14 Finances & Développement Décembre 2015
Emplois verts
Protection de l’environnement
peut rimer avec prospérité
économique et emplois
Peter Poschen et Michael Renner
L
E PLAN d’action pour le climat (2013) et le plan pour une
énergie propre (2015) du Président Barack Obama ont
suscité un vif débat. Le chef du Parti républicain au Sénat,
Mitch McConnell, a dénoncé leurs propositions : «Déclarer
la guerre au charbon revient à déclarer la guerre à l’emploi. Cela
équivaut à scier la branche à laquelle tentent de se raccrocher tous les
Américains qui éprouvent des difficultés dans l’économie actuelle.»
L’opinion selon laquelle il existe une contradiction intrinsèque
entre, d’un côté, la protection du climat et de l’environnement,
et de l’autre la prospérité économique et l’offre d’emplois, est
fort répandue chez les dirigeants politiques du Nord comme du
Sud, ainsi que chez les chefs d’entreprises.
Les électeurs aussi s’interrogent. Selon un sondage annuel sur les
principales préoccupations des électeurs américains, réalisé par le
Pew Research Center, une tendance se dégage clairement ces dix
dernières années. Au cours des années fastes pour la croissance et
l’emploi, le développement durable ainsi que l’emploi et le revenu des
ménages étaient les deux principales préoccupations de l’électorat
américain (57 %). Mais, lorsque la Grande Récession a commencé
à sévir en 2009, la perte d’emploi est devenue le souci majeur
pour 82 % des Américains, loin devant l’environnement (41%)
et le changement climatique (30 %), selon la même source (2009).
Lorsque l’emploi est une priorité et que la protection de l’en-
vironnement est perçue comme une menace pour celui-ci, il
devient difficile de mobiliser une quelconque volonté politique.
Pourtant, faut-il réellement choisir entre l’un ou l’autre?
La réponse est lourde de conséquences à lheure où plus de
200millions de personnes sont au chômage et où près de la moitié
des emplois sont précaires et souvent mal rémunérés (OIT, 2015).
Il faudra créer 400 millions d’emplois pour résorber le chômage
issu de la Grande Récession et offrir des perspectives aux nouveaux
arrivants sur le marché du travail des dix prochaines années,
principalement dans les pays en développement (OIT, 2014).
Dilemme?
De prime abord, ces inquiétudes peuvent paraître justiées. Les
secteurs qui contribuent le plus directement au changement clima-
tique et à d’autres types de dégradations environnementales sont
l’agriculture, la pêche, la sylviculture, l’énergie, la grosse industrie,
le traitement des déchets, le BTP et les transports. Visés par les
politiques de limitation du changement climatique, ces secteurs
emploient au total plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde,
soit la moitié environ de la main-d’œuvre mondiale (OIT, 2012).
L’ expérience des dix dernières années suggère toutefois que la
lutte contre le changement climatique n’est pas nécessairement
incompatible avec un marché de l’emploi dynamique.
Les emplois verts, qui permettent de réduire l’impact envi-
ronnemental de l’activité, jouent un rôle crucial dans la tran-
sition vers une économie plus propice à lenvironnement. Ils se
divisent en deux grandes catégories : d’un côté, la production
d’infrastructures environnementales telles que les éoliennes et
les bâtiments éco-efficients; de l’autre, la fourniture de services
Finances & Développement Décembre 2015 15
Poschen, corrected 11/4/2015
Graphique 1
Énergies renouvelables et emplois
L’énergie solaire est devenue l’un des principaux pourvoyeurs
d’emplois verts, qui connaissent une augmentation annuelle
marquée dans le monde entier.
(emplois directs et indirects, millions)
Sources : PNUE et al. (2008) pour les données de 2006; OIT (2012) pour les données
de 2011; IRENA (2013, 2015) pour les données de 2012–14.
2006 2011 2012 2013 2014
0
1
2
3
4
5
6
7
8Biocarburants
Biomasse
Biogaz
Géothermie
Petite hydraulique
Solaire thermique
Photovoltaïque
Éolien
Poschen, corrected 11/4/2015
Graphique 2
Sources d’emplois
En France, les énergies renouvelables et l’efcacité
énergétique génèrent plus d’emplois que les énergies fossiles.
