Guide pédagogique accompagnement le livret de la collection « Repères pour éduquer juniors » intitulé : 1- L’armée, le service militaire dans les années 10 et le tournant de la conscription a. Organisation du service militaire en France au début du XXème siècle b. Conscription pour tous les français ? c. L’armée française avant le conflit 2- Les éléments déclencheurs de la Première Guerre mondiale a. Le contexte mondial b. Le contexte européen c. L’assassinat de François Ferdinand 3- 1914-1915 a. Les débuts de la guerre et le jeu des alliances b. Une guerre atypique c. Une guerre technologique 4- 1916 : Verdun a. Débuts des combats à Verdun b. Les enjeux c. De grands sacrifices pour de petites victoires… 5- 1917 : soldats depuis 3 ans a. La vie dans les tranchées b. L’opinion publique c. Les conflits dans le monde 6- 1918 : Vers la fin des conflits ? a. L’entrée en guerre des Américains b. Vers la fin des combats c. La capitulation allemande d. Le traité de Versailles, une porte ouverte à la Seconde Guerre Mondiale … 7- Portraits d’acteurs de la Grande Guerre 1- L’armée, le service militaire dans les années 10 et le tournant de la conscription Au XVIIIème siècle, l’armée française était considérée comme l’une des plus puissantes armée d’Europe. En effet, depuis la bataille d’Iéna en 1806 où elle a infligé une écrasante défaite à la Prusse, la France passait pour être un adversaire européen redoutable. Mais après sa défaite face à ce même ennemi en 1871, tout change : la France perd ses territoires à la frontière allemande en plus de son prestige, l’empereur est déchu et le pays entier se remet en question. C’est tout le système de défense du pays qui est remis en cause au début du XXème siècle et, entrant dans le jeu des puissances européennes, la France se livrera également à la même époque à une course à l’armement. a. Organisation du service militaire en France au début du XXème siècle Au début du XXème siècle, le service militaire peut s’appliquer à tous les hommes de la France métropolitaine. En effet depuis la loi de juillet 1892, les français tirés au sort doivent effectuer un service militaire de 5 ans. En 1905, le tirage au sort est supprimé et la durée du service est réduite à 2 ans. Mais à la veille de la guerre, l’Etat français, pressentant l’imminence d’un danger, décide de le rallonger à 3 ans b. Conscription pour tous les français ? La conscription a mis du temps à s’instaurer à la fin du XIXème siècle car beaucoup de notables et de bourgeois refusent que leurs fils y participent. En effet, leurs enfants sont pour la plupart destinés à de belles carrières et non à une carrière militaire et les années passées au front risqueraient de tout compromettre. Ils demandent donc des dispenses arguant de faux prétextes et les effectifs prévus par l’Etat ne sont pas atteints. Or, dans les colonies, c’est un tout autre problème qui se pose : par exemple, lorsque la conscription est votée dans les colonies antillaises, la bourgeoisie et les élites, majoritairement blanches, refusent de voir des hommes de couleur dans les rangs de l’armée française. Ainsi, ils font tout pour que la loi ne s’applique pas et ceci, avec le concours d’hommes d’états qui sont acquis à leurs idées. En Afrique aussi la conscription est essentiellement une affaire d’européen jusqu’en 1913. Pourtant, les menaces qui planent en Europe et le besoin de main d’œuvre poussent les autorités françaises à exiger l’application de la conscription sur l’ensemble du territoire français et ainsi, répondre aux appels des colonisés qui eux, souhaitaient payer ce qu’ils appelaient « l’impôt du sang », preuve de leur appartenance à la France. c. L’armée française avant le conflit Avant que la guerre n’éclate, l’armée française est une armée active et organisée sur l’ensemble de la métropole. En effet, en France, les corps d’armées d’infanterie existent en temps de paix sous la forme de régions militaires. A la fin du XIXème siècle, après la guerre contre la Prusse, dix-huit régions militaires sont mises sur pied en vertu de la loi du 24 juillet 1873 et du décret ministériel du 06 août 1874. Le 28 septembre 1873 est créé en Algérie le 19ème corps d’armée. La loi du 05 décembre 1897 et le décret ministériel du 08 février 1898 créent une 20ème région militaire, mise sur pied dans l’est de la France. Le 22 décembre 1913, on dénombre vingt régions militaires en métropole et le 19ème corps d’armée en Afrique du Nord. En 1914, l’armée française se compose de 40 000 hommes. Le corps d’armée est réparti de la manière suivante : deux divisions d'Infanterie, une cavalerie de Corps, une artillerie de Corps, des formations du Génie, des services et des parcs. De manière hiérarchique, l’armée dépend du groupe d’armées, mais a autorité sur les corps d’armées mis à sa disposition. L’armée de terre se compose de : Un Grand Quartier Général (c’est l’état-major du généralissime, commandant les armées françaises et autres troupes étrangères sous commandement français), l’organisation de ce Grand Quartier Général est établie selon le décret ministériel du 28 juillet 1911. Les groupes d’armées, Les armées, Les corps d’armées et corps de cavalerie, Les divisions d’infanterie et divisions de cavalerie (montées ou à pied). Le groupe d’armées est un organe de commandement et de décision. Il ne compte pas de troupes combattantes en son sein mais possède des moyens de transmissions pour diriger les échelons subalternes et des services divers. En 1914, il existe quarante et une divisions d’infanterie métropolitaines, trois divisions d’infanterie nord-africaines en Algérie et trois divisions d’infanterie coloniales. Seront créées pendant les premiers mois du conflit, vingt-cinq divisions de réserve et douze divisions territoriales. Lors de l’attaque allemande en août 1914, le Grand quartier général déclenche le plan XVII (plan de réaction à l’attaque allemande), cinq armées (1ère à 5ème) sont créées et mises sur le pied de guerre. Neuf autres armées sont créées au cours du conflit, deux sont dissoutes, leurs numéros repris par d’autres corps. 