Questions pour un champion en anesthésie PREVENTION DU RISQUE INFECTIEUX AU BLOC OPERATOIRE J. Hajjar, Service de lutte contre les infections nosocomiales, Centre Hospitalier Général, 26953 Valence Cedex 9, France. INTRODUCTION En dépit des progrès techniques considérables de la chirurgie et de l’anesthésie, et malgré l’utilisation des antibiotiques, on estime qu’en moyenne 2,5 % des 6 millions de patients opérés chaque année en France contractent une infection nosocomiale. Si de nombreux facteurs interviennent tout au long du processus chirurgical pour favoriser la survenue d’une infection chez l’opéré, ceux de la période peropératoire sont les plus importants. Pour le personnel soignant, la période peropératoire constitue aussi un moment à risque potentiel de contamination par des agents pathogènes à transmission sanguine, en raison de la fréquence des expositions accidentelles au sang. La prévention des risques infectieux au bloc opératoire a fait l’objet de nombreuses recommandations [1, 2, 3, 4]. Le succès de cette prévention passe par l’adhésion de tous les acteurs composant l’équipe opératoire formés à l’identification des risques encourus et connaissant et appliquant des recommandations ayant fait la preuve de leur efficacité. 1. INFECTIONS NOSOCOMIALES DU PATIENT CHIRURGICAL L’opéré peut développer 2 types d’infection nosocomiale : des infections touchant le site opératoire lui-même et des infections à distance du site chirurgical. 1.1. INFECTIONS DU SITE OPERATOIRE L’infection du site opératoire (ISO) se définit schématiquement par la présence d’un écoulement ou d’une collection purulente soit au niveau de l’incision soit au niveau de l’organe ou de la cavité concernée par l’acte chirurgical [5]. 1.1.1. PATHOGENIE 1.1.1.1. Flore du patient La plupart de ces infections sont dues à la flore du patient (contamination endogène) qui colonise des régions saines (peau, tractus respiratoire, digestif, urinaire, génital) ou lésées. Les bactéries colonisent soit l’organe siège de l’intervention, soit la peau siège de l’incision. 53 54 MAPAR 1998 1.1.1.2. Flore du personnel Plus rarement les ISO sont dues à la flore du personnel présente sur les mains des opérateurs ou leur sphère rhinopharyngée, ou à la flore de l’environnement. Les bactéries sont transmises directement ou par voie aérienne (le transport des micro-organismes se faisant alors par l’intermédiaire de poussières et de squames). Le rôle de la transmission aéroportée est peu documenté sauf pour les interventions de chirurgie propre (prothèse de hanche par exemple). 1.1.1.3. Autre foyer Exceptionnellement l’infection est la conséquence d’une contamination par voie hématogène à partir d’un autre foyer infectieux. 1.1.2. FACTEURS DE RISQUE De nombreux facteurs de risque ont été identifiés par différentes études cliniques. L’influence de certains d’entre eux sur les taux d’infection du site opératoire a été évaluée dans le travail de référence portant sur 63 000 interventions, publié par Cruse et Foord en 1980 [6]. Pour d’autres (dénutrition, radio ou chimiothérapie, etc.) cette influence est cliniquement admise mais n’est pas établie de manière irréfutable en raison de difficultés à mesurer de manière simple et précise le facteur en cause ou à établir statistiquement sa responsabilité. Enfin certains éléments sont peu évalués (habileté du chirurgien, complexité de la procédure, sévérité de la pathologie sous-jacente) mais peuvent être pris en compte par d’autres facteurs prédictifs indépendants (durée de l’intervention, durée de l’hospitalisation préopératoire). 1.1.2.1. Facteurs liés au patient Ce sont principalement le grand âge, l’obésité, la dénutrition, un séjour préopératoire prolongé, une infection d’un autre site, le diabète, le cancer, un traitement immunosuppresseur. La fréquence des ISO (Tableau I) est bien corrélée avec le score ASA de l’American Society of Anesthesiologists qui est un bon indicateur de la mortalité péri-opératoire globale. Tableau I Taux d’ISO en fonction du score ASA pour 84 691 interventions (d’après Culver) [7] Score ASA Interventions % Taux d’ISO 1 26 1,5 2 37 2,1 3 26 3,7 4 11 5,5 5 0,4 7,1 1.1.2.2. Facteurs liés à la chirurgie Le risque intrinsèque d’un type d’incision particulier, défini par la classe de contamination selon la classification du College of Surgeons ou classification d’Altemeier, influence directement le taux d’ISO (Tableau II). De nombreux autres facteurs sont liés à l’intervention et influencent les taux d’infection : la préparation cutanée du champ opératoire (rasage, antisepsie), les conditions Questions pour un champion en anesthésie d’intervention au niveau de la salle d’opération (matériel, température ambiante, etc.), la durée d’intervention, la technique chirurgicale proprement dite (caractère urgent, présence d’une prothèse et de drains, qualité de l’hémostase, expérience du