Source : Quirion et Demailly (2008).
Note : Ce graphique indique le nombre d’emplois générés en France en 2005 par million
d’euros de demande nale dans les branches sélectionnées.
Commerce et réparation automobile
Solaire thermique
Bâtiment
Transport en commun par route
Transport ferroviaire
Éolien
Solaire photovoltaïque
Dépenses moyennes des ménages
Automobiles
Houille et lignite
Électricité
Gaz
Rafnage de pétrole
Effet direct
Effet indirect
0 3 6 9 12 15 18
Emplois directs et indirects, millions
de recyclage et les tâches visant à réduire les émissions nocives
ainsi que la consommation de ressources et d’énergie (sécurité
environnementale et professionnelle, gestion des installations
et de la logistique).
Deux mesures principales peuvent être prises pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre : des méthodes de production
d’énergie à faible intensité de carbone et la diminution des émis-
sions dues à l’occupation des sols résultant de la déforestation.
La production d’énergie plus propre nécessite de réduire les
combustibles fossiles, qui libèrent du dioxyde de carbone lorsqu’ils
sont utilisés pour générer de l’électricité, pour le chauffage ou
pour les transports. Remplacer les combustibles les plus polluants
comme le charbon ou le pétrole lourd par des combustibles fossiles
moins nocifs comme le gaz naturel est une solution provisoire.
Mais, en définitive, ce sont les énergies renouvelables issues de
l’eau, du vent, du soleil et de la biomasse qui pourront réellement
empêcher d’excéder la capacité d’absorption des puits de carbone
dans l’atmosphère et les océans.
Les industries productrices d’énergie renouvelable ont
commencé à créer de nombreux emplois. D’après l’une des
premières évaluations mondiales, le nombre d’emplois directs
et indirects dans ce secteur était estimé à 2,3 millions en 2006
(PNUE et al., 2008). Selon des méthodes d’évaluation compa-
rables (graphique1), il y en avait 7,7 millions en 2014 (IRENA,
2015). Bien plus de 50 % de ces emplois ont été créés dans des
pays émergents comme le Brésil, la Chine et l’Inde, qui jouent
un rôle majeur dans la transition vers les énergies renouvelables
telles que le biogaz, les biocarburants et le solaire thermique ou
photovoltaïque.
Les investissements dans les énergies renouvelables ont pro-
gressé à vive allure (malgré un ralentissement relatif après 2011),
et les capacités installées ont fait un bond (PNUE, 2015; REN21,
2015). Jusqu’à présent, ces énergies ne se sont pas développées
au détriment des combustibles fossiles. Y aura-t-il des pertes
d’emplois lorsque cela se produira? Les énergies renouvelables ne
sont-elles pas censées supprimer des emplois pour la simple raison
qu’elles sont souvent plus onéreuses? Et la nécessité d’importer
des équipements ne fait-elle pas pencher la balance? Autant de
questions qui soulignent un point fondamental : l’évaluation des
conséquences totales, en matière d’économie et d’emploi, d’une
transition vers les énergies propres doit porter sur l’économie
dans son ensemble.
Des millions d’emplois ont été supprimés au cours des dernières
décennies dans les énergies fossiles, notamment le charbon, où il
ne restait que 9,8 millions d’emplois en 2014 (Greenpeace Inter-
national et al., 2015). Ces pertes ne tiennent cependant pas à des
politiques de lutte contre le changement climatique, mais aux
gains de productivité dans les mines de charbon et aux échanges
internationaux. Lorsque les énergies renouvelables commencent à
supplanter les énergies fossiles, la comparaison directe suggère un
gain net, ce que confirme l’observation globale de l’économie. Les
pleins d’essence et l’utilisation des réseaux électriques fonctionnant
à l’énergie d’origine nucléaire ou fossile génèrent peu d’emplois,
tant au niveau de la production que de la distribution. Ces secteurs
créent beaucoup moins d’emplois que la moyenne des dépenses
de consommation. En revanche, les énergies renouvelables et les
investissements dans l’efficience énergétique en créent plus que
la demande des autres biens et services (le graphique 2 illustre ce
point pour la France).