1ère armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918 2ème armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918 3ème armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918 4ème armée : 02 août 1914 – 11 novembre 191 5ème armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918 6ème armée : 26 août 1914 – 11 novembre 1918 7ème armée : 04 avril 1915 – 11 novembre 1918 8ème armée: 16 novembre 1914 – 04 avril 1915 8ème armée : 02 janvier 1917 – 11 novembre 1918 9ème armée: 05 septembre 1914 – 05 octobre 1914 9ème armée 06 juillet 1918 – 07 août 1918 - 10ème armée: 05 octobre 1914 – 11 novembre 1918 Armée des Alpes: 10 août 1914 – 17 août 1914 Armée d’Alsace: 10 août 1914 – 28 août 1914 Armée de Lorraine : 17 août 1914 – 27 août 1914 Armée d’Orient : 03 octobre 1915 – 11 août 1916 Le premier groupe d’armées (groupe d’armées Nord) est créé le 4 octobre 1914 sous le commandement du Général Foch. Cinq autres groupes d’armées seront mis sur pied au cours de la Grande Guerre dont deux sous commandements alliés : le groupe d’armées Centre, le groupe d’armées Est, le groupe d’armées de réserve ou de rupture, le groupe d’armées des Flandres (sous commandement belge), le « British Expeditionnary Forces » (sous commandement anglais). 2- Les éléments déclencheurs de la Première Guerre mondiale Si la Grande Guerre a marqué les esprits tant lors de son déroulement qu’après la signature de l’armistice en 1918, c’est peut-être parce qu’en plus d’avoir été le premier conflit qu’on a qualifié de « mondial », elle a trouvé ses prémices bien avant 1914. En effet, lorsqu’on considère les évènements, le contexte mondial et européen avant la Première Guerre mondiale, on se rend compte que cette dernière n’a peutêtre été que la finalité d’un processus enclenché bien des années avant l’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand. a. Le contexte mondial A la veille de la Grande Guerre, le monde n’est pas du tout celui que nous connaissons aujourd’hui. Certes, la géographie des continents était la même mais pour ce qui est de la délimitation des pays et du repère des « puissances » mondiales, il en allait tout à fait autrement. L’Amérique : Le continent américain, bien que présent aux yeux du monde depuis quatre siècles, est encore obscure pour beaucoup. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les Etats Unis ont fait face à une guerre civile et à une guerre contre l’Espagne et ils ont également dû affirmer leur souveraineté sur leurs territoires, convoités par les puissances européennes. Les pays d’Amérique du Sud, dont certains sont déjà indépendants, sont tenus en dehors du jeu politique européen. L’Afrique : L’Afrique subsaharienne est le théâtre de conflits coloniaux. En effet, depuis la conférence de Berlin de 1884-1885 qui permis la répartition de l’Afrique « noire » entre les puissances coloniales, des tensions sont apparues car les peuples africains ne comptaient pas se laisser aisément coloniser par les européens. Le Maghreb est également l’objet de toutes les convoitises depuis le XIXème siècle. L’Asie L’Asie aussi est en voie de colonisation par les Européens. La guerre sino-japonaise a facilité l’incursion et l’établissement des Européens à l’est même si la Chine, en passe de modernisation, quitte peu à peu la voix de la monarchie pour devenir une république à la veille de la Grande Guerre. Les Européens voient aussi des intérêts à s’établir dans le Moyen Orient. Les Balkans sont le théâtre de multiples conflits entre différents pays depuis des années et l’Empire ottoman se fait de plus en plus menaçant aux portes de l’Europe. On peut constater qu’à la veille de la Première Guerre mondiale, le monde est quelque peu régit par les puissances européennes et, par le jeu des colonies et des alliances, cet élément va permettre de comprendre de quelle façon le conflit va impliquer plus de peuples que de pays signataires de déclarations de guerre. b. Le contexte européen A la veille de la Grande Guerre, l’Europe est marquée par des tensions consécutives aux conflits qui ont éclaté au siècle précédent entre les différents pays et dans la course aux colonies. Pourtant, se dessine peu à peu des alliances, parfois inattendue, et chacun s’assure d’avoir des alliés pour faire face en cas d’attaque ennemie. Ainsi, depuis 1904, la France et l’Angleterre sont alliées en vertu de l’Entente Cordiale. La Russie, également alliée de la France, se rapproche de l’empire britannique. En revanche, marquées par la guerre de 1870, la France et l’Allemagne sont ennemies. L’Allemagne se sent d’autant plus menacée que son ennemi concevait des alliances avec les pays qui l’entouraient. Mais le Reich lui aussi s’assure de ne pas être seul en cas de conflit. Ainsi, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie s’allient en vertu de la Duplice, alliance qui