Rôles spécifiques de l`anxiété trait et état dans l`apparition et le

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L’Encéphale (2009) 35, 409—416
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP
MÉMOIRE ORIGINAL
Rôles spécifiques de l’anxiété trait et état dans
l’apparition et le maintien des biais attentionnels
associés à l’anxiété : état des lieux et pistes
d’investigation
Specific trait and state anxiety’s roles in emergence
and maintenance of attentional biases associated
with anxiety: Inventories and investigation tracks
M.-H. Bardel a, F. Colombel b,∗
a
b
JE 2494, laboratoire de psychologie des pratiques physiques, université de Paris-Sud 11, France
EA 3259, laboratoire de psychologie : éducation, cognition et développement, université de Nantes, France
Reçu le 7 août 2007 ; accepté le 18 août 2008
Disponible sur Internet le 7 février 2009
MOTS CLÉS
Cognition ;
Émotion ;
Anxiété-état ;
Anxiété-trait ;
Biais attentionnel
∗
Résumé Cet article a pour objectif de rendre compte des recherches empiriques s’intéressant
aux conditions d’apparition et de maintien du biais attentionnel associé à l’anxiété, ce dernier
jouant potentiellement un rôle central dans le développement et le maintien d’états pathologiques associés à l’anxiété. La première partie dresse un état des lieux de la question en
s’intéressant particulièrement à la contribution relative des facteurs « statut des individus »
(cliniques versus non cliniques) et « spécificité du matériel » dans l’émergence et le maintien
du biais attentionnel. Afin de dégager plus de clarté et de tenter d’expliquer des résultats
empiriques restant parfois contradictoires, la seconde partie de cet article s’intéresse particulièrement à une autre piste de recherche moins usitée mais tout aussi prometteuse : il s’agit
de différencier la spécificité des rôles de l’anxiété-état et de l’anxiété-trait dans les patterns
attentionnels. Ainsi, on s’attachera à rendre compte des principaux résultats et à proposer des
pistes d’investigations possibles.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
Auteur correspondant. UFR de psychologie, université de Nantes, Chemin de la Censive du Tertre, BP 81227, Nantes cedex 3, France.
Adresse e-mail : [email protected] (F. Colombel).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2008.
doi:10.1016/j.encep.2008.08.004
410
KEYWORDS
Cognition;
Emotion;
State anxiety;
Trait anxiety;
Attentional bias
M.-H. Bardel, F. Colombel
Summary
Background. — During these two last decades, much research has shown that anxiety can be
characterised by an attentional bias favouring threat stimuli processing. This bias plays a central role in the development and maintenance of pathological states associated with anxiety.
The first part of this article concerns numerous variables that elucidate parts of the appearance
and maintenance conditions of attentional bias associated with anxiety. Thus, clinical versus
non-clinical states of individuals play an important role in attentional behaviour of anxiety: at
an early stage of information processing, which involves mainly automatic processes, the attentional bias appears whatever the status of anxious individuals. At a later stage, which involves
controlled processes, non-clinical anxious subjects would be able to use defensive strategies,
which allow them to counterbalance the bias that appeared before, while clinical anxious subjects would not be able to ignore this threat, because of the major rooting of their anxiety.
A vigilance attentional bias would be shown in clinical individuals throughout a continuum of
information processing. In addition, a near unanimous observation highlights the importance
of the material specificity in obtaining attentional bias. However, this observation appears less
obvious for the subliminal condition in which anxious individuals can perfect a surface analysis
of the material, identifying the emotional valence of a word and not its specificity. Literature
findings on anxiety impact in order to release more clarity and in an attempt to explain empirical results that sometimes remain contradictory; the second part of this article is particularly
focused on another research track, rarely used but very promising: it concerns differentiating
the specific roles of anxiety state and anxiety trait in the attentional patterns. The anxiety trait
is defined as ‘‘an acquired behavioural disposition, which predisposes an individual to perceive
a whole of circumstances objectively and not as dangerous or threatening’’. On the other hand,
anxiety state reflects variable component and is defined as an emotive state ‘‘characterized
by subjective and conscious feelings of apprehension and tension associated with an activation
of the autonomous nervous system’’. For a long time, researchers have mainly focused on this
first variable while occulting the second. However, various theoretical models underline that the
anxiety trait variable alone is certainly a condition necessary but insufficient in the appearance
and maintenance of attentional bias. Thus, some empirical research, highlighting the potential
role of the anxiety state was born. Although they have, for the moment, a limited range due
to the heterogeneity of their results, these studies open a new route of considerable research.
