
2H. COHEN
méthode dite de descente infinie) que cette équation est effectivement
impossible pour n= 4. Il en résulte qu’il suffit de démontrer son
impossibilité pour n=ppremier impair, et par homogénéité on peut
également supposer que x,yet zsont premiers entre eux deux à deux.
L’idée fondamentale de la démonstration, peut-être imaginée par
Fermat, mais en tous cas explicitée par Kummer, est de factoriser
l’équation. On peut le faire partiellement sur Zen mettant x+yen
facteur, mais ce n’est pas suffisant. Il est donc nécessaire d’agrandir
le corps sur lequel on travaille : cela conduit à la notion d’adjonction.
Soit ζune racine primitive p-ième de l’unité et K=Q(ζ)le corps
obtenu par adjonction de ζàQ, c’est-à-dire l’ensemble des fractions
rationnelles en ζà coefficients dans Q. On peut maintenant complè-
tement factoriser l’équation de Fermat comme suit :
(x+y)(x+ζy)···(x+ζp−1y) = zp.
L’idée est alors la suivante : si les facteurs du membre de gauche sont
« premiers entre eux » deux à deux en un sens convenable, alors ils
doivent tous être des puissances p-ièmes, et on peut espérer en déduire
une contradiction.
Cette idée fondamentale est correcte à la base, mais se heurte à plu-
sieurs obstacles. Tout d’abord la notion de « premiers entre eux » n’a
de sens que dans un anneau principal, ce qui n’est pas nécessairement
le cas. Ceci va donc conduire les auteurs ci-dessus à introduire la no-
tion d’idéal, pour essayer de s’affranchir de cette restriction. Ensuite,
même si cette étape peut être franchie, il n’est pas tout à fait exact de
dire que les facteurs doivent être des puissances p-ièmes : ce sera des
puissances p-ièmes multiplié par des éléments inversibles (qui dans Z
ne sont autres que ±1), et il va donc falloir aussi s’occuper de cet
aspect. Enfin, il se peut que les facteurs ne soient pas premiers entre
eux, mais dans ce cas il faut faire appel à des techniques spécifiques
au théorème de Fermat, et donc que nous ne considérerons pas ici.
Tout ceci conduit donc aux définitions suivantes, volontairement
biaisées vers les équations diophantiennes.
Définition 1.1. — Soit T(X)un polynôme irréductible de degré nà
coefficients rationnels, et soit θ∈Cune racine complexe de T. On
note K=Q(θ)l’ensemble des fractions rationnelles en θà coefficients
dans Q, et on l’appelle corps obtenu par adjonction de θàQ.