pour démontrer des régularités dans le changement. Certains comparatistes pensaient que le
changement des langues est un processus régulier et naturel, dû aux « empruntes inévitables » et
aux « héritages » mais il respect l’organisation interne des langues. (Ces sont les éléments qui
changent, les règles grammaticales et phonétiques sont conservées, la structure reste la même.) En
revanche, d’autres comparatistes constataient que les langues déclinent avec les temps. Pour eux,
le comportement de l’homme par rapport à la langue est un comportement d’utilisateur. Ce
dernier considère la langue comme un instrument qui doit être économique, commode et aussi
efficace que possible. Et l’homme est capable de sacrifier la clarté d’une organisation
grammaticale pour posséder des moyens de communication plus efficaces. Sous un autre angle,
on peut noter que les changements phonétiques (c.-à-d. les changements qui concernent
l’articulation des sons) détruisent progressivement, par une sorte d’érosion, l’organisation
grammaticale des langues qui leur est soumis.
Certains comparatistes, partisans de la thèse du déclin des langues, supposaient que l’époque pré-
historique fut particulièrement positive du point de vue du développement des langues. A cette
époque, l’homme cherchait de s’exprimer, de se représenter par la langue. La langue n’était pas un
moyen mais une fin. Ce fut une période de création ! Et par déduction, ils essayaient imaginer les
étapes de l’évolution des langues en les rangeant dans trois catégories :
- les langues isolantes : les mots sont des unités inanalysables, on ne peut pas faire la différence
entre les radicaux et les éléments grammaticaux. Exemple : le chinois.
- les langues agglutinantes : dans ces langues, on arrive à distinguer les radicaux et les éléments
grammaticaux ou, dire tout simplement, les différentes parties qui composent le mot (ex : toujours
= tout + jour) mais on ne peut pas identifier des règles précises qui déterminent les relations entre
les composantes. Exemple : le hongrois et le finnois en Europe, le vogoul, l’ostiak, le nenet en
Sibérie, nombreuses langues en Amérique du Sud.
- les langues flexionnelles : ce sont des langues où la construction du mot est très nette. Les règles
précises (de la morphologie) commandent l’organisation interne du mot dans la plupart des
langues européennes, donc dans le français.
La linguistique historique a hiérarchisé les langues. Les langues flexionnelles sont en haut de
l’échelle de l’évolution contre les langues isolantes. Mais aujourd’hui cette théorie de la hiérarchie
des langues au niveau de leur statut et de leur développement sera très critiquée.
La linguistique synchronique naît au début du 20ème siècle avec F. de Saussure.
Saussure (1857 – 1913) est issu d'une famille genevoise d'illustres savants. Après avoir achevé ses
études secondaires, il se rend en 1875 à Leipzig où se trouvait alors la plus célèbre université de
philologie de l'époque, puis à Berlin et à Paris. En 1877, Saussure communique à la Société de
linguistique de Paris son Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-
européennes. Il travailla ensuite quelques années en France, où il enseigna la linguistique indo-
européenne avant de retourner en Suisse.
Le Cours de linguistique générale (1916) constitue le document le plus important dont nous
disposons pour connaître la pensée de Saussure. Cependant ce texte ne fut pas rédigé par de
Saussure lui-même, mais par les deux linguistes Charles Bally et Albert Sechehaye : en se fondant
sur les notes de l'étudiant Albert Riedlinger, ils rédigèrent un texte censé rendre la pensée de
Saussure.
Ce n'est que dans les années cinquante que se développa une étude plus précise des sources du
Cours de linguistique générale qui tenta de cerner les idées appartenant authentiquement à
Saussure à partir des fragments qui nous restent aujourd'hui. (Certains spécialistes font la
différence entre Saussure et le saussurisme.)
Saussure fait la distinction entre langue et parole. Il définit la langue comme un ensemble de
signes utilisés et les règles de leur mise en œuvre. La parole est l’usage de la langue par un
individu qui s’exprime. La linguistique doit étudier seulement la langue, les sciences sociales
(psychologie, sociologie, psychologie sociale) peuvent étudier les paroles. (Mais le linguiste ne