HISTORIQUE
Le Conseil des Organisations internationales des sciences médicales (CIOMS) est une organisation
non gouvernementale internationale qui entretient des relations officielles avec l'Organisation
mondiale de la Santé (OMS). Fondé en 1949 sous les auspices de l'OMS et de l'Organisation des
Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), il a pour mission, notamment,
d'entretenir des liens de collaboration avec l'Organisation des Nations Unies et ses institutions
spécialisées, l'UNESCO et l'OMS en particulier.
En association avec l'OMS, le CIOMS a entamé à la fin des années 1970 des travaux sur l'éthique et la
recherche biomédicale. A cette époque, certains Etats membres de l'OMS venant d'accéder à
l'indépendance mettaient en place des systèmes de santé. L'OMS n'était pas alors en mesure de
promouvoir l'éthique en tant qu'élément des soins de santé ou de la recherche. C'est alors que le
CIOMS a entrepris, en coopération avec l'OMS, d'élaborer des lignes directrices pour «indiquer
comment les principes éthiques applicables à la recherche biomédicale sur des sujets humains, tels que
définis dans la Déclaration d'Helsinki, pouvaient être suivis d'effets notamment dans les pays en
développement, compte tenu de leurs cultures ainsi que des conditions socio-économiques, des
législations nationales et des modalités d'administration et de gestion de ces pays». L'Association
médicale mondiale avait adopté la toute première version de la Déclaration d'Helsinki en 1964, puis
une version modifiée en 1975. Le résultat de cette initiative conjointe CIOMS/OMS a pris la forme, en
1982, des Lignes directrices internationales d'éthique proposées pour la recherche biomédicale
impliquant des sujets humains.
La période qui a suivi a été marquée par le déclenchement de la pandémie de VIH/SIDA et par toute
une série de propositions d'essais à grande échelle de vaccins et de médicaments en vue de traiter ce
syndrome. Cette situation a suscité de nouveaux problèmes éthiques dont on n'avait pas conscience
lors de l'élaboration des Lignes directrices proposées. Mais d'autres facteurs ont joué un rôle –
avancées rapides de la médecine et de la biotechnologie, évolution des pratiques en matière de
recherche, comme les essais sur le terrain multinationaux ou l'expérimentation impliquant des groupes
de population vulnérables, et évolution de l'opinion dans les pays riches comme dans les pays pauvres
pour qui la recherche impliquant des sujets humains était désormais considérée comme essentiellement
bénéfique et non menaçante. La Déclaration d'Helsinki a été remaniée à deux reprises dans les années
1980 – en 1983 et en 1989. Le moment était venu de réviser et d'actualiser les lignes directrices de
1982 et le CIOMS, avec la coopération de l'OMS et de son programme mondial sur le SIDA, s'est
attelé à la tâche. Il en est résulté deux séries de lignes directrices : en 1991, les Lignes directrices
internationales pour l'examen éthique des études épidémiologiques et, en 1993, les Lignes directrices
internationales d'éthique pour la recherche biomédicale impliquant des sujets humains.
Après 1993, des problèmes d'éthique se sont posés à propos desquels les Lignes directrices du CIOMS
ne comportaient aucune disposition précise. Il s'agissait principalement des essais cliniques contrôlés
faisant intervenir des investigateurs extérieurs et effectués dans des pays ayant peu de ressources, et de
l'utilisation de comparateurs autres qu`une intervention efficace avérée. Dans ces pays, on ressentait le
besoin de solutions de santé publique à faible coût faisant appel à des technologies appropriées et, en
particulier pour le VIH/SIDA, à des médicaments ou des vaccins que les pays les plus pauvres
n'avaient pas les moyens de financer. Cette question a suscité des avis divergents chez les
commentateurs. D'aucuns plaidaient, s'agissant des pays ayant peu de ressources, pour des essais
d'interventions qui pourraient être moins efficaces que le traitement disponible dans des pays plus
riches mais qui seraient également moins onéreuses. Tous les efforts de recherche tendant à trouver
des solutions publiques adaptées aux pays en développement ne devaient pas être rejetés comme étant
contraires à l'éthique, affirmaient-ils. Le cadre dans lequel toute recherche s'inscrit devait être pris en
considération. La prise de décision locale devait être la norme. Il fallait se garder de tout paternalisme
des pays riches vis à vis des pays pauvres. Le défi consistait à encourager la recherche en vue
d`apporter des solutions locales au fardeau des maladies un peu partout dans le monde tout en arrêtant
des indications claires pour prévenir toute exploitation des communautés et individus vulnérables.