Les processus d’interaction du rayonnement cosmique 245
1. Introduction
Un premier aspect important des interactions ´etudi´ees dans cet ex-
pos´e est qu’elles sont ´electromagn´etiques. Les interactions engageant
des leptons ont une section efficace de l’ordre de celle de Thomson
σT= 6,65 ×10−25 cm2 1, proportionnelle au carr´e du rayon clas-
sique de l’´electron. Les interactions impliquant des noyaux lourds de
charge Ze et de num´ero atomique Aont une section efficace propor-
tionelle au carr´e du rayon classique du noyau, Rn= (Ze)2/Ampc2.
Exprim´ee en unit´e de section efficace de Thomson, la section efficace
des processus hadroniques peut s’´ecrire σn/σT∼Z4/A2(me/mp)2, soit
σn∼1,97 ×10−31 Z4
A2cm2≪σT. Cette in´egalit´e montre que les noyaux
lourds ne sont pas `a l’origine de l’´emission de radiation dans la plu-
part des situations astrophysiques. Nous voyons donc que pour abor-
der le probl`eme de la nature des sources astrophysiques `a l’origine du
rayonnement cosmique, il est absolument essentiel d’´etudier les particules
qui participent au rayonnement, donc la composante ´electronique. Cette
derni`ere donne un diagnostic sur les ph´enom`enes locaux d’acc´el´eration,
ainsi que sur les propri´et´es locales des sources. Cependant, si les ´electrons
se refroidissent aussi localement, les particules plus lourdes sous certaines
conditions peuvent s’echapper dans le milieu interstellaire (MIS) et/ou
intergalactique. Les rayons cosmiques perdent leur ´energie par interac-
tion soit avec la mati`ere ambiante, soit avec les photons ambiants et/ou
cosmiques.
Il existe bien des objets astrophysiques dans lesquels ces interactions
peuvent avoir lieu. Le pr´esent ouvrage s’int´eresse plus particuli`erement `a
deux d’entre eux : les objets sources et le MIS. Parmi les objets sources
nous pouvons distinguer les objets dits compacts (naines blanches, ´etoiles
`a neutrons et trous noir), qui sont des objets denses, variables, ´emetteurs
`a haute ´energie (X et gamma) de spectres non-thermiques, et les ob-
jets prog´eniteurs des objets compacts, les ´etoiles massives et les super-
novæ, qui durant leur (parfois courte) vie produisent des vents super-
soniques et des chocs susceptibles d’acc´el´erer efficacement des particules
´energ´etiques. Nous pouvons associer `a cette liste les sursauts gamma (c.f.
les cours de Fr´ed´eric Daigne et Yves Gallant) consid´er´es `a l’heure actuelle
comme les ´evenements issus des explosions des ´etoiles les plus massives.
Le milieu interstellaire (ou intergalactique) lui est important car il est le
lien entre ces sources et les observations effectu´ees au voisinage terrestre.
C’est un milieu turbulent et donc susceptible de diffuser, de r´eacc´el´erer
(et de ralentir) les particules produites dans les sources. Les conditions
1Les quantit´es dans ce cours seront g´en´eralement exprim´ees en unit´es c.g.s.