
Une telle disposition amène à se poser la question principale : cette méthode, du fait
de son caractère toujours incertain, doit-elle réellement entrer dans le cadre de la
recherche biomédicale ? Ou, étant donné, notamment la tardiveté du texte, doit-on
d’ores et déjà la considérer comme une pratique médicale, malgré son caractère
innovant ?
Il semblerait dès lors que la loi n°654 du 29 juillet 1994 pourrait éventuellement
s’appliquer, la mise en œuvre de cette méthode impliquant le prélèvement d’un
ovaire, suivi d’une conservation en vue de procréation.
Sans entrer dans le détail des dispositions, il faut préciser que toute la difficulté vient
de deux éléments : d’une part, il est difficile de faire entre le tissu ovarien dans l’une
des catégories des lois de bioéthique – est-ce un organe, un tissu, un gamète ? Tout
dépendra de la quantité prélevée, or, il est difficilement concevable de faire changer
de régime juridique des fragments en fonction de leur taille… Est-ce vraiment un
don (auto-don) ? Doit-on alors faire entrer cette méthode dans les dispositions sur
l’AMP, auquel cas elle devient de toutes les façons impossible à réaliser ?
En réalité, aucune des dispositions de la loi de bioéthique ne permet de prendre en
compte la méthode en son entier, du fait des conditions restrictives impossibles à
transposer à ce type de technique.
On se trouve donc en présence sinon d’un vide juridique, du moins d’un flou
juridique, dénoncé notamment par le Conseil d’Etat dans son rapport de 1999 “ Les
lois de bioéthique : cinq ans après ”, mais souligné également dans le rapport de
février 1999 de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et
Technologiques sur l’application de la loi n°94-654, suggérant nettement une
clarification de la situation.