III. Les étapes de la construction de l`Etat occidental

III. Les étapes de la construction de l’Etat occidental moderne
A- La construction de centres politiques
La construction de centres politiques a été nécessaire pour rendre
compte des trajectoires différenciées des Etats occidentaux. Il faut
rendre compte des singularités historiques et sociologiques de ces
Etats européens. Néanmoins, on peut se mettre d’accord sur le fait que
les Etats modernes sont issus de la société féodale.
1. Qu’est ce que la féodali ?
On peut insiste sur toutes une série de coïncidences qui seraient à la
base de l’Etat. La dynamique européenne de la construction de l’Etat
est du à la composition de deux éléments fondamentaux : la
fragmentation du pouvoir politique et économique au sein de la
société féodal et l’intégration de ces réseaux de pouvoirs
fragmentés au sein du Christianisme.
La féodalité se caractérise par l’éclatement de l’autorité publique et
la multiplication des relations d’hommes à hommes. La société
féodale est une organisation spécifique du pouvoir politique.
L’Angleterre et un certains royaumes chrétiens d’Espagne ont connu
la féodalité. L’idée est que pour raffermir leur pouvoir, les
Carolingiens vont concéder le bénéfice d’une terre à des nobles en
échange de leur fidélité et de leurs services armés. Ils disposaient alors
des vassaux loyaux. Les vassaux pouvaient à leur tour concéder une
partie de leur terre selon les mêmes principes. Se met en place sur la
base du serment vassalique, la société féodale.
En contrepartie du contrat vassalique, il s’agit pour le vassal
d’accomplir une obligation de service militaire pour son seigneur. Le
principe de la vassalité permettait une hausse du niveau de vie des
vassaux. Se développe dans toute la partie occidentale de l’Europe, ce
système d’organisation du pouvoir. Sur le plan intérieur, les
Carolingiens ont cru qu’ils pouvaient ainsi renforcer leur pouvoir sur
un territoire extrêmement étendu. Les Carolingiens incitent à
construire une société pyramidale. Il en va de même pour le clergé
pour développer un maillage dans l’ensemble du territoire.
Sur le plan extérieur, la sécurité est la préoccupation fondamentale
des hommes libres. On est dans une période troublée par les incursions
barbares qui nécessitent des forces armées considérables pour lutter
contre ces incursions (Hongrie, Normands).
Charles le Chauve impose en 865 de se lier à un seigneur, les
vassaux obtiennent des pouvoirs locaux et des pouvoirs de justice
(délégation du ban). Les bénéfices devaient revenir à la mort du vassal
à celui qui les avait concédés. Mais progressivement, il devient
coutume que son vassal puisse transmettre son bénéfice à son fils. Le
fait de transmettre le bénéfice au fils était une manière de consolider
les liens avec le seigneur. Le système évolue d’une féodalité de
bénéfice à une féodalité de fief.
Les vassaux deviennent les propriétaires de plein droit de leurs fiefs.
Les fiefs deviennent même héréditaires de leurs charges avec
l’ordonnance de 877 dans le capitulaire de Quierzy de Charles le
Chauve. Le vassal avait des devoirs envers le roi, mais aussi envers le
seigneur. Le serment se fait vers le seigneur et plus envers le roi.
Les vassaux royaux vont aussi s’autonomiser par rapport au pouvoir
royal. Par le biais de la suprématie du contrat vassalique, la féodalité
va progressivement diluer le pouvoir politique.
Cette société féodale va se développer autour de cinq caractéristiques :
- l’indifférenciation sociale au principe de cette organisation
sociale : le seigneur gère son domaine : secteurs judiciaire,
religieux, politique et économique autonomes.
- la fragmentation du pouvoir politique et de la souveraineté : elle
est la conséquence de la patrimonialité des fiefs. Les seigneurs
apparaissent et disparaissent au gré des conquêtes, des mariages.
Il n’existe aucun centre politique de sorte que le système odal
se construit autour de communauté cellulaire. Les relations se
construisent au niveau local.
- la faiblesse du roi : ses ressources sont extrêmement faibles et il
évolue au milieu de concurrents qui sont ses égaux dans son
pouvoir politique et économique. Le roi ne possède pas
d’ascendants hiérarchiques sur ces concurrents. Les concurrents
sont en Angleterre environ 160 grandes magna. Au XIIe siècle,
ces seigneurs sont des quasi équivalents de ce centre politique.
Le roi s’appuie sur un embryon de bureaucratie, mais il dépend
aussi d’une Eglise qui est transnationale. Son autorité militaire et
judiciaire est morcelée entre ses vassaux.
- la fragmentation du pouvoir économique : cette économie est
très décentralisée autour des villages. Kriesi dit que cette
économie agricole est extrêmement novatrice et se caractérise
par des innovations techniques (la charrue, le fer à cheval et
l’attelage). Cela permet le développement de l’économie
agricole.
- le christianisme : le christianisme constitue l’organe principal de
régulation social et politique. Dans ce monde fragmenté, cette
religion assure une certaine unité culturelle, car il lui offre une
langue commune (latin). Ce christianisme est un élément de
stabilisation contraire de l’institutionnalisation. Le christianisme
permet sans doute d’organiser des procédures. Les paix de Dieu
forment une sorte de codification de la guerre et contribuent à
empêcher les affrontements systématiques entre seigneurs. Mais
ces paix de Dieu restent éphémères dans cette société féodale.
