades mentaux (comportement morbide) c’est- à - dire, elle cherche les mécanismes et les lois des troubles du comportement, des anomalies psychiques. Elle se situe à michemin de la psychologie et de la psychiatrie. -La psychologie différentielle : elle étudie les différences de comportement entre les individus (différences quantitatives et qualitatives). Elle cherche à mettre en évidence le fonctionnement de l’esprit de chaque individu différent de celui des autres. Dans ce cas, on parle des différences inter- individuelles car les êtres humains se différencient les uns des autres sur le plan physique (âge, sexe, poids, stature, couleur de la peau, des cheveux,…) et sur le plan mental (aptitudes, intelligence, caractère). -La psychanalyse : elle explore les couches profondes de la personnalité. D’où l’appellation de « psychologie des profondeurs » ou science de l’inconscient. En général, la psychologie n’étudie et ne peut atteindre que les phénomènes psychiques conscients ne représentant qu’une faible partie de l’ensemble de la vie psychique. Or le comportement humain est commandé non seulement par des facteurs conscients mais aussi par des facteurs inconscients. C’est ainsi que FREUD, pour atteindre ces phénomènes inconscients, a créé des méthodes d’investigation parmi lesquelles nous citons l’entretien avec l’individu et l’analyse des rêves. Bref, la psychanalyse se présente à la fois comme une théorie du psychisme et comme une méthode d’investigation qui s’intéresse particulièrement aux phénomènes inconscients. c)La psychologie comparée. Elle se situe entre la psychologie animale et la psychologie humaine. Cette psychologie s’efforce de faire apparaître les similitudes et les différences psychologiques en mettant en parallèle l’homme et l’animal. Ainsi, on peut tirer certaines conclusions sur le comportement humain parce qu’il y a un rapprochement entre l’homme et l’animal, et ce dernier se prête mieux que l’homme aux conditions de laboratoire (expérimentation). En effet, pour des raisons morales, le chercheur ne peut pas mener certaines expériences sur l’homme. La psychologie comparée peut concerner également les hommes et les groupes humains entre eux, en fonction des races, des milieux culturels, des milieux socio-économiques, des âges, etc. 1.3.2. Selon les domaines d’application Sous ce titre, il s’agit des branches de la psychologie pratique ou appliquée aux différents domaines de l’activité humaine. a)La psychologie du travail ou industrielle : c’est l’application des principes psychologiques dans l’entreprise ou dans l’industrie pour une meilleure productivité. La psychologie industrielle se préoccupe principalement d’ : -adapter l’homme au travail par une orientation professionnelle, une sélection à l’embauche et une formation permanente au cours de la carrière ; Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 8 -adapter le milieu de travail à l’homme par une structure bien réfléchie de l’entreprise, par un style de commandement adapté, par un système de rémunération qui tient compte du travail rendu, par des conditions de travail plus efficaces. N.B : Quand on étudie particulièrement les rapports entre l’homme et la machine pour les améliorer, on parlera de l’ « ergonomie ». b) La psychologie commerciale : c’est l’application de la psychologie dans le commerce (recherches sur le comportement du consommateur, problèmes de vente, de publicité, de marketing). c) La psychologie médicale : c’est l’application des connaissances psychologiques sur le comportement du malade, la manifestation de sa maladie, le comportement du personnel soignant en relation avec le malade ; le tout dans un cadre institutionnel bien déterminé, l’hôpital. Elle permet d’harmoniser les relations médecin-malade afin de redonner confiance au patient et de l’aider à vaincre son mal. d) La psychopédagogie : c’est l’étude des problèmes psychologiques en rapport avec la vie scolaire. Elle vise à faire connaître toute la réalité de l’enfant à l’enseignant avant que celui-ci n’exerce une action sur lui. Les données de la psychologie sont appliquées dans l’apprentissage de la lecture, de la mathématique,… e) L’orientation scolaire et professionnelle : c’est l’application de la psychologie pour adapter l’individu à son milieu scolaire ou professionnel. Elle cherche à placer chacun là où ses aptitudes peuvent mieux le conduire au succès. On parle également de la psychologie scolaire qui est presque l’équivalent de l’orientation scolaire. f) La psychologie judiciaire, religieuse, militaire, musicale, politique… 1.3.3. Selon les méthodes utilisées a)La psychologie expérimentale : elle recourt à l’expérimentation, aux méthodes de laboratoire pour saisir les processus mentaux d’un homme normal. Les psychologues expérimentalistes étudient la façon dont les personnes réagissent aux stimuli sensoriels, comment perçoivent-elles le monde,… b) La psychologie clinique : elle utilise les méthodes cliniques. Elle diagnostique et traite les troubles de l’affectivité et du comportement (conflits par exemple).L’approche des cliniciens et leur intervention sont proches de celles des psychiatres qui possèdent un diplôme de médecine et qui soignent également les malades mentaux même en prescrivant des médicaments. c)La psychologie factorielle : elle utilise l’analyse factorielle. d) La psychologie scientifique : elle utilise l’observation quantifiée. e)La psychologie mathématique : elle utilise l’analyse mathématique et la statistique. N .B : Cette liste des branches de la psychologie n’est pas exhaustive et les recherches continuent. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 9 1.4. LES METHODES UTILISEES EN PSYCHOLOGIE Chaque science diffère de l’autre de par son objet et sa méthode. Le psychologue ne procède pas de la même façon qu’un géologue, un agronome,…Voici les principales méthodes utilisées en psychologie pour explorer le comportement humain. 1.4.1. L’introspection : Du latin intro (en dedans) et aspicere (regarder), l’introspection est une méthode qui consiste à regarder au-dedans de soi-même afin de se rendre compte de ses propres états de conscience. C’est une auto-observation, une observation interne, un examen de conscience. a)Avantages : -L’introspection aide l’individu à mieux se connaître, à connaître directement sa réalité psychique sous un de ses aspects les plus importants, la conscience. -Contact direct : le sujet observé est en même temps sujet observant. On ne recourt donc pas à un sujet extérieur. -Elle aide à comprendre et à interpréter ce qu’on observe chez les autres. Les psychologues sont unanimes qu’on ne peut découvrir le vrai sens du comportement que par la projection qui prend son point de départ dans la vie intérieure du psychologue (Cfr le phénomène de l’empathie par lequel l’observateur voit ses propres états de conscience coïncider avec ceux du sujet observé : nous souffrons avec celui qui souffre). b) Limites et défauts : -L’introspection est subjective : les conclusions que l’on tire sur soi-même reflètent ses penchants, ses sentiments personnels. -L’introspection ne peut être appliquée à tous les domaines. Exemple : la psychologie génétique, animale et psychopathologie (ex. un malade mental est incapable d’une certaine concentration de son esprit sur un problème intérieur). -Il est difficile d’être à la fois sujet observant et sujet observé surtout en cas d’émotions de grande intensité (peur, colère). L’individu pensant ne saurait se partager en deux dont l’un raisonnerait et l’autre regarderait raisonner. -Il n’y a pas de science du particulier : on ne peut généraliser les conclusions que l’on tire sur soi-même. -Les résultats obtenus par l’introspection ne sont pas vérifiables par des observateurs extérieurs. -On tombe souvent dans la rêverie : au lieu de réfléchir sur l’objet de l’introspection, on peut se mettre à penser à autre chose. N .B : Un des remèdes pour corriger les défauts de l’introspection, c’est la rétrospection : elle consiste à rappeler les états de conscience longtemps après leur manifestation. Il s’agit d’une introspection dirigée, dans laquelle on demande au sujet de décrire rétrospectivement ce dont il a eu conscience. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 10 1.4.2. L’extrospection : Du latin extre (en dehors) et aspicere (regarder), l’extrospection est une méthode qui consiste à observer les manifestations extérieures du comportement (de l’observé, différent de l’observateur), c’est l’observation externe. a)Avantages : -L’extrospection permet d’étudier plusieurs personnes, donc de généraliser les conclusions. -Elle garantie l’objectivité : elle permet de contrôler les résultats car plusieurs personnes peuvent observer le même phénomène à la fois. -Elle permet d’observer les petits enfants, les animaux et les malades mentaux qui ne peuvent ni s’observer, ni s’exprimer. N.B : L’extrospection est la méthode la plus utilisée en psychologie. b) Limites et défauts. -Contact indirect : à partir de seules manifestations extérieures des faits psychiques, on peut aboutir à des interprétations parfois erronées. -L’extrospection peut souffrir de l’équation personnelle, des préjugés dans l’interprétation des faits observés. -La sélection des phénomènes observés : nous ne pouvons percevoir les phénomènes dans leur totalité. Nous exerçons toujours un certain choix ; nous dirigeons notre attention sur un aspect particulier. Et nous ne percevons que ce que nous voulons percevoir, nous cherchons trop souvent à confirmer nos idées préconçues. Conseils : Par souci d’efficacité, les psychologues utilisent simultanément l’extrospection (observer le comportement extérieur de l’individu) et l’introspection (lui demander ce qu’il ressent à l’intérieur de lui-même). Pour éviter les erreurs de l’équation personnelle et des préjugés, il faut recourir à la répétition et à la vérification des observations. 1.4.3. L’observation spontanée. Il s’agit d’observer les phénomènes sans les avoir provoqués, c’est -à - dire observer un sujet (sans qu’il ne s’en rende compte) dans son milieu naturel, habituel ou social et de retenir les faits tels qu’ils apparaissent. La formule la plus connue est celle de « l’observation participante » ou « observation- participation ». L’observation participante est une méthode utilisée aussi bien en psychologie que dans d’autres branches s’occupant de l’être humain (anthropologie culturelle, sociologie,…). Elle consiste à se faire membre du groupe que l’on veut étudier ; on s’identifie au groupe en participant à toutes les activités, sans donner à ce groupe une quelconque orientation. Exemple : en voulant étudier les activités journalières des adolescents, je participe à toutes leurs activités de la journée : danse, jeu, activités informelles,…On parle Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 11 également du participant observateur, membre du groupe qui observe les autres membres de son groupe pour le compte de l’observateur principal. 1.4.4. L’observation expérimentale Elle est appelée également « observation provoquée » ou « méthode expérimentale ». Expérimenter, c’est provoquer le phénomène mental que l’on veut étudier en plaçant un ou plusieurs individus dans des conditions préalablement et soigneusement définies ou établies, susceptibles de le provoquer. Caractéristiques de la méthode expérimentale : a. La mesure : elle exprime le degré avec lequel le terme et les concepts en considération sont précisément spécifiés. Mais la mesure ne requiert pas nécessairement l’application du nombre, bien que l’usage du nombre soit souhaité comme indice de la finesse dans la mesure. Exemple : on peut avoir une idée sur l’intelligence d’un individu si on nous dit qu’il a un quotient intellectuel de 100, plutôt que de dire qu’il est très intelligent. b. La répétition : en règle générale, le résultat d’une recherche qui ne peut être confirmé par d’autres recherches similaires risque d’être considéré comme étant suspect et d’être rejeté. Exemple : un même observateur, plusieurs fois sur un même sujet et à des moments différents. c. Le contrôle : il permet à un observateur de réduire le nombre de facteurs qui pourraient influer sur le comportement à observer. d. La variance : dans une expérience, on peut avoir une ou plusieurs variables. On distingue généralement : la variable indépendante : c’est la variable cause, la cause, le stimulus ou la situation. C’est celle qui provoque un fait, celle dont le chercheur observe ou détermine les effets sur la variable intermédiaire. Exemple : le café la variable intermédiaire : c’est le sujet lui-même, la personne qui subit et agit sous la variable indépendante. Exemple : l’étudiant de G1 la variable dépendante : c’est la variable conséquence, les conséquences ou effets, c’est celle qui est influencée par la variable indépendante. C’est la réponse ou le résultat. Exemple : l’insomnie 1.4.5. La méthode des enquêtes Cette méthode consiste à administrer à un grand nombre de sujets un questionnaire d’enquête auquel ils ont à répondre. Le chercheur peut envoyer ce questionnaire à un échantillon de la population qu’il veut étudier. On peut également se servir de ce questionnaire comme guide dans l’entretien avec les sujets : c’est l’interview. Il existe deux principaux types de questions : Questions à réponses fermées : elles permettent d’orienter le sujet qui répond. Exemple : Etes-vous étudiant ? Oui ou Non. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 12 Questions à réponses ouvertes : elles donnent une grande liberté de réponse au sujet. Exemple : Que pensez-vous de votre avenir ? Attention : Cette méthode peut offrir des renseignements fortuits. 1.4.6. La méthode psychanalytique La psychanalyse se présente comme une théorie du psychisme humain et une méthode d’investigation qui s’intéresse particulièrement aux phénomènes inconscients en vue de les rendre conscients. Pour cela, elle recourt aux diverses techniques : La libre association (dites tout ce qui vous passe par l’esprit) L’analyse des actes manqués (le lapsus, l’oubli) L’hypnose,… La psychanalyse est une théorie de la psychopathologie. Les maladies mentales comme la névrose, la psychose, … dit FREUD ne sont pas causées par des lésions cérébrales ; leurs causes sont à chercher dans le passé de l’individu et particulièrement dans ses relations affectives, sexuelles avec ses parents. Exemple : Le psychanalyste pour expliquer une déviation sexuelle comme l’homosexualité. 1. Il peut entrer en causerie avec le malade homosexuel et peut découvrir que l’individu dans la deuxième enfance était amoureux de sa mère. Sachant que l’amour envers la mère n’est pas permis, l’individu fournit l’effort pour le refouler. Puis il va généraliser ce refoulement envers toute femme. Toute femme pour lui représente sa mère avec qui il ne peut avoir des relations sexuelles. Ce désir, ce besoin naturel, il le retourne vers les autres hommes auprès desquels il trouve satisfaction. 2. Une autre possibilité de l’expression est que lorsque l’on est affectivement fixé à une personne, on cherche à l’imiter. Or la mère aime les hommes. La fixation à une mère qui aime naturellement les hommes entraîne l’enfant fixé à elle, à aimer par imitation les hommes (les garçons). 