toute sollicitation du gouvernement pour
travailler à construire et mettre en œuvre
les réformes dont notre pays a besoin. Mais
nous restons déterminés, pour notre part,
à ne pas laisser le pouvoir économique
imposer, sans contrôle, la norme sociale
aux sociétés humaines sans qui la valeur
ajoutée ne peut exister. Car ce risque
est présent. Il est grave, comme les
conséquences économiques et le désordre
social qu’il contient en germe.
La difficulté du moment n’exclut pas
l’espérance pour demain d’une société
apaisée dans laquelle chacun a une place
et un chemin à tracer. À la CFE-CGC, nous
pensons que c’est le rôle des partenaires
sociaux de travailler en permanence à
l’équilibre de cette société. Nous avons pour
cela des valeurs à défendre, une expérience
à proposer et une vision à partager. La
confédération CFE-CGC est, dans ce cadre,
l’expression intime de nos militants qui
vivent la réalité concrète des ajustements
structurels imposés par un pouvoir
économique qui voudrait s’absoudre des
contingences humaines. Nous pensons que
c’est aux décideurs politiques de laisser la
juste place à l’expression concertée des
corps intermédiaires. Mais aussi de leur
déléguer le mandat pour agir dans le champ
de la construction sociale.
Car c'est le rapport des intérêts
contradictoires qui fait que la vie est
possible. Un corps qui ne ressent rien est un
corps mort. En abandonnant le corps social à
la violence du rapport de force économique,
en éloignant toujours plus la limite de l'ordre
public conventionnel pour soumettre la
vie des salariés à autant de conjonctures
aléatoires, les politiques commettent une
faute impardonnable. En déjugeant le
dialogue social et le paritarisme, ils ajoutent
le mensonge à la faute, tant la réalité les
accable par les chiffres toujours croissants
d’accords signés dans les entreprises et les
branches professionnelles.
La question qui est posée à nos sociétés
démocratiques n'est rien d'autre que la mise
sous contrôle de l'arbitraire économique.
C'est-à-dire la contrainte des faibles à la
volonté sans partage des puissants. Entre
un monde meilleur et le meilleur des
mondes, il n'y a qu'une subtilité de syntaxe
qui transforme le plus beau des rêves en pire
des cauchemars. À l'heure où les candidats
en campagne cherchent à donner du sens à
leurs ambitions, ils seraient bien informés
d'élever le débat, convoqués qu'ils sont
à proposer un chemin de progrès à défaut,
pour le moment, de pouvoir partager
une vision du monde qui leur fait
cruellement défaut.
Envisager dans ce contexte l’avenir du
modèle social est plus qu’un exercice
vivifiant. C’est une question vitale pour
penser une société dans laquelle les
acteurs de la construction sociale sont non
seulement respectés, mais aussi protégés
contre les impératifs de la puissance
financière. C’est donc une solidarité
nouvelle qu’il faut s’attacher à construire, en
même temps qu’un modèle social régénéré.
Il faut pour cela être fort et avoir les idées
claires, mais aussi ne plus s’abandonner
au mantra de « la réalité du terrain » qui
renvoie chacun à autant de conjonctures
aléatoires impropres à sécuriser l’avenir de
notre société toute entière.
Plus que jamais la CFE-CGC garde le cap :
celui de la troisième voie syndicale, celle
du pragmatisme et de l’exigence. Édité à
l’occasion de la campagne électorale 2017
pour la présidence de la République, ce livre
rassemble les analyses et les propositions
de notre organisation. C’est une synthèse
du moment et c’est aussi une proposition
pour l’avenir. Cela reste pour nous tous un
manuel pour comprendre et croire qu’une
autre société est possible. À condition
de le croire vraiment… et de la vouloir
sincèrement !