LA QUESTION DU RAVITAILLEMENT
Document 1 - Lettre du Syndicat départemental de la boulangerie de la Haute-Garonne (7
septembre 1939).
Document 2 - Lettre du maire de Corronsac au préfet de la Haute-Garonne (19 septembre 1939).
Dès la déclaration de guerre, au mois de septembre 1939, la mobilisation générale perturbe la
production et la livraison du pain puisque les boulangers sont au front ainsi que certaines camionnettes qui
assuraient le portage du pain à domicile. Dans les faubourgs de Toulouse, des lettres anonymes dénoncent les
boulangeries qui livrent encore le pain alors que les autres ont perdu leur moyen de transport, mais le
syndicat départemental ne parvient pas à imposer l'interdiction du portage du pain. Dans certaines
communes rurales, les maires se plaignent de ne pas avoir de boulangerie sur place et de connaître de graves
difficultés d'approvisionnement en pain. Pour faire .face au manque de boulangers, l'autorité administrative
puise aussitôt dans les camps où s'entassent les réfugiés espagnols, mais hésite à employer d'anciens
militants républicains trop marqués politiquement.
Document 3 - Carte individuelle d'alimentation. Modèle présenté aux services départementaux, de
type "E", destiné aux enfants.
Le 1er mars 1940, le Journal Officiel publie le décret du 29 février 1940 relatif au recensement de
la population et à la distribution des cartes de rationnement. L'expérience de la Première Guerre
mondiale permet au gouvernement de prendre rapidement les dispositions concernant l'"arrière" en temps de
guerre. On peut lire :
"Article 2 - Toute personne résidant en France est tenue de faire avant le 1er avril
1940 une déclaration portant les indications qui seront fixées par un arrêté ministériel
(,..). Cette déclaration est déposée à la mairie de la commune où le déclarant avait sa
résidence le 1er mars 1940. Une carte nominative et intransmissible sera délivrée à
chaque déclarant. ' ,
Article 3 - La production de la carte ou des titres auxquels elle donne droit, sera exigée
des consommateurs ou acheteurs, qui voudront obtenir les denrées, objets ou produits
pour lesquels cette obligation sera édictée (...)".
L'arrêté du 9 mars 1940, publié au Journal Officiel le 10 mars 1940, précise les obligations
incombant aux consommateurs et à l'administration. L'article 8 répartit les consommateurs en catégories
d'après leurs besoins : "(...) le Catégorie E. - Enfants des deux sexes âgés de moins de trois ans ; 2e Catégorie J.-
Enfants des deux sexes de trois à douze ans révolus ; 3e Catégorie A.- Consommateurs des deux sexes de
douze à soixante-dix ans, ne se livrant pas à des travaux de force ;
4e Catégorie T.- Consommateurs des deux sexes de douze à soixante-dix ans se livrant à un travail pénible
nécessitant une grande dépense de force musculaire (...)
5e Catégorie C.- Consommateurs des deux sexes à partir de douze ans et sans limite d'âge, se livrant
personnellement et professionnellement aux travaux agricoles (...) 6e Catégorie V.- Consommateurs des deux
sexes de plus de soixante-dix ans dont les occupations ne peuvent autoriser le classement en catégorie C."
Ces catégories de consommateurs sont modifiées en octobre 1940 : la catégorie J est divisée en Jl (de
3 à 6 ans) et J2 (de 6 à 12 ans) ; et la catégorie T se limite aux consommateurs de 14 à 70 ans. En juin
1941, on crée les J3 (de 13 à 21 ans), ce qui porte la catégorie T de 21 à 70 ans, et limite la catégorie C aux
consommateurs de plus de 21 ans.