chirurgien), l’utilisation d’une antibioprophylaxie. Tableau II Taux d’ISO en fonction de la classe de contamination pour 84 691 interventions (d’après Culver) [7] Classe de contamination Interventions % Taux d'ISO Propre 58 2,1 Propre-contaminée 36 3,3 Contaminée 4 6,4 Sale ou infectée 2 7,1 1.1.2.3. Facteurs liés à l’anesthésie Quelques travaux suggèrent que les substances anesthésiques (par inhalation ou par voie veineuse) jouent un rôle dans l’infection du site chirurgical en altérant les défenses immunitaires, mais ceci n’est pas établi de manière certaine en raison de la complexité des mécanismes en cause [8]. En ce qui concerne l’équipe d’anesthésie, elle participe au même titre que les autres intervenants à l’aérobiocontamination, c’est à dire à l’émission et à la diffusion de particules d’origines diverses dont certaines véhiculent des micro-organismes capables de contaminer la plaie opératoire. 1.1.4. INDEX DE RISQUE Différents index de risque prenant en compte les principaux facteurs de risque ont été proposés pour définir des groupes de patients ayant a priori un risque similaire. L’intérêt de tels index est de permettre d’éventuelles comparaisons de taux d’infection que n’autorise pas l’utilisation de taux bruts. Le plus pertinent est à l’heure actuelle l’index de risque NNIS qui combine le score ASA, la classe de contamination et la durée d’intervention. Par exemple le taux d’ISO qui est de 2,1 % en classe propre, varie en fait de 1 % (valeur basse de l’index) à 5,4 % (valeur haute de l’index). 1.1.5. FREQUENCE ET CONSEQUENCES En 1996, l’enquête nationale de prévalence a montré que les ISO représentent 11 % de l’ensemble des infections nosocomiales (36 % pour les infections urinaires et 12 % pour les pneumopathies) [9]. Mais elles sont au premier rang en terme d’augmentation de la durée du séjour hospitalier (7 jours en moyenne) et de coût additionnel (20 000 FF en moyenne). Ainsi chaque année le coût total s’élèverait à plus de 3 milliards de francs. 1.2. INFECTIONS A DISTANCE Elles sont consécutives aux techniques permettant la réalisation de l’acte chirurgical et principalement les techniques anesthésiques invasives : accès vasculaires et contrôle des voies aériennes lors de l’anesthésie générale, abord rachidien pour l’anesthésie péridurale ou sous arachnoïdienne. 55 56 MAPAR 1998 1.2.1. EPIDEMIOLOGIE La surveillance épidémiologique des infections liées à l’anesthésie n’ayant pas connu le même développement que celle pour les infections du site opératoire, il est difficile non seulement de préciser l’importance du problème en l’absence de taux spécifiques d’infection, mais aussi de déterminer les caractéristiques principales de ces infections et leurs facteurs de risque. La survenue d’infections liées aux actes anesthésiques est un fait établi essentiellement à partir de cas épidémiques secondaires à l’utilisation de circuits d’anesthésie contaminés [10] ou à l’injection d’agents anesthésiques provenant de flacons multidoses mal désinfectés ou de seringues préparées plus de 24 heures à l’avance [11], pour ne citer que ces 2 exemples. L’interprétation de certains de ces cas est toutefois délicate, les méthodes actuelles de typage moléculaire n’existant pas lors de leur publication. En dehors des situations épidémiques, la plupart des enquêtes sont rétrospectives et comportent de nombreux biais méthodologiques [12]. Les enquêtes prospectives dont on dispose concernent surtout l’anesthésie péridurale. Une seule étude prospective globale [13], menée sur une période de 10 mois, a montré une incidence d’infections de 1,5 % sur 400 patients inclus (infections bactériologiquement documentées). 1.2.2. PRINCIPALES INFECTIONS ET FACTEURS DE RISQUE 1.2.2.1 Infections liées à l’utilisation d’un matériel mal décontaminé, non désinfecté ou non stérilisé Il s’agit principalement du rôle joué par le matériel nécessaire au contrôle des voies aériennes et à la ventilation mécanique dans la transmission des micro-organismes et la survenue d’infections. Un débat s’est instauré depuis de nombreuses années sur l’implication des circuits d’anesthésie [12]. Il est indiscutable pour de nombreux auteurs, la preuve résidant dans la positivité des prélèvements bactériologiques effectués lors de l’utilisation en routine ou lors d’études in vitro. Mais pour d’autres, ces circuits même contaminés ne transmettent pas de micro-organismes en quantité significative en raison de l’environnement hostile qu’ils constituent pour le développement des bactéries. Lors de la ventilation artificielle, le court-circuit des voies aériennes supérieures par le tube endotrachéal, l’utilisation d’agents anesthésiques par inhalation et de drogues déprimant l’activité ciliaire de l’épithélium bronchique, le transfert de la flore propre du patient du pharynx vers la trachée, sont les principaux mécanismes qui peuvent être à l’origine de pneumopathies