1.4.7. La méthode de tests Le test est une épreuve définie, impliquant une tâche à remplir, identique pour tous les sujets examinés, avec une technique précise d’appréciation du succès ou de l’échec ou pour la notation numérique de la réussite (Association Internationale de Psychotechnie). La méthode de tests consiste en la mesure rapide d’un comportement à travers les réponses que le sujet fournit à un stimulus standard appelé test. Dans la psychologie appliquée, elle a surtout une valeur prédictive : à partir d’un résultat obtenu au test, on peut prédire pour un individu son comportement dans diverses situations concrètes de la vie courante. On peut mesurer l’intelligence avec le W.I.S.C, le G.A.T.B,… la personnalité avec les tests projectifs, par exemple le test projectif de RORSCHACH. Le test peut se présenter sous plusieurs formes : Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 13 verbal ou non verbal papier-crayon manipulation des objets choix multiples ou réponses libres Avantages d’un test : Le test permet de recueillir rapidement des informations et de fournir aux psychologues le moyen de comparer les réponses du sujet à celles de milliers d’autres personnes qui ont déjà été soumises au même test. Désavantages du test : un sujet peut intentionnellement donner de fausses réponses les réponses peuvent être influencées par diverses conditions comme la fatigue, l’énervement,… N.B : Pour pouvoir tirer quelques conclusions, un seul test ne suffit pas ; il faut utiliser une « batterie de tests » ainsi que toute information recueillie par d’autres moyens comme l’interview ou l’observation. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 14 Chap. 2 : EXPLORATION ET CONNAISSANCE DU MONDE Le monde physique qui nous entoure nous assaille chaque jour et nous oblige à une adaptation ininterrompue et continuelle. Le comportement de l’individu dépend largement de la façon dont il perçoit le monde qui l’entoure. Les différentes perceptions du monde nous indiquent que les hommes réagissent différemment devant un stimulus. Le monde physique est donc identique mais le monde perçu ne l’est pas. Donc, il y a différence de perception entre les individus. 2.1. PERCEPTION ET SENSATION 2.1.1. Notions Notre organisme reçoit des stimuli qui proviennent soit du milieu extérieur (un son, une lumière, une odeur…) soit du milieu intérieur (sensibilité kinesthésique).Ces stimuli, s’ils sont suffisamment forts, vont exciter les cellules de l’organe récepteur. Cette excitation est alors transmise par voie nerveuse jusqu’ à un centre du cortex. a) La perception : c’est la prise de conscience du milieu en vue de la régulation de notre conduite. Elle est aussi définie comme la prise de conscience d’un objet ou d’un fait extérieur qui a provoqué en nous des excitations sensorielles plus ou moins nombreuses et complexes. D’après la « théorie des complexes » ou « théorie de la mosaïque », les anciens psychologues concevaient la perception comme étant une somme de sensations. Aujourd’hui, cette théorie est dépassée. b) La sensation : elle est considérée comme une perception élémentaire, celle qui se produit dans des conditions d’excitation et d’impression les plus simples possibles. N.B : La perception est plus profonde, plus riche, plus complexe. Elle est fonction d’attention, de jugement, de souvenir, … bref, elle fait intervenir toute la personnalité. C’est l’interprétation que nous donnons aux contacts avec l’extérieur. Exemple : Je me trouve à 200 m de l’école, j’entends le sifflet (sensation), je cours pour ne pas être en retard de peur d’être puni (perception). 2.1.2. Conditions du phénomène perceptif a)Condition physique : c’est l’excitant ou le stimulus capable d’agir sur l’organe sensoriel. Cet excitant doit avoir une certaine force (intensité) pouvant lui permettre d’exciter l’organe sensoriel. Exemple : la lumière constitue l’excitant ou le stimulus. b) Condition physiologique : c’est l’impression organique et sa transmission au cerveau. c)Condition psychologique : c’est l’interprétation que le sujet fournit quand ces impressions parviennent au cerveau ; c‘est la prise de conscience de l’objet qui a provoqué l’impression sensorielle. Bref, c’est la perception proprement dite. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 15 2.2. FORMES DE SENSIBILITES SHERRINGTON (physiologiste anglais, 1857-1952), distingue trois formes de sensibilités. 2.2.1. La sensibilité intéroceptive Cette sensibilité comprend toutes les sensations qui viennent du milieu interne, viscéral ; liées aux modifications chimiques ou mécaniques du milieu interne (chaleur, froid, crampes, douleurs internes diverses, etc.) La sensibilité intéroceptive est appelée cœnesthésie pour marquer qu’elle est générale ou diffuse. Elle nous renseigne sur : -l’état de nos muscles, nerfs, tendons et articulations ; -la contraction de l’estomac quand nous avons faim, de l’intestin et d’autres viscères (reins, poumons, foie…) ; -la température de notre corps. 2.2.2. La sensibilité proprioceptive Cette sensibilité nous renseigne sur les positions, attitudes et mouvements de notre corps et de nos membres (sensation de posture, d’attitude et d’équilibre).Deux sortes de sensibilité proprioceptive : a)Le sens statique (labyrinthique) : il nous renseigne sur l’équilibration générale du corps. Son organe de sensation se localise dans le labyrinthe de l’oreille interne (urtricule, sacculo, canaux semi-circulaires, cils vibratiles). Exemple : Quand nous tournons sur nous-mêmes et que nous nous arrêtons brusquement, nous perdons le sens d’orientation, l’endolymphe (liquide contenu dans les canaux semi-circulaires) continue son mouvement : on ressent la sensation de vertige. b) Le sens kinesthésique (kinésique) : il nous renseigne sur les mouvements de déplacement de nos membres et de la position de notre corps dans l’espace. L’origine de ces sensations c’est dans les muscles, les tendons, le périoste des os, … Tout individu peut toucher, les yeux fermés, son nez, son oreille,… avec précision. Ainsi, nous pouvons manger en pleine obscurité sans mettre la nourriture ailleurs que dans la bouche ; nous pouvons cerner le poids de certains corps en les soulevant tout simplement ; nous pouvons marcher sans faire attention aux jambes, … 2.2.3. La sensibilité extéroceptive Appelée également sensibilité spéciale, elle enregistre les excitations extérieures par rapport au corps et a comme agents les sens externes. Ces sens sont regroupés en deux catégories : Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 16 -sens impressionnables à distance : l’ouïe, la vue et l’odorat ; -sens impressionnables par contact direct : le toucher et le goût. La sensibilité extéroceptive comprend donc : la sensibilité cutanée, la sensibilité visuelle, la sensibilité auditive, la sensibilité gustative et la sensibilité olfactive. a)La sensibilité cutanée L’organe du toucher c’est la peau. Le sens du toucher comprend trois sensibilités : -la sensibilité tactile : elle renseigne sur le contact et la pression exercée à la surface de la peau. - la sensibilité thermique : elle renseigne sur la chaleur, la température locale de la peau (le chaud et le froid). Les points de froid et de chaud sont répartis inégalement à la surface de la peau (2 à 3 fois plus de points de froid que de chaud). -la sensibilité algésique : elle renseigne sur la douleur (ex : la brûlure).Du point de vue biologique, il est prouvé que la douleur est nécessaire car chez les personnes dépourvues de la sensibilité algésique, de nombreux accidents ont été enregistrés. Elles auraient pu les éviter si elles étaient capables de ressentir les premières douleurs. La douleur joue donc le rôle d’avertisseur. b) La sensibilité visuelle L’organe récepteur de la vue c’est l’œil. Du point de vue physiologique, l’appareil qui engendre la sensibilité visuelle est la rétine dont les cellules sensorielles et nerveuses se prolongent en nerf optique. La rétine contient : -des bâtonnets abondants à la périphérie : ils sont sensibles à la lumière, servent à la vision crépusculaire et assurent surtout la vision périphérique. -des cônes qui abondent au centre et qui sont sensibles aux couleurs. Il semble qu’il existe trois types de cônes respectivement sensibles au bleu, au vert et au rouge. Les plus fréquents des troubles de la vision des couleurs sont : le type Dalton (confusion du rouge et du vert) et le type Nagel (confusion du jaune et du bleu). N.B. Les images sont transmises au cerveau par le nerf optique et le défaut de la vision s’appelle « cécité ». c) La sensibilité auditive L’organe de l’ouïe c’est l’oreille. L’audition permet de percevoir des vibrations sonores transmises en général par l’air. Ces vibrations sont conduites et concentrées par le pavillon de l’oreille puis le canal auriculaire vers une membrane vibrante, le tympan. Celui-ci, par la chaîne des osselets, transmet la vibration à la membrane vibrante de la fenêtre ovale. A son tour, celle-ci transmet les vibrations à un liquide qui Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 17 entraîne la vibration de poils sur les cellules sensibles (cellules de Corti), puis le message est transmis au cerveau. Si cette sensibilité disparaît, l’individu devient sourd. d) La sensibilité gustative L’organe du goût c’est la langue. Cette dernière se présente comme un ensemble de papilles et de petits trous au fond desquels se présentent des cellules sensorielles. Pour mieux goûter, le stimulus doit entrer en contact direct avec la langue. On distingue quatre goûts :-l’acide du côté gauche et du côté droit de la langue ; -le sucré et le salé au niveau de l’avant de la langue ; -l’amer au fond de l’arrière de la langue. N.B : Le reste c’est la zone du milieu qui est neutre. La perte du goût est appelée « dysgneusie ». e)La sensibilité olfactive L’organe de l’odorat c’est le nez. L’olfaction est due à l’excitation des cellules sensorielles appelées cellules de SCHULTZE situées dans chaque fosse nasale. Ces cellules olfactives ciliées baignent dans le mucus nasal et transmettent l’excitation au cerveau par l’intermédiaire du nerf olfactif. HENNING distingue 6 odeurs : - le putride (de la pourriture) le fleuri (des fleurs) le fruité (du fruit) l’épicé (qui pique comme du poivre) le résineux (odeur de certains arbres) le brûlé (de ce qui brûle) N.B : La perte de l’odorat s’appelle « anosmie ». L’odorat et le goût sont étroitement liés car ils se communiquent et remplissent un rôle important dans la nutrition. 2.3. PERTURBATIONS DANS LA PERCEPTION Le processus complexe que constitue la perception peut être perturbé de diverses manières : 2.3.1. Perturbations quantitatives a) L’hyperesthésie : il s’agit de l’excitabilité excessive d’un ou de plusieurs sens. Les excitants du monde extérieur sont perçus plus fort que normalement. b) L’hypoesthésie : c’est la diminution de l’excitabilité des sens. Cela peut être léger et aller jusqu’à l’insensibilité Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 18 2.3.2. Perturbations qualitatives a)Les illusions L’illusion est une perception mal interprétée. Il y a donc bien des excitants venant du monde extérieur mais ils sont perçus de manière erronée. En d’autres termes, c’est une fausse apparence : l’objet est pris pour un autre ou considéré autrement. Exemples : -interpréter des bruits mal localisés comme des bruits de pas ; -entendre des voix à partir des bruits mal définis ; -dans l’obscurité, un tronc d’arbre peut être pris pour un militaire surtout quand on a peur ; -l’illusion de Müller- Lyer : les deux lignes horizontales sont de même longueur, mais elles nous semblent de longueurs différentes à cause de la pointe des flèches. N.B : Les illusions peuvent se produire aussi bien chez les individus normaux que chez les malades. Une forme particulière de l’illusion pathologique est la fausse reconnaissance (paramnésie). Le sujet a l’impression d’avoir déjà vu ou vécu certaines situations, de reconnaître des personnes ou des objets, de trouver ce qu’il n’a jamais connu, … b) Les hallucinations Elles ne sont pas provoquées par des excitants réels du monde extérieur. La perception est effectivement vécue par le sujet, mais elle ne correspond pas à la réalité extérieure. C’est la perception sans objet réel. Les causes possibles des hallucinations sont les intoxications à l’alcool, à l’opium,… ainsi que des états infectieux graves ou des perturbations mentales. Exemple : un fou qui se munit toujours d’une machette pour attaquer des soldats (inexistants) qui semblent l’attaquer. Les hallucinations peuvent porter sur tous les sens : Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 19 - - hallucinations visuelles : dans le delirium tremens (délire alcoolique), le sujet voit des animaux répugnants (rats, insectes, serpents, araignées…) contre lesquels il se débat et cherche à fuir ; hallucinations auditives : le sujet entend des voix qui menacent, injurient, donnent des ordres,… hallucinations gustatives et olfactives : des patients paranoïas goûtent du poison dans la nourriture, ils sentent du gaz dans leur chambre, … hallucinations tactiles : le patient ressent des brûlures, du courant électrique, des rayons sur le visage, … Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 20 Chapitre 3 : LA VIE ACTIVE DANS SES VARIATIONS 3.1. LA MOTIVATION 3.1.1. Notions Dans ce point, il s’agira d’examiner les forces qui orientent nos buts et notre comportement. Ces forces ou motifs traduisent notre patrimoine social, culturel et biologique. La motivation est l’ensemble des facteurs qui déterminent la conduite d’un individu. C’est ce qui sert de moteur, ce qui cause le mouvement. La motivation est donc un terme général qui fait allusion aux causes d’un comportement. Pour qu’il y ait motivation, il faut : Un déséquilibre chez l’homme qui puisse créer un besoin. Ex. Le manque d’eau provoque une déshydratation. Du coup, l’individu a soif et le besoin d’eau se crée. Une poussée de l’homme à rechercher la façon de rétablir l’équilibre rompu par le manque d’eau. Donc, le besoin déclenche un comportement susceptible de trouver le moyen de le satisfaire. Ce comportement vise à trouver, à rétablir l’équilibre en buvant de l’eau. Le rétablissement de cet équilibre rompu est le but à atteindre. Besoin, comportement et but sont les 3 termes désignant les étapes du cycle de motivation. Au départ, le déséquilibre déclenche un besoin qui déclenche à son tour un comportement qui se manifeste par différentes conduites tendant vers l’atteinte d’un objet (but) qui pourra satisfaire le besoin de départ et rétablir ainsi l’équilibre rompu. 3.1.2. Sources de la motivation Les raisons qui poussent l’homme à agir de certaines façons sont complexes. Depuis les temps les plus reculés, certains ont supposé que les hommes étaient contrôlés par des forces extérieures comme Dieu ou Satan, la société, … D’autres affirmaient que ces forces étaient intérieures. De ce qui précède, il s’agit de deux sortes de motivations : o la motivation extérieure et o la motivation intérieure (personnelle) D’autres auteurs ont cru que pour comprendre les motifs derrière les gestes, il fallait envisager deux forces : les influences extérieures venant de l’environnement (institutions sociales, culturelles, économiques et religieuses) et les motifs personnels (intérieurs) de notre « moi » profond. Quelques théories : L’homme, instrument du destin : l’homme serait guidé par les forces astrologiques selon lesquelles le destin guide notre vie. Selon certaines versions, les forces du bien et du mal se combattent pour obtenir l’âme d’une personne, la livrant à différents désirs. Pour d’autres, la lutte se livre Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 21 essentiellement entre Dieu et le diable. Souvent, le diable ou l’esprit malin prend possession de la personne, et la fait agir selon son désir. L’homme, maître de son comportement : on croit que l’homme dicte son propre comportement en tenant compte de la situation dans laquelle il se trouve, il calcule et pèse les conséquences, il agit selon son analyse rationnelle. Selon ce point de vue, la motivation fait partie de l’individu, maître de son propre destin. Nous croyons en cette théorie jusqu’à un certain point mais nous pouvons nous heurter à un fait incompréhensible. Ex : un crime sans motif contrairement à celui d’un assassin qui en tire profit. L’homme, une machine : il s’agit des explications de cause à effet, simples et cohérentes à tous les événements. L’homme est considéré comme une machine et certains de ses comportements semblent être mécaniques. C’est le cas du réflexe. L’homme, victime des forces sociales : selon cette théorie, le comportement de l’homme est un produit de la société : les valeurs, les idéaux et les règles de la société font de l’homme ce qu’il est et le font agir d’une certaine façon. 