deviendra Triplice lorsque l’Italie les rejoindra. A la veille de la Grande Guerre, la situation est explosive en Europe balkanique: en effet, la zone est en conflit. L’enjeu ? Bouter les Turcs hors d’Europe après des années de présence menaçante dans la région. Les accords pris à la fin du conflit armé en 1912 ne satisfont pas les Turcs et la tension mène à un nouvel appel aux armes quelques mois après. Cependant, ce sont les Serbes (qui, avec les Bulgares, se sont opposés aux Turcs) qui sortent vainqueurs de ce nouvel affrontement. Mais ces derniers font peur à l’empire austro-hongrois. En effet, l’Autriche-Hongrie redoute l’agrandissement de la Serbie suite à la guerre et la montée du nationalisme des Serbes qu’ils comptent maintenir sous la domination de l’Empire. De leur côté, les Serbes reprochent à l’Empire l’annexion en 1908 de la Bosnie Herzégovine où vivent de nombreux Serbes. Cette annexion a d’ailleurs été condamnée par la France et la Russie mais ces dernières n’ont rien fait pour remédier à la situation et les choses se dégradent peu à peu car les Serbes souhaitent un rassemblement des Serbes et des peuples slaves du sud en une nation. Toutes ces tensions entre l’Empire et la Serbie vont mener à ce que tout le monde considère aujourd’hui comme l’élément déclencheur de la Première Guerre mondiale, l’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand, héritier du trône de l’empire austro-hongrois. c. L’assassinat de François Ferdinand La situation entre la Serbie et l’Autriche-Hongrie n’a pas tardé à se dégrader après l’annexion de la Bosnie Herzégovine en 1908. Des tensions sont nées entre les deux pays et tout va basculer le 28 juin 1914. En 1914, l’Empire austro-hongrois est dirigé par François Joseph Charles de Habsbourg Lorraine, empereur d’Autriche et roi de Hongrie. Veuf de l’impératrice Elisabeth (Sisi, assassinée dans un attentat contre sa personne en septembre 1898), l’empereur n’a plus que deux filles, Gisèle et Marie Valérie, son fils Rodolphe étant mort dans des circonstances étranges 9 ans avant sa mère. A la veille de la guerre, son héritier est donc François Ferdinand d’Autriche, son neveu, avec qui il a des relations difficiles mais dont il est bien obligé de faire l’instruction pour qu’il puisse lui succéder sur le trône impérial. Il lui confie donc les tâches qui incombent à sa position dont celles de l’inspection des armés et de la représentation du pouvoir impérial. Ainsi, en juin 1914, l’Archiduc François Ferdinand et son épouse doivent effectuer un voyage en Bosnie Herzégovine. En effet, en tant qu’Inspecteur général des armées et futur héritier de l’empire, François Ferdinand se doit de visiter les provinces sur lesquels il sera amené à régner et d’assister aux manœuvres militaires qui auront lieu. Mais sa présence devait également symboliser la puissance et la représentation de l’Empire et du pouvoir austro-hongrois dans une région sujet à de multiples tensions. Cependant, les Bosniaques voient cette visite comme un affront, d’autant plus que la date qui a été choisi, le 28 Juin, est, pour les Serbes, un jour symbolique et significatif d’une autre annexion qu’avait subi la Serbie des siècles auparavant. Or, des rumeurs d’attentat couraient jusqu’au palais impérial et toute l’Europe savait que les personnes royales n’étaient plus intouchables, pas même les Habsbourg. Sisi n’avait-elle pas été assassiné quelques années plus tôt ? Le terrain était donc propice à l’évènement qui arriva mais personne n’avait imaginé que cet assassinat déclencherait une guerre mondiale. Le 28 Juin dans la matinée, l’archiduc François Ferdinand d’Autriche et son épouse, Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, ont échappé à un attentat à la bombe. Pour autant, la sécurité autour d’eux, qui était déjà très insuffisante compte tenu du rang de François Joseph, ne fut pas renforcée. Dans l’après-midi, profitant d’une fausse manœuvre du conducteur du couple impérial, Princip Gavrilo, un jeune terroriste serbe, les assassine. Accusant la Serbie d’être à l’origine de cet attentat, François Joseph, qui n’est pourtant pas plus émut que ça du décès de son héritier, déclare la guerre à la Serbie à la fin du mois de juillet 1914. Mais le jeu des alliances va faire de ce conflit entre un Empire et un petit pays, une guerre mondiale. 3- 1914-1915 En janvier 1914, les Français sont loin de se douter que la France sera le théâtre d’un conflit de l’ampleur de la Première Guerre mondiale car, non seulement ils croyaient à une certaine puissance militaire de leur pays mais en plus, rien ne laissait présager une généralisation, une mondialisation du conflit. Certes, certaines rumeurs et une psychose ambiante inquiétaient les populations mais les Français, pas plus que les autres peuples impliqués dans le conflit, ne s’attendaient pas à vivre une guerre de l’ampleur de celle dans laquelle ils allaient entrer. a. Les débuts de la guerre et le jeu des alliances Les historiens s’accordent généralement à dire que l’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand marque le début de la Première Guerre mondiale. Ce qui est nouveau dans cette guerre, c’est la façon dont elle s’est étendue presque à la totalité du monde. En effet, c’est un étrange jeu d’alliance entre les différents pays européens munis de colonies qui a « mondialisé » le conflit. Dès la déclaration de guerre de l’Autriche Hongrie à la Serbie, ce sont la France, l’Angleterre, la Russie et