Thus, on the preattentive level, the dominant role of the interaction between anxiety state
and anxiety trait in the release of bias was highlighted in a near consensual way. It is not the
same at a later stage of information processing, which is a stage where two tracks of results
are confronted: a part of research suggests that maintenance of bias is due to, as at the preattentive level, an interactive effect of state and trait anxieties, whereas other research shows a
central role of anxiety state in maintenance of attentional bias. Recent studies using different
paradigms confirm the idea of a central role of anxiety state. Further research, separating the
specific roles of state and trait anxiety, will be necessary to decide clearly.
Discussion. — Various explanatory tracks were suggested to try to clear up these data. Thus,
it’s possible that the time-course of the stressor may be an important variable. In addition,
the review highlights that state anxiety averages are too often far from the norms established
by Spielberger et al. In short, if the state anxiety level is not sufficiently high in a number of
searches, it then appears difficult to highlight the attentional biases, which are associated with
it. Among them, the resort to a methodology combining physiological measurements (salivary
index, ocular movements recording. . .) and cognitive measurements (questionnaires, dot probe
paradigm, Stroop task. . .) seems to warrant a better understanding of attentional processes.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
L’anxiété est une émotion qui peut être définie par un
sentiment subjectif de menace, de peur, s’accompagnant de
modifications physiologiques et comportementales propres.
D’un point de vue cognitif, on peut définir l’anxiété par la
tendance à percevoir les stimuli menaçants comme dangereux et à y répondre en développant un ensemble de
conduites attentionnelles, préattentionnelles et interprétatives propres.
Durant ces deux dernières décennies, de nombreuses
recherches ont été menées aussi bien chez une population d’individus cliniques souffrant de troubles anxieux
que chez une population non clinique manifestant
des niveaux élevés d’anxiété. D’une manière générale, elles
s’accordent à dire que l’anxiété serait caractérisée par un
biais favorisant le traitement des stimuli de menace [15].
Cette focalisation préférentielle en direction des stimuli
Biais attentionnels associés à l’anxiété
menaçants implique un traitement plus rapide de ces derniers par rapport aux stimuli non menaçants. Une telle
hypervigilance serait caractéristique des individus à haut
niveau d’anxiété qui élargissent leur champ attentionnel
pour détecter un stimulus potentiellement menaçant, puis
le réduisent une fois que le stimulus particulier a été identifié [15]. Par ailleurs, certaines recherches postulent que
le déclenchement du biais attentionnel associé à l’anxiété
s’effectue à un niveau préattentionnel, i.e., impliquant des
processus non conscients [4,42]. Enfin, les différences attentionnelles et préattentionnelles entre les sujets anxieux
et non anxieux semblent s’exprimer pleinement lorsque
l’attention sélective est sollicitée. En fait, le comportement
attentionnel anxieux renverrait davantage à un traitement
préférentiel des stimuli de menace lorsque ceux-ci sont en
compétition avec d’autres stimuli de valences émotionnelles
différentes qu’à une efficience particulière pour le traitement de l’information menaçante en elle-même.
Les propositions théoriques quant au rôle joué par ce
biais attentionnel s’accordent à dire que le biais attentionnel jouerait un rôle central dans le développement
et le maintien d’états pathologiques associés à l’anxiété
[15,25,42]. En effet, les anxieux, identifiant plus rapidement et plus facilement les indices mineurs de menace de
l’environnement, percevraient de fait le monde comme un
environnement dangereux, non sécurisé et aversif, ce qui
aurait pour conséquence une augmentation de leur niveau
d’anxiété. Ce mode de traitement hypervigilant semble
donc accentuer leur anxiété [15]. Enfin, chez les anxieux
non cliniques, un biais d’évitement de la menace peut être
également observé. Il permettrait la régulation de l’humeur
en réduisant l’humeur anxieuse et en maintenant un état
d’humeur positif.
Dans une perspective psychopathologique et thérapeutique, il apparaît nécessaire de mieux saisir les mécanismes
qui sous-tendent les processus attentionnels afin de pouvoir agir sur leurs effets. Différencier les variables état et
trait de l’anxiété afin de mieux spécifier leurs rôles sur les
processus attentionnels apparaît à ce jour nécessaire. Or,
s’il existe une littérature scientifique abondante ayant fait
état de la relation entre l’anxiété et les biais attentionnels
[3] notamment en fonction du trouble anxieux (trouble de
stress post-traumatique [PTSD], phobies. . .), aucune revue à
notre connaissance n’a été proposée sur la dissociation entre
l’anxiété-état et trait. Cette démarche nous apparaît incontournable afin de répondre aux questions que soulèvent les
troubles émotionnels anxieux.