3.1.3. La biologie et la motivation a)La pulsion Le point de vue biologique sur la motivation est né des travaux de Charles DARWIN avec la théorie sur l’évolution présentée pour la première fois en 1859. On a soutenu que le facteur de base de la motivation consiste en une série de pulsions biologiques qui déclenchent les mécanismes de l’organisme. Deux sortes de pulsions : Les pulsions primaires : celles qui proviennent des besoins biologiques (besoins d’eau, de nourriture, d’oxygène, de repos, de chaleur et les besoins sexuels).Tout comportement sert à satisfaire des besoins biologiques. Les pulsions secondaires : elles dérivent des pulsions primaires et sont acquises (le désir du pouvoir, du statut social et de l’argent). Ainsi, le pouvoir et le prestige social semblent rendre certaines personnes plus intéressantes pour le sexe opposé en plus de leur procurer un meilleur abri, davantage de nourriture,… b) L’équilibre biologique 1°Notion Selon le point de vue biologique de la motivation, l’organisme a tendance à agir seulement lorsque le corps manque d’une substance nécessaire ou lorsqu’il y a un surplus d’un élément quelconque. Un épuisement de substances nutritives dans le corps cause une carence (déséquilibre) qui mène à un état d’agitation, l’être humain ou animal se voit poussé à chercher de la nourriture. Une fois la nourriture absorbée, le déséquilibre est corrigé, l’état d’agitation disparaît ainsi que le désir de chercher de la Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 22 nourriture. Bref, le motif se manifeste lorsqu’il existe un déséquilibre physiologique et le but du comportement est de rétablir l’équilibre biologique. 2° L’homéostasie Du grec homios (semblable) et status (stable), homéostasie signifie maintenir un état stable ou équilibre. Il s’agit d’un processus autorégulateur maintenant l’équilibre de différentes fonctions du corps. Dans son livre “The Widson of the Body”, le physiologiste Walter Cannon décrit l’étonnante façon dont le système physiologique maintient un équilibre dans les différents processus biologiques. Il décrit: - la façon dont la température du corps est maintenue dans les limites restreintes et comment des organismes étrangers sont éliminés du sang. - la façon dont le corps maintient une certaine proportion de sel dans les liquides, quelle que soit leur quantité dans le corps. Un déséquilibre (dans la concentration de sel, de sucre, d’oxygène...) déclenchera automatiquement des mécanismes physiologiques spécifiques qui rétabliront l’équilibre. Ce phénomène est automatique et l’individu n’en est pas conscient ni ne peut le déclencher volontairement. Ex : Quelle que soit la température ambiante, froide ou chaude, le corps maintiendra une température de 37°C. Cependant, lorsque le phénomène homéostatique spécifique et involontaire ne suffit plus à maintenir cette stabilité nécessaire au corps, l’individu y remédie volontairement, soit en mettant plus de vêtements chauds lorsqu’il fait froid ou en se réfugiant dans une pièce climatisée lorsqu’il fait très chaud. 3.1.4. La frustration On parle de frustration quand le comportement vers un but est bloqué ou contrarié c’est-à-dire lorsqu’un obstacle s’interpose entre le sujet et l’objet de tendance. Cet obstacle empêche le sujet à satisfaire son besoin. La frustration fait partie de notre vie de tous les jours même si c’est un état d’esprit déplaisant. Toutefois, la frustration peut avoir des effets positifs et peut améliorer notre efficacité à atteindre nos buts en nous forçant à éclaircir nos motifs et à intensifier nos efforts. a)Sources de frustration 1° Sources internes: il s’agit de tout handicap physique ou intellectuel pouvant empêcher de satisfaire un besoin. Ex. :- une faiblesse intellectuelle, une malformation physique ; - les traits de caractère telles que la timidité, la maladresse,… Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 23 2° Sources externes: elles peuvent être physiques ou sociales. Exemples des sources physiques de la frustration : - une panne de voiture alors qu’on se rend d’urgence à l’aéroport ; - une pluie abondante qui nous empêche d’aller participer à l’examen ; - un stylo qui n’écrit pas alors que le résumé continue,… Les frustrations d’ordre social sont les plus fréquentes et surviennent dès la naissance. Ex: La ségrégation raciale, ethnique, tribale, sexuelle,… b) Réactions à la frustration Etant donné le déséquilibre dans lequel plonge la frustration, le sujet adopte certaines attitudes lui permettant de rétablir son équilibre. 1° La compensation L’individu fait preuve de plus de détermination et s’efforce davantage. L’effort mène à un accomplissement dans la voie originale ou dans une voie différente. . Exemple: Démosthène qui, déterminé à corriger ses difficultés d’élocution, s’entraîne à parler avec des cailloux dans la bouche et devint un des plus grands orateurs de la Grèce antique. Nous connaissons aussi des gens physiquement faibles, maladifs, intellectuellement faibles, qui réussissent dans la vie. Ces gens ont en commun la motivation à développer leurs aptitudes et leurs qualités au maximum et à les diriger vers un but spécifique et cette force vient du désir de pallier leurs lacunes ou leurs incompétences dans d’autres domaines. Bref, quand nous parlons de compensation, nous voulons dire que l’individu compense ou essaie de vaincre son handicap. 2° La substitution L’individu étudie et analyse les circonstances dans lesquelles il se trouve et conclut qu’un objectif différent satisferait ses besoins ou désirs frustrés et contrariés. L’objet de substitution peut consoler le sujet même sans jouer exactement le rôle de l’objet frustrant. Exemple : Un jeune homme peut ressentir une motivation à servir la communauté comme médecin. S’il se rend compte qu’il n’a ni le talent ni les moyens de faire la médecine, il peut changer de voie en entrant dans la faculté de théologie pour devenir prêtre ou pasteur ; ce qui lui permettra quand- même de servir la communauté. Lorsqu’on choisit un substitut, on fait des compromis et des ajustements et on doit parfois se contenter des aspirations moins nobles. Il arrive cependant que le motif Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 24 ou le but du second choix soit devenu tellement satisfaisant que l’individu affirme que l’échec de son premier objectif était « un mal pour un bien ». 3° La tolérance Il existe un degré au-delà duquel la tension et le désagrément causés par la frustration entraînent un comportement destructeur. Ce degré varie selon l’individu. Dans une même situation, un individu supportera un degré très élevé de frustration avant que sa résistance ne s’écroule alors qu’un autre n’y parviendra pas. Voilà pourquoi nous affirmons que la tolérance de la frustration est une caractéristique de la personnalité d’un sujet. Plusieurs comportements d’inadaptation peuvent faire surface lorsque le degré de frustration dépasse celui de la tolérance de la frustration. Une des conséquences fréquentes de cette sorte de frustration, c’est la régression. Elle se manifeste par un retour à une méthode antérieure et moins réfléchie, employée pour atteindre un but ou réagir à une contrariété. Exemple: Un adulte qui, frustré au-delà de son degré de tolérance, revient à une réaction enfantine pomme pleurer ou donner un coup de pieds à l’objet inanimé qui est la source de la frustration (comme si cet objet méritait d’être puni pour avoir contrarié son objectif). 4° Autres réactions : L’agressivité : elle est très fréquente et s’accompagne généralement de la colère. Le renoncement: reconnaître qu’on se trouve devant une réalité puissante, devant un problème insoluble et que le but ne peut être atteint en aucune condition. L’identification : une personne qui ne parvient pas au but qu’il s’est assigné peut s’identifier à une autre. Exemples: - Une mère qui n’a pas pu épouser un homme qui l’aurait élevée à un grand niveau social peut s’identifier à sa fille qui a réussi dans son mariage. - Un père qui n’a pas fait de hautes études s’identifie à son fils qui réussit à l’université. La négation : la frustration est tellement forte que le sujet la nie car l’accepter équivaudrait à une grande souffrance morale. Ceci se remarque par des « non », « ce n’est pas vrai », « ce n’est pas possible »,… La rationalisation: le sujet cherche des raisons pour justifier sa frustration. Exemple: un échec aux examens est justifié par une maladie. 3.1.5. Le conflit Lorsque nos motivations nous tiraillent d’un côté et de l’autre, elles engendrent une lutte intérieure: c’est le conflit. Plus il y a des motivations, plus il y a des possibilités de conflit de motivation. En 1935, KURT LEWIN (Psychologue américain d’origine Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 25 allemande, 1890-1947) fit une analyse des genres de circonstances qui causent un conflit. Selon lui, ces conflits se classent en trois modèles fondamentaux: approcheapproche, évitement- évitement et approche- évitement. a) Le conflit d’approche- approche (attraction- attraction) Ce conflit survient lorsqu’un individu doit faire un choix entre deux objectifs souhaitables c’est-à-dire deux choses agréables dont il faut faire le choix. C’est probablement la moins douloureuse des trois situations de conflit parce que les deux objectifs sont désirables. Cependant, puisque le choix implique l’abandon d’une possibilité, le conflit peut être très intense. Exemples : - choisir entre deux emplois - accepter un emploi ou être épousée et suivre son mari Plus la désirabilité des deux objectifs s’approche de l’égalité ou plus la force des deux motifs s’approche de l’égalité, plus le conflit sera grand. On peut alors demeurer indécis dans le choix. b) Le conflit d’évitement- évitement (répulsion- répulsion) Il se produit lorsqu’un individu doit choisir entre deux possibilités négatives de même force. L’expression « se trouver entre le marteau et l’enclume » résume bien cette situation. Exemple : Etre enrôlé dans l’armée pour une cause immorale ou refuser avec possibilité d’encourir la désapprobation de la société et d’être considéré comme poltron. Ce genre de situation tend à immobiliser l’individu qui s’abstient aussi longtemps possible entre deux possibilités négatives. c) Le conflit d’approche- évitement (attraction- répulsion) Dans ce cas, l’individu ressent à la fois une attirance et une répulsion pour une même direction parce que l’objet d’appétence comporte à la fois des caractéristiques positives et négatives. On utilise le terme « ambivalence » pour décrire la sensation d’un individu à l’égard d’un objet de ce genre. Exemples : -Un voleur pense aux intérêts de sa sale besogne ainsi qu’à ses conséquences (gagner l’argent ou perdre la vie) -L’acrobatie procure du prestige mais elle est également dangereuse. -Un homme peut désirer épouser la femme qu’il aime et avoir des enfants, mais il peut sentir que cela gênerait son travail. -Une personne qui souffre d’une maladie souhaite s’en voir soulagée, mais elle doit d’abord subir une intervention douloureuse et peut- être dangereuse. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 26 3.2. LES CONDUITES ET LEURS FORMES Une conduite est un comportement d’exploration, de recherche d’un objet ou d’une situation susceptible de satisfaire un besoin. On distingue deux sortes de conduites: les conduites innées et les conduites acquises. 3.2.1. Les conduites innées Ce sont des comportements dont la forme dépend des propriétés et des conditions liées à la structure originelle de l’organisme c’est-à-dire ces propriétés sont transmises par voie de l’hérédité et non par l’action du milieu. Cependant, le milieu extérieur n’est pas totalement exclu car c’est un agent déclencheur. Ex.: La mare d’eau pour un caneton à la différence d’un poussin devant la même mare. Quelques conduites innées : 1° Les réflexes Le réflexe est la réaction la plus simple, la plus élémentaire de toutes les réactions innées, il peut être étudié du point de vue physiologique et du point de point de vue psychologique. a) Du point de vue physiologique La moelle épinière est le centre nerveux du réflexe. La réaction réflexe est déclenchée par un excitant agissant sur une terminaison nerveuse sensitive. La transmission de l’excitant se fait par le circuit des voies nerveuses constituant l’arc réflexe. L’arc réflexe comporte cinq parties: (1) un organe sensoriel recevant l’excitant (2) un nerf sensitif (3) un centre nerveux (élaborant la réaction) (4) un nerf moteur (5) un organe fonctionnel ou moteur (glande ou muscle) Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 27 Centre nerveux (3) (2) Nerf moteur Nerf sensitif (4) (1) Organe sensoriel (5) Organe moteur Exemples des réflexes: dilation de la pupille, mouvement des viscères, bayer, éternuer, le hoquet,... b. Du point de vue psychologique: Le réflexe est un mouvement, une réaction simple et automatique d’un organe ou d’une partie du corps en réponse à une excitation. La réaction réflexe définie comme comportement, présente certaines caractéristiques : - réaction innée (absolue) : transmise par hérédité et non par apprentissage - réaction simple : elle ne requiert pas un niveau supérieur de conscience Exemple: une simple contraction musculaire - réaction stéréotypée : elle se produit toujours de la même façon - réaction automatique : elle se produit fatalement lors d’une excitation 2°. Les instincts L’instinct est une disposition innée qui détermine un animal à agir d’une manière propre, suivant sa nature et sa structure physiologique. Donc chaque espèce d’animaux a ses instincts différents de ceux de l’autre de par sa nature même. a. Caractéristiques de l’instinct L’instinct est: - inné: il vient avec la naissance, il ne s’apprend pas ; Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 28 - uniforme et spécifique : il est le même pour chaque animal et propre à chaque espèce ; - aveugle et irréfléchi: l’animal ne semble pas connaître le but de son activité et continue cette dernière même si elle est devenue caduque. Dans ce cas, on parle de la folie des instincts. Ex: la poule continue à couver même si on a déplacé ses œufs ; - invariable: l’instinct reste toujours le même à travers les âges. Toutefois, il peut y avoir certains petits changements selon les milieux ; - utile : il est au service des besoins vitaux, soit pour l’individu, soit pour la race. b. Les instincts chez l’homme Chez l’enfant, le comportement peut encore être dicté par l’instinct mais au fur et à mesure qu’il grandit, l’instinct est modifié par l’intelligence, l’expérience et la volonté. Donc à l’état pur, l’instinct n’existe pas chez l’homme. Exemples d’instincts chez l’homme: instinct de succion, instinct sexuel. 