VOLUME 41, JUIN 2010
Revue deS livReS
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produit tendent à graviter autour du prix mondial de ce même produit,
conduisant de fait à un prix unique (mondial) qui estompe progressive-
ment la théorie des avantages comparatifs de Ricardo. Cette globalisation
s’appuie sur des mouvements de marchandises et de capitaux beaucoup
plus faciles et mieux organisés que les mouvements de population, lesquels
sont nettement plus complexes, sources de tensions et de drames humains.
Les conséquences de la mondialisation sont ensuite abordées sous l’angle
des bénéfices qu’elle engendre et qui profitent rarement à l’ensemble de la
population car, très souvent, les gouvernants se les approprient et les dis-
tribuent à une petite minorité de clients. La globalisation a provoqué des
réactions divergentes, inspirant des mouvements d’organisation régionale
aussi bien que des tentatives internationales pour organiser la vie écono-
mique au niveau de la planète, ces deux réactions pouvant susciter des ten-
sions entre les organisations régionales et les principes mondiaux comme
la protection de l’environnement, la stabilité financière ou la lutte contre
la corruption. Le dernier des chapitres consacrés à l’économie globale, qui
expose les défis de cette globalisation, est particulièrement intéressant. Si
l’économie est un processus de développement humain dont l’enjeu est de
lutter contre toutes les formes de pauvreté, alors les défis de la globalisa-
tion sont assurément passionnants.
La deuxième partie de l’ouvrage traite des marchés et des acteurs, mar-
chés et acteurs au pluriel pour bien signifier que ceux-ci comme ceux-là
sont multiples et divers. Une question fondamentale est ici celle de la main
invisible, c’est-à-dire de la coordination ou de l’absence de coordination
des acteurs. Les marchés permettent, en principe, de confronter les déci-
sions individuelles de nombreux agents guidés par leur intérêt personnel.
La question est double. Premièrement, les marchés sont-ils efficaces et,
si oui, à quelles conditions ? D’où la seconde question : les marchés réels
remplissent-ils ces conditions, en particulier celle de la concurrence cen-
sée garantir leur efficacité. Les chapitres qui y répondent sont d’autant
plus captivants que les analyses qu’ils contiennent sont rarement propo-
sées dans les ouvrages comparables. L’analyse de l’efficience de la main
invisible constitue une introduction originale à l’analyse économique du
marché qui traite des rudiments de la microéconomie tout en soulignant
les limites de celle-ci et les nombreuses tentatives de dépassement qu’elle
a occasionnées. Sont ainsi mises à contribution les idées de Walras et de
Max Weber, de Smith et de Granoveter, la théorie des droits de propriété,
l’analyse économique du droit, l’économie du crime, différentes concep-
tions de la propriété intellectuelle, etc. Les marchés réels mettent en pré-
sence des groupes ou des institutions collectives plutôt que des individus et
cela modifie leur fonctionnement. Les évolutions récentes de la micro au
sujet de l’offre et de la demande sont longuement examinées, tout comme
les marchés spécifiques du travail, du capital et de la monnaie ainsi que la