L’objectif du présent article est d’apporter un éclairage
sur les conditions d’apparition et de maintien du biais attentionnel, en proposant des éléments d’explication pouvant
justifier les divergences de résultats observées. Enfin, des
pistes d’investigation possibles seront proposées.
Un état des lieux
Population clinique versus population non clinique
Ce biais attentionnel a été retrouvé de manière robuste chez
les anxieux cliniques qui montrent un comportement de vigilance très marqué vis-à-vis de l’information congruente à
leur état émotionnel en comparaison d’un groupe témoin.
411
Ainsi, un biais attentionnel de vigilance a été observé
chez des sujets souffrant de PTSD [9], de phobie sociale
[11], de troubles obsessionnels compulsifs [39], de troubles
d’anxiété généralisée [28] et de phobies paniques [26]. Ce
biais se déclencherait à un niveau préattentionnel, i.e.,
impliquant des processus non conscients, pour se maintenir
tout au long du continuum du traitement de l’information.
Ainsi, de tels biais seraient directement impliqués dans le
maintien des troubles de l’anxiété.
Les résultats concernant la population non clinique sont
moins consensuels tant au plan de la direction du biais qu’au
plan des conditions de son déclenchement. En effet, si un
biais attentionnel de vigilance est retrouvé lors de nombreuses recherches [3], d’autres révèlent plutôt un biais
attentionnel d’évitement de la menace [19] ou une absence
de biais attentionnel associé à l’anxiété [23,41]. Par ailleurs,
la mise en évidence d’un déclenchement précoce du biais
attentionnel, similaire à celui observé chez une population
clinique, semble moins évidente. Ainsi, un biais préattentionnel a été observé dans certaines études [37] et non
dans d’autres [23], posant ainsi la question de l’impact du
facteur clinique versus non clinique dans l’émergence du
biais attentionnel associé à l’anxiété. Ces résultats peuvent
être expliqués par la nature même des processus mis en
jeu [41]. Les individus cliniques présenteraient un ancrage
plus profond de l’anxiété, ce qui les rendrait incapables
d’ignorer un stimulus menaçant et cela quel que soit l’étape
du traitement de l’information. À l’inverse, les individus
non cliniques pourraient, grâce à la mise en jeu de processus stratégiques, mettre en place un processus défensif qui
leur permettrait de contrecarrer le biais attentionnel apparu
« automatiquement » à une étape précoce du continuum du
traitement de l’information. Ainsi, un certain nombre de
recherches met en avant le statut de l’anxiété (clinique versus non clinique) pour expliquer la disparité des résultats
empiriques.
Si cette piste de recherche a permis de clarifier un certain nombre de résultats, elle ne permet cependant pas
de rendre compte de l’ensemble des données empiriques
disponibles et parfois contradictoires notamment chez la
population non clinique.
Spécificité du matériel
Une seconde piste de recherche a été largement explorée
lors de la dernière décennie. Il s’est agi d’envisager la spécificité du matériel, i.e., la congruence entre la nature de
l’humeur anxieuse et la nature du matériel menaçant (généralement physiquement et socialement menaçant) comme
facteur critique pouvant clarifier une partie des résultats empiriques. Dans les études mettant en évidence un
biais en direction de la menace, un constat quasi-unanime
rend compte d’un biais en direction de l’information émotionnellement négative congruente à la pathologie ou à
l’état émotionnel de l’individu. Notons que cet effet de
congruence entre le type d’information émotionnelle et
l’humeur des individus est présent aussi bien dans la population clinique que dans la population non clinique. Toutefois,
ce constat apparaît comme moins évident dans le cadre de la
condition d’exposition subliminale où les individus anxieux
(cliniques ou non cliniques) ne peuvent avoir accès qu’à
412
une analyse sémantique superficielle du matériel, identifiant ainsi sa valence émotionnelle mais non sa spécificité.
Plusieurs auteurs [23] concluent en effet qu’à un niveau de
traitement préattentionnel, l’anxiété semble être associée
à un biais attentionnel en direction de toutes les classes de
stimuli liés à la menace sans que celles-ci soient identifiables
sémantiquement.
Par ailleurs, il est intéressant de se demander si les biais
attentionnels en direction de la menace reflètent une orientation attentionnelle en direction du matériel émotionnel en
général (sélectivité émotionnelle) ou en direction du matériel négatif spécifiquement menaçant (sélectivité négative).