3°. Les tropismes Le tropisme est une réaction vitale d’orientation d’une plante ou d’un animal visà-vis de certains agents physiques ou chimiques. Sortes de tropismes: a. Selon l’orientation (la direction), on distingue: - le tropisme positif: l’organisme vivant se dirige vers l’agent physique ou chimique ; - le tropisme négatif: l’organisme vivant s’éloigne de l’agent physique ou chimique. b. Selon l’agent qui provoque le tropisme, on distingue: - le phototropisme: réaction par rapport à la lumière. En fonction de la lumière du soleil, on parle de l’héliotropisme ; - le géotropisme: réaction par rapport au centre de la terre (la pesanteur) ; - le chimiotropisme : réaction par rapport aux substances chimiques ; - l’anémotropisme: réaction par rapport au vent ; - l’hydrotropisme: réaction par rapport à l’eau,… N.B. Employé primitivement par les botanistes pour désigner les réactions d’orientation des végétaux, le terme tropisme fut repris par le physiologiste américain d’origine allemande Jakob LOEB (1859-1924) pour caractériser les comportements attractifs ou répulsifs d’animaux soumis à l’influence de certains agents physiques ou Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 29 chimiques. Notons enfin qu’actuellement, les tropismes animaux sont désignés par certains auteurs par le terme “taxie”. 3.2.2. Les conduites acquises a. Notion Une conduite acquise est un comportement dont le déroulement dépend en grande partie d’un contact antérieur avec une situation donnée. La plupart de nos actes relèvent de l’apprentissage: la marche, le langage, l’écriture, l’usage de certains instruments,... b. Le conditionnement classique 1° La vue d’une soupe apporte de la salive dans la bouche .Nous avons ici un réflexe de salivation causé par un stimulus naturel (la nourriture). 2° Supposons que chaque fois que nous sommes à table, il y ait un événement fortuit qui survient. Exemple: la sirène de T. M. K. Après plusieurs répétitions, la simple audition de la sirène, même quand il n’y a pas de nourriture, occasionne la mémoire de la sirène et excite notre appétit. 3° Le réflexe conditionné de PAVLOV. Après ses travaux sur la digestion, le psycho-physiologiste russe IVAN PETROVITCH PAVLOV s’est, depuis 1905, intéressé à la sécrétion salivaire. Il a isolé un chien dans une pièce pour qu’il ne soit dérangé ni par l’expérimentateur, ni par l’appareil d’enregistrement. Il a pratiqué une fistule salivaire pour mesurer la quantité de la salive, lors de la présentation de la poudre de viande au chien. Schéma : S.l. = Stimulus inconditionnel (naturel) R.l. = Réaction inconditionnelle S.C = Stimulus conditionnel (provoqué) R.C = réaction conditionnelle. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 30 ESSAIS SC SI 1 - Poudre de viande 2 Son 3 Son 4 Son - 5 Son - Poudre de viande REACTION Salivation (R.I) Salivation (R.I) Répétitions Salivation (R.C) Répétitions - Si les excitants tels que lumière, son,… sont associés pendant un temps plus ou moins long à l’excitant naturel, ils acquièrent un pouvoir réflexogène. Les réflexes provoqués sont appelés “ réflexes conditionnels”. Pour qu’il y ait réflexe conditionnel, il faut que le stimulus conditionnel soit associé au stimulus inconditionnel qui doit venir directement après. Ce phénomène est appelé « renforcement ». Quand le stimulus conditionnel n’est plus associé au stimulus inconditionnel, la réaction conditionnelle peut diminuer jusqu’à disparaître. C’est l’extinction. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 31 Deuxième partie : PSYCHOLOGIE MEDICALE Chapitre 1 : GENERALITES 1.1. BREF APERÇU HISTORIQUE La pratique à prodiguer des soins au malade est aussi vieille que le monde et remonte à la préhistoire. Comme les autres disciplines, la science médicale (médecine) a évolué en se dégageant dans un premier temps de la magie qui reposait sur le mysticisme. Il ne faut cependant pas sous-estimer la médecine antique car ses traitements reposaient sur des observations exactes et un empirisme éprouvé (expérience pratique).Le cas concret est celui de la civilisation chinoise. La Chine avait développé une science médicale basée sur la connaissance de l’anatomie, la pratique de la dissection, l’étude du rôle de la rate et de la circulation sanguine. Très observateurs, les chinois avaient découvert la médecine préventive en se fondant sur le fait que les maladies organiques sont précédées des troubles fonctionnels et l’altération du caractère. Ils enseignaient déjà que « chacun est malade à sa manière »et qu’il faut tenir compte de la différence de tempérament pour établir le traitement. En Grèce, nous pouvons citer HIPPOCRATE qui est dans l’histoire de la médecine, le premier médecin dont elle ait connu. Né à Cos (une ile de la Grèce) vers 460 avant JC, HIPPOCRATE a établi des bases scientifiques et morales de la médecine moderne. Il a révolutionné la médecine en enseignant que la maladie avait des causes naturelles et non des causes magiques. Il a mis au premier plan la méthode médicale d’observation clinique. En éthique (déontologie), Hippocrate a composé le serment que prêtent les médecins (serment d’Hippocrate) qui résume l’essentiel de la morale professionnelle du médecin. Ce serment d’il ya plus ou moins deux mille ans demeure de nos jours la base de la déontologie médicale. Ainsi, les médecins et les infirmiers doivent le connaître et s’en inspirer dans leur conduite. A l’histoire des soins infirmiers se rattache le nom de Florence NIGHTINGALE (1820- 1920) lors de la guerre de Crimée (presqu’île de l’URSS qui s’enfonce dans la mer Noire).Par la suite, Nightingale fit l’organisation sanitaire de l’armée anglaise et des hôpitaux civils. Elle créa pour les élèves infirmiers l’école St Thomas Hospital et publia de nombreux ouvrages des techniques hospitalières. Elle a aussi spécifié le devoir de l’infirmier - le serment Nightingale - prêté dans les écoles anglosaxones par les jeunes infirmiers au moment de l’obtention de leurs diplômes. Enfin, nous ne pouvons passer sous silence le philanthrope HENRI DUNANT (1828-1910), arrière petit neveu de Jean Jacques ROUSSEAU. Il a fondé la CroixRouge. Il a assisté à la bataille de Solferino (village d’Italie) où les français remportèrent la bataille sur les autrichiens. Cette bataille fut l’une des plus meurtrières de l’histoire. DUNANT fut bouleversé par l’horreur du spectacle et organisa des secours immédiats. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 32 1.2. OBJET DE LA PSYCHOLOGIE MEDICALE La psychologie médicale est la psychologie appliquée aux problèmes posés par la médecine. Née dans les années 50, elle a été officialisée en 1961 avec son introduction dans le cursus des études médicales. Il ne s’agit pas d’un domaine particulier mais d’un ensemble de connaissances dont le personnel soignant a besoin pour exécuter son métier c’est-à-dire, les soins de santé en faveur des patients. L’importance de la psychologie médicale s’est révélée confrontée aux problèmes psychologiques tels que celui des rapports avec le malade au cours desquels ce personnel exerce une action qui relève en partie du domaine psychologique. Jusqu’à la fin du 19ème siècle, ces phénomènes ont été abordés empiriquement sans qu’un effort soit fait pour en donner une formation théorique pouvant aboutir à une action plus efficace. C’est la psychanalyse qui a le mérite d’avoir formulé des concepts généraux comme celui du transfert, valable en médecine. Elle a également attiré l’attention sur la liaison étroite entre les faits psychiques et la maladie physique. La psychologie médicale est restée longtemps restreinte au domaine de la psychopathologie. A ce titre, elle était traditionnellement rattachée à la psychiatrie qui est une partie de la médecine qui traite les maladies mentales. La psychologie médicale est une étude des phénomènes psychologiques observés en médecine à l’écart de toutes les investigations thérapeutiques. La psychologie médicale a été beaucoup influencée par les gestaltistes qui considèrent que l’homme perçoit d’abord la réalité dans sa globalité et il ne s’intéresse aux parties de cette réalité qu’après. De cette théorie (gestalt theory) est née la notion de l’unicité de l’organisme en psychologie médicale. La notion de l’unicité souligne la nécessité d’envisager l’organisme malade dans sa totalité, de ne pas envisager un aspect (psychique ou somatique).Privilégier l’aspect somatique au détriment de l’aspect psychologique rend la compréhension de la maladie difficile. 1.3. METHODES D’APPROCHE DE LA PSYCHOLOGIE MEDICALE La psychologie médicale utilise généralement les mêmes méthodes que celles utilisées en psychologie générale. 1.3.1. L’observation Le problème qui se pose dans l’observation en psychologie médicale est de savoir comment l’homme malade se situe par rapport à l’observateur externe. C’est soit la maladie, soit l’homme malade qui est l’objet même de l’observation. 1.3.2. La compréhension et l’explication Elles constituent les deux points d’approche pour l’étude et la connaissance de la maladie et du malade. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 33 -la compréhension : c’est la connaissance par l’interprétation psychologique. Il s’agit ici de vivre, d’éprouver, de se représenter ce que ressent le malade. La méthode utilisée est l’introspection. -l’explication : il s’agit de la connaissance objective des faits, des rapports de causalité entre deux ou plusieurs facteurs de l’élaboration des lois. 1.3.3. La méthode expérimentale L’importance de l’observation, de l’hypothèse et de l’expérimentation varie selon les disciplines. Exemples : -les méthodes dites cliniques sont faites de l’observation et de la compréhension des conduites humaines dans des conditions bien déterminées. -les méthodes dites de laboratoire sont faites d’expérimentation. Mais de l’observation à l’expérimentation, la démarche demeure identique. L’observation en psychologie médicale s’exerce de deux manières : a)l’observation directe : elle porte sur le malade, sur son comportement et les signes extérieurs. b) l’observation externe : elle ne porte pas sur l’état actuel du malade, ni même sur la maladie mais plutôt sur l’anamnèse, la biographie, les écrits, les tests psychologiques et témoignages d’autrui. 1.4. SCIENCES CONNEXES A LA PSYCHOLOGIE MEDICALE 1.4.1. La psychiatrie Les rapports de la psychologie médicale avec la psychiatrie ne sont pas faciles à comprendre. La psychiatrie est une branche de la médecine qui s’occupe du diagnostic et du traitement des maladies mentales. Elle vise à comprendre le fonctionnement du psychisme humain ; elle en découvre les lois, en déduit éventuellement les méthodes et les données théoriques permettant l’activité thérapeutique. 1.4.2. La psychopathologie C’est la science du fonctionnement anormal de l’esprit humain, une étude scientifique du comportement morbide. Elle se trouve à mi-chemin entre la psychologie et la psychiatrie. Elle permet de comprendre les faits pathologiques du sujet en saisissant la signification du symptôme tel que celui-ci le vit afin d’en tirer les lois générales concernant les processus mentaux. 1.4.3. La psychophysiologie Elle s’occupe des bases anatomophysiologiques sur le comportement. Il a été prouvé que les processus mentaux dans une large mesure dépendent de certains mécanismes Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 34 physiologiques. Les recherches ont prouvé que les manifestations psychiques supérieures telles que la pensée sont liées au bon fonctionnement du dernier étage du cerveau (le télencéphale) ; tandis que les instincts, les émotions et les états affectifs sont en relation avec le cerveau moyen(le diencéphale).Les découvertes faites dans le domaine des sécrétions internes ont prouvé que les processus chimiques qui se déroulent dans notre corps influencent notre vie psychique. Exemple : la psychophysiologie a montré que la gaucherie n’est pas un handicap physique comme le croient la plupart des parents et enseignants avec comme conséquence le traitement frustrant infligé aux enfants gauchers à l’école et en famille. Elle est plutôt la résultante naturelle d’un développement de la partie droite du cerveau (hémisphère droit) par rapport à l’hémisphère gauche. 1.4.4. La psychosomatique Elle étudie les troubles organiques dus totalement ou partiellement à des facteurs psychiques. Exemples : maux d’estomac, énurésie (émission involontaire des urines),…La médecine psychosomatique s’occupe à la fois de l’esprit, du mental (psyché) et du corps (soma) et n’envisage jamais l’un sans l’autre. Notons que celui qui se trouve dans un état de tension affective presque permanent peut voir se développer dans son organisme des troubles : ulcères gastriques, angine de poitrine, hypertension, asthme, obésité, diabète, certaines maladies cutanées,…Bref, le but de la psychosomatique est d’étudier l’homme (sain ou malade) comme un tout ; étudier les rapports étroits entre le psychisme et le soma. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 35 Chapitre 2 : NOTIONS FONDAMENTALES EN PSYCHOLOGIE MEDICALE 2.1. LA SANTE La santé conçue comme une valeur positive, a été définie par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme «un état de complet bien-être physique, mental et social » ; et non seulement l’absence de maladies ou d’affections. Cette définition ressemble plutôt à un idéal car un état complet est rare chez les humains. Le mal-être social peut bien s’accorder avec le bien-être physique et mental tout comme le bien-être physique peut coexister avec les troubles mentaux. Lorsqu’on parle de santé, on se réfère implicitement à l’équilibre dynamique existant entre l’organisme et son milieu. 2.2. LA MALADIE 2.2.1. Notion de maladie. a) Selon le dictionnaire de psychologie de Norbert SILLAMY, la maladie est définie comme étant « une altération de la santé par suite de l’incapacité du corps à utiliser ses défenses organiques contre une agression extérieure (traumatisme, toxi-infection, etc.) ou pour résoudre ses conflits psychologiques ». Selon le dictionnaire « Vocabulaire de psychologie et de psychiatrie » de LAFFON, la maladie est définie comme une altération de la santé correspondant à l’atteinte ou au mauvais fonctionnement de tout ou d’une partie du corps et se traduisant en une série de troubles généraux ou localisés, lésionnels ou fonctionnels. b) Selon l’ancienne conception : un agent extérieur, un microbe s’introduit dans l’organisme ; sa présence et son développement produisent la maladie. Exemple : la tuberculose est une maladie produite par le bacille de Koch. c) Selon la conception moderne : tout le monde attrape des bacilles, mais tout le monde ne tombe pas malade. Ici on souligne l’importance du « terrain » sur lequel tombe le microbe pour que la maladie soit déclenchée. Voici le processus aboutissant à la maladie : le bacille pénètre dans l’organisme et passe à l’attaque au moyen de ses toxines. défense immédiate de l’organisme pour conserver son équilibre menacé par la présence du bacille. Il s’en suit donc la bataille pouvant déboucher à l’un des résultats suivants : si l’organisme et le bacille sont à égalité, la lutte est silencieuse et l’individu ignore tout ce qui s’est passé en lui ; si le microbe est le plus fort, un déséquilibre organique se produit ; l’organisme déclenche une contre-attaque : la maladie apparaît. La maladie Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 36 est donc la réaction d’un organisme qui se défend. Ce n’est donc pas le microbe qui produit la maladie ; mais c’est l’organisme qui déclenche la « maladie » pour détruire le microbe. NB. L’attaque de l’organisme peut être foudroyante et ce microbe peut être vaincu sans aide extérieure. Si le microbe est résistant, l’organisme demande une aide extérieure (le médicament). D’où il ne faut pas dire que la tuberculose est produite par le bacille de Koch, mais il faut plutôt dire que la tuberculose est une réaction de l’organisme contre le bacille de Koch. L’histoire de la maladie va de paire avec celle de l’humanité. Evoquer le problème de la maladie, c’est penser consciemment à celui de la vie et de la mort car la maladie constitue une des causes qui met fin à la vie. La maladie est donc considérée comme la jonction ou le trait d’union entre la vie et la mort. Cependant, la mort n’est pas due au hasard. Plusieurs agents situés dans le monde sensible (matériel) et dans le monde surnaturel sont à l’origine de la maladie et peuvent occasionner la mort. Ces agents se regroupent autour de trois grandes causes : les causes naturelles : vieillissement, accident, microbes ; les causes surnaturelles : Dieu et les esprits maléfiques ; les causes sociales et psychologiques : la sorcellerie, l’empoisonnement, l’assassinat, le suicide, la pendaison. 