postopératoires, en dehors de toute contamination initiale de l’équipement d’anesthésie. Les antécédents respiratoires du patient et le type de chirurgie constituent les autres facteurs de risque. La survenue de pneumopathies postopératoires est le critère de jugement le plus souvent utilisé dans les études sur le rôle des circuits d’anesthésie dans la transmission d’infections. Mais ce critère est difficile à utiliser pour rendre compte du risque de contamination croisée (et en particulier du risque viral) qui existe même s’il n’est pas aisé à mettre en évidence. En effet, le matériel nécessaire au contrôle des voies aériennes et à la ventilation mécanique est au contact des micro-organismes naturellement présents dans les voies aérodigestives supérieures des patients, en particulier dans la salive et les sécrétions trachéo-bronchiques qui peuvent également contenir du sang. L’ensemble du matériel est concerné aussi bien celui de ventilation manuelle (masques, ballons, valves, lames de laryngoscope, tubes endotrachéaux, etc.) que de ventilation mécanique (circuits externes Questions pour un champion en anesthésie et internes des respirateurs, humidificateur, etc.). La décontamination insuffisante de ce matériel et sa manipulation par le personnel soignant lors des procédures de soins (intubation, extubation, aspiration), peuvent être à l’origine de la transmission d’un patient à l’autre d’infections respiratoires ou non (cas récents d’hépatite C transmis par un circuit dépourvu de filtre bactérien et viral et non changé entre les patients) [14]. 1.2.2.2. Infections et procédures effectuées sans respecter les règles d’asepsie Les cathétérismes vasculaires, la manipulation des agents anesthésiques intraveineux et les anesthésies locorégionales sont les procédures principalement en cause. - En dehors du bloc opératoire, le taux d’infection locale est estimé entre 4 et 5 % pour les cathéters veineux périphériques laissés en place en moyenne 2,5 jours (15). Parmi les nombreux facteurs de risque, la qualité de l’antisepsie cutanée au moment de l’insertion et la durée du cathétérisme sont les plus importants ainsi que le confirme une étude concernant des cathéters veineux périphériques mis en place au bloc opératoire (16) qui a montré une colonisation de 31 des 1138 cathéters veineux périphériques ; une antisepsie cutanée au moment de la pose réalisée en 4 temps (lavage de la peau du patient avec un savon liquide antiseptique, rinçage, séchage, application d’un antiseptique de la même famille que le savon) et des cathéters maintenus moins de 72 heures expliquent le taux global de colonisation très bas (2,7%). Le risque infectieux paraît faible mais la fréquence du geste et les conséquences graves d’une infection chez les patients porteurs d’une prothèse endovasculaire doivent rester présents à l’esprit. - Plusieurs cas épidémiques d’infections bactériennes ou fongiques sont décrits dans la littérature (Tableau III), en rapport avec une contamination extrinsèque des agents anesthésiques par des micro-organismes de l’environnement ou du personnel, lors de la préparation et de la manipulation de ces produits. Le propofol est l’agent le plus souvent en cause car il s’agit d’un produit dépourvu de conservateur antimicrobien et en suspension dans une solution lipidique qui favorise la croissance microbienne, d’autant plus que le produit est préparé à l’avance et administré en perfusion lente. Mais d’autres produits comme le fentanyl ou la lidocaine ont également été incriminés lors de l’administration de la même solution à plusieurs patients. L’usage d’une même seringue pour plusieurs patients, malgré le changement d’aiguilles est responsable de contaminations par le virus de l’hépatite B. Divers travaux ont démontré les risques liés à cette pratique inacceptable [17, 18]. - Malgré sa gravité potentielle, l’incidence des infections secondaires aux anesthésies locorégionales n’est pas connue avec précision. Les taux retrouvés concernent le plus souvent l’anesthésie péridurale en obstétrique et varient dans de grandes proportions de 0,08% à 0,0002%. Sur les 28 cas de complications infectieuses recensés dans la littérature, Marsaudon retrouve 21 abcès épiduraux, 6 méningites et une spondylite [19]. Concernant la rachianesthésie, 4 méningites sont dénombrées dans sept études regroupant 90 000 patients, soit un taux d’infection estimé à 0,0045%. Par analogie avec les cathétérismes vasculaires, il est probable que l’état de la peau au niveau de la zone de ponction, la présence durable d’un cathéter et la fréquence des réinjections constituent autant de facteurs de risque. 