Document1 Page 3 sur 6 Aix-Marseille, oct. 2015, L. Auffant
une conjonction de plusieurs phénomènes : le baby-boom, la hausse de l’espérance de vie, le
déclin relatif de la fécondité (ce déclin plus faible qu’ailleurs en Europe peut d’ailleurs
expliquer la lenteur des réformes en France par rapport à d’autres pays européens). Les effets
démographiques continuent de jouer jusqu’après 2035 car la hausse de l’espérance de vie se
poursuit. On a souvent parlé à tort d’une bosse démographique, l’image réelle est un plateau
(plutôt qu’une bosse).
Les variables économiques jouent un rôle : les déficits seront d’autant plus faibles que la
croissance économique est forte et que le taux de chômage est faible. La croissance économique
a un impact favorable sur le solde car quand la croissance est forte, le système de retraites
engrange des recettes qui augmentent à ce rythme. Depuis 1993, les retraites sont indexées sur
les prix et non plus sur la croissance économique. Donc la croissance économique paupérise les
retraités par rapport aux actifs et cela favorise un rééquilibrage du système de retraites.
A priori, dans un système de répartition pur (= on ne touche jamais sa propre retraite, il n’existe
aucune réserve : chaque euro cotisé est reversé à un retraité), le chômage a un impact très faible.
Quand le nombre de retraités par rapport aux actifs est multiplié par deux, le chômage a peu
d’impact. Mais depuis 2003 (loi Fillon), il est possible de déverser les surplus de l’assurance-
chômage vers l’assurance vieillesse. C’est pourquoi dans le scénario du COR avec un taux de
chômage de 4,5% le régime de retraites est équilibré (scénarios A et A’), grâce à ce reversement.
Le chômage et la croissance économique sont devenues des variables de communication sur le
système de retraites, cependant n’oublions pas que ce système est très sensible à la
démographie.
Didier Blanchet : On ne peut pas dire que les réformes n’ont servi à rien. Elles ont concerné
plusieurs paramètres : le taux de cotisation, l’âge de la retraite, le changement de l’indexation,
le ratio de remplacement (sans le dire mais cela découle du changement de l’indexation). Le
changement d’indexation a un impact variable selon le rythme de croissance économique.
Depuis les années 2000 le taux d’activité et le taux d’emploi des plus de 55 ans remontent, on
se rapproche des niveaux des années 1980, on a donc réussi à inverser la tendance mais cela ne
suffira pas financièrement. Travailler jusqu’à 64-65 ans, cela peut sembler long, cependant il
ne faut pas oublier que l’espérance de vie augmente. Pour rétablir un équilibre il faudrait que le
niveau de vie des retraités soit égal à 80% de celui des actifs.
Pierre Devolder : l’expérience belge est peu différente de l’expérience française. En Belgique,
les conclusions de la commission d’experts indépendants sur les retraites viennent d’être
connues. Derrière les mécanismes de répartition et de capitalisation, la variable centrale est
l’allongement des carrières. Le reste n’est que modalités techniques. La vraie question est :
comment faire en sorte de travailler plus longtemps et autrement ? Travailler plus longtemps se
justifie : en 1945, quand le système de Sécurité sociale belge a été créé, les individus cotisaient
45 ans, avaient droit de partir à la retraite à 65 ans et il leur restait 12 ans d’espérance de vie.
Aujourd’hui on commence à travailler plus tard avec l’allongement de la durée des études. En
Belgique on avait institué des préretraites dès 55 ans (avec pour alibi le chômage des jeunes)
mais c’est au détriment de la collectivité. De nos jours l’âge moyen de départ à la retraite en
Belgique est de 59 ans, or l’espérance de vie est de 80 ans, pour ceux qui partent en préretraite
cela fait parfois 30 ans de retraite (85-55). Nos système de retraite sont anciens, on les a réparés