Introduction
Le « paradigme » du développement local
Nous pouvons maintenant présenter les principes du développement local, conception et
ensemble de méthodes de développement, qui prône la recherche de nouvelles ressources
spécifiques locales, et qui ajoute à cet aspect économique des aspects sociaux et culturels. Par
son objectif de recherche d’avantages comparatifs, il relève de la première conception du
développement citée plus haut. Mais son originalité réside dans le fait qu’il affirme avec force
que le développement inclut des aspects non économiques, et qu’en outre, ces aspects sont
essentiels pour découvrir et mettre en valeur ces nouvelles ressources. Enfin, comme l’adjectif
« local » l’indique, la source du développement est avant tout à chercher à l’intérieur du
territoire, et non par l’intervention d’un échelon de planification plus élevé.
Le développement local correspond donc davantage à un état d’esprit et à un ensemble de
méthodes ad hoc qu’à un véritable courant de recherche structuré, puisque par hypothèse
chaque situation particulière est susceptible de devoir mobiliser des pistes de développement
différentes (Polèse 1994). Considéré comme un nouveau paradigme de développement par les
tenants de l’approche « bottom-up » ou ascendante, inscrit en filigrane dans la LOADDT, il ne
possède pas de fondement théorique clair et unifié. Par exemple, les théories de la croissance
endogène ou du développement régional ne fournissent pas d’outils adaptés aux multiples
facettes de la démarche, dont les principes sont les suivants :
- Un territoire en déclin, notamment rural (en effet, la faible densité freine les échanges
d’idées) possède toujours (ou presque) des ressources latentes, qu’il convient de découvrir
et de mettre en valeur. Il est entendu qu’il ne s’agit aucunement de recréer une petite
économie autarcique et régressive, mais bien de découvrir de nouvelles possibilités de
création de richesses valorisables à l’extérieur, en d’autres termes d’élargir la base
économique locale (Greffe 1996).
- Les conditions requises pour que ce processus d’innovation prenne corps sont la volonté,
l’imagination, le partenariat, la capacité à s’informer (sur les débouchés possibles, les
agents économiques potentiellement concernés, les coûts…). En zone rurale, ces qualités
devront compenser les désavantages liés à l’éloignement des centres de décision et à la
faible densité (qui rend moins fréquentes les interactions avantageuses).
- Le développement doit intégrer les dimensions économique, sociale, et culturelle. En
particulier, le territoire doit disposer d’une bonne cohésion sociale, et une volonté de
coopération générale doit régner pour que la démarche porte ses fruits.
- L’intervention publique, conçue et gérée à l’échelon local, est parfois nécessaire pour
permettre aux projets de décoller : formation, information, animation, aide à
l’investissement initial.
Toutes ces caractéristiques sont reliées à la mise en place d’une organisation des acteurs
locaux – entreprises, travailleurs, consommateurs, institutions publiques… – permettant de
réaliser la « structuration du territoire », selon l’expression consacrée par les volets
territoriaux des contrats de plan Etat-région de la période 2000-2006. L’organisation est la
condition préliminaire du développement local.
Il convient d’insister sur la diversité que revêtent les démarches de développement local,
diversité d’ailleurs revendiquée2. Comme le dit Benko (1999) : « Chaque réussite régionale
est une sorte de miracle, une trouvaille difficilement transposable (…) les imitateurs ont
2 On trouvera de nombreux cas de démarches exemplaires sur les sites du réseau Leader Européen
(http://www.rural-europe.aeidl.be/rural-fr/action/), français (http://www.reseauleader.com/leader/htdocs/resdoc),
et de l’association Entreprises, territoires et développement (http://www.etd.asso.fr).