2.2.2. Evolution de la maladie au plan thérapeutique à travers les âges Le besoin de lutter contre la maladie et de conserver la vie le plus longtemps possible s’est fait sentir à travers les âges (époques) dans toutes les sociétés suivant des conceptions et des modes d’approche différents. Ainsi, l’histoire de la maladie débute à partir du moment où l’homme a tenté de soulager la souffrance de son semblable en exerçant une influence sur lui ; influence qui a changé de visage à travers les temps et qui a évolué en fonction du développement des conceptions et des idées au plan religieux, philosophique, social et scientifique. L’effort thérapeutique (traitement de la maladie) a commencé avec le sorcier guérisseur de la période préhistorique et depuis lors les philosophes, les médecins, les hommes de l’église et enfin les psychologues se sont consacrés à cet effort. En ce qui concerne l’explication et la compréhension de la maladie, notamment de la maladie mentale, le comportement de l’homme a oscillé de l’antiquité à nos jours entre 4 types de réponses différentes : réponse mystique, organique, psychologique et sociologique. 1º L’Antiquité Le guérisseur était le grand prêtre ou le sorcier du clan, les causes de la maladie étaient mystiques. Exemple : En Mésopotamie, les premiers médecins étaient des prêtres et les affections mentales étaient attribuées à des possessions démoniaques. Chez les hébreux, le médecin était le grand prêtre qui invoquait le grand guérisseur qui est Dieu. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 37 2º Le Moyen âge C’est presque la même conception qu’à l’antiquité : la maladie mentale était attribuée à une possession démoniaque. Pour guérir les malades, il fallait chasser les démons et dans le cas contraire, ces malades étaient tout simplement brûlés. 3º La Renaissance (XVème - XVIème S) On note une réaction sévère contre l ‘orientation thérapeutique mystique des maladies mentales. L’accent est désormais mis sur l’observation et la médication prend le pas sur le mysticisme pour soigner toute maladie physique ou mentale. 4º Le XVIIème Siècle On assiste à l’ouverture des maisons d’internement dans lesquelles sont enfermées les fous, les inadaptés sociaux, les chômeurs, les pauvres, les infirmes et même les vieillards. 5º Le XVIIIème Siècle Il est caractérisé par la création d’asiles psychiatriques où les médecins se mirent à étudier la symptomatologie des maladies mentales. 6º Le XIXème Siècle Un effort d’explication de l’origine de la maladie est déployé et focalisé dans l’hérédité et dans les accidents infectieux, toxiques ou traumatiques dont l’individu a eu à souffrir. 7º Le XXème Siècle C ‘est le siècle de le découverte de l’inconscient par Freud. Cette découverte a eu un impact sur la conception, sur l’origine des maladies mentales, lesquelles sont la résultante non pas des altérations d’une partie ou d’un segment de la personnalité mais comme des altérations de la personnalité dans sa totalité. Ainsi, l’approche thérapeutique consistera à considérer la personnalité dans toutes ses différentes facettes. 2.2.3. Conceptions actuelles de la maladie La conception que se fait la communauté actuelle médecin-malade au sujet des maladies varie dans le temps et se rapporte à deux pôles : a) La conception exogène de la maladie C’est vers la fin du XIXème siècle que cette conception exogène ou physique de la maladie a pris ses racines à partir des travaux de Pasteur sur les maladies infectieuses. Sur ce point de vue, la conception exogène est déculpabilisante c’est-àdire les causes de la maladie ne viennent pas de l’individu ; elles viennent de l’extérieur. Dans ce cas, le rôle du médecin est de découvrir la maladie physique Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 38 causée par un agent extérieurement physique et en même temps de dégager la responsabilité. Cependant, il est à signaler que cette liaison n’est pas absolue car certaines théories exogènes sont culpabilisantes. Tel est le cas du démon qui punit le malade qui l’a offensé. b) La conception endogène de la maladie Cette conception explique que l’origine de la maladie est dans le malade luimême et donne droit aux notions telles que la disposition, l’hérédité, le terrain du malade. Vu sous cet angle, cette conception est culpabilisante, c’est-à-dire elle rend le malade coupable de sa maladie. Certaines conceptions endogènes déculpabilisent les malades. C’est le cas des maladies héréditaires où on dit que l’individu ne peut pas être tenu pour responsable de son hérédité. 2.3. NOTION DE NORMAL ET D’ANORMAL 2.3.1. Le normal Le concept «normal »renferme une double signification : Ce qui est conforme à une valeur, exemple : il n’est pas normal de voler, de mentir… Ce qui est conforme à une règle : une règle, un règlement, c’est un code de conduite qui est accepté par la moyenne de cas, si pas la majorité de cas dans une société bien déterminée. Les psychologues soulignent les caractéristiques de la vie relationnelle de l’homme quand ils abordent les critères et/ou les descriptions de la normalité humaine. Cette caractéristique de la vie relationnelle est jugée selon deux points de vue opposés : Selon le monde extérieur (physique, social, culturel) auquel l’individu doit s’adapter pour survivre. Ainsi, l’individu est normal quand il se conforme à son milieu ; Selon les règles et propriétés de sa propre individualité, est normal celui qui se conforme à lui-même, à sa propre nature. 2.3.2. L’anormal L’anormalité se définit par opposition à la normalité. La non intégration, l’anticonformisme, le manque d’autonomie et l’écart par rapport à l’homme moyen sont là les termes pour désigner l’anormalité. Anormal signifie aussi ce qui sort de l’ordinaire, qu’il s’agisse d’une fonction, d’une activité, d’un organe, d’une structure ou d’un comportement. 2.3.3. Compréhension des concepts normal et anormal. Les deux concepts se différencient par rapport à la norme établie. Le terme pathologique appartient souvent au domaine d’anormalité mais l’anormalité ne se réduit Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 39 pas au pathologique. L’anormalité est plus que le pathologique. Ainsi, un individu ou une situation exceptionnelle, donc ce qui est anormal peut être sain. Exemples : un génie, un individu qui a six doigts ne sont pas dans la classe pathologique mais ils sont seulement anormaux. De ce qui précède, nous pouvons dire que l’anormal est ce qui s’écarte considérablement de la moyenne statistique et le pathologique est ce qui provoque la souffrance, la maladie. Cependant en médecine, on a tendance à assimiler l’homme normal à l’individu parfaitement sain qui, en toute rigueur n’existe pas. 2.4. LE MALADE 2.4.1. Notion Un malade est une personne qui souffre physiquement ou psychiquement. Il consulte un médecin (infirmier) ou un psychothérapeute pour le diagnostic de sa maladie. Le malade traîne derrière lui toute une histoire dictée par des circonstances physiques ou psychologiques conscientes ou inconscientes. Ces circonstances sont : l’hérédité, le tempérament, le milieu familial et social, l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte… ; le tout constituant l’homme malade. Il existe donc, dans le passé de la personne malade un immense faisceau de circonstances qui convergent vers « aujourd’hui » c'est-à-dire vers le moment où la personne dit : « je suis malade ». En tant que futur infirmier, il importe de savoir que l’homme est un tout indivisible, qu’il ne peut être divisé en des pièces détachées qu’il faut réparer séparément. Vu sous cet angle, la maladie est une réaction de l’organisme dans sa totalité. Cette conception globale ou totale de l’organisme a donné naissance à la médecine psychosomatique. Cette dernière s’occupe à la fois du mental et du corps. Dans la démarche thérapeutique, la dualité corps-esprit doit être mise de côté. Que la maladie soit physique ou psychique, elle est toujours générale. Il y a maladie tout court qui est une réaction totale de l’organisme tout entier et solidaire. 2.4.2. Attitudes du malade et du personnel soignant à l’égard de la maladie. a) La maladie sous l’angle du malade Pour un sujet donné, être malade peut se traduire en trois types de situations psychologiques bien distinctes : 1º Se sentir malade C’est la situation la plus courante et s’exprime de trois manières : l’individu éprouve une affection proprement physique et sent un dérangement ou un dysfonctionnement de son organisme avec ou sans rapport avec son psychisme. Exemple : l’individu éprouve de la céphalée ou il a des nausées ; l’individu appréhende l’arrivée de la mort, sa destruction. Pour cela, il va se réfugier sous une tutelle qu’on appelle « hospitalisation » ; l’individu se dit qu’il n’est pas malade et s’efforce de lutter. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 40 2º L’individu est malade sans le savoir C’est l’extérieur qui fait prendre conscience au sujet de son état de morbidité. Le médecin ou l’infirmier détecte une infection inconnue du sujet. Exemple : l’hypertension lors d’un examen médical de routine. Devant une telle situation, l’individu peut réagir de deux manières : il prend réellement conscience qu’il est malade et cette prise de conscience peut influencer psychologiquement sa vie future et de ce fait, il va se sentir malade et va se soumettre au traitement prescrit par le médecin ou l’infirmier ; l’individu refuse le diagnostic parce qu’il ne se sent pas malade. Il va continuer à vivre son état de santé apparent. 3º L’individu est malade sans le sentir et sans le savoir Deux cas peuvent se présenter : la maladie est inexistante pour le sujet. Exemple : une syphilis à l’état d’incubation. L’aspect pathologique de la maladie a pris corps dans l’organisme sans être vécu par le sujet c’est-à-dire il est à la fois réel et inexistant car la situation actuelle du sujet n’est pas perturbée. le cas d’une pathologie mentale profonde. Il s’agit notamment d’un vrai fou qui ne sait pas qu’il est malade tout simplement parce que le pathologique l’empêche de vivre cette situation et de la reconnaître comme telle. b) La maladie pour le personnel soignant. Le personnel soignant ne ressent aucun mal dans son propre corps mais en revanche, il constate l’état de morbidité chez le malade. Il cherche et trouve des signes positifs et objectifs de la maladie grâce aux résultats des examens cliniques ou de laboratoire. Exemple : l’infirmier constate une tension artérielle de 18/12, le normal étant de 11/9 cm de Hg. Ce constat doit être interprété par le médecin ou l’infirmier et 18/12 signifie l’hypertension artérielle qui constitue une maladie. Cela signifie que l’observateur a valorisé le constat fait et qu’il a donné à ce constat un jugement de valeur (valeur scientifique). 2.4.3. Le statut et le rôle du malade Dans toute société, la situation du malade est régie par des règles qui sont institutionnalisées et codifiées. Bien que les malades mentaux constituent parfois une exception, tout malade possède quelle que soit la nature de sa maladie un statut particulier. Ce statut est fait d’un ensemble de droits et d’obligations étroitement liés. 1º L’exemption des responsabilités La maladie rend le malade incapable de faire face à ses tâches. Il s‘agit d’un état de fait mais aussi de droit. L’importance de cette exemption et sa durée varie avec la société, avec la gravité de la maladie, mais aussi avec le statut social du malade. Plus Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 41 ce statut est élevé, moins l’exemption sera facilement acceptée. Cette exemption des responsabilités tend de plus en plus à être reconnue officiellement sous la forme du « certificat médical ». 2º Le droit à l’aide L’impuissance étant un des éléments du statut du malade, ceci entraîne le droit à l’aide. Ce droit est de nature absolue et repose sur l'idée selon laquelle la maladie est involontaire et que le malade ne peut par conséquent en être tenu pour responsable. Ainsi, le prisonnier, l’ennemi ont droit d’être soignés. L’institutionnalisation du droit à l’aide peut être envisagée à différents niveaux. Au niveau familial, ce sont en général des femmes dont le malade doit attendre l’aide (la mère, l’épouse, la sœur). Au niveau social, l’aide est apportée par l'ensemble des membres de la profession médicale et cette aide est codifiée légalement (la réglementation de la sécurité sociale, de l’assistance médicale gratuite,…) 3º L’obligation de désirer guérir En contrepartie, des deux premiers éléments du statut qui permettent au malade d’obtenir des avantages secondaires, il existe des obligations. Si le malade n’est pas responsable de sa maladie, il est considéré comme responsable de sa guérison. Il a l’obligation de désirer guérir, il n’a pas le droit de désespérer. S’il n'obéit pas à cette obligation, la société lui refusera le statut de malade, ou bien le soignera de force. Dans le cas des malades mentaux, la société se substitue à eux en ce qui concerne cette obligation de désirer guérir. 4º L’obligation de coopérer Le malade désirant guérir est dans l’obligation de faire appel à des aides des spécialistes. Le malade doit coopérer avec le soignant et cette coopération s’explique par une véritable déontologie du malade en partie implicite (l’obligation de suivre les conseils, les recommandations, les prescriptions du thérapeute). L’obligation de la coopération est également liée au statut du médecin ou de l’infirmier. La société oblige le malade à coopérer avec une personne dont elle connaît le statut (le médecin ou l’infirmier diplômé), mais lui retire les avantages de son statut de malade s’il appelle à son aide une personne dont le statut n’est pas reconnu. Exemple : la sécurité sociale ne rembourse pas les consultations d’un guérisseur. 2.5 LE MEDICAMENT 2.5.1. Notion et origine du médicament Un médicament est une substance ou un mélange des substances pour lutter contre les maladies. Les médicaments proviennent de quatre sources : 1ºLes médicaments d’origine végétale : le domaine végétal a été le plus exploité et les plantes ont été et continuent à être utilisées dans la fabrication des médicaments. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 42 On extrait de ces plantes des principes actifs pour combattre la toxine injectée par le microbe. Exemple : la pénicilline est extraite des champignons. 