HYGIÈNE 29 Sites opératoires Comment diminuer l’incidence des infections Au-delà de l’incision Actuellement, l’infection du site opératoire (ISO) se définit par l’existence de signes d’infection sur le site de l’intervention (organes, tissus, espaces), et pas seulement au niveau de l’incision chirurgicale. En ce qui concerne les infections superficielles, elles surviennent dans les 30 jours suivant la chirurgie, affectant la peau (ou les muqueuses), les tissus sous-cutanés ou les tissus au-dessus de l’aponévrose de revêtement. Le diagnostic est évoqué devant l’écoulement purulent de l’incision ou du drain, l’isolation du germe par la culture et des signes tels que douleur à la palpation, tuméfaction localisée, rougeur et chaleur (sauf si la culture du prélèvement est négative). En cas d’infection profonde, le délai de survenue peut être allongé (3 mois à 1 an) s’il y a eu mise en place d’un implant ou d’une prothèse, les germes les plus fréquemment rencontrés étant les staphylocoques et les bacilles à Gram négatif. La plupart des germes à l’origine d’infections du site opératoire sont endogènes au patient (Staphylococcus aureus) ; d’autres sont introduits par l’acte chirurgical ou liés à une contamination environnementale. Certains facteurs peuvent expliquer l’augmentation de la gravité des infections du site opératoire et sont difficilement contrôlables, à savoir : la contamination des sites opératoires (4 classes en fonction de l’état du site opératoire au moment de l’intervention), les facteurs microbiologiques (virulence des germes incriminés, résistance bactérienne) et les facteurs liés au patient (âge, immunodépression entraînée par la pathologie ou un traitement immunosuppresseur, affection sous-jacente, diabète déséquilibré, comorbidité). Préparation minutieuse et surveillance attentive En revanche, d’autres facteurs sont accessibles à la prévention, laquelle peut diminuer le taux des ISO. Outre la qualité de l’acte chirurgical, on met l’accent sur l’importance de la préparation cutanée préopératoire du patient, comprenant une ou deux douches avec un savon antiseptique et une dépilation. Il a été démontré que l’utilisation d’antiseptiques à base d’iode ou de chlorhexidine au cours de l’intervention permet de diminuer la colonisation cutanée par des bactéries et, par là, de diminuer les ISO. À propos de l’antibioprophylaxie visant à réduire le nombre d’infections postopératoires, son utilité a été reconnue par la plupart des spécialités chirurgicales : elle est débutée au moment de l’induction anesthésique et sa durée dépasse rarement la durée de l’intervention. Ce sont les céphalosporines de première ou de deuxième génération qui occupent la place de choix. Quant à l’organisation du bloc opératoire, régie par une charte de fonctionnement, rappelons la nécessité des nettoyages périodiques entre deux interventions, en fin de journée et hebdomadaire, ainsi que d’une surveillance rigoureuse de la qualité de l’air conditionné et de l’eau du bloc opératoire. Différentes études ont confirmé que la bonne surveillance permet de diminuer le taux d’ISO et d’étudier l’impact de nouveaux protocoles. L’index de risque le plus utilisé depuis 1990 est l’index de risque NNIS, associant la classe de contamination, l’état du patient et la durée de l’intervention (qui analyse la difficulté de l’intervention, la multiplicité des procédures et l’expérience du chirurgien). LC >> DOSSIER E n chirurgie, les infections nosocomiales sont observées dans 3 % à 7 % des cas. Il faut savoir que les infections à distance du site opératoire, essentiellement les infections urinaires ou respiratoires, les infections des cathéters ainsi que celles liées aux soins postopératoires comme les infections cutanées et des parties molles peuvent parfois entraîner une infection du site opératoire ; sans oublier qu’elles sont considérées comme un indicateur de la qualité des soins en salle d’opération et en salle d’hospitalisation. © Burger-HIA Percy/Phanie La fréquence des infections nosocomiales du patient opéré dépend du type de chirurgie et des facteurs de risque, dont certains sont accessibles à des mesures de prévention. Il s’agit d’accéder à une meilleure connaissance afin de limiter le nombre et la gravité des infections du site opératoire, mais aussi d’autres infections nosocomiales survenant après une intervention chirurgicale. Entretiens de Bichat 2004 (Communication du Dr M. Kitzis et al., hôpital Ambroise-Paré, Boulogne) Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004