Questions pour un champion en anesthésie 385
La prévalence du diabète de type 2 diagnostiqué est proche de 3 % dans
la population française. La population à risque de diabète de type 2 correspond
essentiellement à la population des obèses. La prévalence de l’obésité (indice
de masse corporelle > 30 kg.m-²) dans la population adulte française est estimée
à plus de 10 %. Si le diabète de type 1 est habituellement reconnu devant des
symptômes (amaigrissement, polyurie, polydypsie) le diabète de type 2 est le
plus souvent asymptomatique et diagnostiqué fortuitement, à l’occasion d’une
prise de sang lors d’un bilan systématique en particulier avant un acte chirurgical.
Le nombre de diabétiques méconnus ne dépasse probablement pas 500 000.
2. LES LÉSIONS DÉGÉNÉRATIVES ET L’ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
2.1. L’ATTEINTE CARDIO-VASCULAIRE
L’atteinte cardio-vasculaire fait toute la gravité et la difficulté de prise en
charge péri-opératoire du patient diabétique.
2.1.1. L’ATTEINTE CORONARIENNE
L’étude Framingham a montré que le risque de maladie coronaire est multi-
plié par deux chez les diabétiques de sexe masculin, comparés à une population
non diabétique de même âge [2]. Le risque est multiplié par trois, chez les
femmes diabétiques après la ménopause. Cette étude a, pour la première fois,
souligné la fréquence des morts subites et le caractère volontiers atypique de
la sémiologie de l’ischémie myocardique chez les diabétiques. Au cours des
20 dernières années, d’innombrables études épidémiologiques ou d’interventions
thérapeutiques portant sur de grandes cohortes de diabétiques ont confirmé
le risque coronarien. En 1993, l’étude MRFIT a montré que sur une période de
suivi de 12 ans, l’incidence de la maladie coronaire était multipliée par 3,2 chez
des hommes diabétiques comparés à des hommes non diabétiques, strictement
appariés. Cette étude a également démontré que le diabète de type 2 était un
facteur de risque coronarien majeur et indépendant [3]. Plus récemment dans
l’étude épidémiologique UKPDS, chez des diabétiques de type 2 récemment
diagnostiqués et des deux sexes, la maladie coronaire a été identifiée comme
la cause principale de décès [4].
La fréquence et le mauvais pronostic de la maladie coronarienne sont donc
augmentés chez les patients diabétiques qui viennent à la chirurgie et ceci
d’autant plus qu’ils sont âgés. Trois points concernant leur prise en charge en péri-
opératoire sont à souligner. Le premier porte sur le dépistage en préopératoire de
l’ischémie myocardique silencieuse (IMS), le second sur la place de l’angioplastie
dans le traitement des lésions coronaires, le troisième concerne la place des
inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) après infarctus du myocarde.
Le diagnostic d’IMS doit être porté chez un malade ayant des lésions signifi-
catives, alors que le malade n’a aucun symptôme clinique thoracique, au repos,
à l’effort, ou au froid, qu’il n’a pas de cardiomyopathie ou de valvulopathie [5].
Son ECG de repos est soit normal, soit le siège d’anomalies évocatrices d’une
ischémie myocardique. Les malades diabétiques qui se plaignent à l’effort, au
froid, d’une dyspnée invalidante, de palpitations, d’une gêne thoracique, même
si celle-ci n’a pas les caractéristiques habituelles de la douleur angineuse, ne
rentrent pas dans le cadre du dépistage de l’IMS. Ils sont d’emblée suspects
d’une maladie coronaire à confirmer ou à infirmer par un enregistrement élec-
trocardiographique au cours d’une épreuve d’effort.