l’Allemagne qui se retrouvent en guerre et chacun se doit de défendre les intérêts de son allier contre ce qui devient leur ennemi commun. Le Luxembourg est très vite envahit par les Allemands ainsi que la Belgique. L’Italie n’entrera en guerre contre les Allemands qu’en 1915. En réalité, le conflit prend un caractère mondial lorsque les pays colonisateurs mettent à contribution les pays coloniser, élargissant le front à des parties du monde qui n’avaient alors pas de raison de participer à un conflit contre des ennemis qu’ils ne connaissaient pas ou contre des peuples qui leur étaient étranger. Ainsi les soldats coloniaux qui vont être envoyés sur les fronts européens vont-ils faire la connaissance d’autres peuples, amis ou ennemis et le choc des cultures et des couleurs va parfois laisser des séquelles chez certains peuples. Les hostilités sont donc engagées et lorsque les Allemands attaquent en août 1914, les Français, pourtant considérés comme des adversaires redoutables, reculent, ouvrant la porte aux premiers espoirs dans les rangs ennemis et les galvanisant. Tant et si bien qu’ils s’engagent dans la Marne en septembre. Là auront lieu de célèbres et tristes batailles durant lesquelles les Français ont notamment manqué de perdre Paris. Grâce au jeu des alliances, les Allemands doivent faire face à deux fronts, un à l’est contre la Russie et un à l’ouest contre la France et l’Angleterre. L’Autriche-Hongrie, elle, est aux prises avec la Serbie. La Russie doit composée avec les offensives turques près de la Mer Noire car l’Empire Ottoman s’est rangé aux côtés des Allemands et de l’empire austro-hongrois. Mais les combats ne se cantonnent pas à cette seule partie du monde. Les Japonais, alliés des britanniques, occupent les possessions allemandes en Chine et dans le Pacifique. Les pays d’Europe centrale aussi prennent peu à peu part aux conflits car personnes ne veut être en reste quand le conflit sera terminé. Ce sont donc des jeux d’alliances et des ambitions étatiques qui ont fait de cette guerre un conflit étendu à une large partie du monde au final. b. Une guerre atypique Dès le début de la guerre, on se rend compte que celle-ci ne sera pas comme toutes celles que l’Europe avait déjà vécues auparavant. En fait, non seulement l’entrée en guerre de multiples belligérants presque simultanément était atypique mais pas plus que le déroulement des premiers faits d’armes, des stratégies mises en place ou que la disposition des champs de batailles. Comme toutes les guerres, les troupes antagonistes se sont affrontées en de multiples endroits sur le territoire français et les lignes de combats ont commencé par être mouvantes, initialement à l’avantage des Allemands. Cependant, très vite, la guerre de mouvement laisse place à une guerre de position et d’usure où chacun tente de faire reculer l’ennemi mais où les deux parties vont lutter pendant longtemps pour préserver quelques mètres de front seulement. Les champs de batailles vont alors s’inscrire dans les paysages et le quotidien des Français. Les soldats aussi vont pouvoir se rendre compte du caractère atypique de cette guerre. Parmi les premiers exemples, les tranchées, qui préfigurent une guerre durable, sont creusées dès la fin de l’année 1914. Elles donnent aux champs de batailles un aspect singulier et vont devenir de véritables souricières pour des soldats qui vont devoir apprendre à se terrer pour survivre. On remarque aussi que cette guerre voit naître l’engagement de troupes et de combats opposants les mêmes belligérants sur plusieurs fronts dans le monde : ainsi, les Français et les Anglais s’opposent aux forces de l’Entente à la fois en Europe et dans les Balkans puis dans le Moyen Orient. Ce qui est également atypique dans cette guerre, c’est que, bien que plusieurs pays aient joué au jeu de la course à l’armement et qu’ils aient presque tous échafaudés des stratégies politiques, nul ne savait en revanche où mènerait le conflit et pardessus tout, ce qui le justifiait réellement. Car si les alliances avaient très vite placé beaucoup de pions sur l’échiquier de la guerre, beaucoup se posaient la question de savoir qui avait initié la partie et pourquoi car en effet, quand l’empire austrohongrois avait annexé la Serbie, bien que des pays européens avaient réprouvé cette action, la guerre n’en avait pas éclaté pour autant et si cela s’était fait, il est fort probable que les choses se seraient déroulé autrement. Aussi, et comme dans beaucoup de guerre, les valeurs ont été mises en avant comme justification des déclarations de guerre. Les rancœurs et ressentiments de peuples à l’égard d’autres ont aussi été exploités pour convaincre les plus dubitatifs du bien-fondé de la démarche mais force sera de constaté, à la fin du conflit, que ce qui a été présenté comme une guerre juste d’un côté ou de l’autre aura été, en réalité, plus un conflit d’intérêts et de règlements de comptes. c. Une guerre technologique La Première Guerre mondiale marque aussi le début de l’utilisation quasi systématique de nouvelles technologies. Malheureusement, ces dernières n’étaient pas souvent maitrisées et on va voir apparaître une multitude d’effets indésirables, d’inconvénients mais aussi d’horreurs qui vont marquer durablement les esprits. On distingue plusieurs domaines qui ont vu apparaître des nouveautés technologiques : l’armement, les moyens de locomotions (et développement de l’aéronautique), l’artillerie, les armes chimiques. L’armement