Questions pour un champion en anesthésie 57
et internes des respirateurs, humidificateur, etc.). La décontamination insuffisante de ce
matériel et sa manipulation par le personnel soignant lors des procédures de soins
(intubation, extubation, aspiration), peuvent être à l’origine de la transmission d’un patient
à l’autre d’infections respiratoires ou non (cas récents d’hépatite C transmis par un circuit
dépourvu de filtre bactérien et viral et non changé entre les patients) [14].
1.2.2.2. Infections et procédures effectuées sans respecter les règles d’asepsie
Les cathétérismes vasculaires, la manipulation des agents anesthésiques intraveineux
et les anesthésies locorégionales sont les procédures principalement en cause.
- En dehors du bloc opératoire, le taux d’infection locale est estimé entre 4 et 5 % pour
les cathéters veineux périphériques laissés en place en moyenne 2,5 jours (15). Parmi
les nombreux facteurs de risque, la qualité de l’antisepsie cutanée au moment de
l’insertion et la durée du cathétérisme sont les plus importants ainsi que le confirme
une étude concernant des cathéters veineux périphériques mis en place au bloc
opératoire (16) qui a montré une colonisation de 31 des 1138 cathéters veineux
périphériques ; une antisepsie cutanée au moment de la pose réalisée en 4 temps (lavage
de la peau du patient avec un savon liquide antiseptique, rinçage, séchage, application
d’un antiseptique de la même famille que le savon) et des cathéters maintenus moins
de 72 heures expliquent le taux global de colonisation très bas (2,7%). Le risque
infectieux paraît faible mais la fréquence du geste et les conséquences graves d’une
infection chez les patients porteurs d’une prothèse endovasculaire doivent rester présents
à l’esprit.
- Plusieurs cas épidémiques d’infections bactériennes ou fongiques sont décrits dans la
littérature (Tableau III), en rapport avec une contamination extrinsèque des agents
anesthésiques par des micro-organismes de l’environnement ou du personnel, lors de
la préparation et de la manipulation de ces produits. Le propofol est l’agent le plus
souvent en cause car il s’agit d’un produit dépourvu de conservateur antimicrobien et
en suspension dans une solution lipidique qui favorise la croissance microbienne,
d’autant plus que le produit est préparé à l’avance et administré en perfusion lente.
Mais d’autres produits comme le fentanyl ou la lidocaine ont également été incriminés
lors de l’administration de la même solution à plusieurs patients. L’usage d’une même
seringue pour plusieurs patients, malgré le changement d’aiguilles est responsable de
contaminations par le virus de l’hépatite B. Divers travaux ont démontré les risques
liés à cette pratique inacceptable [17, 18].
- Malgré sa gravité potentielle, l’incidence des infections secondaires aux anesthésies
locorégionales n’est pas connue avec précision. Les taux retrouvés concernent le plus
souvent l’anesthésie péridurale en obstétrique et varient dans de grandes proportions
de 0,08% à 0,0002%. Sur les 28 cas de complications infectieuses recensés dans la
littérature, Marsaudon retrouve 21 abcès épiduraux, 6 méningites et une spondylite [19].
Concernant la rachianesthésie, 4 méningites sont dénombrées dans sept études regroupant
90 000 patients, soit un taux d’infection estimé à 0,0045%.
Par analogie avec les cathétérismes vasculaires, il est probable que l’état de la peau
au niveau de la zone de ponction, la présence durable d’un cathéter et la fréquence des
réinjections constituent autant de facteurs de risque.