EMT

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Une personne sur deux, atteinte d’un
cancer meurt en France. Le responsable
majeur est la résistance des tumeurs face
aux thérapies classiques… Un nouvel
espoir pour les patients émerge avec le
développement des microARN…
Le cancer est un défi de santé
publique. Aujourd’hui en France, 300 000
personnes sont atteintes d’un cancer et
150 000 en meurent. Les traitements
proposés
permettent
de
contenir
l’évolution de la maladie et augmentent la
survie du patient. Cependant, la tumeur
développe
des
mécanismes
d’échappement thérapeutique allant de la
résistance aux thérapies, à la formation de
métastases. Le challenge de la recherche
est de comprendre ces différents
mécanismes d’échappement et d’identifier
des nouvelles cibles thérapeutiques pour
limiter la résistance et les effets
indésirables des thérapies classiques.
Notre équipe, co-dirigée par le
Professeur Alain Puisieux et le Docteur
Stéphane Ansieau, cherche à comprendre
comment un phénomène embryonnaire,
nommé
Transition
Epithélio
Mésenchymateuse (EMT), peut participer à
la transformation tumorale et déclencher
des
mécanismes
d’échappement
thérapeutique.
L’EMT est un processus indispensable
pendant la croissance de l’embryon. En
effet, sous l’influence de facteurs contrôlant
l’expression des gènes, l’EMT conduit les
cellules à changer de morphologie, leur
permettant en outre, d’acquérir des
capacités de migration. Des cellules qui au
départ sont jointives les unes aux autres
perdent leur liaison et deviennent « libres »
de se déplacer. Ce programme permet la
formation de nouveaux organes et
constitue un processus normal et
nécessaire pour l’embryon.
A l’âge adulte, les facteurs impliqués dans
l’EMT sont éteints. Cependant, de
nombreuses cellules cancéreuses sont
capables de les réactiver et d’induire ces
différents
changements
cellulaires,
conduisant à la formation de métastases.
De plus, il a été montré que l’EMT
permettait aux cellules de résister aux
traitements
anticancéreux
classiques.
Paradoxalement, ce programme cellulaire,
initialement indispensable à la vie, met en
danger la survie des patients atteints de
cancer.
L’EMT est un programme complexe,
mis en place et régulé par de nombreux
facteurs cellulaires. Nous avons choisi de
cibler notre recherche sur les microARN.
Les microARN sont de toutes petites
molécules, au moins un million de fois plus
petites que la taille d’une cellule, qui
empêchent la synthèse de plus d’une
centaine de protéines. En d’autres termes,
activer un microRNA peut conduire à
bloquer en même temps l’action de
centaines de protéines.
Certains microARN bloquent la
synthèse de différents facteurs impliqués
dans l’EMT. Nos travaux de recherche sont
basés sur l’hypothèse que d’activer
l’expression de ces microARN inhiberait
l’EMT et limiterait les phénomènes
d’échappement thérapeutique.
(Morel et al, 2012)
EMT
Cellules jointives entre
elles, immobiles
Ainsi, empêcher les cellules de réactiver
l’EMT représente une voie thérapeutique
très prometteuse.
Bloquer l’EMT
permettrait de limiter la formation des
métastases, naturellement résistantes aux
chimiothérapies, et « d’obliger » les cellules
tumorales à rester sensibles à ces
chimiothérapies.
Or les microRNA, comme le « rat », peuvent
fragiliser la barrière et permettre une
efficacité optimale des traitements
anticancéreux.
Cellules libres des unes
des autres, mobiles
Associer l’expression de ces microARN avec
les traitements anticancéreux classiques
permettrait
d’augmenter
l’efficacité
thérapeutique et donc la survie des
patients. Prenons la fable de La Fontaine
« le lion et le rat », où les protagonistes
seraient d’un côté la chimiothérapie
classique et les
mécanismes
d’échappement
thérapeutique,
d’un
autre
côté,
les
microARN.
La
chimiothérapie
classique comme le
« lion » de la fable
apparaît relativement
inefficace face à cette
barrière représentée
par les mécanismes
d’échappement
thérapeutique.
Dans un premier temps, nous
avons confirmé que dans les tumeurs du
sein qui expriment beaucoup de facteurs
embryonnaires, l’expression de ces
microARN est très largement diminuée.
L’expression des microARN et des facteurs
embryonnaires est donc inversée dans les
cancers du sein. Dans un deuxième temps,
nous testons l’effet de ces microARN
réintroduits dans des cellules tumorales les
exprimant peu. Dans ces expériences, nous
espérons démontrer un effet anti-tumoral
de nos microARN. Enfin, l’objectif final sera
de prouver que lorsqu’on restaure un taux
significatif de ces microARN, la cellule
redevient sensible aux traitements de
chimiothérapies conventionnels et que la
cellule meurt plus facilement.
Mise en évidence de coopérations oncogéniques entre
protéines mitogènes activées et inducteurs d’EMT
embryonnaires dans l’initiation dans la transformation
cellulaire.
RUIZ Emmanuelle
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