des soldats de la Première Guerre mondiale est intéressant car il montre les degrés de préparations des différentes armées à cette guerre. Au début du conflit, les soldats français arborent le même uniforme que ceux que portaient leurs aînés à la fin du XIXème siècle lors de la guerre contre les Prussiens. Ce n’est qu’après le début de la guerre qu’on remit aux soldats français le célèbre uniforme bleu horizon. De même, les Anglais n’avaient pas des tenues adaptées aux combats qu’ils allaient mener. Les moyens de locomotion utilisés dans cette guerre sont parfois très atypiques et des innovations technologiques vont apparaître, laissant aux générations à venir de nouvelles bases pour mener des conflits armés. Ainsi, si l’anecdote des taxis parisiens révèle l’utilisation d’une technologie connue détournée pour l’utilisation militaire, l’apparition du Zeppelin ou l’utilisation de l’aéronautique en elle-même est en revanche une spécificité de cette guerre mondiale. En effet, c’est la première fois qu’ont lieu des combats aériens. Le Zeppelin, cet énorme ballon dirigeable dont vont se servir les Allemands pour bombarder leurs ennemis, provoque un choc dans les consciences de tous ceux qui le verront : jusqu’où iront la science et les Allemands dans leur folie destructrice ? L’aviation prend également une place importante dans le déroulement des conflits. Pour la première fois, on peut attaquer des cibles du ciel et également prolonger les combats terrestres dans les airs, même au-dessus de la mer. C’est d’ailleurs la voie aérienne qui va permettre aux Allemands de toucher l’Angleterre jusque sur son sol alors qu’ils n’y avaient pas accès par des moyens terrestres ou navals. D’ailleurs, on voit également apparaître en 1915 les combats sous-marins et ce sont aussi les Anglais qui vont subir les premiers l’expérimentation allemande du torpillage. L’artillerie mérite également toute notre attention. Tous les pays qui ont participé à cette guerre ont rivalisé d’ingéniosité pour mettre en place des stratégies pour vaincre l’ennemi, stratégies qui s’appuyaient en grande partie sur de meilleurs équipements et une artillerie de meilleure qualité que celle utilisée durant le siècle précédent. Les différentes armées misent donc chacune sur des pièces d’artilleries qui correspondent à leurs projets de guerre. En effet, si on regarde l’artillerie française, on se rend compte que la France s’est orientée vers une artillerie légère, propice à la guerre de mouvement alors que dès le départ, les Allemands ont opté pour quelque chose de plus lourd. C’est la première fois que les armes chimiques apparaissent dans un conflit. Mal maîtrisées, elles causeront beaucoup de dégâts dans les deux camps mais cela n’empêchera pas qu’elles soient utilisées dans beaucoup de conflits au XXème et ce, malgré les règlementations internationales qui vont être adoptées au début de leur utilisation. Les armes chimiques les plus utilisées au court de la Première Guerre mondiale furent les gaz lacrymogènes, le gaz moutarde et le chlore. Le problème, c’est qu’une fois lâchés, ces gaz sont volatiles et sont transportés par le vent et comme, malgré toutes les nouvelles technologies, aucun des belligérants n’a su le maîtriser, il est souvent arrivé que les gaz qui devaient servir à toucher l’ennemi fassent autant de victimes dans le camp de celui qui s’en était servi. Des milliers de soldats vont ainsi mourir où garder de graves séquelles à cause d’eux. 4- 1916 : Verdun Verdun, un nom qui évoque à la fois le courage, la détermination mais aussi le massacre et la destruction de milliers de vies humaines et des peuples à jamais traumatisé par le récit des survivants. Mais pourquoi l’année 1916 marqua-t-elle un tournant dans le déroulement de la guerre et quels furent les enjeux de cette bataille de Verdun qui prit fin avec la fin du conflit ? Pour répondre à ces questions, il convient de revenir sur le début des combats dans la région. a. Débuts des combats à Verdun En 1915, les Allemands et les Français s’enlisent dans une guerre de position où chacun tente de prendre le dessus, sans succès mais au prix de nombreuses vies humaines. De nombreuses stratégies sont donc élaborées de part et d’autres pour remédier à la situation. Les Français pensent pouvoir prendre l’avantage sur les Allemands dans la Somme. Quant à ces derniers, gênés par le front est et par les Anglais dans la Manche, ils souhaitent frapper suffisamment fort à un endroit stratégique pour prendre définitivement l’avantage sur leurs ennemis. Les manœuvres allemandes et les convictions des chefs de l’armée française ne permettent pas aux Français de se préparer à une offensive ennemie à Verdun. Les Allemands n’ont d’ailleurs pas ce projet initialement mais le peu de force en présence dans la commune et les stratégies militaires échafaudées par l’Etat-major allemand placent peu à peu Verdun comme un point d’enjeux stratégiques et déterminants dans cette guerre. Le 21 février 1916, les Allemands attaquent donc les Français à Verdun, d’abord en les pilonnant, puis en positionnant leurs troupes à pied. Un million d’obus seront tirés par les Allemands ce jour-là. Plus que surpris de cette attaque, les soldats français présents sur place auraient pu, comme le prévoyaient les stratèges allemands, fuir et se désorganiser totalement. Mais ce n’est pas ce qui arriva : bien qu’en infériorité numérique et matérielle, les Français tiennent bon, défendant la ville