14 L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE - N° 334 - MARS 2017
actualité
en bref
Antibiorésistance
La liste noire de l’OMS
Afin d’orienter la recherche
des nouveaux antibiotiques,
l’Organisation mondiale
de la santé (OMS) a publié
fin février sa première
liste d’agents pathogènes
prioritaires résistants aux
antibiotiques. La liste « met
plus particulièrement en avant
la menace des bactéries
à Gram négatif résistantes à
de nombreux antibiotiques »,
note l’OMS. Qui précise: « Le
groupe le plus critique comporte
des bactéries multirésistantes
qui représentent une menace
particulière dans les hôpitaux,
les maisons de retraite ou
pour les patients dont les soins
imposent d’utiliser des dispositifs
comme des respirateurs ou
des cathéters sanguins. »
Étiologie du cancer
Le social compte
«Près de 15000 cas de cancers
pourraient être évités en France
chaque année par l’amélioration
des conditions de vie et
la promotion de la santé
des populations les plus
défavorisées », selon l’Institut
national de veille sanitaire
(InVS) dans son Bulletin
épidémiologique hebdomadaire
n°4 du 7 février. Les auteurs
de l’étude ont notamment
remarqué « un gradient
d’incidence statistiquement
significatif croissant avec la
défavorisation sociale » pour les
cancers de l’estomac, du foie,
des lèvres-bouche-pharynx
et du poumon dans les deux
sexes; en cas de « favorisation
sociale », plus de mélanomes
dans les deux sexes.
Étude en PACA
Les Idels sollicitées
Étudiant la coordination des
soins pour les personnes âgées
à domicile avec le Fil rouge
Alzheimer d’Aubagne, une
élève de master 2 “gestionnaire
d’établissements médicaux
et médico-sociaux” au Cnam
d'Aix-en-Provence invite les
Idels à remplir un questionnaire
en ligne (lien: bit.ly/2m3gLx2).
Organisation
bactérienne
assez complexe,
entourée d’une
matrice protectrice et qui
serait responsable de nom-
breux maux*, le biofilm est
aujourd’hui mis en question
dans les retards de cicatrisa-
tions de plaie. Ce phénomène
reste certes à clarifier. Mais
il semble, d’ores et déjà, bien
plus qu’un mythe, et plus que
la conséquence d’un effet de
mode et/ou un concept mar-
keting destiné à vendre des
produits anti-biofilm. Comme
l’a noté le DrSylvie Meaume,
dermatologue et gériatre à
l’hôpital Rothschild (AP-HP),
lors des Journées cicatrisa-
tion le 15 janvier à Paris,
«même si c’est un concept
fréquemment repris par les
laboratoires pour de nom-
breux produits et peut-être
un outil marketing, il y a
quand même plus que des
prémices d’une approche
scientifique, quelque chose
qui se développe de façon
plus ou plus complète ».
La fréquence du biofilm varie
beaucoup selon les études,
de 23 à 100%. « Ils sont fré-
quents, et très probablement
davantage dans les plaies
chroniques que dans les
plaies aiguës », simplifie le
DrMeaume. À l’heure
actuelle, il n’existe pas de test
simple permettant de détec-
ter l’existence de biofilm sur
une plaie. Sa présence doit
surtout être évoquée face à
une plaie qui tarde à cicatriser
en dépit d’une prise en
charge locale adaptée, en cas
d’infections récurrentes de
la plaie alors que celle-ci sem-
ble “propre” ou quand il est
possible d’identifier un enduit
blanchâtre et adhérent.
L’aide des algorithmes
«On aimerait un pansement
intelligent connecté qui nous
prévienne, sur notre smart-
phone, que tel patient a du
biofilm sur sa plaie et qu’il faut
peut-être intervenir, mais je
pense que ce n’est pas tout à
fait pour demain », déplore
le DrMeaume. En revanche,
un pansement en cours de
développement permettrait
de détecter la présence de
biofilm en changeant de cou-
leur mais il ne sera pas dis-
ponible avant au moins trois
ans. En attendant, des algo-
rithmes peuvent être utilisés
afin d’orienter le diagnostic.
«Les algorithmes se déve-
loppent dans la littérature avec
un certain nombre de ques-
tions, une sorte de check-list
à laquelle on répond, qui nous
permet de dire qu’il y a des
arguments pour dire qu’il y
a du biofilm en l’absence de
tests plus simples », explique
le DrMeaume.
Il n’existe pas assez d’études
pour modifier radicalement
les stratégies thérapeutiques
actuellement déployées. En
outre, ces dernières semblent
plutôt bien adaptées avec l’as-
sociation du lavage à une
détersion mécanique (bistouri,
compresses de type Debri-
soft). Le recours à un antisep-
tique peut être envisagé mais
pas n’importe lequel. « Les
antiseptiques classiques ne
sont pas vraiment actifs »,
indique le DrMeaume, qui
recommande l’utilisation
d’antiseptiques à large spectre
comme le Protonsan qui sem-
blerait, d’après des études in
vitro, perturber le biofilm.
Mais ce dernier n’est pas rem-
boursé. « Surtout, lorsque l’on
suspecte l’existence d’un bio-
film, il s’agit d’adapter notre
rythme de changement de
pansement. On repasse à un
changement quotidien »,
insiste-t-elle.
Le traitement par pression
négative, l’électrostimulation
et les ultrasons pourraient
également être utiles, mais
ils nécessitent plus de
recherches. « Il faut continuer
à développer la recherche,
explique la dermatologue.
Disposer d’un test nous aide-
rait certainement.Et on a
besoin de traitements qui vont
empêcher la reformation du
biofilm car il se reforme extrê-
mement rapidement. »<
CAROLINE BOUHALA
* Comme le fait d’entretenir la réaction
inflammatoire délétère pour la cicatrisation,
d’inactiver les antiseptiques et les antibiotiques
locaux, d’entraîner des récurrences infectieuses
par relargage de bactéries.
Le
biofilm
, pas un mythe
et plus que du marketing
PROFESSION
PLAIES ET CICATRISATION >
Très fréquent dans les plaies notamment
chroniques, le biofilm n’est, aujourd’hui, pas facilement détectable.
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