57 58 MAPAR 1998 2. RISQUES INFECTIEUX PROFESSIONNELS AU BLOC OPERATOIRE Au bloc opératoire le risque de contamination professionnelle concerne surtout les virus des hépatites (B et C en particulier) et celui de l’immunodéficience humaine (VIH) lors d’expositions accidentelles au sang des patients. Chez le personnel de bloc opératoire aucun cas d’infection à cytomégalovirus, parvovirus B19, et rétrovirus non VIH n’est rapporté dans la littérature. La transmission d’autres particules virales semble possible par la fumée produite lors de l’utilisation du Laser. Ce mode de transmission est une éventualité possible car des études cliniques et de laboratoire ont montré la présence de particules virales dans les fumées dégagées par l’emploi du laser lors de l’exérèse de condylomes, de papillomes laryngés, de verrues. Tableau III Cas épidémiques en rappoprt avec les produits anesthésiques injectables et les procédures intravasculaires (d’après Herwaldt) [12] Auteur (année) Sack (1970) Source Infection Même solution iv pour Bactériémie plusieurs patients Patients (nombre) Pathogène 5 K. pneumoniae Siboni (1979) Fentanyl Bactériémie 16 P. cepacia Maldonado (1989) Lidocaine (flacon multidose) Hépatite 5 Virus Hépatite B CDC (1990) Propofol (perfuseur électrique) Endophtalmie 4 C. albicans CDC (1990) Propofol (perfuseur électrique) Fièvre 2 Moraxella CDC (1990) Propofol (perfuseur électrique) Bactériémie 13 S. aureus CDC (1990) Propofol (perfuseur électrique) Fièvre Infection du site opératoire 8 S. aureus Maki (1991) Fentanyl (seringue préremplie) Bactériémie Infection du site opératoire 3 P. picketti Froggatt (1991) Seringues communes à Hépatite plusieurs patients 6 Virus Hépatite B Rudnick (1991) Set de pression artérielle préassemblé 9 P. aeruginosa Bactériémie L’acquisition accidentelle d’une infection bactérienne ou d’une tuberculose doit être présente à l’esprit mais reste exceptionnelle au bloc opératoire. Quant aux agents Questions pour un champion en anesthésie transmissibles non conventionnels ou prions aucun cas de contamination professionnelle n’est signalé en France à ce jour. 2.1. CARACTERISTIQUES DES EXPOSITIONS ACCIDENTELLES AU SANG 2.1.1. FREQUENCE La littérature fait état d’un taux global d’expositions au sang allant de 0,4 à 30,1 pour 100 interventions : 1,7 à 7,9 accidents percutanés et 4,7 à 29 contacts cutanéo-muqueux. Ces taux varient d’une part en raison des différences de méthodologie d’étude, d’autre part en fonction de la spécialité chirurgicale et de la catégorie professionnelle concernée. Plusieurs études prospectives ont montré que le taux d’accidents percutanés pour le personnel d’anesthésie se situait entre 0,13 et 0,4 pour 100 interventions [12]. Une procédure opératoire nécessitant généralement plusieurs personnes, les résultats sont souvent exprimés en « personne/acte » permettant de quantifier la présence d’un soignant pour une intervention (par exemple une même instrumentiste intervenant sur 2 sites consécutifs = 2 personnes/actes ou P.A.). Il ressort de la plupart des publications que, parmi l’ensemble du personnel évoluant en salle d’opération, les taux d’exposition au sang les plus élevés concernent les chirurgiens (2,5 accidents pour 100 P.A.) et particulièrement en chirurgie générale (abdominale et gynécologie-obstétrique) et vasculaire (Tableaux IV et V). Tableau IV Taux d’accidents percutanés (pour 100 personnes/actes) par catégorie professionnelle et par spécialité chirurgicale [20] Spécialité chirurgicale Fonction Générale Vasculaire Orthopédie chirurgien 3,4 2,0 0,7 interne 1,6 2,5 0,8 instrumentiste 1,0 2,2 0,8 Tableau V Nombre d’accidents percutanés par personne et par acte [21] Nombre de personnes/actes Nombre d’accidents (Taux / 100 P.A.) chirurgien 2138 57 (2,7) assistant 1376 31 (2,3) interne 111 2 (1,8) panseuse 575 3 (0,5) anesthésiste 2079 0 (0) Fonction 59 60 MAPAR 1998 Bien qu’élevée, l’incidence d’expositions accidentelles au bloc opératoire (tout personnel confondu), parait inférieure à celle des infirmières des services d’hospitalisation (en moyenne 0,3 exposition par infirmière et par an). 2.1.2. CIRCONSTANCES DE SURVENUE. 2.1.2.1. Accidents directement rattachés à l’acte chirurgical Toutes les études concernant le bloc opératoire décrivent essentiellement les mécanismes des accidents directement rattachés à l’acte chirurgical. Leurs caractéristiques principales sont connues : type (piqûre), siège (index et majeur de la main non dominante), matériel (aiguilles à suture), mécanisme (en cours de suture, doigt à la place de l’instrument, objet tenu par un tiers), facteurs favorisants (intervention de longue durée, caractère hémorragique). 2.1.2.2 Accident prenant en compte l’anesthésie Le seul travail sur les circonstances de survenue des expositions percutanées prenant en compte l’anesthésie est celui de Nelsing en 1995. Il retrouve, associé au non respect des précautions universelles, les facteurs suivants : inattention (41 %), ramassage du matériel (18 %), recapuchonnage (14 %), mandrins de cathéters (23 %), injections (25 %), ponction artérielle (11 %), prélèvement veineux (8 %), acte réalisé en urgence (16 %), mouvements inattendus du patient (14 %). Ces circonstances se rapprochent davantage de celles des unités de soins, avec 3 moments à risque représentés par les soins invasifs, l’évacuation des déchets, et l’entretien du matériel souillé. 