La littérature ne permet pas pour le moment de répondre
clairement à cette question puisque certaines études supportent l’hypothèse d’une sélectivité émotionnelle [12],
tandis que d’autres supportent l’hypothèse d’une sélectivité négative [23,30,37]. Rutherford et al. [37] proposent
par exemple que la sélectivité émotionnelle dépende de
l’anxiété-état seule alors que la sélectivité négative serait
le fruit de l’interaction anxiété état × trait. Afin d’éprouver
cette proposition, un certain nombre de recherches différenciant les rôles respectifs de l’anxiété-état et trait s’avère
nécessaire.
Si la littérature scientifique a permis de mettre en
lumière la contribution relative des facteurs « statut des
individus » et « spécificité du matériel » dans l’apparition
et le maintien du biais attentionnel, une autre piste de
recherche moins usitée semble prometteuse : il s’agit de
différencier la spécificité des rôles de l’anxiété-état et de
l’anxiété-trait dans les patterns attentionnels.
Rôles spécifiques des anxiétés état et trait
Afin de dégager plus de clarté quant aux facteurs responsables de l’apparition et du maintien des biais attentionnels
associés à l’anxiété, nous nous proposons de nous pencher
sur les rôles spécifiques joués par l’anxiété-trait d’une part
et l’anxiété-état, d’autre part. L’anxiété-trait correspond à
une disposition individuelle relativement stable à éprouver
de l’anxiété alors que l’anxiété-état correspond à l’anxiété
actuelle ressentie par l’individu. Cet état passager peut
survenir chez tout un chacun sous l’effet d’une situation
particulière [38].
Pendant très longtemps, les chercheurs se sont principalement penchés sur cette première variable tout en
occultant la seconde. Cependant, différents modèles théoriques [4,15] soulignent que la variable anxiété-trait seule
est certes une condition nécessaire mais pas suffisante à
l’apparition et au maintien du biais attentionnel. Quelques
recherches empiriques mettant cependant en avant le rôle
potentiel de l’anxiété-état ont vu le jour. Si elles ont pour le
moment une portée limitée due à l’hétérogénéité de leurs
résultats, ces études ouvrent une nouvelle voie de recherche
non négligeable.
Quelques propositions théoriques
Si plusieurs théories incorporent les variables anxiété-trait
et état dans leurs explications des désordres émotionnels,
trois modèles émergent principalement de la littérature
scientifique. La théorie cognitive de l’anxiété de Beck et
M.-H. Bardel, F. Colombel
Clark [4] propose que la vulnérabilité des sujets soit uniquement associée à l’anxiété-trait alors que selon Bower [6], le
biais de traitement est corrélé au niveau actuel de l’anxiétéétat. Ce serait donc, selon ce dernier, la variable état qui
jouerait un rôle central dans l’apparition et le maintien du
biais. Enfin, Williams et al. [42] présentent un modèle qui
suggère que le biais attentionnel anxieux serait le résultat de l’interaction entre l’anxiété-état et l’anxiété-trait.
Ainsi, si Williams et al. [42], Bower [6] et Beck et Clark [4]
prévoient tous l’apparition de biais attentionnels associés
à l’anxiété, leurs avis divergent quant aux rôles joués par
l’anxiété-état et l’anxiété-trait. Aujourd’hui, on ne sait pas
de façon claire si la tendance à sélectionner de manière
préférentielle l’information menaçante représente un facteur de vulnérabilité constante (i.e. se prolongeant dans le
temps) et pourrait alors jouer un rôle causal dans le développement des troubles émotionnels comme le proposent Beck
et Clark ou si cette tendance représente une conséquence
passagère de l’état d’humeur du moment comme le propose
Bower. Williams et al. occupent une position intermédiaire
puisqu’ils proposent que les réponses attentionnelles ne
soient ni médiatisées uniquement par les traits, ni médiatisées uniquement par l’état émotionnel mais plutôt par une
fonction particulière impliquant les deux variables [23,42].
Données empiriques
Dans les études cliniques, les patients anxieux sont caractérisés par des niveaux élevés à la fois au niveau de
l’anxiété-trait et au niveau de l’anxiété-état. Ces deux
variables étant fortement intercorrélées, il devient difficile de les dissocier et de mettre en évidence qu’un biais
attentionnel est dû soit à l’état d’humeur actuel du patient
(anxiété-état) soit à sa vulnérabilité cognitive (anxiététrait). C’est pourquoi, afin d’appréhender le rôle spécifique
de ces deux variables dans de meilleures conditions, les
chercheurs travaillent principalement sur des populations
non cliniques dont le niveau d’anxiété-état a été manipulé.
Ils ont recours à deux principales méthodes pour appréhender la variable anxiété-état : le contrôle de l’anxiété-état
et l’induction humorale en laboratoire. En d’autres termes,
l’anxiété-état peut soit être opérationnalisée par des stresseurs naturels tels que la situation d’examen [22,23] ou la
compétition sportive [1], soit être induite artificiellement
en laboratoire [32].