Comment le coût des énergies renouvelables et les importations
d’équipements qu’elles supposent influent-ils sur les emplois nets?
Le coût de l’énergie renouvelable a chuté à un rythme étonnant
au cours de la dernière décennie. D’après l’Agence internationale
pour les énergies renouvelables (IRENA), celles-ci constituent
d’ores et déjà le moyen le moins coûteux de fournir de l’électricité
aux 1.300 millions de personnes sans accès à l’énergie propre,
notamment en Afrique et en Asie du Sud (IRENA, 2013). Quant
à l’énergie éolienne, elle est commercialement viable dans un
nombre croissant de pays, notamment au Brésil, aux États-Unis
et en Europe, avec des réseaux électriques étendus et diversifiés.
Le débat sur le changement climatique et l’emploi se concentre
principalement sur les énergies renouvelables, mais il existe une
autre source d’emplois liés à la décarbonisation, dont on parle
beaucoup moins. Des gains d’efficience substantiels sont techni-
quement réalisables et économiquement viables dans l’industrie, le
16 Finances & Développement Décembre 2015
logement, les transports et les services. Cela peut à la fois profiter
aux entreprises et permettre aux ménages de réaliser de véritables
économies, lesquelles, une fois réinjectées dans le circuit de la
consommation, peuvent à leur tour stimuler l’emploi.
Exemple : les États-Unis possèdent une économie diversifiée
qui importe d’énormes quantités d’équipements destinés aux
énergies renouvelables. Une étude récente a examiné de près les
effets économiques à grande échelle d’une réduction des émissions
de 40 % à l’horizon 2030, grâce à l’action combinée des énergies
propres et des gains de rendement énergétique (Pollin et al., 2014).
Selon cette étude, 200 milliards de dollars d’investissements par
an entraîneraient un gain net d’environ 2,7 millions d’emplois:
4,2 millions d’emplois gagnés dans les secteurs des biens et
services environnementaux et de leur chaîne logistique moins
1,5 million d’emplois perdus dans les secteurs à forte intensi
d’énergie d’origine fossile. Ce gain net permettrait de réduire le
taux de chômage aux États-Unis de 1,5 point à l’horizon 2030,
en le faisant descendre, par exemple, de 6,5 à 5 %. Les auteurs
considèrent cette estimation comme prudente : elle ne prend
pas en compte, par exemple, les 1,2 à 1,8 million d’emplois qui
seraient vraisemblablement créés grâce au réinvestissement des
économies réalisées.
D’autres études font état de résultats similaires. Une revue de
trente études couvrant quinze pays et l’Union européenne laissent
entrevoir d’importants gains nets (effectifs ou potentiels) d’emploi
(Poschen, 2015). La plupart des études fondées sur des objectifs
d’émissions conformes aux ambitions annoncées pour un accord
à Paris en décembre font état d’un gain net de l’ordre de 0,5 à 2 %
de l’emploi total, soit 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires.
Dans les pays émergents comme l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine
et Maurice, il apparaît que les investissements verts accélèrent la
croissance et la création d’emplois. Plusieurs études suggèrent que
des objectifs plus ambitieux en matière de climat généreraient des
gains supérieurs en termes d’emploi (voir l’analyse détaillée par
pays dans Poschen, 2015).
Outre la création d’emplois, les politiques actives de lutte contre
le changement climatique présentent d’autres avantages potentiels
sur le plan social. Les gains de productivité et de durabilité dans des
secteurs critiques pour le climat, tels que l’agriculture, le bâtiment
et le traitement des déchets, pourraient, par exemple, aider des
centaines de millions de paysans à sortir de la pauvreté (OIT, 2012).
L’importance des politiques publiques
Un bémol s’impose toutefois. Au-delà des objectifs de réduction
des émissions proprement dits et des technologies déployées
pour les atteindre, les politiques déterminent de façon capitale
les résultats pour l’économie et l’emploi. Le débat entre écono-
mistes sur les instruments appropriés en matière de climat et
d’environnement a longtemps été dominé par la question du
prix. Or, révéler le véritable coût économique de l’utilisation d’un
bien ou d’un service y compris son impact négatif sur le climat,
voilà ce qui est considéré depuis longtemps comme un facteur
clé pour faire évoluer les économies sans bouleverser le système
climatique de la planète de manière incontrôlable.
