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HYGIÈNE
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Sites opératoires
Comment diminuer l’incidence des infections
Au-delà de l’incision
Actuellement, l’infection du site
opératoire (ISO) se définit par
l’existence de signes d’infection sur
le site de l’intervention (organes,
tissus, espaces), et pas seulement
au niveau de l’incision chirurgicale.
En ce qui concerne les infections
superficielles, elles surviennent
dans les 30 jours suivant la chirurgie, affectant la peau (ou les
muqueuses), les tissus sous-cutanés ou les tissus au-dessus de
l’aponévrose de revêtement. Le
diagnostic est évoqué devant
l’écoulement purulent de l’incision
ou du drain, l’isolation du germe
par la culture et des signes tels que
douleur à la palpation, tuméfaction
localisée, rougeur et chaleur (sauf
si la culture du prélèvement est
négative). En cas d’infection profonde, le délai de survenue peut
être allongé (3 mois à 1 an) s’il y a
eu mise en place d’un implant ou
d’une prothèse, les germes les
plus fréquemment rencontrés
étant les staphylocoques et les
bacilles à Gram négatif. La plupart
des germes à l’origine d’infections
du site opératoire sont endogènes
au patient (Staphylococcus aureus) ; d’autres sont introduits par
l’acte chirurgical ou liés à une
contamination environnementale.
Certains facteurs peuvent expliquer l’augmentation de la gravité
des infections du site opératoire et
sont difficilement contrôlables, à
savoir : la contamination des sites
opératoires (4 classes en fonction
de l’état du site opératoire au
moment de l’intervention), les facteurs microbiologiques (virulence
des germes incriminés, résistance
bactérienne) et les facteurs liés au
patient (âge, immunodépression
entraînée par la pathologie ou un
traitement immunosuppresseur,
affection sous-jacente, diabète
déséquilibré, comorbidité).
Préparation minutieuse et
surveillance attentive
En revanche, d’autres facteurs sont
accessibles à la prévention, laquelle
peut diminuer le taux des ISO.
Outre la qualité de l’acte chirurgical,
on met l’accent sur l’importance de
la préparation cutanée préopératoire du patient, comprenant une ou
deux douches avec un savon antiseptique et une dépilation. Il a été
démontré que l’utilisation d’antiseptiques à base d’iode ou de chlorhexidine au cours de l’intervention
permet de diminuer la colonisation
cutanée par des bactéries et, par là,
de diminuer les ISO. À propos de
l’antibioprophylaxie visant à réduire
le nombre d’infections postopératoires, son utilité a été reconnue par
la plupart des spécialités chirurgicales : elle est débutée au moment
de l’induction anesthésique et sa
durée dépasse rarement la durée
de l’intervention. Ce sont les céphalosporines de première ou de
deuxième génération qui occupent
la place de choix. Quant à l’organisation du bloc opératoire, régie par
une charte de fonctionnement, rappelons la nécessité des nettoyages
périodiques entre deux interventions, en fin de journée et hebdomadaire, ainsi que d’une surveillance rigoureuse de la qualité de
l’air conditionné et de l’eau du bloc
opératoire. Différentes études ont
confirmé que la bonne surveillance
permet de diminuer le taux d’ISO et
d’étudier l’impact de nouveaux protocoles. L’index de risque le plus utilisé depuis 1990 est l’index de
risque NNIS, associant la classe de
contamination, l’état du patient et la
durée de l’intervention (qui analyse
la difficulté de l’intervention, la multiplicité des procédures et l’expérience du chirurgien).
LC
>> DOSSIER
E
n chirurgie, les infections
nosocomiales sont observées dans 3 % à 7 % des
cas. Il faut savoir que les infections à distance du site opératoire, essentiellement les infections urinaires ou respiratoires, les
infections des cathéters ainsi que
celles liées aux soins postopératoires comme les infections
cutanées et des parties molles
peuvent parfois entraîner une infection du site opératoire ; sans
oublier qu’elles sont considérées
comme un indicateur de la qualité des soins en salle d’opération
et en salle d’hospitalisation.
© Burger-HIA Percy/Phanie
La fréquence des infections nosocomiales du patient opéré dépend du type de chirurgie
et des facteurs de risque, dont certains sont accessibles à des mesures de prévention.
Il s’agit d’accéder à une meilleure connaissance afin de limiter le nombre et la gravité
des infections du site opératoire, mais aussi d’autres infections nosocomiales survenant après une intervention chirurgicale.
Entretiens de Bichat 2004
(Communication du Dr M. Kitzis et al.,
hôpital Ambroise-Paré, Boulogne)
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
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