2.2. EVALUATION DU RISQUE DE CONTAMINATION PROFESSIONNELLE LORS D’UNE EXPOSITION ACCIDENTELLE AU SANG 2.2.1. LE RISQUE DE SEROCONVERSION DEPEND DE NOMBREUX FACTEURS TENANT : - à l’infection virale : fréquence de l’infection chez les patients et par conséquent de la prévalence dans la population, portage chronique du virus dans le sang des sujets atteints (1% pour le VHB, 50% pour le VHC, 100% pour le VIH), titre et virulence de l’agent infectieux, - à la nature de l’exposition accidentelle qui se définit comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contaminé par du sang ; il s’agit soit d’une effraction percutanée (piqûre ou coupure), soit d’un contact cutané (peau lésée ou intègre) ou muqueux (directement ou à travers une protection). Les facteurs majeurs de séroconversion sont représentés par : une blessure profonde (piqûre ou coupure) avec une aiguille creuse contenant du sang ou avec un matériel ayant servi à un abord vasculaire, provenant d’un patient source avec un titre viral élevé ; l’absence de port de gants est un facteur de risque surajouté. 2.2.2. IL EST EVALUE POUR LES 3 PRINCIPAUX VIRUS CONCERNES : VHB, VHC, VIH A l’heure actuelle, le risque de séroconversion professionnelle après effraction percutanée contaminante est estimé : - entre 5 et 40 % pour le VHB, - entre 2 et 5 % pour le VHC, - entre 0,3 et 0,5 % pour le VIH. Pour une personne non vaccinée le risque de contracter une hépatite B après inoculation se situe entre 5 et 40 % (grande contagiosité et titres viraux élevés) ; après contact cutanéomuqueux ce risque semble beaucoup plus bas bien que non étudié. Questions pour un champion en anesthésie Encore mal défini pour le VHC (en raison du nombre élevé de formes asymptomatiques et de la méconnaissance dans un tiers des cas de la voie de transmission), le risque serait de l’ordre de 2 à 5 % après effraction percutanée ; le risque de transmission par contact cutané ou muqueux est inconnu. Après exposition professionnelle accidentelle à du sang contaminé par le VIH, une vingtaine d’études, au cours desquelles des sérologies successives ont été réalisées, ont montré 20 séroconversions pour 6 325 expositions percutanées uniques soit un taux de transmission de 0,32 %, et 1 séroconversion pour 2 716 expositions cutanéo-muqueuses soit un taux de transmission de 0,04 %. 2.2.3. SUR- OU SOUS-ESTIMATION Le risque de contamination professionnelle évalué par le personnel soignant est le plus souvent surestimé pour le VIH et sous-estimé pour le VHB ainsi que le montre : - les résultats d’une enquête réalisée en 1995 auprès de 300 infirmières anesthésistes : pour le VIH, 18 % évaluent le risque supérieur ou égal à 30 % (seulement 29 % le chiffrent correctement) ; pour le VHB, 30 % estiment le risque inférieur ou égal à 0,3 % (seulement 21 % le chiffrent correctement). - les réponses à un questionnaire rempli par 1399 membres du personnel de différents services (à l’exclusion des blocs opératoires) : 24 % des 234 médecins, 38 % des 581 infirmières et 74 % des 584 aides-soignantes ne peuvent chiffrer le risque pour le VIH ou l’estiment supérieur à 10 %. 2.3. INFECTIONS PROFESSIONNELLES RECENSEES En France au 30 juin 1995 (le premier cas publié date de 1985), 37 infections professionnelles à VIH (10 prouvées et 27 présumées) ont été recensées. Quatre des infections présumées concernent le personnel de bloc opératoire : 1 chirurgien, 1 anesthésiste, 1 aide-opératoire et 2 aides-soignants. Malgré l’obligation de vaccination contre l’hépatite B depuis 1991, 20 nouveaux cas annuels d’hépatite virale professionnelle ont été enregistrés de 1989 à 1992 ; on assiste depuis 1990 à une remontée du nombre des hépatites en partie due à l’hépatite C. La couverture vaccinale vis à vis de l’hépatite B a été précisée pour 395 soignants de bloc opératoire lors d’une étude multicentrique concernant 12 hôpitaux ; sont correctement vaccinés : 59 % des chirurgiens, 71 % des internes et 83 % des instrumentistes [20]. 3. LE BLOC OPERATOIRE Un bloc opératoire est l’ensemble de plusieurs salles d’opérations réunies dans une même unité immobilière et fonctionnant de manière autonome. Cet espace isolé au sein de l’établissement de soins, on parle « d’enceinte protégée », est classé en zone 4 (haut risque infectieux), zone où les exigences d’hygiène doivent être en cohérence avec le degré d’asepsie des actes qui s’y pratiquent et en particulier empêcher l’apport de germes extérieurs. L’architecture du bloc opératoire et l’activité humaine qui s’y développe jouent un rôle dans le risque infectieux par le biais du manuportage et de l’aérobiocontamination. 