2ºLes médicaments d’origine animale : le règne animal a été le dernier à être exploité dans la médication. Cependant, depuis longtemps, certains aliments ont été largement utilisés en médecine tel que : le lait, le miel et certaines huiles. Certaines substances d’origine animale ont été extraites pour soigner certaines maladies : l’insuline, la progestérone. Des sérums ayant des caractéristiques thérapeutiques sont utilisés pour soigner certaines maladies infectieuses. Exemple : le sérum antitétanique. 3ºLes médicaments d’origine minérale : ces médicaments sont très anciens et proviennent de deux grands groupes de compositions chimiques : les métalloïdes comme l’oxygène et l’iode ; les métaux comme le potassium et le fer. 4º Les médicaments d’origine synthétique : ils sont des médicaments de préparation récente, issus de certains éléments naturels et fabriqués dans des laboratoires par des chimistes. Exemple : la chloroquine, l’aspirine. 2.5.2. Importance des médicaments C’est seulement dans des situations pathologiques qu’il est recommandé d’utiliser les médicaments. Chaque médicament se caractérise par sa capacité pharmacodynamique c’est-à-dire sa capacité de lutter contre une maladie spécifique et particulière. Exemple : l’aspirine diminue la douleur et fait baisser la fièvre Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 43 Chapitre 3.LE MALADE ET LE MILIEU HOSPITALIER 3.1. LE MILIEU HOSPITALIER L’hôpital est une institution destinée à dispenser les soins médicaux, chirurgicaux, obstétricaux et spéciaux et cela, dans les meilleures conditions techniques et psychologiques possibles. Cette institution permet également l’enseignement et la recherche. L’hôpital n’est pas seulement un ensemble de locaux et de techniques de diagnostic de soins, c’est aussi un endroit où se rencontrent au quotidien de multiples catégories sociales. De ce fait, l’hôpital est un carrefour d’humanité, une organisation revêtant un caractère médical et social dont la fonction première consiste à assurer à la population des soins médicaux complets (curatifs et préventifs). Il faut que l’hôpital soit confortable et le personnel accueillant pour que les malades se sentent à l’aise. La multiplicité des personnes œuvrant au sein de l’hôpital gravite autour du malade qui est leur centre d’intérêt et leur raison d’être et d’agir. Hospitalier évoque par son étymologie l’idée de logement et de soins dispensés généralement avec une gentillesse spontanée et hospitalière. D’après le langage courant, la personne qui reçoit de grand cœur ceux qui peuvent avoir besoin d’une aide et qui pourvoit aux besoins de ses hôtes avec beaucoup de sollicitude est qualifiée d’hospitalière. 3.2 FACE TECHNIQUE DE L’HOPITAL 3.2.1. Le personnel soignant Le bien du malade sera l’objectif primordial de l’infirmier. Le malade a droit d’être soigné le mieux possible. Nul n’ignore les conséquences néfastes de la séparation d’un patient d’avec les membres de sa famille. L’hospitalisation peut fragiliser, traumatiser le patient. Il regrette en même temps un changement brutal du milieu, une angoisse accentuée par l’atteinte organique et enfin un séjour dans un établissement qui n’offre pas les conditions sécurisantes et dont l’inactivité et les chocs émotionnels aggravent cette séparation. Aux yeux du malade, l’établissement hospitalier n’est pas attrayant, son hospitalisation est une preuve que son état de santé est déficient. La réputation d’un hôpital dépend de la qualité de son personnel tant au plan technique que moral. Le personnel s’occupe non seulement des fonctions techniques (examens, surveillance, soins médicaux…) ; mais il doit continuer à donner au malade de bonnes conditions d’accueil et d’hospitalisation, conditions aussi bien morales (sentiments de sécurité, la paix du cœur) que matériel (le confort). Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 44 Le personnel soignant doit afficher devant le malade un comportement psychothérapeutique indiqué car l’amélioration ou l’aggravation de la maladie dépend aussi des rapports humains entre le malade et le personnel soignant. Le comportement psychothérapeutique se caractérise par la compréhension vis-à-vis du malade et se traduit par les principes suivants : 1ºLe malade quel que soit le degré de sa maladie doit être considéré comme un vrai malade c’est- à- dire un être qui souffre et qui a besoin d’une assistance. 2ºLe malade ne demande que du personnel soignant un effort de compréhension. Tous les aspects du comportement affiché par le malade ont un sens même si on n’arrive pas à les déceler. 3ºEntre le malade et les membres du personnel, doivent s’établir des rapports affectifs. Les sentiments éprouvés par ce personnel vis-à-vis du malade agissent sur ce dernier et inversement. D’où il y a toujours interaction, ce qui fait que le personnel soignant modifie le sentiment du malade à son égard et cela dans un bon ou dans un mauvais sens. 3.2.2. L’accueil du malade à l’hôpital et le processus d’hospitalisation 1º L’accueil du malade à l’hôpital Le client qui se présente à une clinique ou à un centre de santé a besoin d’une ambiance sympathique. Il ne doit pas se sentir isolé, dépersonnalisé. Le personnel de l’institution a le difficile devoir de réaliser pour lui la conciliation du maximum d’humanité (courtoisie à l’entrée du malade) avec le maximum de technicité. L’arrivée du malade et son admission à l'hôpital établissent des rapports entre le personnel soignant et la personne confiée à ses soins. La première impression que le malade a au contact avec l’hôpital est très importante car cette impression influe sur l’état d’âme du malade en ce sens que son bien-être mental peut être influencé positivement durant toute la durée de son séjour à l’hôpital. Les rapports qu’il entretiendra avec le personnel soignant subiront la même influence. Un accueil bienveillant crée chez le malade une sensation de confiance vis-à-vis des médecins et des infirmiers. Il s’en dégage aussi une impression de sécurité. Cette sensation et cette impression procurent effectivement un sentiment de sécurité chez le malade dans la mesure où le fait d’être hospitalisé est ressenti comme un abandon par la famille. Le personnel hospitalier se substitue en quelque sorte à la famille en prenant en charge le malade pour ses soins et en veillant à son bien-être. Les concierges, les brancardiers, les autres personnes de service et les infirmiers sont presque toujours les premières personnes auxquelles le malade s’adresse à son entrée à l'hôpital. Leur rôle est de fournir des informations, d’accompagner, d’aider le nouveau venu et de le transporter au besoin jusqu’à la salle d’attente ou à la salle d’examens. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 45 Il faut noter qu’en arrivant au centre de santé ou à l’hôpital, le malade a soif de rencontrer au plus vite un médecin. Dès l’arrivée du malade à l’hôpital, la présence du médecin ou de l’infirmier s’impose. La disponibilité d’un médecin est un facteur important de la réputation de la formation médicale. Un hôpital ou un centre médical où les médecins sont permanents influence les malades car, d’une manière générale, les malades se sentent soumis et satisfaits au contact avec un médecin et non pas avec le personnel paramédical. Plusieurs centres de soins ont créé une fonction de l’accueil et en ont fait un service. Des personnes reçoivent les clients et les visiteurs, les dirigent vers le guichet, communiquent les unités de soins. Elles conduisent le client à l’unité assignée dès que les formalités sont complétées et le présentent par son nom aux infirmiers qui le prennent en charge. L’infirmier qui le reçoit accomplit le devoir de maintenir l’impression favorable. saluer le client présenté par son nom, se nommer soi-même, expliquer sa fonction ; accueillir le malade aimablement dans une atmosphère de calme, de confiance, en lui témoignant un affectueux intérêt ; s’efforcer de réaliser la situation du malade: tact, délicatesse dans l’accueil, compréhension dans son état d’âme ; créer l’ambiance qui engage à la communication avec le patient et ceux qui l’accompagnent ; s’adapter à l’âge du malade : la psychologie spéciale des personnes âgées, adultes, enfants, futures mères,… 2º Le processus d’hospitalisation L’examen préliminaire permettant l’admission et la prescription des premiers soins exercent une influence psychologique sur le malade. Cet examen doit donc s’effectuer proprement et rapidement car, si le malade doit attendre longtemps, il donnera des signes de malaise pouvant aller jusqu’à la protestation. Il importe que cet examen ne soit pas sommaire (superficiel) car il peut donner au patient l’impression de n’être qu’une simple formalité ou un simple contrôle médical. Il arrive que le malade soit hospitalisé. Dans ce cas, c’est l’infirmier responsable de service qui accueille le malade dans le service où il devra séjourner. Cependant, la relation entre l’infirmier et le malade dépend non seulement de la personne assistante mais aussi de la personne assistée. Le caractère du malade, les attitudes qu’il prend vis-à-vis du milieu qui l’entoure et des personnes constituant ce milieu revêtent une grande influence. Il est à souligner aussi que le comportement du patient est influencé dans la plupart de cas par son état pathologique. Ainsi, devant tout malade hospitalisé, l’infirmier doit : Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 46 assurer le bien-être du malade, prendre tout son temps et ne pas être pressé ; avoir des gestes et attitudes détendus et bienveillants. Les soins doivent être donnés à temps opportun et de bonne qualité. L’infirmier chef doit répondre aux appels du malade le plus rapidement possible sans être pour cela à la merci de ses caprices ; dans ses contacts avec le malade, l’infirmier doit plus considérer le malade en tant que personne totale et dans une perspective de l’unité corps et esprit ; converser avec le malade afin que celui-ci puisse lui confier tout sur son état de santé, sur sa famille et ses problèmes ; s’efforcer de mettre le malade à l’aise pour qu’à l’hôpital, il sente comme s’il était dans son propre foyer. Pour cela, l’infirmier devra se montrer serviable et entourer le malade des soins attentifs, tout faire pour qu’il ait le nécessaire à sa disposition. Pendant son séjour, l’accueil doit rester stable et permanent pour maintenir la confiance et la sécurité chez le malade ; l’infirmier doit éviter de donner l’impression aux malades d’une discrimination volontaire de sa part. 3º Les visites aux malades Les visiteurs assurent la liaison entre la vie sociale et l’hôpital. Ils sont nécessaires et désirables pour combattre chez le malade la sensation douloureuse de l’isolement, de l’ennui et surtout de l’abandon. L’ennui ou l’isolement engendrent un état d’aspect négatif et pousse le malade à devenir hostile face à tout ce qui fait partie du milieu hospitalier. La présence des visiteurs lui procure l’apaisement, le soulagement et contribuent même à la guérison du malade. Les visiteurs doivent toutefois se soumettre au règlement de l’hôpital et respecter le repos du malade. 3.3. LES RELATIONS HUMAINES A L’HOPITAL 3.3.1. Relations entre le malade et le personnel infirmier Les infirmiers doivent recevoir une formation morale et professionnelle solides les préparant d’affronter les malades. L’infirmier doit respecter la personnalité du malade, l’aimer, alléger ses souffrances physiques et morales, le réconforter, le soutenir, l’assister avec abnégation (sans attendre une contrepartie du malade). 3.3.2. Relations entre malade et médecin Ces relations sont basées d’un coté sur ce que l’hospitalisé attend du médecin et ce qu’il comprend de l’action médicale et de l’autre, ce que le médecin comprend de l’attente du malade et comment il y répond. Ainsi, l’état psychologique d’un malade entrant dans un service hospitalier est très complexe et dominé par l’inquiétude, l’anxiété, l’incertitude et également la tristesse. C’est pour cela qu’on demande au personnel soignant de comprendre le malade, de le rassurer, de l’encourager, de l’informer et de l’éduquer sur sa situation. Le malade ne doit être considéré comme un Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 47 nécessiteux et le médecin ne doit pas le voir comme un cas purement clinique. Le médecin doit respecter la personnalité du malade, sa dignité, son degré de culture, ses opinions et ses sentiments. Pour ce faire, le médecin doit : permettre au malade de s’exprimer directement et librement avec lui pour qu’il lui confie tout ce qui concerne son état ; faire en sorte que les commentaires et les discussions se fassent après l’examen et à l’absence du malade ; réserver un moment de la journée pour recevoir le malade car il y a des confidences difficiles à dire devant une tierce personne ; répondre à chaque question du malade et devant une question difficile, éviter de se montrer ignorant ou de dire que la question est très compliquée. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 48 Chapitre 4 : LES ACTES MEDICAUX ET LE COMPORTEMENT DU MALADE 4.1. LA CONSULTATION La consultation est un examen d’un malade par un médecin ou un infirmier dans son cabinet. Il s’agit aussi de l’ensemble des informations et des conseils que le médecin ou l’infirmier donne au malade au cours d’un examen médical. En effet, lorsque le sujet se rend à une consultation, il y a déjà en lui certaines attentes dirigées vers la consultation et vers le consulté ; ce qui fait qu’au départ, le malade éprouve une anxiété, une crainte. La première impression qu’il aura de la consultation peut augmenter son anxiété et sa crainte, soit les sublimer. C’est pourquoi, le médecin ou l’infirmier doit adopter une attitude de confiance lors des consultations. Une personne qui se sent malade vient consulter le médecin et ce dernier a le devoir de connaître aussi exactement que possible les symptômes pour pouvoir définir la maladie. La technique qui permet d’y parvenir est donc la consultation qui passe par les phases suivantes : 1º L’anamnèse a)Notion C’est l’histoire du malade, l’ensemble d’informations fournies par le malade ou par son entourage sur les circonstances qui ont précédé la maladie ou l’état pathologique du malade. L’anamnèse est importante parce qu’elle fournit des indices suffisants pouvant aider le médecin à poser le diagnostic ou alors à orienter les examens médicaux ultérieurs. Le médecin a également besoin de savoir le type de traitement reçu avant d’arriver auprès de lui, les autres maladies dont le sujet a souffert, les habitudes alimentaires, sa vie privée et intime,… b) Difficultés de faire l’anamnèse Le manque de temps de la part du médecin conduit à raccourcir l’anamnèse. Pour compenser ce manque de temps, il faut s’arrêter aux faits importants et rechercher les priorités ; L’incompréhension linguistique : il est recommandé au médecin de connaître la langue locale du milieu dans lequel il travaille ; Certains malades exagèrent les symptômes dans l’espoir de recevoir des médicaments plus forts, certains autres minimisent les symptômes par peur ou par honte ; Certains malades ont difficile à avouer qu’ils ont utilisé des médicaments indigènes par honte ou par peur ; Très souvent, le symptôme principal n’est pas avoué ou mentionné par peur ou par honte. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 49 c) Principes de l’anamnèse - Le médecin ou l’infirmier doit savoir se taire ; - Laisser parler son patient. Le soignant n’a pas à introduire sa problématique psychologique dans la relation avec le malade ; Il doit à l’aide des questions, relancer le dialogue, diriger et orienter discrètement l’entretien. Il doit éviter les questions auxquelles on répond par oui ou non car elles ferment automatiquement le dialogue. Il existe trois formes de l’interrogation de l’infirmier ou du médecin : Le questionnaire standardisé : le soignant interroge en se référant à une grille préétablie des questions-types. Il ne tient pas compte des variations interindividuelles qui peuvent survenir de l’un ou l’autre. Le harcèlement : faute de temps suffisant, le soignant tente de faire avouer au malade le plus rapidement possible la vérité sur sa maladie. L’infirmier ne donne pas la parole au patient et donne lui-même les réponses aux questions qu’il pose. Il croit être plus sûr de ce qu’il voit chez le malade que de ce que celui-ci pouvait lui dire. Le soignant pose le diagnostic en exerçant l’impérialisme du regard pour que le malade réponde vite et précisément ce qu’il veut qu’il réponde. N.B. Beaucoup de soignants considèrent la parole du malade comme inutile car elle ne véhicule que des croyances et des pseudo-vérités médicales. Ils négligent la parole du patient sous prétexte qu’il ne sait rien et qu’il ignore tout de la médecine. Notons qu’il est difficile de comprendre et de traiter la maladie sans se mettre à l’écoute du discours privé du patient. 2º L’examen physique Il complète les données obtenues par l’anamnèse et porte sur l’état général du malade : a-t-il l’air souffrant, est-il faible, maigre, parle-t-il?,… L’examen physique porte aussi sur les signes vitaux, le pouls, la température, la tension,… et aussi c’est un examen détaillé de différentes parties du corps. 3º Les examens de laboratoire Ils ne sont pas toujours nécessaires mais parfois, ils sont indispensables et utiles pour mieux mener un traitement ou alors comme mesure prophylactique afin de traiter le sujet avant que l’affection n’ait fait des dégâts plus graves sur l’organisme humain. 4º Le diagnostic Le diagnostic est fait après les résultats de l’anamnèse, de l’examen physique et éventuellement des examens de laboratoire. Poser un diagnostic c’est procéder à un étiquetage exact de la maladie dont se plaint ce malade. C’est l’étape la plus importante et la plus difficile et même la plus délicate de la procédure médicale. Parfois, certains Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 50 symptômes sont communs à plusieurs maladies. Exemples : la fièvre, la céphalée, l’amaigrissement,… Pour cela, il faut un diagnostic différentiel c’est-à-dire propre à chaque symptôme. 5º La prise de décision et de traitement Suivant le diagnostic obtenu, une des décisions suivantes peut être prise : diagnostic inconnu ; diagnostic probable (supposé ou hypothétique) ; diagnostic sûr. Le médecin doit être sûr de son diagnostic car sa décision de traiter un malade est une décision grave Etant donné que la décision de traiter un malade sur place est une décision grave ; il faudra être sûr du diagnostic et être sûr de soigner l’affection en cause sans causer préjudice au malade par un traitement incomplet. L’observance de tous les soins qui entourent un traitement est de stricte exigence. Le médecin doit connaître pour chaque médicament, des indications et des contre-indications et doit s’efforcer de soigner une maladie et non pas seulement des symptômes. 6º La prescription La façon de prescrire en médecine influence l’action du médicament. Le fait de prescrire est à lui-même un fait thérapeutique en ce sens qu’il introduit de l’ordre dans le comportement du malade. Désormais, le patient sait ce qu’il doit faire, et il en est de même pour son entourage. Quelques caractéristiques de la prescription : La prescription doit être apaisante et rassurante : le comportement du médecin ou de l ‘infirmier au cours de la prescription est important. Il doit être calme et attentif, ses gestes doivent être lents et précis ; Le médecin ou l’infirmier ne doit manifester ni la hâte ni l’hésitation, il doit savoir ce qu’il faut faire. « Le médecin doit savoir qu’il ne faut rien faire plutôt que de montrer au malade qu’on ne sait rien faire » ; il doit savoir que dans certains cas, il suffit d’un petit geste habilement exécuté comme par exemple une injection calme qui suffirait pour déterminer une attitude favorable à l’action thérapeutique ; Une prescription doit être écrite à la main (non à la machine) et rédigée sans ambiguïté car il arrive de fois que la prescription du médecin ou de l’infirmier s’écarte des indications qui sont sur le prospectus (notice rencontrée dans la boîte du médicament, mode d’emploi trouvé sur l’emballage) ; Bien préciser la durée de la prescription : de préférence, le délai doit être court car ça favorise l’attitude de confiance chez le malade ; Le prix de l’ordonnance n’est pas différent de celui de l’acte médical. En effet, la valeur d’un médicament comme celle d’un acte médical tient au prix qu’il faut payer pour obtenir la guérison. Ce prix est un sacrifice nécessaire que le malade doit consentir et ce sacrifice se traduit souvent en argent nécessaire pour payer le médicament et les honoraires du médecin ou de l’infirmier. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 51 7º La communication du diagnostic. La question qui se pose est celle de savoir s’il faut communiquer au malade et à son entourage le diagnostic posé, mais aussi de quelle manière faut-il le communiquer. En effet, dès la phase de l’examen physique, le médecin ou l’infirmier doit être amené à donner quelques explications sur tout geste qu’il pose, il devra aussi informer le malade lorsqu’il aura conclu sur son état de santé. A ce propos, il existe des règles générales relatives à ce qui doit ou ne doit pas être communiqué. Dans cette perspective, la question qui se pose chez le médecin ou l’infirmier est la suivante : « quelle effet produira sur le patient qui est devant moi la communication de tel élément de mon examen ou de mon diagnostic ? » Pour répondre à cette question très capitale dans l’acte médical, il faut retenir et se référer aux points suivants : Il faut éviter de communiquer au patient des doutes, des indices incertains, des suppositions. Pareilles communications font plus du tort que du bien au malade déjà anxieux. Le médecin ou l’infirmier a palpé une masse dans le ventre et cette masse a attiré d’abord son attention. En continuant son investigation, il constate que c’est une masse bénigne c'est-à-dire sans signification pathologique. Autant ne pas communiquer cela au malade. Si, au lieu de vous taire, vous dites ceci au patient : « j’ai palpé une petite masse à cet endroit-là mais ne vous inquiétez pas, c’est sûr que ce n’est pas un cancer ». Cette communication rassure le médecin ou l’infirmier lui- même et non le malade qui a entendu et retenu trois mots : masse, inquiète et cancer. Si après l’examen physique le médecin ou l’infirmier reste incertain et songe aux autres examens complémentaires de laboratoire par exemple, il convient de le demander plus immédiatement plutôt que de le remettre à plus tard. Les examens demandés plus tardivement inquiètent le malade qui se demandera si cette procédure n’implique pas une nouvelle inquiétude du médecin ou de l’infirmier sur son cas ; Il n’y a pas de raisons de communiquer au malade seulement des constatations pathologiques mais aussi il faut insister sur certains aspects favorables de la situation qui peuvent influencer le traitement et la guérison ; Si l’affection implique une intervention chirurgicale, il y a avantage à exposer au malade l’affection en question avec précision. Il faut également lui expliquer l’ensemble du programme thérapeutique, en y incluant la réadaptation ; Concernant les affections pour lesquelles on prévoit une issue fatale, les avis sont partagés. Quoiqu’il en soit, il importe de se demander ce que le malade fera de l’information qu’on lui donnerait. On distingue à ce sujet plusieurs catégories de malades dont les principales sont : les malades ayant une forte personnalité c'est-à-dire, ceux capables de mettre à profit d’une manière constructive le temps de vie qui leur reste pour préparer leur mort et prendre toutes sortes de dispositions utiles à Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 52 l’égard de leur famille. C’est une catégorie de malades qui sont en général reconnaissants au médecin ou à l’infirmier de cette prévention ; les malades ayant une personnalité fragile c'est-à-dire ceux incapables de faire face à une situation dramatique. Donc à ceux-là, il faut cacher la vérité. NB. Il faut se méfier de certains malades qui réclament la vérité en faisant appel à leur courage ou à leur sérénité. Bien souvent, ce sont ces malades qui s’effondrent les premiers à l’annonce de l’information et qui vont parfois jusqu’au suicide ; Il y a des affections qu’on appelle « incurables » ou dangereuses. Devant tels cas, il faut s’abstenir d’adopter une attitude d’abandon en disant par exemple qu’il ne reste plus rien à faire. Si vous agissez de cette manière, vous condamnez à la mort le malade c'est-à-dire vous précipitez sa mort. NB. Si l’information ne peut pas être donnée au patient, il est mieux indiqué de la porter à l’un de ses proches et le choix de ce proche doit se faire avec discernement. Si la mort est proche et inéluctable (inévitable) et si le médecin ou l’infirmier est convaincu que tout est perdu, il est extrêmement important de communiquer au proche et avec conviction que tout a été fait et qu’à cela ne tienne, on continue à tout faire pour sauver le malade. Si la mort survient, personne ne pourra se reprocher plus tard de n’avoir rien fait pour sauver ceci ou cela. L’assurance de la part du médecin ou de l’infirmier est très importante parce que lorsqu’un être cher est emporté par la mort, les membres de famille présentent des réactions particulières appelées « réactions de deuil ». Ces réactions sont caractérisées par le sentiment d’inquiétude et de culpabilité, ceux qui survivent sont anxieux et se reprochent à l’égard de la mort. Bref, il surgit l’inquiétude ou même l’angoisse à l’idée de n’avoir pas fait tout ce qu’il aurait fallu faire pour sauver l’être disparu. 4.2. LE COMPORTEMENT DU MALADE 4.2.1. Notion L’étude de la psychologie du malade doit essentiellement s'occuper des points suivants : La connaissance du malade, de son milieu et de son éducation ; Les réactions vis-à-vis de la maladie ; L’étude de différents milieux hospitaliers ; La conduite de l’infirmier suivant les différents états psychologiques (exemple : la façon dont le malade se présente devant vous). Les gens travaillent à l’hôpital parce qu’ils le veulent bien ; d’autres y viennent comme malades parce qu’ils sont obligés. La maladie crée de l’inquiétude : lorsqu’elle Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 53 apparaît, l’homme perd son équilibre et on lit cette inquiétude sur son visage. Cela se manifeste également dans la conversation du malade à la maison, autour du lit, dans la salle d’attente du médecin,… D’habitude, la maladie provoque un choc ; aucune personne en bonne santé ne s’y attend, c’est une menace pour l’équilibre personnel, une situation qui crée le besoin d’abandonner les activités normales pour se faire protéger et soigner. Les craintes des malades portent parfois sur un détail d’hospitalisation, sur le souci de la famille qu’ils ont abandonnée, sur la perte de leur salaire ou sur le coût énorme d’hospitalisation. 4.2.2. Le malade et ses problèmes Une maladie grave qui exige une hospitalisation et divers traitements médicaux ou chirurgicaux s’accompagne généralement des réactions affectives ; certains malades expriment ouvertement leur peur et leur anxiété, d’autres essaient de les contrôler ou de les nier, d’autres encore réagissent par des grands changements d’humeur et de comportement. L’infirmier observateur et sensible peut aider le malade en lui donnant la possibilité de discuter de sa maladie et les problèmes qui s’y associent et en acceptant l’expression de son anxiété. Certains malades dont les besoins affectifs et psychologiques ne sont pas compris peuvent réagir en devenant hostiles et exigeants. Ils ont des difficultés à accepter les limitations que leur impose la maladie. Ici, il faut aider le malade dans ses caprices. Le personnel soignant a tendance à considérer le malade comme non coopératif et ingrat. Dans ce cas, ce personnel ne doit pas adopter une attitude négativiste car elle renforcerait et prolongerait le comportement anormal du malade. 1º Le malade a un certain passé Le malade est un être qui a son histoire. Il existe dans le passé du malade un faisceau immense de circonstances qui convergent vers aujourd’hui c'est-à-dire vers le moment où la personne déclare « je suis malade », « je ne suis plus comme tout le monde en ce qui concerne ma santé ». Les circonstances sont physiques et psychologiques, conscientes et inconscientes : son hérédité, son caractère, son tempérament, ses parents, ses enseignants, son milieu religieux, ses emplois, ses réussites et échecs, sa sexualité, son mariage,… 2º Le malade vit dans l’infantilisme et le complexe d’infériorité Le malade croit que l’infirmier est seul la source de sa vie ou de sa mort. En plus, le malade se croit lui-même inférieur aux autres. Il cherchera à réagir contre ce sentiment d’infériorité pour s’affirmer en tant que personne humaine. Face à cette situation d’infantilisme et de complexe d’infériorité, il résulte certains comportements tels que l’insolence, l’agressivité, l’exigence, l’impolitesse, l’opposition, les plaintes, les Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 54 appels incessants, …L’infirmier doit être compréhensif comportement à la situation du malade. et essayera d’ajuster son 3º. Le malade vit dans la peur, l’angoisse, le désespoir et la dépression La maladie est considérée comme une diminution de l’individu, il a peur de la mort ou de la perte d’un membre, d’un organe. Souffrant de toute autre conséquence fâcheuse de sa maladie, il va exiger les médicaments les plus efficaces. Tous ces comportements visent la sortie immédiate de cette situation d’angoisse. Et si la maladie dure un peu, c’est le désespoir qui s’installe. L’infirmier doit s’en occuper si non il va enregistrer beaucoup de plaintes et s’il ne répond pas à ces plaintes, le malade s’isole, se renferme sur lui-même ou bien il devient exigeant et insolent. La mort devient le terme principal de ses propos. 4º Le malade est un parasite Pour le malade, sa vie ou sa mort dépend de son entourage, il cherche une solution morale chez tout le monde. Il devient très dépendant et voudrait que tout le monde le regarde et ait pitié de lui. C’est le sens des gémissements très fréquents. Conscient de l’écartement de son milieu de travail, de ses amis, il ressent un sentiment de désillusion, comprend vite qu’il devient une charge pour les siens et pour la collectivité, connaît l’humiliation et la peur et commence à s’interroger. 5º Le malade vit dans l’espoir Cet espoir est assez fragile, car il est basé sur la confiance que le malade a eue de l’efficacité des médicaments qui lui sont donnés ou encore sur la cordialité du personnel soignant. Mais une fois que la maladie dure un peu et que la guérison tarde, le désespoir revient avec force. 