L’Etat supplée à la faiblesse du roi.
Les jeux d’alliance et les hasards de la descendance jouent un rôle
important dans la centralisation du pouvoir. On assiste à l’élimination
des maisons des concurrents, des unités politiques les moins
importantes. La taille des unités politiques tend à s’accroitre. Autour
de centre royaux des territoires tendent à s’unifier. Un mécanisme de
monopolisation du pouvoir se met en place, constitution progressive
d’Etat sous la forme d’Etat absolu. Ceci est le modèle de Norbert
Elias. La constitution du royaume de France du XIIe au XVIe siècle
s’appuie comme modèle de la construction de l’Etat moderne
occidental.
Les Capétiens sont en concurrence. Ce sont les grandes maisons qui
rentrent en concurrence comme les maisons du Maine, de Blois, de
Normandie, de Flandres et sans doute les comtes de Plantagenêt
d’Anjou vont prendre possession de l’Angleterre et de l’Aquitaine au
XIIe siècle et menacent les rois de France jusqu’au XIVe siècle.
Norbert Elias pense que si les Capétiens n’avaient pas réussis, le
pouvoir central aurait été accaparé par une autre famille représentant
une autre région de France, une autre maison. Il n’y pas de processus
inéluctable.
Le titre du roi assure le soutien de l’Eglise et donc d’une certaine
bureaucratie ecclésiastique. Le succès du roi est du à un facteur
économique, indépendant de la puissance royale elle-même. On est
dans une période d’essor économique, qui permet le développement
de l’agriculture et l’apparition d’une nouvelle clase urbaine, de
bourgeois qui vont offrir des auxiliaires à la monarchie. Les rois de
France vont s’appuyer auprès des clercs, puis sur une partie de cette
avant-garde bourgeoise, recrutée pour leurs aptitudes à la gestion du
domaine. Cet essor tend à remettre en cause une contestation de la
noblesse.
La dernière étape de cette centralisation de pouvoir est la dernière
bataille que vont livrés les rois de Frances aux maisons concurrentes.
Cette fois ci, on n’est plus entre rivaux du même roi. Les adversaires
du roi sont alors des proches parents du roi, voire des héritiers. Tous
les concurrents jouent pour s’attribuer la couronne royale. Ce centre
politique finit par détruire les derniers restent du système féodal.
Norbert Elias dit qu’on a un processus de monopolisation du pouvoir
autour de centres politiques, mais à aucun moment les acteurs
impliqués dans ce jeu de concurrence n’avait pour ambition de créer
l’Etat moderne. Mais l’Etat absolu est le résultat de l’ensemble des
interactions de ces différents seigneurs. Le résultat de ces nombreuses
actions était un résultat non voulu (voir la définition de la sociologie
de Max Weber).
Cet Etat absolu s’est imposé contre des modèles alternatifs moins
centralisés. Les luttes entre les princes en Europe centrale ne
conduisent pas à la construction de royaume et notamment cette
retranscription des territoires. On a un maintient face à la prétention
des empereurs du Saint Empire sur un territoire extrêmement large.
L’une des faiblesses aura été le manque de ressource financière. On
considère que la tentative d’un centre politique aura été celle des
Habsbourg (Charles Quint). Ce dernier possédait des ressources
formidables, avec l’Espagne, l’Italie du Nord, mais ces possessions
avaient la caractéristique d’être extrêmement étendu et discontinu sur
le plan géographique. Ce centre n’a pu se faire car il n’a pas réussi à
faire une administration indépendante, centralisatrice, et une armée.
La taille de l’unipolitique est un facteur extrêmement décisif pour
constituer un Etat. Ainsi on considère que très largement, l’Angleterre
avait des dimensions relativement réduites. Elle aurait rempli
objectivement les conditions pour optimiser la perception des impôts
et la construction d’une armée.
On a l’émergence de villes avec une bourgeoisie enrichie participant
au commerce. Cette sortie de la féodalité dans le centre de l’Europe se
fait sans qu’apparaisse un centre politique riche et puissant pour
éliminer les différentes seigneuries en concurrence avec ce centre
politique.
Il n’en va pas de même en Angleterre. Cette sortie de la féodalité est
issue de la conquête du territoire par Guillaume de Normandie qui
ne l’a pas fait contre les grands seigneurs en place. L’autorité des
Normands est directement reconnue, car ils conservent les coutumes
anglo saxonnes et ils ont un système d’auto gouvernement sur la base
de la bourgeoisie et de la noblesse. Le centre politique va utiliser dès
le départ le service des agents non spécialisés. Des notables de
province participent au gouvernement du centre au niveau local. Ce
mélange permet la constitution de la nation sans recourir à un centre
politique de sorte qu’au lieu de vouloir détruire le centre politique, les
élites périphériques. La charte de 1215, la magna carta, affirme une
opposition au roi, avec une montée en puissance du pouvoir
parlementaire. On assiste à l’intégration de cette société civile au
centre politique sans qu’il y ait nécessairement des conflits entre le
centre politique et la société civile.
On a l’hypothèse qu’il existerait une taille optimale pour chaque Etat
dans la construction de l’Etat moderne. C’est Norbert Elias qui pose
cette hypothèse. C’est l’Angleterre qui aurait la taille optimale alors
que le Saint Empire aurait une taille trop grande. Badie reprend cette
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