Afin de tenter de clarifier au mieux la situation, nous
proposons d’évoquer les différentes études en fonction de
l’étape de traitement visée (préattentionnel versus attentionnel) et du paradigme utilisé (tâche Stroop versus tâche
de détection).
Le paradigme le plus utilisé [21,23] est sans conteste la
version émotionnelle de la tâche Stroop « Stroop task » pour
laquelle des temps de réponse plus lents de dénomination
de couleur sont interprétés comme mettant en évidence
une augmentation des difficultés du traitement des items
cibles. Le paradigme de détection de sondes « dot-probe
task » est également beaucoup employé [22]. Il sollicite
de la part du participant une réponse manuelle simple
(appuyer sur un bouton) à un stimulus neutre (détection
d’une sonde) qui suit la présentation d’une paire de stimuli
à valences émotionnelles différentes (menaçante/neutre) ;
Biais attentionnels associés à l’anxiété
cela dans le but de déterminer l’impact du matériel
menaçant sur l’orientation de l’attention. En examinant
l’impact d’un mot de menace sur les latences de détection
de sondes dans les deux endroits de l’écran, il devient alors
possible de déterminer si l’attention visuelle s’oriente vers
les stimuli de menace ou s’en détourne. Il se révèle donc
une mesure sensible de l’attention sélective.
Peu d’études se sont penchées sur l’influence relative
des variables anxiétés trait et état sur les biais préattentionnels des individus non cliniques. Toutefois, les résultats
semblent relativement homogènes. Parmi les cinq études
répertoriées employant une tâche Stroop, trois [21,23,37]
montrent clairement le rôle joué par l’interaction anxiété
trait × état dans les scores d’interférences. Le déclenchement du biais au niveau préattentionnel serait donc dû à
l’interaction anxiété trait × état. Par ailleurs, Verhaak et
al. [41] ne mettent en évidence aucun lien entre l’anxiété
(état et trait) et les scores d’interférence alors que Mogg
et al. [31] montrent un effet de congruence entre l’anxiétéétat et le matériel positif : plus l’anxiété-état est basse, plus
l’interférence vis-à-vis du matériel positif augmente.
Parmi les quatre recherches employant une tâche de
détection de sondes, trois d’entre elles [1,22,30] mettent
en avant le rôle de l’interaction anxiété état × trait dans
le déclenchement du biais attentionnel. Seule la recherche
de Mogg et al. [29] propose que l’anxiété-état ait un rôle
central dans l’apparition du biais. Ce décalage de résultat
peut sans doute s’expliquer par le temps de présentation
du matériel qui est de 100 ms dans cette étude alors qu’il
est inférieur à 30 ms dans toutes les autres. Il ne s’agit
donc pas réellement d’une condition subliminale permettant d’appréhender ce qui se passe au stade préattentionnel
du traitement de l’information.
D’un point de vue général, il semble d’une part que
le biais attentionnel associé à l’anxiété se déclenche à
un stade précoce du traitement de l’information, stade
permettant majoritairement la mise en jeu de processus automatiques. D’autre part, c’est l’interaction anxiété
état × trait qui semble permettre son apparition. Ces résultats sont en accord avec les propositions de Williams et al.
[42] qui indiquent que le déclenchement du biais anxieux
s’opère à un niveau préattentionnel et est préférentiellement observé chez des individus anxieux-trait élevés mis en
situation stressante (anxiété-état élevée). L’anxiété-état a
alors pour fonction d’amplifier le biais obtenu sous l’effet
d’une anxiété-trait élevée.
Les conclusions issues des recherches tentant de séparer
les rôles des anxiétés trait et état à une étape tardive du traitement de l’information, étape permettant la
mise en œuvre de processus stratégiques, sont plus partagées. En effet, sur la dizaine de recherches utilisant le
paradigme modifié de Stroop, trois études n’obtiennent
aucun effet des variables anxiété-état et trait [21,33,41].
