
F.
IBANEZ, J.-M. FROMENTIN
)east five years) and
of
species presenting high anomalies (higher than three
standard deviatiations) showed that ecological responses
of
this type can be
related to environmental factors such
as
temperature, atmospheric pressure or
the "Amoco Cadiz" oil spill in 1978.
Oceanologica Acta, 1997, 20,
1,
11-25.
INTRODUCTION
La comparaison de senes chronologiques pluriannuelles
biologiques
et
physiques, doit permettre de caractériser
les réactions des écosystèmes face à des perturbations,
naturelles ou anthropiques. Comme le nombre des
espèces recensées est souvent très élevé (parfois plus
de 400 espèces en benthos subtidal), les techniques
multivariées de classification et d'ordination (Legendre et
Legendre, 1984) sont les plus utilisées. Elles proposent
de découvrir une structure cachée, et de synthétiser
objectivement les données enregistrées (les abondances des
espèces au cours du temps).
Ces méthodes transposées de l'analyse des données, qui
ne tiennent compte
ni
des caractéristiques propres aux
séries chronologiques, ni des concepts de la dynamique
de population, sont-elles vraiment heuristiques? Les séries
chronologiques sont l'expression de phénomènes d'échelles
différentes et interagissant entre eux (Frontier et Pichod-
Viale, 1993): la variation intra-annueiie (saisonnière),
interannuelle (tendance générale) et la variation purement
aléatoire. Les abondances de certaines espèces, sont la
signature d'une ou plusieurs de ces variations, alors que
d'autres resteront difficilement interprétables.
La dynamique de population nous apprend qu'une
communauté est
un
assemblage d'espèces passant par
des phases d'extinction, d'espèces opportunistes (stratégie
démographique de
typer),
d'espèces à forte inertie
(statégie de type
K),
d'espèces sensibles à des gradients
monotones, etc. (Dajoz, 1974). En ignorant cette
diversité de comportement, les analyses précédemment
décrites risquent d'aboutir au regroupement d'espèces
ayant des significations dynamiques différentes. Les
analyses multivariées
courant~s
permettent de mettre en
évidence les macrophénomènes, en masquant justement les
déviations spécifiques de comportement. Mais pour une
interprétation plus fine, ne serait-il pas plus satisfaisant
d'anticiper sur l'interprétation écologique en introduisant
une contrainte de discrimination préliminaire entre les
descripteurs?
La méthode proposée ici (TFS) tente d'identifier les
espèces aux caractéristiques communes, résultant de leur
aptitude à révéler des variations temporelles à certaines
échelles, à résister ou s'adapter à certains stress, à profiter
de changements de l'environnement, pour ensuite les
traiter par des analyses particulières. Comment établir
une typologie préliminaire de ces catégories? Elle sera
basée sur la visualisation des profils d'abondances des
espèces qui ne suivent pas les mêmes modèles graphiques,
modèles que nous qualifierons de formes écologiques.
Le point de départ consistera à choisir des paramètres
de forme, qui vont servir à effectuer une Classification
12
associant les espèces ayant les mêmes formes (tous sites
confondus).
Une comparaison des formes par l'analyse syntaxique avait
déjà été réalisée (Pigeau, 1986; Jbanez, 1990), mais elle
n'avait pour but que de regrouper des espèces. La méthode
TFS tente d'isoler des espèces correspondant à des modèles
sous-jacents particuliers . .Après l'exposé de cette méthode,
deux exemples
de
résultat d'analyse à partir de formes
particulières seront esquissés : les espèces lacunaires et les
espèces à très fortes anomalies erratiques.
SITES D'ÉCHANTILLONNAGE
Les données utilisées correspondent aux observations de
quatre communautés macrobenthiques de Manche -mer
du Nord. Les mêmes fichiers ont déjà fait l'objet d'une
précédente publication (Fromentin et al., sous presse).
Toutes les séries ont été interpolées avec
un
pas régulier
de quatre valeurs par an, une par saison (janvier, avril,
juillet, octobre) par l'algorithme d'interpolation proposé
par Fox et Brown ( 1965) déjà utilisé en écologie marine
(lbanez
1991
; Jbanez et al., 1993). Les quatre sites sont
les suivants:
-Deux stations en baie de Morlaix, Pierre Noire et
Rivière de Morlaix, qui ont subi l'effet de la poiiution
par hydrocarbures lié
au
naufrage de l'Amoco Cadiz, en
mars 1978. Pierre Noire a été le site le plus touché avec
la destruction des populations dominantes d'amphipodes
du genre Ampelisca (Dauvin, 1987; Dauvin et lbanez,
1986). Seules les espèces ayant au plus
50%
de valeurs
nuiles ont été retenues, soit 48 à Pierre Noire (92,5% de
l'abondance totale) et 34 à Rivière de Morlaix (97,1% de
l'abondance totale). Les
63
observations régularisées pour
Pierre Noire s'étendent d'avril 1977 à octobre 1992, et les
61
observations pour la Rivière de Morlaix d'octobre 1977
à octobre 1992.
-La station Baie de Seine présente une stabilité importante
malgré l'impact des polluants transportés par la Seine
(Gentil et al., 1986; Thiébaut, 1994
).
32 espèces ont été
retenues (97 ,6% de l'abondance totale) sur une période
allant d'octobre
1983
à janvier 1993 (38 observations).
-La
station Gravelines est surtout soumise à l'effet
combiné des courants de marée et des courants induits
par le vent (Dewarumez
et
al., 1986). 27 espèces (96,2%
de l'abondance totale) ont été considérées entre avril 1978
et octobre 1992 (59 observations).
Finalement on dispose au départ
d'un
tableau irrégulier à
141
espèces (en colonnes) et à
63
observations (en lignes)
au
maximum. Mais après avoir estimé les quatre indices
de forme (voir ci-dessous), on disposera d'un tableau à
141
colonnes et 4 lignes qui servira à la classification.