vaillamment et faisant preuve d’une ténacité telle que les Allemands n’auraient jamais soupçonné de la part de régiments d’infanterie. b. Les enjeux Très vite, Verdun devient le théâtre de combats sanglants qui montreront l’acharnement de deux camps. Il ne s’agit pas ici de prendre seulement une ville. C’est l’issu de la guerre qui va très vite se déterminer sur ce champ de bataille. Celui qui prendra le dessus dans cette bataille sera incontestablement supérieur à son ennemi. Et fort de cette croyance, ce sont des milliers de soldats qui seront envoyés de part et d’autre pour défendre cette ligne. La rumeur de la bravoure de leurs compagnons arrive sur tous les fronts et galvanise les troupes françaises. Des renforts sont détachés aux alentours de Verdun et à présent, les progressions allemandes sont limitées. Tour à tour, les deux armées prendront des territoires puis les perdront. Mais les Allemands sentent bien que les Français et les Britanniques peinent à les repousser, ce qui les poussent à ne pas relâcher leurs efforts, même si les hommes commencent à fatiguer. Côté français, des hommes sont envoyés sur le front tous les jours et, se rendant compte de l’ardeur de la tâche et des conditions dans lesquelles se battaient les hommes, les chefs de l’armée française tentent de raviver le moral des troupes en prenant des mesures pour que ceux-ci puissent bénéficier de jour de repos, d’un peu plus d’hygiène et surtout, pour qu’ils aient toujours confiance dans l’idée que la France sortirait vainqueur de ce conflits. En effet, le nombre de morts augmente considérablement à Verdun et non seulement le doute s’installe chez les combattants mais ils ont de plus en plus l’impression de servir de chair à canon. Ce sentiment va être ressenti par un grand nombre de soldats et bientôt, il donnera naissance à des mutineries dans les rangs des soldats français. c. De grands sacrifices pour de petites victoires… Peu à peu, le champ de bataille de Verdun devient représentatif de l’entièreté du conflit, c’est-à-dire qu’il s’enlise et que les deux armées en sont au même point : beaucoup d’efforts pour peu de victoires et beaucoup de pertes. Il est vrai que les deux camps comptent un nombre de morts et de blessés impressionnant et cela est dû tant aux stratégies acharnées qu’aux ambitions des deux camps. A chaque affrontement, les hommes redoublent d’efforts pour maintenir les positions mais les règles du combat ont changé depuis la dernière guerre : l’artillerie à une plus grande place et fait des dégâts considérables ; les armes chimiques font également des ravages et les attaques aériennes forcent les hommes à rester vigilants à tout moment d’autant que les tranchées sont souvent prises pour cible. Les hommes, épuisés par le bruit incessant des tirs ennemis, par les conditions dans lesquels ils combattent et par les horreurs qu’ils voient tous les jours, n’en tiennent pas moins bon des deux côtés, surtout les Français qui ne veulent abandonner les lieux en aucun cas. Verdun n’est-elle pas un haut lieu de l’histoire de France ? Elle le deviendra d’autant plus à mesure que ses terres se gorgeront de sang. Les villages qui se trouvent aux alentours de Verdun sont aussi le théâtre de combats et les deux camps montrent un point d’honneur à ne rien céder, même dans ces petits villages car il n’y a pas de petite victoire ! Ainsi, Fleury devant Douaumont sera pris et repris 16 fois et Vaux le sera treize fois sans que cela ne soit vraiment déterminant pour l’issue de la bataille de Verdun. 5- 1917 : soldats depuis 3 ans En 1917, tout le monde doit reconnaître que cette guerre qui, dans tous les esprits (de part et d’autres) aurait un dénouement assez rapide, était en train de s’éterniser. Les populations se rendaient compte que ce conflit prenait des proportions qu’elles n’avaient jamais mesurées auparavant mais ce qui les inquiétait le plus, c’étaient ces nouvelles qui commençaient à transpirer du front et qui faisaient état des conditions de vie insupportable des soldats. En effet, cette année 1917 marquait une troisième année de conflit, une troisième année au front pour beaucoup de soldats. a. La vie dans les tranchées Depuis la fin de l’année 1914, des tranchées avaient fait leurs apparitions sur tous les champs de bataille français. Créées pour défendre des positions et se protéger de l’ennemi, elles sont devenues de véritables lieux de vie mais aussi de mort. En effet, les tranchées modifiaient le système et les possibilités d’affrontement mais elles donnaient aussi un nouveau mode de vie aux soldats puisqu’elles étaient devenues leurs lieux de vie. Rudimentaires (surtout côté français) à leurs premières heures, elles sont peu à peu fortifiées et aménagés en abri de fortune de longue durée à mesure que le conflit s’allonge. Lorsqu’elles sont creusées, les tranchées favorisent le combat frontal et en cela, elles ont peut-être engendré des combats plus meurtriers que ceux qui auraient pu se dérouler si d’autres modes de positionnement avaient été pris. Car dans les tranchées, il n’y a pas beaucoup d’échappatoire en cas d’attaque. Les soldats attaqués doivent subir et répliquer lorsque cela est possible. Et même si côté allemand les tranchées sont plus perfectionnées, il est cependant très facile de toucher ces cibles depuis les airs et à force de les prendre et de les céder, chaque camp finit par connaître la géographie de la tranchée dans laquelle se cache l’ennemi, donc les attaques se