Conf. OIE 2002
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En 2000 et 2001, la fièvre aphteuse s’est considérablement propagée pour atteindre des pays qui étaient indemnes
depuis plusieurs années. Il en a été ainsi de la Corée du Sud, indemne depuis 1934, du Japon, indemne depuis 1908, et
de la Grande-Bretagne, indemne depuis 1981 – d’où la maladie s’est propagée à la France, aux Pays-Bas, à l’Irlande du
Nord et à la République d’Irlande, qui étaient tous indemnes de fièvre aphteuse. Le sérotype O a pénétré en République
d’Afrique du Sud où il n’avait jamais été identifié auparavant, puis la maladie a de nouveau atteint le cône Sud de
l’Amérique latine où, sur la plus grande partie du territoire, les vaccinations prophylactiques venaient seulement d’être
arrêtées. La réponse à ces foyers a été largement influencée par le chapitre du Code sur la fièvre aphteuse, et les
abattages intervenus en Europe pour éliminer le virus et rétablir les échanges commerciaux ont atteint des niveaux sans
précédent (8). Lors de la Conférence internationale qui s’est tenue à Bruxelles (Belgique), en décembre 2001, sur la
protection et la lutte contre la maladie, il est clairement apparu que d’autres politiques étaient nécessaires.
Nous présentons ici les lignes directrices sur la surveillance, proposées à titre de supplément au chapitre du Code sur la
fièvre aphteuse, ainsi que les conditions requises pour qu’un pays ou une zone puisse être reconnu(e) indemne
d’infection par la fièvre aphteuse. Nous ne traiterons cependant pas spécifiquement du statut des pays ou zones
indemnes où la vaccination est pratiquée.
2. DÉFINITION DE L’INFECTION
Conformément à l’édition 2001 du Code, pour être reconnus indemnes de fièvre aphteuse sans vaccination, les Pays
Membres devaient adresser à l’OIE une déclaration attestant l’absence de foyer et de vaccination depuis au moins
12 mois, et devaient faire la preuve de l’existence d’un programme efficace de contrôle des importations et de
surveillance sanitaire. Un foyer étant défini comme la survenue de signes cliniques de fièvre aphteuse, un pays pouvait,
en l’absence de maladie déclarée, conserver son statut de pays indemne même si la présence de virus vivants était
prouvée. Si elle ne respectait pas l’esprit du texte, cette interprétation était pourtant légalement défendable. Pour
remédier à cette anomalie, les nouvelles propositions pour le chapitre du Code exigent que les Pays Membres certifient
également l’absence de tout signe d’infection au cours des 12 mois écoulés. Cette modification implique nécessairement
de définir les infections par le virus de la fièvre aphteuse.
La présence d’une infection par le virus aphteux est définie par les éléments suivants :
1. Le virus de la fièvre aphteuse a été isolé et identifié en tant que tel chez un animal (errant ou domestique), ou dans
un produit tiré de cet animal, ou
2. L’antigène ou l’ARN viral spécifique à un ou plusieurs sérotypes du virus a été identifié dans les prélèvements
d’un ou plusieurs animaux (errants ou domestiques) présentant des signes cliniques évocateurs de fièvre aphteuse,
ou en rapport épidémiologique avec un foyer confirmé ou suspecté de fièvre aphteuse, ou chez qui un lien ou un
contact avec le virus aphteux peut être suspecté, ou
3. Des anticorps dirigés contre des protéines structurales ou non structurales du virus aphteux, sans rapport avec une
vaccination, ont été identifiés chez un ou plusieurs animaux (errants ou domestiques) présentant des liens
épidémiologiques avec un foyer confirmé ou suspecté de fièvre aphteuse, ou présentant des signes cliniques
compatibles avec une infection récente par le virus aphteux.
La confirmation la plus formelle d’une infection est l’isolement du virus aphteux vivant, mais cela n’est pas toujours
possible, notamment en l’absence de laboratoire qualifié à portée immédiate. Les tests de recherche de l’antigène viral,
tels que décrits dans le Manuel des normes de l'OIE pour les tests de diagnostic et les vaccins (le Manuel), ont été bien
validés. Lorsqu’ils sont correctement pratiqués, ils sont à la fois suffisamment spécifiques et suffisamment sensibles
pour être utilisés en présence d’un foyer récent touchant une population « naïve ». La technique d’amplification en
chaîne par polymérase (PCR) a été associée à des problèmes de contamination croisée en raison de son extrême
sensibilité et, à l’heure actuelle, il est peu probable qu’un foyer de fièvre aphteuse soit déclaré sur la seule base d’un
résultat positif à la PCR. Il a été jugé essentiel de relier la PCR à des signes cliniques de fièvre aphteuse, à un foyer
connu ou suspecté, ou à un contact avec le virus aphteux.
La présence d’anticorps anti-aphteux peut également conduire à un diagnostic présomptif mais aucune recherche des
anticorps dirigés contre les antigènes viraux n’est totalement spécifique, comme pourraient le confirmer tous les
laboratoires qui pratiquent les tests de routine dans le cadre des importations ou des exportations. De plus, un animal
vacciné contre la fièvre aphteuse aura des résultats positifs au test de neutralisation virale, à la méthode ELISA de
blocage en phase liquide et à la récente technique ELISA de compétition en phase solide. Les animaux vaccinés ne sont
pas positifs en revanche aux tests de recherche des anticorps dirigés contre les protéines non structurales (NSP) du virus