Contrairement aux attentes des auteurs, aucun biais attentionnel associé à l’anxiété-état ou trait n’est mis en
évidence. L’interprétation est faite en relation avec l’étape
de traitement de l’information et la nature des processus mis en jeu. En effet, les participants, tous anxieux
non-cliniques, auraient contrecarré, grâce à des processus stratégiques, le bais attentionnel apparu à une étape
plus précoce du traitement. L’étude de Mogg et al. [31]
indique quant à elle un effet de non congruence vis-à-vis de
413
l’information menaçante dans la condition de présentation
supraliminale. Ainsi, un faible niveau d’anxiété-état est
associé à une augmentation de l’interférence à la tâche
Stroop vis-à-vis des stimuli menaçants. La moitié des
recherches [10,13,35,37] privilégie par ailleurs le rôle joué
par l’interaction trait × état et est donc en accord avec
la proposition théorique de Williams et al. [42]. Seule une
étude utilisant le paradigme Stroop [23] met en avant le rôle
spécifique de l’anxiété-état dans le maintien du biais attentionnel. En effet, un biais attentionnel est mis en lumière
dans la condition non masquée lorsque l’état émotionnel
des participants augmente, et ce quel que soit leur niveau
d’anxiété-trait. Par ailleurs, l’orientation du biais dépend,
dans cette recherche, de la nature du matériel et de la
source du stress. D’une part, tous les sujets répondent à
l’augmentation de l’état émotionnel par une augmentation
des latences de réponses vis-à-vis du matériel non relié à
l’examen (la source du stress). D’autre part, tous les sujets
montrent une diminution des latences pour les stimuli directement liés à l’examen. Les processus stratégiques sont donc
adaptatifs puisqu’ils contribuent à éviter de traiter les items
émotionnels reliés à l’examen, ce qui a pour conséquence
d’éviter d’augmenter l’état émotionnel. Notons cependant
qu’un effet d’interaction anxiété état × trait a été mis en
évidence dans cette étude dans la condition de présentation
subliminale.
Par ailleurs, les recherches utilisant le paradigme modifié
de détection de sondes indiquent des résultats allant dans
deux directions différentes. Quatre des huit études recensées obtiennent un effet d’interaction anxiété état × trait
[8,22,24,30]. Ces recherches rejoignent clairement celles
suscitées utilisant une tâche Stroop. L’autre moitié des
études indiquent cependant que les individus d’anxiété-état
élevée allouent plus de ressources attentionnelles vis-àvis du matériel menaçant, et ce quel que soit le niveau
d’anxiété-trait des individus [1,7,29,32]. Un biais attentionnel spécifiquement associé à l’anxiété-état est donc
observé dans ces études qui mettent en lumière son rôle central et indispensable dans le maintien du biais attentionnel
anxieux.
La recherche de Fox et al. [16] vient renforcer l’idée
du rôle central de l’anxiété-état en montrant, sur la base
d’un paradigme de recherche visuelle « cueing task » que
les sujets à haut niveau d’anxiété-état présentent de plus
grandes difficultés à désengager leur attention des stimuli menaçants. Le rôle central de l’anxiété-état est ainsi
systématiquement souligné dans les cinq études de cette
recherche. Enfin, une étude récente [27] explore, à l’aide
de mesures de potentiels évoqués, les indices directs de
l’activité cérébrale attentionnelle, le rôle joué par des
contextes aversifs dans l’apparition du biais attentionnel.
Ils montrent que la quantité de ressources attentionnelles
allouée est fonction de la combinaison entre le caractère
menaçant du contexte et le niveau d’anxiété-état. Aucune
relation avec l’anxiété-trait n’est établie.
Il s’avère donc que l’analyse du comportement attentionnel associé aux anxiétés trait et état révèle des résultats
contradictoires, soulevant différentes interrogations. Si au
niveau préattentionnel, les choses semblent plutôt claires,
il n’en est pas de même à un stade plus tardif du traitement de l’information, stade où deux pistes de résultats se
confrontent : une partie des recherches proposent que le
414
maintien du biais soit dû, comme au niveau préattentionnel, à un effet interactif des anxiétés trait et état alors
que d’autres recherches mettent en avant le rôle central
de l’anxiété-état dans le maintien du biais attentionnel. Un
certain nombre de recherches récentes [16,27], utilisant
des paradigmes différents, vient renforcer l’idée du rôle
central de l’anxiété-état. De nouvelles recherches séparant
les rôles spécifiques de l’anxiété-état et trait seront nécessaires pour trancher clairement. Il est cependant possible
dès aujourd’hui d’apporter quelques éléments explicatifs
permettant de dessiner des pistes d’investigations possibles.
Notons enfin que toutes ces recherches opérationnalisent l’anxiété-état de manière très diversifiée : certaines
utilisent des situations écologiques stressantes (ex : les examens académiques des étudiants ou un rendez-vous médical
important), [14,22], d’autres des techniques d’induction
d’humeur en laboratoire [10,24,31,33,35]. D’autres encore
n’utilisent aucune technique particulière et mesurent simplement le niveau d’anxiété-état des participants au
moment de la passation de la tâche [7,14,33].
