La même année à Cap-de-la-Madeleine commençait la construction de la St. Maurice Paper, près du
sanctuaire. La Wayagamack a démarré sa production sur l'île de la Poterie en 1912 après que Charles
Ross Whitehead, fondateur de la Wabasso, eut acheté la scierie Baptist située sur cette île.
Dorénavant, les usines en seront de pâtes et papiers et non plus seulement de pâtes, à la suite de
l'embargo imposé par Québec interdisant l'exportation de bois brut vers les États-Unis. Cet embargo a
contraint les Américains à établir leurs usines de transformation sur place.
La guerre de 1914-18 a retardé les investissements, de telle sorte que c'est respectivement en 1920 (la
Canadian International Paper) et 1923 (la St. Lawrence Paper Mills, aujourd'hui Kruger) que les deux
dernières usines s'implanteront à Trois-Rivières.
«En 1923, on avait donc sept grandes usines de pâtes et papiers en Mauricie, ce qui en faisait une des
régions productrices de papier les plus importantes. L'activité industrielle autour du papier en est venue
à occuper 50 % des emplois industriels en Mauricie vers 1925. À Cap-de-la-Madeleine et à Grand-Mère,
on parle de 80 %. Des villes mono-industrielles comme La Tuque vivent de ces activités-là, tandis qu'à
Trois-Rivières et Shawinigan, c'est autour de35-40 %», détaille M. Hardy.
La presse: catalyseur et fossoyeur de l'industrie
C'est l'avènement de la presse de masse qui a donné l'élan à l'industrie des pâtes et papiers. «On
connaît à la fin du XIXe siècle une révolution culturelle et sociale majeure dans les communications.
Depuis les années 1810-1820, on a alphabétisé les masses. Les gens ont appris à lire. On avait déjà des
journaux, mais c'étaient des journaux d'idées, à faible tirage, petits. À la fin du siècle, c'est la presse de la
publicité: on commence à avoir le gros journal à grand tirage, à prix modique», rappelle René Hardy.
«Ça crée une demande énorme pour le papier. Et les États-Unis sont prêts à investir dans ce nouveau
produit pour en faire des productions massives», continue l'historien avant d'ajouter en pointant son
ordinateur: «Aujourd'hui, on remarque le déclin du papier journal avec ça (l'ordinateur), qui est en train
de déclasser le mode de communication qui a joué pendant 100 ans en la faveur de l'économie
mauricienne».
La première usine de papier à fermer aura été la St. Maurice, alors gérée par la Wayagamack, en 1977.
En 1992, la CIP, qui était passée aux mains de PFCP (Produits forestiers Canadien Pacific), jeta plus de
1000 travailleurs au chômage. En 2007, 560 personnes perdaient leur emploi à la Belgo de Shawinigan.
Ne reste plus que la Kruger à Trois-Rivières (l'usine du boulevard Gene-H.-Kruger et celle de l'île de la
Poterie, l'ancienne Wayagamack) et l'ancienne Brown de La Tuque, maintenant RockTenn.
Aluminium
> Alcan (Rio Tinto), site du boulevard Saint-Sacrement 1941-2013 (425 emplois perdus)
> International Foils/Reynolds/Reycan/Aleris 1939-2008 (450 emplois perdus)