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Terra Nova – Note - 3/6
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à janvier 2017, selon l’Office of National Statistics (ONS) britannique
1
. Aujourd’hui, cette
dynamique s’accélère au rythme de l’inflation.
En effet,
la livre sterling a perdu entre 12 % et 15 % de sa valeur face à l’euro depuis juin
2016
(et 16 % face au dollar), et près de 19 % depuis décembre 2015 (17 % face au dollar),
moment où les inquiétudes sur le Brexit ont commencé à gagner les marchés. Cette baisse a
d'ores et déjà plusieurs effets concrets. D’une part,
elle fait fondre le patrimoine des
ménages
: selon une récente enquête du Crédit Suisse, celui-ci aurait vu sa valeur diminuer de 1
500 milliards de dollars (1 400 milliards d’euros) avec le Brexit, soit 33 000 dollars de moins par
adulte depuis la fin juin 2016
2
.
D’autre part, la dépréciation de la livre sterling suite au referendum a entraîné
un
renchérissement des importations qui pénalise les ménages et stimule l'inflation
: de fait,
en février 2017, les prix annuels à la consommation ont augmenté de 2,3 % au Royaume-Uni,
alors que le salaire hebdomadaire moyen connaissait, de son côté, une évolution moins
dynamique. Michael Saunders de la Banque d’Angleterre estimait, dans un discours prononcé le
13 janvier 2017, que la croissance des salaires pourrait même être quasiment nulle dans le futur.
D’ailleurs, si les conditions globales du marché du travail restent très bonnes,
l’économie
britannique ne crée plus déjà plus autant d’emplois qu’auparavant :
la création d'emplois a
crû de 37 000 sur le dernier trimestre 2016, contre 49 000 au trimestre précédent et de nombreux
économistes anticipent un ralentissement plus prononcé à l'avenir. D'après des prévisions
publiées récemment par le Trésor britannique
3
, on peut ainsi s'attendre à ce que le chômage
remonte dans les semestres qui viennent. Dans ces conditions, le pouvoir de négociation des
travailleurs britanniques ne leur permettra pas forcément d’obtenir des augmentations de
rémunération susceptibles de couvrir l’inflation. S’ils veulent continuer à consommer autant
qu’avant, ils devront… s’endetter plus encore ! Car l'inflation, elle, devrait continuer à augmenter
jusqu'à 3 % cet été selon plusieurs prévisions.
Par ailleurs,
les entreprises, qui ne savent pas encore dans quelles conditions elles auront
accès au marché européen, ont coupé dans leurs investissements, qui ont diminué de
1,5 % en 2016
. La situation risque d'ailleurs de s'aggraver sensiblement dans les mois et les
années qui viennent. Selon une étude publiée en janvier 2017 par le cabinet Ernst and Young,
71 % des investisseurs étrangers ont déjà senti un impact du referendum britannique dans leurs
opérations en Europe et 34 % considèrent que l'attractivité internationale du Royaume-Uni va
décliner
4
. Les Britanniques ont d'autant plus à y perdre que leur pays captait, en 2015, 21 % des
1
https://www.ons.gov.uk/employmentandlabourmarket/peopleinwork/earningsandworkinghours/articles/supplementar
yanalysisofaverageweeklyearnings/latest
2
Crédit Suisse, Wealth Report 2016, https://www.credit-suisse.com/ch/fr/about-us/research/research-institute/news-
and-videos/articles/news-and-expertise/2016/11/fr/the-global-wealth-report-2016.html
3
https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/599836/PU797_Forecast_for_the_UK
_Economy_March_2017_covers.pdf
4
« EY’s European attractiveness survey January 2017 Plan B … for Brexit A boardroom view on investment and
location strategies in Europe ». Voir http://www.ey.com/Publication/vwLUAssets/EYs-european-attractiveness-
survey-plan-b-for-brexit/$FILE/EYs-european-attractiveness-survey-plan-b-for-brexit.pdf