3.1. CONCEPTION GENERALE Historiquement le principe de séparation du propre et du sale a donné naissance à la dissociation des circuits que doivent emprunter ces trafics. Ceci est à l’origine des doubles 61 62 MAPAR 1998 circuits, base de la construction de la plupart des blocs opératoires en fonction actuellement. Dans ce schéma l’objectif dominant est de protéger au maximum le secteur stérile. Mais en raison d’une activité humaine élevée (allées et venues du personnel, entrée et sortie de l’opéré et de l’équipe opératoire) le secteur « propre » est beaucoup plus pollué que le secteur « sale » qui ne contient que des emballages propres enfermant des objets contaminés. Par ailleurs le sens de circulation théoriquement défini dans les blocs à double couloir est le plus souvent court-circuité par le personnel, la salle d’opération servant souvent de raccourci. Ces constats amènent à une simplification de cette circulation au profit d’un dédouanement du matériel et du personnel au fur et à mesure que l’on s’approche du champ opératoire (concept de « l’asepsie progressive »), associée à une évacuation protégée des déchets. Cette simplification permet également un meilleur contrôle de la circulation des personnes [22]. 3.2. RISQUES LIES A LA TRANSMISSION MANUPORTEE 3.2.1. NETTOYAGE ET ENTRETIEN DU BLOC OPERATOIRE Les différents locaux composant le bloc opératoire interviennent dans la transmission manuportée par leurs constituants (sols, murs et plafonds) qui sont impliqués dans le nettoyage et l’entretien du bloc opératoire. Les matériaux qui les composent doivent faciliter le bionettoyage : surface lisse, sans aspérité ni saillie, avec le moins de joints possible, résistante aux désinfectants. 3.2.2. ENCOMBREMENT DES SALLES D’OPERATION L’encombrement des salles d’opération par des équipements médicaux de plus en plus nombreux, des rangements anarchiques, des meubles de stockage sont des facteurs de risque supplémentaire. 3.2.3. EAU La disposition et l’équipement des points d’eau, la qualité de l’eau ont une implication évidente pour le lavage des mains, le rinçage du matériel et le ménage, et par conséquent pour la lutte contre le manuportage. 3.2.4. ORGANISATION La situation géographique et l’organisation des différentes fonctions du bloc (vestiaires, sas de transfert, zone opératoire, locaux de stockage du matériel, zone de décontamination et nettoyage du matériel) sont des facteurs de risque non négligeables et en particulier la situation de la salle de surveillance post-interventionnelle (qui regroupe un grand nombre de patients en un lieu unique ouvert). Celle-ci peut poser problème si elle n’est pas dans une zone tampon entre le bloc opératoire et la circulation générale et si elle offre une possibilité de retour vers les salles d’intervention sans passage par le vestiaire de changement de tenue. 3.3. RISQUES LIESA LA TRANSMISSION AEROPORTEE 3.3.1. ACTIVITE HUMAINE L’aérobiocontamination trouve sa source principale dans l’activité humaine. Les microorganismes rencontrés dans l’air ou sur les surfaces de la salle d’opération sont issus de la flore endogène du personnel et des patients (flore cutanée résidente et de transit, flore buccale et naso-pharyngée, flore intestinale, flore génito-urinaire). Le corps émet un nombre considérable de particules de façon spontanée ou provoquée par l’abrasion Questions pour un champion en anesthésie vestimentaire (de l’ordre de 106 par minute lors d’une activité moyenne). Ces squames s’associent aux phanères, poussières de coton, gouttelettes de Pflügge pour composer l’empoussièrement des salles d’opération. Certaines de ces particules (de diamètre supérieur à 3µ, pouvant donner naissance à colonies de bactéries) véhiculent des microorganismes susceptibles de contaminer la plaie opératoire. En plus de la flore endogène, les individus (personnel et patient) peuvent introduire dans le bloc une flore pathogène lorsqu’ils sont atteints d’une maladie infectieuse. 3.3.2. TEXTILE OPERATOIRE En dehors de l’hygiène corporelle de base, la dissémination des micro-organismes est influencée par le type de tenue (pyjama, coiffe et masque), la façon dont elle est portée, et la qualité intrinsèque des tissus (en particulier le coton, textile opératoire dont les fibres sont les plus lâches). L’effet barrière des tissus vis à vis des fluides (sang) est une donnée à prendre en compte concernant les risques de contamination (à la fois pour le patient et le personnel). 3.3.3. AIR L’air joue un rôle important dans les mécanismes d’échanges d’une zone à une autre de ces particules et donc des germes pouvant s’y trouver. La sédimentation des particules est plus ou moins rapide en fonction des flux d’air et de la masse des particules. 