Les microARN sont de petites molécules d’acide ribonucléique qui jouent un rôle essentiel dans le contrôle de l’expression génétique. Présents
chez de nombreuses espèces animales et végétales, ils sont impliqués dans un grand nombre de processus biologiques. Récemment, on a mis
en évidence que certains virus avaient « piraté » à leur avantage la machinerie de la cellule hôte pour synthétiser leurs propres microARN. Ces
petits ARN d’origine virale peuvent être utilisés par le virus pour réguler l’expression de gènes d’origine cellulaire et virale, et participent à
l’établissement d’un environnement cellulaire optimisé pour le virus. L’objectif de notre projet est d’étudier le rôle joué par les microARN au
cours de l’infection par des virus appartenant à la famille des herpès. Pour ce faire, nos deux équipes travaillent sur deux virus pouvant infecter
des organismes modèles : le cytomégalovirus de la souris (MCMV), et le virus de la maladie de Marek (MDV) infectant le poulet. Le but ultime
est de définir l’importance réelle des microARN en contexte physiologique d’infection virale.
FUNVIRMIR
Sébastien Pfeffer, IBMC-CNRS, Strasbourg (Coord.)
Denis Rasschaert, INRA-Université, Tours
Utilisation de deux virus modèles pour l'étude du rôle des
microRNA d'origine virale in vitro et in vivo
microARN et virus : petites molécules, grands effets
Au cours de ce projet, nous avons pu montrer que les deux virus étudiés utilisaient des stratégies complexes pour réguler l’expression soit de
leurs propres microARN, soit de ceux de l’hôte. Ainsi, les microARN du virus MDV sont sous le contrôle de la protéine P53 jouant un rôle bien
connu dans les cancers. Le virus MCMV quant à lui, utilise une stratégie novatrice consistant à déclencher la dégradation d’un microARN
cellulaire. Nous avons également identifié de nombreuses cibles cellulaires et virales des microARN des deux virus. Enfin, pour la première
fois, nous avons rapporté qu’un virus mutant pour l’un de ses microARN était atténué par rapport à un virus sauvage. Ces résultats pourraient
permettre à long terme envisager d’utiliser les microARN viraux comme une nouvelle cible thérapeutique pour lutter contre certaines infections
virales.
Résultats principaux et perspectives
CONTACT :
Programme MIME 2007
L’infection par MCMV régule négativement l’accumulation du miR-27.
Les profils d’expression des miRNA ont été analysés par séquençage
(A) ou par northern blot (B).
Publication : Buck… Pfeffer. RNA 2010
Publication : Dölken… Pfeffer. PloS pathogens 2010
La mutation de l’un des miRNA du
virus MCMV résulte en une forte
atténuation du titre viral dans les
glandes salivaires de souris (en
haut), mais pas dans les poumons
(en bas). Deux mutants différents
(ponctuels ou de délétion) ont été
générés. Ce phénotype est du pour
partie à la régulation de la
chimiokine CXCL16 par le miRNA
miR-M23-2 (non montré).
Publication : Stik… Rasschaert. RNA 2010Publication : Muylkens… Rasschaert. Arch Virol 2010
B
Le promoteur des miRNA-6,7,8 et 10 de MDV est localisé au niveau de
séquences répétées de 60 pb contenant des éléments de réponse à P53
(A). La protéine P53 pilote l’expression des miRNA (B).
MDV1-miR4-5p et MDV1-miR4-3p ciblent respectivement les protéines
virales UL28 et UL32 impliquées potentiellement dans l’assemblage de la
particule virale et pourraient ainsi participer à l’entrée ou au maintien de la
latence virale.