font de plus en plus précises. Il faut rappeler que durant le jour, les tranchées sont plutôt calmes. En effet, c’est plutôt à la faveur de l’ombre que les hommes peuvent agir sans trop s’exposer aux tirs ennemis. Mais se faire remarquer peut aussi être fatal et beaucoup d’assaut se préparaient aussi la nuit alors il fallait sans cesse envoyer des sentinelles en reconnaissance pour savoir ce que fomentait l’ennemi. Dans ces missions, beaucoup d’hommes sont morts et au matin, lorsqu’un homme n’était pas revenu de sa mission, on pouvait deviner son cadavre sur le champ de bataille qui séparait les deux tranchées ennemies sans pour autant pouvoir le récupérer car on ne pouvait risquer de se faire tuer pour récupérer et enterrer les morts. C’est ainsi que des milliers de cadavres (humains ou animaux d’ailleurs) se décomposaient à même le sol, rendant l’air difficilement respirable. La plupart de ces soldats morts n’ont jamais pu être identifiés car les combats n’ayant pas cessés à l’endroit où ces hommes gisaient, beaucoup de corps ont été mutilés ou déchiqueté par les obus tombés par la suite. Les dépouilles de centaines de milliers de soldats seront ainsi portées disparues. Mais les ennemis ne sont pas les seules causes de la mortalité dans les tranchées : les maladies font aussi beaucoup de victimes. Il est vrai que pour les soldats, les conditions de vie et d’hygiène sont extrêmement compliquées et les hommes, le visage déjà ravagés par les combats et les nuits sans sommeil, deviennent de plus en plus méconnaissables à cause de leurs poils qui ne cesse de pousser. Au combat, peu de place pour l’hygiène quotidienne ! On les appellera d’ailleurs les « Poilus ». Dans cet espace déjà peu vivable, les rats, les puces et autres nuisibles n’arrangent rien et peu à peu, on finit par dénombrer un grand nombre de morts dus aux maladies comme le typhus, le choléra ou la dysenterie. Beaucoup d’hommes ne supportent pas les conditions de vie dans les tranchées et il n’est pas rare que certains se rebellent. Mais cette rébellion est très lourdement punis et les mutins sont envoyés en prison ou sont fusillés. b. L’opinion publique Au début de la guerre, la population française est convaincue du bien-fondé du conflit contre les Allemands car ces derniers avaient « agressés » un allié de la France et leur attitude belliqueuse envers l’Hexagone justifiait l’affrontement. Mais très vite, la guerre prend un tournant inattendu et, alors que tout le monde pensait que cette guerre ne durerait pas, les Français constatent que le conflit commence à s’enliser. On est alors en 1914. Trois ans après le début des combats, la France et l’Allemagne sont toujours engluées dans cette guerre qui commencent à sembler interminable et surtout, dont personne ne peut prédire l’issue. Cette guerre était vraiment atypique : elle ne se déroulait pas comme les autres guerres qui avaient eu lieu précédemment et elle faisait apparaître aux yeux du monde un grand nombre de nouveautés toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Ainsi le Zeppelin avait marqué les esprits. Mais la censure de la presse privait les populations de beaucoup d’informations, surtout des plus inquiétantes ou de tout ce qui pourrait leur faire penser que leur pays était en difficulté. De même, comme souvent en temps de guerre, les courriers des soldats étaient censurés. Pour pallier à cette censure et aux différentes formes de répressions qui se mettent en place, les autorités des différents pays engagés dans la guerre tentent de faire bonne figure et de justifier les sacrifices par différents moyens. Une propagande se met ainsi en place dès le début de la guerre pour inciter les populations à croire au bien-fondé de la guerre et à se méfier des rumeurs et des on dit, qui sont, assurément, lancer par l’ennemi. Aussi, les échos des défaites sont parfois imputés aux ennemis qui, selon les autorités, distilleraient des rumeurs dans l’esprit des populations pour semer le doute. L’occupation allemande commence également à peser sur la vie des Français (et également des Belges) en zone occupée : en effet, ils sont associés à l’effort de guerre allemand et doivent collaborer s’ils ne veulent pas être déportés, mobiliser ou pire encore. Beaucoup d’entre eux se révoltent au péril de leur vie et parmi eux, beaucoup de personnalités et d’administrés. D’ailleurs, dans beaucoup de pays, les populations commencent à souffrir du rationnement en nourriture. Les premiers touchés sont les Allemands qui vivent avec la carte d’alimentation depuis 1915. Les Britanniques ne sont pas en reste car le Reich a pour objectif d’affamer les Britanniques pour les pousser à capituler. D’ailleurs les Anglais aussi sont touchés par la guerre même si les combats ne se tiennent pas en Grande Bretagne : à cours d’hommes, l’Angleterre est obligé de mettre en place une conscription, chose qui jusqu’à présent n’existait pas dans le royaume. Cette mesure touche particulièrement l’opinion publique qui se rend compte que cette guerre, dont les champs de batailles se trouvent loin des côtes de la Grande Bretagne, est une réalité qui les touche au quotidien. Quant aux Russes, las de la guerre, de la monarchie et en pleine révolution, ils se désolidarisent peu à peu de leurs Alliés et signent l’Armistice avec les Allemands en décembre 1917. En 1917, la guerre semble donc plus portée par les états major que par les états eux même dont les peuples ne cessent de se demander quand