
revues d’une littérature peu abondante sur ce sujet [3, 6, 1]. La
brève période de 3 ans au cours de laquelle sont apparus ces 5 cas
de métastases caverneuses nous incite à penser que la variation
observée est avant tout due à un aléa statistique et non au traitement
chirurgical lui même qui n’a pas changé sur la période dans l’insti-
tution. Cependant, quatre patients présentaient sur la pièce de cys-
toprostatectomie des embols vasculaires néoplasiques. On peut
alors supposer que la mobilisation per-opératoire d’une pièce de
cystectomie ayant des embols néoplasiques endo-vasculaires puisse
favoriser la diffusion métastatique au corps caverneux. D’un autre
côté, certains auteurs ont plutôt incriminé le traitement par radio-
thérapie comme favorisant les métastases péniennes [3]. Le délai
observé entre le diagnostic du cancer de vessie et le diagnostic de la
métastase (8,4 mois) est identique à celui observé dans la littératu-
re [1] malgré un cas apparu 10 ans après la tumeur primitive et 2.5
ans après une métastase pulmonaire [1]. Les trois patients qui ont
eu un geste endo-uréthral en même temps qu’une résection de
tumeur infiltrante ou de grade 3 (2 uréthrotomies internes dont une
avec fausse route et une résection trans-uréthrale de prostate) ont
présenté une localisation uréthrale concomitante à la métastase
caverneuse. Ce résultat est en accord avec les données de la littéra-
ture [3], qui voient dans les traumatismes instrumentaux urétraux
une possible voie de diffusion métastatique. Compte tenu du carac-
tère rétrospectif de l’étude et que tous les patients opérés d’une cys-
toprostatectomie dans la même période (n=56) n’ont pas tous un
dossier complet exhaustif de leur passé de chirurgie endoscopique,
nous n’avons pas pu retracer ce facteur de risque par comparaison
statistique. Tous les patients présentaient une tumeur de vessie évo-
luée : multifocale ou étendue atteignant le col ou infiltrant la pro-
state (4 tumeurs sur 5 étaient pT3 ou plus). On peut remarquer que
dans un cas, les biopsies de l’urètre prostatique faites 15 jours avant
la CPT n’ont pas diagnostiqué un envahissement prostatique pour-
tant présent sur la pièce opératoire et que tous les patients avaient
une recoupe urétrale saine lors de l’examen extemporané en per-
opératoire de la CPT.
Nous avons eu un patient pour lequel le mode de révélation a été un
priapisme. Ceci est rapporté de façon éparse dans la littérature [2].
Cette information a pour intérêt de devoir faire penser à l’hypothè-
se diagnostique de métastase caverneuse dans un contexte de
tumeur urothéliale connue. CHAN [2] dans son rapport clinique de
deux patients avait trouvé des natures tumorales histologiques simi-
laires mais retrouvait une association à des adénocarcinomes pro-
statiques. Les biopsies confirmaient le diagnostic de métastase d’o-
rigine urothéliale.
Si le diagnostic final impose la biopsie, l’imagerie peut être une
aide substantielle au diagnostic. Nous n’y avons pas eu recours dans
notre série. La qualité de l’imagerie par résonance magnétique
nucléaire dans le diagnostic des pathologies de la verge est bonne et
a été confirmée dans cette pathologie sur quelques dossiers [1].
Au total, au décours d’une cystectomie pour cancer de vessie, il
pourrait exister des facteurs favorisants l’apparition d’une métasta-
se caverneuse d’autant que le patient a eu un geste instrumental
endo-uréthral lors de la résection de vessie préopératoire, qu’il s’a-
git d’une tumeur localement avancée, multifocale, atteignant le col
vésical, d’un stade supérieur ou égal à pT3, d’un grade histo-pro-
nostique égale à G3, et avec des embols néoplasiques endo-vascu-
laires. Les recoupes urétrales saines lors de la CPT ainsi que des
biopsies de l’urètre prostatique saines n’éliminent pas le risque de
métastase pénienne d’un cancer de vessie.
L’objectif de ce travail n’était pas d’évaluer les traitements des
métastases caverneuses. Pour notre part, nous avons tenté de l’a-
dapter à chacun des cas particuliers. Il n’en reste pas moins que quel
que soit le traitement proposé, l’apparition de métastases péniennes
reste un événement qui assombrit de façon certaine le pronostic
d’un patient opéré d’un cancer de vessie et témoigne d’une grande
évolutivité de la maladie. En cela cette série est comparable à la lit-
térature [7].
CONCLUSION
L’apparition d’une métastase caverneuse après cystectomie est un
événement rare mais non exceptionnel dans l’évolution des patients
opérés d’un cancer de vessie. Ce risque évolutif semble être plus
important chez les patients ayant eu un geste endo-uréthral conco-
mitant à la résection d’une tumeur infiltrant de haut grade histo-pro-
nostique. Le risque évolutif semble également important lorsque sur
la pièce de cystectomie, on trouve une tumeur de localisation mul-
tiple, localement avancée, atteignant le col vésical, de haut grade (>
pT3 G3) et avec la présence d’embols vasculaires. Des recoupes
uréthrales et des biopsies de l’urètre prostatique saines n’éliminent
en rien le risque de métastase pénienne d’un cancer de vessie.
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the litterature and a report of 9 new cases. Urology, 1987 ; 29 : 394-397.
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SUMMARY
Cavernosal metastases from bladder tumour after cystoprostatec-
tomy.
Objective: To evaluate the predictive factors for cavernosal metastases
after cystoprostatectomy for transitional cell bladder cancer.
Material and Method: Between February 1998 and January 2002, 61
men were treated by cystectomy for transitional cell bladder cancer (56
total cystoprostatectomies and 5 partial cystectomies). Five patients
(8%) subsequently developed cavernosal metastases. The assessment
criteria were classified into three categories: clinical history, histologi-
cal findings on the operative specimen and follow-up data.
Results: The metastasis was observed an average of 8.4 months (range:
3-17) after cystoprostatectomy. Three of the 5 patients had a history of
transurethral procedure at the same time as resection of a high-grade
invasive bladder tumour: a urethral recurrence concomitant with the
penile metastasis was observed in these cases. In 4 out of 5 cases, the
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F. Mondet et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 1330-1333