Quelques pistes d’investigations possibles
Rôle des stresseurs
Mogg et al. [30] suggèrent que la durée du stresseur
« stressor time-course » peut être une variable critique pertinente. Ainsi, selon ces auteurs, deux types de stresseurs
peuvent être catégorisés : le stresseur aigu et le stresseur
prolongé. Il s’avère que l’anxiété-état induite en laboratoire est plutôt vive car elle dure moins d’une heure, alors
que l’anxiété-état induite par des situations écologiques est
relativement prolongée, les préoccupations relatives à la
situation menaçante pouvant être présentes pendant des
semaines ou des mois. Selon Mogg et al. [30], tous les individus semblent devenir vigilants vis-à-vis de la menace en
réponse à un stresseur vif, ce qui ne serait pas forcément le
cas en situation de stress prolongé, situation dans laquelle
les individus anxieux trait demeureraient vigilants vis-à-vis
de la menace alors que les individus non anxieux trait pourraient contrecarrer cet effet en utilisant des stratégies de
coping adaptatives. Toutefois, Mogg et al. [30] soulignent
que les procédures d’induction humorale en laboratoire et
les manipulations de l’anxiété-état en situation écologique
ne diffèrent pas uniquement en termes de durée des stresseurs, mais aussi sur d’autres aspects tels que le contexte
ou les conséquences potentielles de ces évènements.
Parmi les études suscitées, notons qu’aucune régularité
quant aux résultats obtenus n’a pu être établie en fonction
de la technique utilisée pour opérationnaliser l’anxiété et
donc en fonction du type de stresseur.
Niveau et mesure de l’anxiété-état
L’analyse de la littérature nous permet de pointer une zone
d’ombre concernant la constitution des groupes anxieux
et non anxieux. En effet, bon nombre de recherches
s’intéressant à la population non clinique, compose leurs
groupes expérimentaux à partir de la valeur médiane des
scores au STAI-Etat [38] plutôt qu’à partir des normes indiquées par Spielberger et al. [38] sous forme de classes
M.-H. Bardel, F. Colombel
standardisées. Ainsi, il n’est pas rare d’observer une
moyenne d’anxiété-état correspondant selon les critères des
auteurs du STAI à une anxiété faible. En effet, les scores
inférieurs à 46 sont considérés comme correspondant à une
anxiété faible. Or, les normes choisies par de nombreuses
études sont très souvent inférieures à 46 [7,29,33]. S’il
est logique que la composition des groupes anxieux non
cliniques soit moins codifiée que celle d’une population clinique où un diagnostic est établi, il apparaît néanmoins
que les moyennes d’anxiété-état sont trop souvent loin des
normes établies par Spielberger et al. [38]. En bref, si le
niveau d’anxiété-état n’est pas suffisamment élevé, il apparaît difficile de mettre en évidence des biais attentionnels
associés à l’anxiété-état.
Cette critique peut être associée à une seconde remettant en question les questionnaires d’auto-évaluation
eux-mêmes. En effet, il semble que dans certaines situations, les sujets ont tendance à sous-estimer leur état actuel
répondant ainsi à des stratégies de protection de soi. Ces
attitudes défensives permettraient ainsi aux sujets de ne pas
reconnaître leurs émotions et donc leurs faiblesses [17]. On
passerait donc à côté de « faux non anxieux ». Le recours à
des mesures physiologiques par le biais d’indices salivaires,
par exemple, permettrait d’évaluer les perturbations émotionnelles notamment en situation anxiogène de manière
plus fiable et constitue donc une perspective intéressante
pour de prochaines recherches sur les émotions.
Enfin, il est intéressant de noter que Twenge [40] met en
évidence l’augmentation des valeurs moyennes des échelles
d’anxiété au cours du xxe siècle, ce qui complexifie encore
la définition des normes de référence.
Choix du paradigme expérimental
Bien que massivement employé, le paradigme Stroop
présente quelques inconvénients et semble même, pour
certains auteurs, n’être qu’un indicateur médiocre de
l’attention sélective [1]. En effet, les patterns de résultats permettent difficilement de préciser le comportement
attentionnel du sujet face aux stimuli distracteurs. Le
participant est-il simplement « distrait » par l’information
sémantique ? Est-il attiré et dirige-t-il préférentiellement
son attention vers l’information distractive ? Ou encore s’en
détourne-t-il ? Les travaux consacrés à l’étude des effets
de l’anxiété sur l’attention révèlent tous l’importance de
pouvoir différencier ces différents types de processus attentionnels. Par ailleurs, de récentes études [1,2] ont soulevé
certaines limites du paradigme de détection de sondes.
