Abstract allergie aux eìpices et aux graines I Jacques

L’allergie aux épices et aux graines Docteur I. JACQUES (Bruxelles)
Les épices sont des substances d’origine végétale utilisées pour assaissonner les plats.
Les plus allergisantes font partie de la famille botanique des Apiacées et des Liliacées.
La famille des graines comprend les fruits à coque, les graines proprement dites et les
légumes. Certaines graines sont aussi considérées comme épices (sésame, moutarde…).
Si la prévalence de ces allergies reste rare (sésame: 0,1-0,2%, épices 4-13/10.000), il
faut rester prudent car l’exposition à ces allergènes augmente dans nos pays en raison
de la mondialisation de l’alimentation et qu’à côté de réactions retardées, ces allergènes
peuvent occasionner des réactions immédiates allant jusqu’à l’anaphylaxie.
La sensibilisation peut se faire par ingestion, inhalation et/ou contact cutané
(professions à risque: usines d’ épices/graines, fermes, bouchers/ boulangers/ HORECA,
cosmétiques). Ces deux dernières voies sont plus fréquentes pour les épices (et parfois
le Tournesol) pour lesquelles la sensibisation est souvent secondaire à la sensibilisation
par inhalation de pollen d’armoise et/ou de bouleau.
A l’anamnèse, ces allergènes sont difficilement identifiables en raison des sources
alimentaires multiples, des sources cachées (cosmétiques, médicaments) et d’un
manque d’obligation d’étiquettage (concerne seulement sésame, moutarde et céléri en
Union Européenne).
Le dosage des IgEs (ImmunoCAP, puce ISAC…) et les tests cutanés (Prick et Patch tests)
étant souvent peu fiable pour ces allergènes (nombreux faux positifs/ négatifs, effet
irritant de certaines épices), le recours au test de provocation oral reste souvent
indispensable en cas d’histoire clinique très suspecte.
Il faudra donc penser à rechercher ces allergies en cas d’urticaire/anaphylaxie post-
prandiales idiopathiques répétées (surtout après consommation de snack ou d’aliments
non apparentés qui occasionnent des réactions lorsqu’ils sont préparés industriellement
mais pas à la maison), en particulier chez les personnes sensibilisées aux pollen
d’armoise et/ou de bouleau ou ayant une profession à risque.
Les principales familles protéiques allergisantes des épices et des graines sont les
protéines de stockage, les PR10 (BetV1 like), nsLTP, oléosines (retrouvées dans les
huiles) et les profilines.
L’homologie de structure existant entre les allergènes d’une même famille protéique,
encore majorée en cas d’appartenance à une même famille botanique, explique les
réactions croisées. Ainsi, des réactions croisées surviennent entre graines/fruits à
coque/arachide/ légumes/pollen (surtout armoise et bouleau), et entre épices/pollen
(surtout armoise et bouleau)/autres aliments. Les syndrômes pollen- aliments bien
connus pour les épices sont l’association “bouleau-céléri-carotte” ou bouleau-armoise-
céléri”, le “syndrôme armoise- céléri- Apiacées, association armoise- moutarde”…
L’histoire naturelle de ces allergies est peu connue sauf pour le sésame en Israël, où 2
études relèvent un âge de début précoce (< 2 ans) et l’acquisition d’une tolérance
seulement dans 20-30% des cas (vers 2,8- 4 ans).
Une fois le diagnostic posé, la prise en charge consiste en l’éviction (souvent difficile) et
le traitement symptomatique (trousse d’urgence), l’immunothérapie n’ayant pas encore
été largement étudiée.
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