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L’innervation osseuse dépend du nerf axillaire pour la face antérieure (C5-C6),
supra scapulaire (C4-C6) et thoracique long (C5-C7) pour les faces antérieures
et postérieures [8]. L’innervation articulaire de l’épaule dépend pour la capsule
antérieure de branches des nerfs subscapulaire (C5-C7), axillaire (C5-C6) et pec-
toral latéral (C5-C6) et pour la partie postérieure essentiellement du nerf supra
scapulaire (C4-C6) associé à quelques rameaux du nerf axillaire (C4-C6) [3, 9].
En résumé, il est simple de constater le rôle primordial et presque exclusif des
racines C5-C6 dans l’innervation sensitive de l’épaule. En conséquence quelle
que soit la technique de bloc choisi, l’objectif doit être de bloquer ces racines
généralement en recherchant le tronc supérieur. Par contre un relâchement
musculaire complet, parfois indispensable dans certaines chirurgies, sera difficile
à obtenir. D’abord parce que le trapèze ne sera jamais bloqué par un bloc du
plexus brachial et d’autre part parce que les racines les plus profondes participent
à l’innervation des muscles pectoraux et dorsaux et peuvent « échapper » à un
bloc interscalénique.
1.3. LA RÉGION INTERSCALÉNIQUE
Le muscle omo-hyoïdien permet de délimiter 2 triangles, un triangle omo-
claviculaire où peuvent être réalisés les différents blocs supraclaviculaires et
un triangle omo-trapézien dans lequel on retrouve le sillon interscalénique [10].
L’ensemble du plexus brachial ainsi que les structures vasculaires jusqu’à la
région axillaire sont entourés d’une « gaine », cette gaine étant constituée par
les aponévroses musculaires et les différents fascias qui entourent ces struc-
tures. Contrairement à ce qui a été longtemps suggéré cette gaine ne doit pas
être considérée comme un tube étanche, que l’on peut remplir et dans lequel
on pourrait faire varier l’extension de l’anesthésie par un simple jeu de com-
pression [11]. En pratique il est préférable de parler d’espace de diffusion plutôt
que de gaine.
Au niveau du défilé interscalénique, on retrouve les différentes composantes
du plexus brachial disposées en pile d’assiettes. En haut de la pile, se trouvent
les racines supérieures C5 et C6 puis C7 et enfin, profondément située en arrière
des vaisseaux sub-claviers et au contact du dôme pleural, les racines inférieures
C8 et D1. Des variations anatomiques ont été décrites, une partie du plexus
brachial peut notamment passer au travers, voire en avant, du muscle scalène
antérieur. Il a également été décrit une lame musculaire tendue entre les mus-
cles scalènes séparant les 2 racines supérieures de la partie inférieure du plexus
brachial [12]. L’empilement des racines et ces variations anatomiques expliquent
pourquoi l’extension de l’anesthésie à l’ensemble du plexus brachial est incons-
tante après un bloc interscalénique. Par contre les racines C5 et C6, dont nous
rappelons encore une fois le rôle prépondérant dans l’innervation sensitive de
l’épaule, restent les plus accessibles lors d’une approche interscalénique.
La figure 1 représente une coupe transversale du cou au niveau de l’isthme
thyroïdien. Elle permet de visualiser la situation du plexus par rapport aux structu-
res environnantes. Compte tenu de leur faible profondeur, il est possible, même
avec des aiguilles de 5 cm, de ponctionner l’artère vertébrale ou de pénétrer
un trou de conjugaison en cas de trajet strictement médiale de l’aiguille. La
proximité du ganglion cervical inférieur explique la fréquence des syndromes
de Claude Bernard Horner (CHB). Enfin la situation du nerf phrénique explique
la fréquence élevée (en fait quasi systématique) de parésie diaphragmatique
homolatérale., bien que la parésie phrénique dans ce cas soit plutôt liée à une