6º Le malade sur- actif C’est un malade qui a des périodes d’excitation spontanée. Il semble infatigable, déborde d’activité, mentalement hyper excité, affectivement instable et très sûr de luimême. Ces manifestations sont de degrés variables chez les malades atteints d’alcoolisme, d’artériosclérose, de blessure du crâne,… Il y a des malades qui dépensent beaucoup d’énergie. Dans ce cas, l’infirmier est responsable d’une thérapeutique centrée sur l’encouragement et la protection qui sont essentiels pour ces malades. Devant un malade surexcité, l’infirmier doit lui expliquer les conséquences de sa surexcitation. Il doit empêcher également le malade de se blesser ou de blesser les autres, il doit l’empêcher de s’épuiser et montrer au groupe qui l’accompagne qu’il ne vous gêne pas. Il ne doit pas montrer qu’il est repoussé ou diminué par les attitudes négatives de son patient. Il doit être ferme, aimable, tolérant, prévoyant et doit tout faire pour essayer de comprendre les raisons du désordre, de son activité. On rencontre ce symptômes dans les états suivants : artériosclérose, épilepsie, sénilité, lésion de la moelle épinière et dans les états toxiques. Dans ces cas, l’infirmier devra encourager le malade à se sentir en sécurité pendant cette période. Il doit comprendre la réaction du Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 55 patient, lui montrer son intérêt et son souci sera de l’aider à s’adapter et accepter les limitations imposées par sa maladie. Par contre, la création d’un rapport avec le malade sous-excité, sous-actif, déprimé est un processus long, ennuyeux et surtout décourageant. Des jours, des semaines et même des mois peuvent s’écouler avant que le malade ne commence à répondre. Il peut s’intéresser à son bien-être, l’encourager en dépit de son antipathie et de son manque de réactions. Il faut passer beaucoup de temps avec lui et lui fournir le soutien effectif dont il a tant besoin. 7. Le malade inadapté C’est un malade qui a des difficultés de s’adapter à son entourage et manifeste de façon anormale, les symptômes de nervosité, palpitation, insomnie, asthénie, anxiété, impossibilité de se concentrer, plaintes somatiques vagues sans lésion organique manifeste, trouble gastro-intestinaux, fatigue. Ces manifestations peuvent être déclenchées par une blessure, une infection, une maladie chronique. L’infirmier devra éviter des préjugés au sujet du malade, il doit apprendre à ne jamais sousentendre qu’il ne croit pas à la maladie d’autrui ou de son malade. Il doit donc se garder de porter un jugement facile en disant par exemple qu’il n ’y a pas de cause organique à sa maladie, que le malade ne ressent rien, ne fait que perdre le temps de l’infirmier, sa patience et même ses soins. L’infirmier doit utiliser sa science pour établir de bonnes relations avec le malade dans un effort pour gagner sa crédibilité. Le fait de le rassurer et le fait de l’encourager sont d’excellentes techniques utilisées dans le traitement de ce genre de maladies. 8. Le malade âgé C’est tout malade vieillissant qui a des altérations cérébrales provoquant des modifications de l’activité intellectuelle et du pouvoir d’adaptation à son milieu. Certaines personnes sont victimes de l’âge avant 60 ans, d’autres qui ont plus de 70 ans sont encore capables d’ agir et de réagir face aux réalités et aux circonstances de la vie. La réaction à la vieillesse est donc fonction de l’individu. D ‘origine grecque, le mot « gériatrie »signifie soins des personnes âgées. C’est aussi une partie de la médecine qui étudie les maladies dues au vieillissement. Elle comprend la prévention de maladies et les soins des personnes âgées en portant une attention spéciale aux besoins créés par le phénomène de vieillissement. « La gérontologie »est quant à elle l’étude du phénomène de vieillissement qui commence à la naissance et se poursuit jusqu’à la mort ; mais qui s’accélère à mesure que l’âge augmente. Les changements physiques ou psychiques subis au cours de diverses étapes ou périodes de vie occasionnent la désintégration du soma amenant graduellement la réduction des possibilités de toutes les fonctions organiques. Enfin on appelle « sénescence », le processus de vieillissement normal et « sénilité », la détérioration physique et psychique prématurée. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 56 Certains facteurs influencent le vieillissement. Ils sont intrinsèques lorsqu’ils proviennent de l’intérieur de l’être tel que l’hérédité, la constitution physique, l’usure par le travail ou la maladie, les préoccupations, les chocs émotifs. Ils sont extrinsèques lorsqu’ils viennent du milieu : pollution de l’air par des déchets et les bruits, le tabagisme, l’alcool, la drogue, la pauvreté, la misère. Les réactions physiologiques et psychologiques au processus de vieillissement peuvent s’intensifier lorsqu’un malade très âgé est transféré de sa maison à l’hôpital. Sa peur de mourir, d’être abandonné, de rester seul, indésirable,… est renforcée par sa séparation d’avec sa famille et ses amis. Un climat de compréhension du malade avec ses qualités, ses défauts, ses problèmes et ses limitations peuvent rendre possible son traitement. Les objectifs à poursuivre seront donc les suivants : aider le malade à s’adapter au milieu hospitalier ; l’aider à agir aussi indépendamment que possible ; l’aider à prendre part aux activités journalières ; lui fournir des explications à travers lesquelles il retrouvera sa dignité ; lui donner son propre estime ; l’aider à retrouver le contrôle de ses fonctions corporelles ; lui fournir des activités pouvant l’aider à lutter efficacement contre sa régression et sa détérioration ; maintenir le régime alimentaire le meilleur possible ; l’aider à fréquenter les autres dans la mesure de ses possibilités ; signaler avec précision ses réactions aux médicaments ; l’aider à exprimer ses sentiments et à communiquer efficacement avec les autres. 4.2.3. Attitudes du malade envers le médicament et le phénomène placebo 1º Attitude du malade envers le médicament La valeur d’un médicament dépend du sujet qui le consomme, la confiance accordée au médicament par le sujet est fonction des facteurs suivants : l’attitude du malade à l’égard de la médecine : si le sujet a une attitude favorable envers la médecine c’est-à-dire s’il croit au bienfait de la médecine, le médicament peut trouver un terrain propice physique et psychologique et produire des effets escomptés; la confiance que l’on a vis-à-vis du personnel soignant qui a conseillé ou prescrit le médicament ; la réputation ou l’apparence du médicament (emballage, forme pharmaceutique, le prix,…). Dans la plupart de cas, l’introduction d’un médicament dans l’organisme exerce en grande partie son action par des mécanismes psychologiques. Un des aspects Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 57 psychologiques le plus importants de la thérapeutique médicale est constitué par ce qu’on appelle « effet placebo ». 2º Le phénomène placebo Du latin « placere » (plaire), placebo désigne une substance ayant une forme pharmaceutique mais ne contenant aucun produit pharmacologiquement actif. En d’autres termes, le placebo est un produit prescrit pour plaire au malade. Le terme placebo a été utilisé depuis le 18ème siècle dans les pays de langue anglaise pour désigner un médicament sans action réelle que le médecin ou l’infirmier donne au malade pour lui plaire. 3º L’effet placebo L’effet placebo est constitué des modifications objectives ou subjectives de l’état du sujet auquel on a administré-en milieu médical-un corps sans action pharmacodynamique propre appelé placebo. Et quand on a administré un placebo aux malades et qu’on observe des modifications de leur état, on dira qu’ils sont sensibles au placebo. Certains sujets par contre voient leur état non modifié : ils sont qualifiés de non sensibles au placebo. Lorsque les sujets réagissent au placebo, la modification observée est dans le sens d’une amélioration de leur état pathologique. C’est le cas auquel répond l’étymologie du terme. On peut dire que ces personnes sont sensibles au placebo d’une manière positive. Il existe cependant des personnes qui réagissent au placebo en ressentant une aggravation de leur état, en accusant des troubles qu’ils ne présentaient pas auparavant, ce qu’on appelle pour les médicaments actifs les « effets secondaires ». Ce sont les sujets sensibles au placebo d’une manière négative. 4º Les facteurs de l’effet placebo a) La maladie comme facteur de l’effet placebo La sensibilité au placebo varie selon la nature de la maladie, l’origine de la douleur. Notons que les symptômes purement subjectifs ne sont pas seuls sensibles à l’effet placebo. On a pu mettre en évidence son influence sur les symptômes les plus variés. Exemple : la tension artérielle chez les hypertendus. b) Le malade comme facteur de l’effet placebo La sensibilité au placebo varie selon certaines caractéristiques de la personnalité, selon la disposition générale à la réaction au placebo. En règle générale, les gens qui ont confiance à la médecine ou tout simplement au médecin ou à l’infirmier sont sensibles au placebo (des placebos réacteurs). Ils sont généralement sensibles à d’autres médicaments. Selon certaines recherches, les placebos sensibles sont des sujets bien équilibrés, d’intelligence normale et ayant coutume d’accepter l’ordre établi. Par contre, les non sensibles au placebo (les placebos résistants) sont des gens rigides, fixistes, critiques, ayant l’habitude de s’opposer à tout et à l’ordre établi. Ce sont les négativistes, les pessimistes. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 58 c) Le médecin comme facteur de l’effet placebo L’effet placebo dépend en grande partie de l’attitude du médecin ou de l’infirmier qui administre le placebo. Les médecins optimistes obtiennent de meilleurs résultats que les pessimistes ou les sceptiques ;les médecins affichant une attitude « expérimentale »sera moins efficace Si le soignant est persuadé de l’efficacité thérapeutique du produit qu’il administre, l’effet placebo sera plus marqué que s’il sait qu’il s’agit d’un corps inactif. Cette différence ne provient pas seulement des communications verbales entre médecin et malade. Même si le médecin ou l’infirmier administre le placebo en le présentant au malade comme une drogue active, l’effet sera moins grand si le médecin ou l’infirmier est averti de la nature de ce qu’il donne. Cette connaissance modifiera inconsciemment son comportement et cette modification s’exprimera dans son attitude. Pour de nombreux malades, la seule présence du médecin ou de l’infirmier est un gage de guérison. Il est souvent ressenti comme doué d’une puissance magique, mystérieuse. On voit des douleurs s’atténuer, momentanément du moins, à la seule idée que le docteur va arriver. Cela montre bien l’importance de l’action psychologique du personnel soignant. Les médecins ou les infirmiers savent aussi que la prescription d’un placebo est suivie chez certains malades des guérisons spectaculaires. Certains patients vont jusqu’à dire qu’ils ont été guéris dès l’instant où ils ont avalé la première pilule. L’action chimique de la substance ne peut être responsable de cette guérison et l’action thérapeutique ne peut être attribuée qu’à des facteurs psychologiques. d) Le placebo comme facteur de l’effet placebo La présentation du médicament, la voie d’introduction dans l’organisme, le mode d’administration joue un rôle important dans la production de l’effet placebo. D’une façon générale, les injections et les perfusions occupent la première place dans la production de l’effet placebo, viennent ensuite les comprimés, les dragées et les suppositoires. Le placebo coloré est plus actif que le placebo incolore, celui du goût amer plus actif que le sucré ou sans saveur. N.B. La confiance dans le médicament peut être aussi influencée par le lieu et par l’expérience que l’on a de la thérapeutique .ex. si on a été antérieurement bien soigné ou si on a bénéficié antérieurement d’un médicament ayant un effet favorable, on est plus sensible à l’effet placebo. 4.2.4. Aspect affectif de la relation du malade avec le médecin On constate que le malade recherche d ‘abord chez le médecin ou l’infirmier les qualités morales (conscience professionnelle, dévouement, franchise, autorité,…) autant que les qualités techniques (exactitude du diagnostic, sûreté dans les décisions, connaissances scientifiques,…). La relation médecin- malade est en effet marquée par un attachement affectif particulier du malade envers le médecin ou l’infirmier. Ce type de relation a été surtout étudié dans le cas spécial des malades névrosés traités par psychothérapie. FREUD qui a mis cette relation au centre de son explication des Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation 59 mécanismes « transfert ». psychothérapeutiques, a proposé pour le désigner le concept Pour la psychanalyse, le transfert est la répétition dans la vie actuelle du malade et particulièrement dans ses relations avec le médecin ou l’infirmier, des attitudes émotionnelles inconscientes développées pendant l’enfance vis-à-vis du groupe familial et particulièrement vis-à-vis des parents. Il représente un report sur le médecin ou l’infirmier, des attitudes d’affection, d’hostilité ou d’ambiance, que le malade avait eues antérieurement dans ses relations avec un parent ou avec la personne de son entourage qui en tenait lieu. De façon générale, le transfert est la projection d’un sentiment individuel sur un objet ou une autre personne. C’est aussi un investissement affectif du malade sur le médecin ou l’infirmier. On distingue : 1°Le transfert positif : c’est l’ensemble des sentiments favorables à l’égard de l’infirmier ou du médecin. Par exemple, un malade qui rêvait d’être un génie transférera ces qualités à quelqu’un d’autre. Le médecin ou l’infirmier devient alors celui que le malade imaginait, ce qui explique les sentiments de sympathie ou de confiance qui seront un bon moteur thérapeutique. A l’extrême, la situation peut être analogue à celle du coup de foudre, le médecin étant ressenti comme le médecin parfait ; les guérisons miraculeuses ou les améliorations spectaculaires peuvent se comprendre ainsi. Dans ces cas, tout médecin perçoit qu’autre chose a agi que la simple prise médicamenteuse ; la puissance prêtée au médecin par l’imaginaire du malade suffisant à suspendre temporairement la manifestation fonctionnelle ou lésionnelle. 2°Le transfert négatif : c’est l’ensemble des sentiments hostiles à l’égard du médecin ou de l’infirmier Le malade projette sur ce dernier tous les défauts qu’il trouve en luimême, les images considérées comme mauvaises ; ce qui provoque des attitudes de méfiance ou d’antipathie. Les zones conflictuelles persistant dans la relation auront alors un effet antithérapeutique. 3°Le contre-transfert : c’est l’ensemble de sentiments que, malgré son désir d’objectivité, le médecin ou l’infirmier éprouve à l’égard de son patient. Alors qu’il devrait être théoriquement neutre et ne pas éprouver des sentiments personnels pour son malade, l’attitude du médecin en sera au contraire imprégnée. Ceci est d’autant plus dangereux lorsque le médecin ou l’infirmier ne possède pas la formation psychologique appropriée. Le contre-transfert médical est le plus souvent positif dans l’ensemble ; il permet une action thérapeutique plus efficace. Il y a toujours un risque lorsque l’identification est trop poussée et donc le désir de guérir exagéré. Le contretransfert peut aussi être négatif et se traduire alors par des attitudes qui masqueront un rejet ou une agressivité inconsciente. Exemple : le refus d’écouter le malade parce qu’on est trop pressé. Cours conçu par Donatien BISAGA KAVUNA, Psychologue Conseiller d’Orientation