Selon ces auteurs, la limite majeure de ce paradigme réside
dans le fait qu’il ne prend que des mesures instantanées
de l’attention. Actuellement, nous n’avons en effet qu’une
vue sérielle de l’évolution de ces biais et ne sommes pas en
mesure de dire ce qu’il se passe entre deux conditions de
présentation des stimuli. L’évaluation des mouvements de
l’œil (grâce à une technique d’électro-oculogramme [EOG]
par exemple) permettrait d’avoir une vision continue de
l’évolution du biais attentionnel au cours du temps. À notre
connaissance, seules trois études [18,34,36] ont mesuré les
mouvements oculaires d’individus anxieux tout au long du
continuum du traitement de l’information. Ainsi, Rohner
[36] observe un comportement d’évitement de la menace
Biais attentionnels associés à l’anxiété
chez les sujets anxieux non cliniques à partir de 2000 ms.
Avant ce temps, aucune différence n’est observée entre
les deux groupes de participants testés. Hermans et al.
[18], pour leur part, enregistrent pendant trois secondes
les mouvements oculaires de sujets non cliniques ayant ou
pas peur des araignées. Aucun biais attentionnel n’est mis
en évidence. Cependant, le groupe anxieux regarde plus le
matériel menaçant (des images d’araignées) au début de
la présentation puis soudainement, leur orientation attentionnelle change et ils se mettent à éviter de plus en plus
ce matériel pour lui préférer le matériel neutre (images de
fleurs). Le groupe témoin a un pattern de résultats plus
stable : il porte préférentiellement attention au matériel
neutre (images de fleurs) tout au long des trois secondes.
Enfin, Pflugshaupt et al. [34] ont mis en évidence, durant la
tâche d’exploration, un comportement d’évitement chez les
patients souffrant de phobie des araignées. Ces derniers présentent un pourcentage de fixations significativement plus
faible que le groupe témoin mais également, un temps total
d’exploration visuelle des araignées beaucoup plus court.
Cette préférence attentionnelle à éviter la menace est
considérée par les auteurs comme un possible mécanisme
défensif lorsqu’un stimulus neutre est présent. Par ailleurs,
Bradley et al. [7] ont essayé de dissocier le rôle spécifique
des anxiétés état et trait en combinant une tâche de détection de sondes avec une mesure des mouvements oculaires.
Ils mettent en évidence un comportement de vigilance
envers les visages menaçants chez les groupes à anxiétéétat élevée ou moyenne. Les sujets anxieux-état regardent
donc préférentiellement les visages négatifs et détectent
plus vite les sondes apparues à leur place. L’anxiété-trait
n’est pas associée à l’apparition du biais attentionnel dans
cette étude.
Si aucune conclusion ne peut être tirée sur la base de
ces quelques études, d’autres recherches combinant des
techniques physiologiques et cognitives apparaissent incontournables afin de spécifier au mieux le rôle des anxiétés
état et trait dans le déclenchement et le maintien du biais
attentionnel tout au long du continuum de traitement de
l’information.
Conclusion
Plus de 150 études ont mis en lumière l’existence d’un biais
attentionnel associé à l’anxiété chez des individus anxieux
de différentes populations (cliniques et non cliniques) dans
des conditions expérimentales variées [3]. Toutefois, peu de
recherches se sont exclusivement penchées sur l’implication
des rôles de l’anxiété-état et trait sur le traitement attentionnel. À ce jour, les preuves disponibles sont donc
prometteuses mais trop limitées. Si au niveau préattentionnel, les choses semblent plutôt claires (rôle prépondérant
de l’interaction entre l’anxiété-état et l’anxiété-trait dans
le déclenchement du biais), il n’en est pas de même à un
stade plus tardif du traitement de l’information, stade où
deux pistes de résultats se confrontent : une partie des
recherches propose que le maintien du biais soit dû, comme
au niveau préattentionnel, à un effet interactif des anxiétés
trait et état alors que d’autres recherches mettent en avant
le rôle central de l’anxiété-état dans le maintien du biais
attentionnel. Différentes pistes d’investigation ont été pro-
415
posées afin d’éclaircir les données. Parmi elles, le recours
à une méthodologie combinant des mesures physiologiques (indices salivaires, enregistrement des mouvements
oculaires. . .) à des mesures cognitives (questionnaires,
paradigme de détection de sondes, Stroop. . .) semble
garantir une meilleure compréhension des processus attentionnels. Cette compréhension est d’autant plus importante
qu’elle permettrait d’ouvrir à de nouvelles orientations de
remédiations thérapeutiques afin de réduire efficacement
les troubles anxieux [5,20,43] par un travail tant sur
la redirection attentionnelle que sur la restructuration
cognitive.
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