3.3.4. SYSTEME DE VENTILATION Le traitement de l’air ou aérobiodécontamination, nécessaire pour assurer la qualité requise de l’air (filtration de l’air entrant, élimination des particules produites et des polluants, maintien d’une surpression dans les zones les plus propres et les plus sensibles par rapport aux zones périphériques), peut être à l’origine d’infections si le système de ventilation est mal entretenu ou son fonctionnement perturbé par l’ouverture fréquente des portes ou les déplacements intempestifs. Ces déplacements provoquent un brassage des particules en suspension et des mouvements d’air qui perturbent les schémas aérauliques. 4. MESURES PREVENTIVES Les événements les plus à risque survenant en pré et peropératoire, les mesures doivent être appliquées avant ou pendant la période opératoire. Le patient et le personnel sont les cibles principales de ces mesures qui reposent essentiellement sur le contrôle des réservoirs exogènes et l’interruption de la transmission. L’architecture du bloc opératoire peut contribuer à cette prévention. Parce qu’elles se réfèrent aux mêmes règles générales d’hygiène et d’asepsie, les recommandations sont présentées de façon commune, en soulignant les spécificités liées à la pratique anesthésique ou chirurgicale. 4.1. RECOMMANDATIONS CONCERNANT LE PATIENT - Traiter toute pathologie et surtout toute infection avant une intervention de chirurgie réglée. - Les états septiques généralisés affirmés et les atteintes cutanées infectieuses au niveau de la zone de ponction sont une contre-indication à la réalisation des anesthésies locorégionales. - Réduire autant que possible la durée d’hospitalisation préopératoire. 63 64 MAPAR 1998 - Faire prendre une douche avec un savon antiseptique la veille de l’intervention. - Ne pas raser. Si nécessaire, préférer la dépilation ou la tonte à l’emploi du rasoir mécanique. - Réaliser une préparation large du champ opératoire (lavage avec un savon antiseptique, rinçage, séchage et application d’un antiseptique (de la même famille que le savon) du centre vers la périphérie. - Respecter les règles de l’antisepsie cutanée décrite ci-dessus pour la pose des cathéters (vasculaires, rachidiens). - Administrer une antibioprophylaxie chaque fois qu’une intervention est associée à un haut risque infectieux ou comporte un risque vital en cas d’infection même si le risque infectieux est faible (chirurgie avec prothèse). Choisir un antibiotique dont l’efficacité en prophylaxie est démontrée par des études randomisées. Administrer l’antibiotique juste avant le début de l’intervention et pour une durée n’excédant pas le plus souvent la période peropératoire. 4.2. RECOMMANDATIONS CONCERNANT L’EQUIPE CHIRURGICALE ET ANESTHESIQUE - Toute personne entrant en salle d’intervention doit avoir une tenue adaptée pendant toute la durée de l’acte opératoire : masque correctement mis, coiffe ou charlotte couvrant les cheveux. - Lutter contre le manuportage et la transmission croisée par une hygiène rigoureuse des mains (lavage des mains, antisepsie par friction, usage réfléchi des gants) qui est l’élément le plus important de la prévention des infections nosocomiales. - Toute personne ayant à toucher le champ opératoire, les instruments stériles ou la plaie opératoire doit effectuer un lavage chirurgical des mains avant chaque intervention. Le séchage des mains est réalisée avec un essuie-mains stérile. - Le lavage chirurgical des mains est la procédure à appliquer pour tous les actes invasifs assimilés aux actes chirurgicaux : abord rachidien, cathétérisme central, cathétérisme artériel. - L’équipe chirurgicale doit utiliser des gants et un sarrau stériles. Les gants doivent être changés en cours d’intervention chaque fois qu’ils sont troués. Dans certains types de chirurgie on doit porter 2 paires de gants stériles. - Le port d’une casaque stérile est recommandé pour la pose des cathéters veineux centraux et par analogie pour les anesthésies locorégionales lorsqu’un cathéter est mis en place. - Respecter les recommandations spécifiques à la prévention de chaque type d’infection nosocomiale et principalement les infections urinaires, respiratoires, et celles liées aux dispositifs intravasculaires. - Appliquer les précautions universelles et les précautions standards pour tous les patients. - Poursuivre les mesures d’isolement technique des patients porteurs de bactéries multirésistantes, essentiellement par le respect des précautions de contact. Maintenir l’isolement respiratoire des patients suspects ou atteints de tuberculose bacillifère. - Appliquer les recommandations relatives aux précautions en milieu chirurgical face aux risques de transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Questions pour un champion en anesthésie 4.3. RECOMMANDATIONS CONCERNANT LE BLOC OPERATOIRE - Le renouvellement de l’air de la salle d’intervention doit être de 15 à 20 volumes/heure (salle conventionnelle). La salle d’intervention doit être en surpression par rapport aux autres secteurs du bloc opératoire. - Les portes sont tenues fermées et le nombre de personnes est réduit au strict minimum dès le début de l’intervention. - La salle d’opération doit être nettoyée entre 2 interventions y compris les surfaces et le mobilier d’anesthésie. - Les instruments chirurgicaux utilisés doivent être stériles. - Ne pas réutiliser du matériel stérile à usage unique. - Utiliser du matériel d’anesthésie décontaminé et nettoyé, puis désinfecté ou stérilisé (selon la catégorie de matériel et la nature du matériau) en respectant les procédures codifiées pour le matériel médico-chirurgical. 