Titre :
Effets des filtres solaires nanoparticulaires sur un réseau trophique microbien modèle
Contexte :
Les filtres UV minéraux (ou inorganiques) comme le TiO
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et le ZnO sont introduits depuis plusieurs
dizaines d’années dans les crèmes solaires sous une forme micrométrique, puis plus récemment sous
une forme nanoparticulaire. Ces filtres minéraux, à l’instar des filtres chimiques (ou organiques), ne
pénètrent pas la peau, sont hypoallergéniques, stables dans le temps, et capables d’absorber à la fois
les UVA et UVB. Répondant à un marché en plein essor, ces nanomatériaux entrent par conséquent
dans la composition de nombreux cosmétiques et produits solaires. Chaque année, plusieurs milliers
de tonnes de crèmes solaires se retrouvent dans les lacs, mers et océans via les activités récréatives.
Ces dix dernières années, les effets délétères des NP-TiO
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et NP-ZnO sur les organismes aquatiques
ont été largement documentées, sans que cela ne semble affecter la production et la
commercialisation grandissante des crèmes solaires minérales.
Malgré la multitude d’études relatives à l’écotoxicité des nanoparticules, l’évaluation du risque
environnemental reste difficile ; majoritairement en raison des conditions d’expérimentation souvent
très éloignées de celles rencontrées dans l’environnement et de la multitude de paramètres à
prendre en considération. Pour être pertinentes, les études en nano-écotoxicologie doivent donc
s’orienter vers des scénarios plus proches de la réalité environnementale de part le choix des
nanoparticules utilisées (i.e. produites en quantités importantes, introduites dans des produits de
grande consommation, et ayant un cycle de vie les conduisant à un potentiel relargage dans
l’environnement), les concentrations testées (i.e. en accord avec les quantités mesurées dans
l’environnement et/ou les prédictions), les tests écotoxicologiques réalisés (i.e. privilégier les
expositions chroniques, les assemblages trophiques) et les endpoints mesurés (i.e. paramètres
écologiques, bioaccumulation). La prise en compte de leur stabilité physicochimique dans le milieu
(homo/hétéro-agrégation, dissolution, sédimentation) doit également être considérée.
Pour répondre à ces problématiques, la communauté scientifique s’est majoritairement orientée
vers des approches expérimentales en mésocosmes associant différents niveaux trophiques.
Plusieurs études ont ainsi pu mettre en évidence la bioaccumulation de nanoparticules
manufacturées à des concentrations proches de celles retrouvées dans l’environnement, pointant
ainsi la voie trophique comme source de contamination potentielle. Ces systèmes de
dimensionnements importants rendent cependant, de part le faible nombre de variables testées et
de réplicas réalisés, difficile la compréhension du rôle joué par la ressource trophique dans cette
accumulation. Les producteurs primaires et les bactéries jouent un rôle important dans la
production, le recyclage et le transfert de la matière organique et des nutriments dans les milieux
aquatiques. Les bactéries servant de proies aux protozoaires, pouvant à leur tour être consommés
par des microcrustacés (rotifères, daphnies, etc), faisant ainsi le lien entre la boucle microbienne et
les métazoaires. Ces interactions proies-prédateurs sont ainsi responsables du transfert trophique
des contaminants vers les organismes supérieurs. Il est par conséquent fondamental d’évaluer le
comportement des contaminants dans les niveaux trophiques inférieurs.
Les travaux antérieurs menés au laboratoire (stage M2 - 2015) ont permis le développement d’un
réseau trophique simplifié combinant une chaîne trophique modèle et une boucle microbienne
permettant ainsi d’appréhender les mécanismes de toxicité aux petites échelles dans des conditions
réalistes (schéma ci-dessous). Ces assemblages sont réalisés en microplaques 24 puits permettant
ainsi la multiplication des variables et des réplicas nécessaires à des études de modélisation. Sur ces