Peu de gens nieraient qu’une évaluation correcte des coûts est
indispensable à une politique efficace face au changement clima
-
tique, mais cela pourrait être insuffisant. En matière d’emploi,
la méthode de détermination du juste prix importe également.
Les différentes études tendent à démontrer que la réforme de
l’écotaxe, qui prévoit un allégement des charges salariales et de
l’impôt sur le revenu ainsi qu’une taxation plus forte des émissions
de gaz carbonique et de la consommation de ressources, grâce
à des instruments tels que la taxe carbone, peut à la fois réduire
les émissions et créer des emplois (OIT, 2011).
Le produit de l’écotaxe peut aussi contribuer à contrer trois
effets négatifs engendrés par la transition vers une économie
respectueuse de l’environnement.
Le premier concerne les pertes d’emplois dans des secteurs tels
que les charbonnages, les centrales à charbon, l’industrie lourde
et les transports, consécutives à la restructuration de l’économie.
Grâce à la diminution du coût du travail en raison de la baisse des
charges salariales et sociales, même des secteurs à forte intensité de
ressources peuvent maintenir leurs emplois malgré l’augmentation
des prix de l’énergie et des matières premières. Les rares données
disponibles semblent indiquer que les pertes d’emplois liées à cette
restructuration resteront modérées, mais qu’elles interviendront
effectivement dans des zones déjà touchées par la mondialisation,
où il n’existe guère d’autres activités que dans le secteur minier ou
énergétique. Le cas échéant, il faudra investir dans la protection
sociale, la reconversion professionnelle et la diversification de
l’économie locale pour favoriser l’adhésion des travailleurs et des
représentants politiques des régions touchées à la décarbonisation.
Le deuxième effet négatif concerne les revenus davantage que
les emplois. L’augmentation des prix de l’énergie due à l’écotaxe
ou à l’élimination des subventions énergétiques est socialement
régressive. Les ménages aisés sont ceux qui bénéficient le plus des
subventions, car ils consomment davantage d’énergie, tandis que
les ménages plus modestes consacrent une part disproportionnée
de leur revenu à l’énergie et à des biens et services énergivores,
tels que la nourriture et les transports. Les initiatives adoptées
pour mettre fin aux subventions encourageant la consommation
et la prolifération des déchets ont porté leurs fruits uniquement
lorsqu’une part des économies réalisées a servi à dédommager
les individus excessivement touchés.
Le troisième effet négatif est la nécessité de s’adapter au chan-
gement climatique en tant que tel. Si aucun effort n’était fait pour
le juguler, cela entraînerait une chute de 7 % de la production
mondiale à l’horizon 2050 d’après une étude de l’OIT (2011). Un
chiffre revu à la hausse selon les estimations de l’OCDE et de la
Banque mondiale. Même dans l’éventualité d’un accord à Paris et
même si des baisses sensibles d’émissions étaient enregistrées au
cours des prochaines décennies, les gaz à effet de serre déjà présents
dans l’atmosphère vont continuer de causer des dommages. Dans
la situation actuelle, alors que la hausse de température est encore
inférieure à 1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, l’imprévisibilité
des conditions météorologiques et leur caractère extrême ont déjà
commencé à altérer les écosystèmes, à détériorer les infrastructures,
à bouleverser les activités économiques, à détruire des emplois et
des moyens de subsistance et à tuer des individus à une échelle
sans précédent (Poschen, 2015). Le changement climatique est
également devenu l’une des causes majeures de migration fore.
