L’articulation calcanéo-cuboïdienne avec son intime gainage fibreux représente la
colonne stable du médio-tarse. Le déplacement du cuboïde est limité vers le haut par le rostre
de la grande apophyse du calcanéum et le grand ligament calcanéo-plantaire. Ce déplacement
s’effectue essentiellement en bas et en dedans. Les mouvements d’inversion et d’éversion sont
donc limités aux deux niveaux sous-talien et médio-tarsien.
L’inversion est limitée par :
- Le ligament talo-calcanéen en haie et le faisceau calcanéen du ligament collatéral
latéral au niveau sous-talien
- Les ligaments talo-naviculaire et calcanéo-cuboïdien dorsaux, le faisceau latéral du
ligament de Chopart, la butée cuboïdienne au niveau de l’articulation transverse.
L’éversion est limitée par :
- La butée osseuse postéro-latérale du sinus
- Les ligaments glénoïdien, deltoïdien et le faisceau médial du ligament de Chopart.
LES MECANISMES LESIONNELS
Les lésion ligamentaires pures de l’ATT sont rares, même si ce sont les plus fréquentes
des entorses survenant au niveau du pied. Elles peuvent en principe se produire à la suite de
contraintes forcées dans les trois plans :
- En adduction ou abduction pures, mécanismes rares essentiellement par choc direct
- En prono-supination : c’est le mécanisme le plus fréquent. La torsion du médio-pied
est toujours bénigne quand elle se produit en appui lors du déroulé du pas sur un sol inégal, a
fortiori avec une semelle à crampons. Il s’agit plus souvent d’une entorse latérale, car
l’attaque du sol s’effectue par le bord latéral du pied. L’articulation médio-tarsienne latérale
très rigide s’adapte moins facilement à la torsion que son homologue médiale, mais la faible
hauteur de l’arche latérale limite le risque de déplacement cuboidien en dedans. Sur le versant
articulaire opposé, le risque est accru par la hauteur de l’arche médiale, mais il est compensé
par une plus grande mobilité naviculaire. Les lésions les plus graves ne surviennent pas en
appui, mais par torsion pure du pied coincé dans un étrier ou un « full strap ».
- En flexion plantaire forcée : c’est un mécanisme rare, résultant parfois d’un choc
direct, plus souvent d’un blocage de l’avant pied au sol lors d’une chute vers l’avant. La
flexion plantaire forcée à la réception d’un saut est toujours responsable de lésions étendues.
L’inversion forcée en flexion plantaire est donc la position de vulnérabilité
maximale du médio-tarse et ce mécanisme est souvent responsable des lésions complexes les
plus graves dès que le ligament talo-naviculaire est rompu.
Les réceptions unipodales déséquilibrées déportent le plus souvent le corps
latéralement . Dans ce cas, la contrainte mécanique s’exerce en varus au niveau de la talo-
curale, et en inversion au niveau de l’ATT. En fonction de la zone de contact avec le sol et des
positions articulaires respectives, la lésion ligamentaire siègera sur l’une ou l’autre des deux
articulations, ou sur les deux. Dans tous les cas, l’atteinte associée souvent infra-clinique de la
sous-talienne illustre bien le partage du mécanisme lésionnel. C’est pour cette raison que bon
nombre d’entorses médio-tarsiennes sont prises pour des entorses de cheville …
Le médio-tarse représente la clé de voûte des arches longitudinales du pied, arches
fortement sollicitées lors de l’appui au sol et surtout lors de la propulsion du pied. Toute
lésion à ce niveau entraîne une impotence fonctionnelle sévère très significative à la marche.