4.4. RECOMMANDATIONS CONCERNANT LA SALLE DE SURVEILLANCE POST-INTERVENTIONNELLE - Adapter les règles de fonctionnement et de circulation à son implantation (dans ou en dehors du bloc opératoire) de manière à éviter les mouvements de personnel entre la salle de surveillance post-interventionnelle, le bloc opératoire et les services d’hospitalisation. - Pour permettre un lavage des mains aisé entre deux soins, la salle de surveillance postinterventionnelle doit être équipée de points d’eau en nombre suffisant, mais à distance de la zone de préparation des soins pour éviter la contamination par aérosols. - L’entretien du matériel et des locaux se fait selon les mêmes méthodes qu’en salle d’opération. Toutefois le nettoyage du matériel ne doit pas s’effectuer dans la salle de surveillance post-interventionnelle. 4.5. RECOMMANDATIONS CONCERNANT L’ACTE CHIRURGICAL, L’ACTE ANESTHESIQUE ET LES SOINS A L’OPERE - L’équipe chirurgicale doit travailler de façon à assurer autant que possible une technique opératoire rapide et atraumatique. - En cas de drainage, on doit utiliser un système clos. - Changer toutes les seringues entre deux patients (y compris celles utilisées lors de l’administration de produits anesthésiques par seringue auto-pulsée, ainsi que leurs prolongateurs). Ne pas changer seulement les aiguilles, ne pas changer seulement une partie des seringues. Si des produits anesthésiques sont administrés par perfusion, changer le perfuseur et le flacon entre deux patients. - Respecter les règles de l’antisepsie pour la décontamination des bouchons de flacons de perfusion ou de produits anesthésiques et pour la manipulation des robinets à trois voies. - L’utilisation d’un filtre bactérien et viral pour chaque patient, placé sur la pièce en Y et changé après chaque patient, est recommandé pour des raisons de prévention des risques potentiels de contamination croisée et d’amélioration de la gestion de changement des circuits d’anesthésie. - Tout soin concernant le site chirurgical doit être précédé d’un lavage des mains. - Le site chirurgical ne doit être touché avant la cicatrisation qu’avec des mains portant des gants stériles ou que selon une technique sans contact. 65 66 MAPAR 1998 - Le pansement doit être changé chaque fois qu’il est souillé ou si l’opéré présente des signes en faveur d’une infection. Dans ce dernier cas tout écoulement suspect doit conduire à la réalisation d’un prélèvement en vue d’un examen bactériologique. 4.6. RECOMMANDATIONS CONCERNANT LA SURVEILLANCE - Surveiller les infections du site opératoire à condition de restituer les taux aux équipes soignantes et à fin de mettre en place les mesures préventives nécessaires. - Réaliser la surveillance de manière active, en adoptant des définitions des infections admises par tous, une stratification des interventions selon la classe de contamination, une mesure de la susceptibilité individuelle à l’infection et la durée de l’intervention. La surveillance des infections du site opératoire après la sortie du patient est un aspect important de la surveillance. - Bien que la réalisation pratique ne paraisse pas aisée (difficultés d’identification, problèmes de dénominateur), la surveillance des infections liées à l’anesthésie peut être recommandée, le bénéfice d’une telle surveillance ayant été prouvé dans d’autres spécialités. CONCLUSION La formation du personnel médical et paramédical à l’hygiène hospitalière, la mise en place de manière concertée de mesures préventives basées sur des critères validés et selon des procédures écrites, l’organisation optimale du travail en fonction de la charge de travail et des ressources disponibles en personnel et en matériel de chaque bloc opératoire, l’évaluation régulière de l’efficacité et de l’application des mesures préventives par une surveillance des taux d’infections et un audit des pratiques professionnelles, sont les étapes indispensables pour la mise en œuvre d’une politique de prévention du risque infectieux au bloc opératoire. Ces étapes sont celles d’une démarche d’amélioration de la qualité des soins qui est un des objectifs de l’accréditation. Le succès d’une telle démarche dépend de nombreux facteurs intriqués au sein desquels le facteur humain est prépondérant. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France. 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