Problèmes économiques No 2.950 18 juin 2008 DOSSIER : Retraites 2008 : la poursuite des réformes Réforme des retraites : les rendez-vous de 2008 La Lettre de l'OFCE Gérard Cornilleau et Henri Sterdyniak La loi du 21 août 2003 portant sur la réforme des retraites institue des rendez-vous quadriennaux destinés à examiner les différents paramètres des régimes en fonction des données démographiques, économiques, financières et sociales. Le premier de ces rendez-vous a été prévu en 2008. Plusieurs questions cruciales ont été inscrites à l'agenda : l'allongement de la durée de cotisation requise de 40 à 41 ans, la prise en compte de la pénibilité, la revalorisation des pensions du régime général, l'évolution des prestations dans les cinq années à venir et enfin un bilan de la situation financière des régimes. Les décisions précises concernant ces divers chantiers devraient jouer un rôle essentiel dans la poursuite de la réforme. De l'emploi à la retraite : quel parcours pour les seniors ? Chronique internationale de l'IRES Antoine Math La prolongation de la vie active est considérée en Europe comme la solution au problème de la dégradation des taux de remplacement (ratio retraite/salaire) qu'entraînent les réformes des systèmes de retraite engagées depuis une bonne décennie. Chacun serait ainsi libre de choisir entre travailler plus longtemps ou percevoir une pension plus faible. Quant à la régulation du financement du système des retraites, elle serait assurée à la fois par un allongement des périodes de cotisation au système et par une diminution du temps passé à la retraite. L'augmentation du taux d'emploi des seniors qui permettrait d'enclencher ce schéma vertueux se heurte toutefois à la réalité du fonctionnement des marchés du travail qui se traduit par de fortes inégalités face à l'emploi. Ainsi, le passage direct de l'emploi à la retraite est-il un cas de figure minoritaire dans presque tous les pays européens. Si on ný prend garde, pour les seniors confrontés à des fins de carrière difficiles, ces politiques risquent d'aboutir à une précarisation encore plus grande et à un accroissement des inégalités. Les effets redistributifs des systèmes de retraites en Europe Revue française d'économie Mathieu Lefèbvre En France, la revalorisation des petites retraites et du minimum vieillesse est une des priorités inscrites à l'agenda du gouvernement en 2008. La question de l'évolution du niveau des pensions et de leurs conséquences sur la pauvreté et les inégalités entre retraités concerne une grande partie des Etats européens. A partir des données internationales fournies par la base du Luxembourg Income Study (LIS), l'auteur s'interroge sur les effets redistributifs des régimes de pension en Europe. Il montre qu'ils sont assez différents d'un pays à l'autre. Les systèmes bismarckiens semblent ainsi plus généreux en moyenne et davantage redistributifs que les systèmes beveridgiens. De même, si la situation des plus de 65 ans s'améliore nettement à partir du moment où ils touchent leurs pensions, le manque d'indexation de ces transferts sur le coût de la vie entraîne un appauvrissement progressif au fur à mesure que l'on vieillit. Pour une refonte générale des régimes de retraites en France Institute for Fiscal Studies et École d'économie de Paris Antoine Bozio et Thomas Piketty En raison de la complexité de ses règles de fonctionnement et de ses modes de calcul, le système français de retraites est devenu incompréhensible pour les citoyens. Rares sont ceux en mesure de dire quels seront effectivement leurs droits. Cette situation finit par miner le consensus démocratique autour de la retraite. De surcroît, la question de la pérennité du système est constamment posée en raison des problèmes que soulève à terme son financement. Plutôt qu'un énième ajustement, les auteurs proposent une refonte générale de l'ensemble des régimes de pensions et leur remplacement par un système unifié sur des comptes individuels de cotisations. Cette réforme qui s'inspire de celle mise en œuvre avec succès en Suède permettrait de conserver un système fonctionnant par répartition tout en clarifiant les droits à la retraite de chacun sur le long terme. Également dans ce numéro ECONOMIE DE LA CULTURE Le financement public du cinéma français La Revue du Trésor Audrey Azoulay Le cinéma est à la fois un art et une industrie. C'est également un formidable moyen d'information, voire de propagande. Les pouvoirs publics l'ayant compris, ont, dès la création du Centre national de la cinématographie (CNC) en 1946, mis en œuvre une politique d'aide au septième art. Le modèle de financement public du cinéma a, au fil du temps, évolué avec les modes de consommation des images. Le soutien public au cinéma français repose ainsi désormais davantage sur la taxe sur la télévision (377 millions d'euros) que sur la taxe sur le prix d'entrée dans les salles obscures (278 millions d'euros). Étendues à tous les types d'exploitation (salles, télévision hertzienne, câble, ADSL, vidéo et vidéo à la demande), les différentes contributions au financement du cinéma ont permis d'en diversifier les ressources budgétaires. Cette évolution est le signe d'un " pacte de confiance " toujours renouvelé entre l'Etat et l'industrie cinématographique française. CAPITALISME La démocratie est malade du supercapitalisme Sciences Humaines Entretien de Xavier de la Vega avec Robert Reich Le nouvel ordre économique dominé par le supercapitalisme s'est imposé en bousculant le régime de croissance des trente glorieuses. Le capitalisme réglementé - le fordisme des économistes de la régulation - a subi, à partir des années 1960, notamment sur le plan politique, les assauts répétés de nouveaux concurrents. Parvenant à leurs fins, ces entreprises ont profondément bouleversé les règles du jeu. Les innovations technologiques (l'Internet et les nouveaux moyens d'acheminement des marchandises), ainsi que la déréglementation des marchés ont favorisé l'avènement de l'hyperconcurrence qui permet à n'importe quelle entreprise de pénétrer n'importe quel marché. Dans ce contexte, les grandes entreprises éprouvent les plus grandes difficultés à maintenir les accords salariaux négociés auparavant avec les syndicats. A l'heure de l'hyperconcurrence, si les consommateurs peuvent être gagnants, les citoyens, et de manière plus générale la démocratie, sont, eux, à coup sûr perdants. La politique est en effet devenue le prolongement de la concurrence économique par d'autres moyens, parmi lesquels le lobbying est sans doute aujourd'hui l'arme la plus redoutabl