Face à ces tensions, il est urgent d’investir pour renforcer les
secteurs, les collectivités et les entreprises touchés. La protection
sociale joue un rôle crucial en aidant les populations fragiles à
Finances & Développement Décembre 2015 17
affronter les tempêtes et les sécheresses produites par le chan-
gement climatique. Des programmes d’investissements à haute
intensité de main-d’œuvre peuvent permettre de construire
des infrastructures d’adaptation tout en apportant du travail
aux communautés démunies. Il est ainsi possible de réhabiliter
les bassins versants en plantant des arbres et en conservant les
sols pour prévenir les inondations en aval, ou de construire des
barrages et des réservoirs de petite dimension pour stocker de
l’eau en vue de la saison sèche. En Afrique du Sud, le programme
étendu de travaux publics vise à la fois à réduire la pauvreté et à
encourager les initiatives locales de développement, en investissant
dans des infrastructures économiques, sociales et environne-
mentales telles que la gestion des eaux, la protection des zones
humides et la réhabilitation des forêts. Ce programme génère
plusieurs centaines de milliers d’emplois pour les populations
locales et les groupes vulnérables. En Inde, la loi sur la garantie
de l’emploi rural assure au moins 100 jours de travail rémunéré
par exercice à chaque ménage rural dont les membres adultes se
portent volontaires pour des travaux manuels non qualifiés dans
le cadre de projets tels que la conservation des eaux et des sols, le
reboisement et la protection face aux inondations. En 2012/13,
ce programme a fourni du travail à 50 millions de ménages en
milieu rural (Poschen, 2015).
Gérer le changement
L’amélioration des méthodes et des opérations de production ore
l’un des principaux moyens de réduire les émissions. En eet,
contrairement aux changements d’équipements, qui demandent
du temps, elle permet de faire baisser sensiblement les émissions
et la consommation de ressources à court et moyen terme. Le
programme Pollution Prevention Pays, lancé par le conglomérat
3M dans les années 70, ore un aperçu des possibilités. L’entreprise
demande aux travailleurs d’identier les leviers qui permettraient
d’économiser des ressources et de réduire les émissions, puis
actionne ceux qui sont jugés viables. Entre 1990 et 2011, 3M a
réduit ses émissions de gaz à eet de serre de 72 % et ses émis-
sions de polluants de 1,4 million de tonnes, en économisant au
passage 1,4 milliard de dollars (3M, 2011).
Cela n’est qu’un exemple des nombreux moyens dont disposent
les entreprises, le patronat, les travailleurs et les syndicats, autre
-
ment dit «le monde du travail», pour faciliter la transition vers
une économie respectueuse de l’environnement, émettant peu de
carbone. Les entreprises vertes peuvent réaliser des économies
en fonctionnant de façon moins énergivore et en consommant
moins de ressources. Les responsables et les travailleurs peuvent
s’appuyer sur des technologies peu gourmandes en énergie et en
ressources. Mais, lorsque les entreprises et les travailleurs ne sont
pas prêts et ne disposent pas des compétences adaptées pour ins-
taller et utiliser les nouvelles technologies, les gains économiques
et environnementaux s’en trouvent diminués, voire annulés. Le
manque de formation constitue un frein à la croissance verte dans
la quasi-totalité des secteurs économiques et des pays.
Les ministères du travail, les organisations patronales et les syn-
dicats ont aussi grandement contribué à la conception de mesures
d’adaptation au changement climatique. En Allemagne, ces trois
acteurs ont lancé le plus vaste programme d’efficience énergétique
au monde, avec plus de 120 milliards d’euros investis à ce jour. Au
Brésil, ils ont intégré l’énergie renouvelable à des programmes de
logements sociaux à grande échelle. En Inde et en Afrique du Sud,
ils ont expérimenté de nouveaux systèmes de protection sociale
garantissant la sécurité sociale et des conditions de travail adéquates
afin de promouvoir les travaux de réhabilitation et d’accroître la
résilience face au changement climatique. Enfin, au Bangladesh,
le ministère du Travail a développé la formation à l’intention des
installateurs d’équipements d’énergie renouvelable, ce qui a permis
déquiper plus de 4 millions d’habitations rurales en énergie solaire.
Les défis environnementaux et sociaux actuels sont étroite-
ment liés. Nous n’avons ni le temps ni l’argent pour les relever
séparément ou successivement. Il sera vital de mobiliser les
employeurs, les travailleurs et les syndicats pour appliquer un
accord sur le climat et obtenir le soutien politique nécessaire. Et
cela pour le bien de tous, riches et pauvres.
Peter Poschen est le Directeur du Département des entreprises
au sein de l’Organisation internationale du travail. Michael
Renner est chercheur au sein du Worldwatch Institute.
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