finira cette interminable guerre. c. Les conflits dans le monde Malgré l’importance des combats qui se sont déroulés en France, elle ne fut cependant pas le seul théâtre des combats de la Première Guerre mondiale. Les Allemands doivent toujours faire face aux Russes et même si ceux-ci ne tardent pas à se retirer de l’échiquier mondial, ils sont toujours actifs jusqu’au milieu de l’année 1917. En revanche, depuis l’entrée en guerre de la Roumanie en 1916, l’Allemagne a des difficultés de ravitaillement en blé en en pétrole. Les Allemands décident de contre attaquer et un front s’ouvre en Roumanie par le biais de la Bulgarie, un de ses alliés. Même si le continent américain n’a connu aucun combat durant toute la Première Guerre mondiale, l’entrée en guerre des Américains a bouleversé les données du conflit et permis à ses alliés de bénéficier de renforts déterminants même s’ils ne bénéficiaient que de 200 000 hommes supplémentaires et que leur arrivée était prévue pour l’été. La guerre est un moyen de faire du profit et de s’implanter sur des territoires convoités. Ainsi, les Britanniques, qui voient aussi des intérêts au Moyen Orient, investissent une partie de leurs forces dans la région. A la fin de l’année 1917, la Grèce déclare la guerre à l’Allemagne. Le conflit ne se déroule pas seulement sur terre : la Méditerranée est le théâtre de combats navals depuis le début de la guerre des Balkans. 6- 1918 : Vers la fin des conflits ? L’année 1918 est marquée par une accélération des évènements et le retour à la guerre de mouvement. Pourtant mal engagées, les forces françaises et leurs alliées vont néanmoins prendre l’avantage dans le conflit et sceller ainsi le destin de tous les pays participant à la Première Guerre mondiale. a. L’entrée en guerre des Américains et l’abandon des Russes, conséquences sur la guerre en 1918 Lorsque les Américains déclarent la guerre aux Allemands le 2 Avril 1917, leurs alliés envisagent une issue rapide et favorable à cette guerre et en effet, ils débarquent en juillet. Mais la même année, la situation de la Russie devient préoccupante : en début d’année, le pays est en crise et le Tsar Nicolas II abdique en mars. Le pays entre alors dans une crise sans précédent, ce qui va permettre aux Allemands de prendre le dessus sur le front est et d’envisager de nouvelles stratégies pour soumettre leurs ennemis. Or, ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’était que pour maintenir leur souveraineté en Europe centrale, ils devaient y laisser de nombreuses troupes. Ces hommes étaient d’autant plus de forces qui ne seraient pas utilisées sur d’autres fronts. Les Français se rendent très vite compte du handicap que cause le front est aux Allemands et savent qu’il faut tirer parti de la situation en relativisant : ils ont perdu un allié à l’est mais cette perte et l’ambition démesurée de Guillaume II monopolisent un bon nombre de troupes allemandes loin du front ouest. Un mal pour un bien. Pourtant, si l’entrée en guerre des Etats Unis et la perte des alliés russes ont été des évènements majeurs dans le déroulement de la Grande Guerre, ils n’en ont pas déterminé l’issue pour autant. Pour cela, il faudra attendre 1918 et bien des morts encore. b. Vers la fin des combats Dès le début de l’année 1918, les choses semblent changer : en effet, les Français et les Anglais gagnent peu à peu du terrain sur les Allemands. Ils engagent de nouveaux moyens, des chars et des armes qui leur donnent l’avantage dans de multiples situations. Les Américains aussi apportent du sang neuf dans les batailles. Rien n’est joué pour autant et en avril, les soldats franco-britanniques se retrouvent face aux Allemands aux Chemins de Dames, lieu qui verra tomber des milliers de soldats de part et d’autre. La situation est telle que le gouvernement français est ébranlé. Les erreurs de stratégies se répercutent sur les soldats qui se révoltent de plus en plus, refusant de servir de « chair à canon ». Les choses ne se présentent pas bien mais la détermination et le génie d’un homme, George Clémenceau, sont grands. Fin stratège respecté de ses pairs, Clémenceau, surnommé le Tigre, sera plus tard considéré comme le père de la victoire car ses stratégies ont permis aux troupes françaises et alliées de prendre le dessus. Mais il n’est pas le seul artisan de cette victoire finale et Ferdinand Foch sera de ceux dont le nom sera associé à de grandes victoires surtout à celles de Septembre 1918 qui scelleront la fin de la guerre. En effet, les Allemands sont de plus en plus débordés par leurs ennemis et, à cause d’erreurs de stratégie et de la fatigue de ses hommes, l’armée allemande accumule successivement les défaites. Pour autant, Guillaume II ne veut pas abandonner. Il sera pourtant obliger de se rendre à l’évidence et, sous la pression populaire et internationale, il abdiquera, laissant le sort de l’Allemagne à la République. c. La capitulation allemande Tout au long de l’année 1918, les Allemands voient leurs stratégies mises à mal : à l’est, les Français et les Anglais tiennent bon tandis qu’à l’ouest, les ambitions du Kaiser deviennent surréalistes alors que l’Autriche est en train de faiblir. Petit à petit, il devient très difficile pour l’Allemagne de faire face à tous les fronts et les hommes commencent à manquer. Les soldats sont fatigués car ils ne bénéficient pas des mêmes conditions de vie sur le front (ils ont moins de permissions, sont plus sollicités, etc.) mais ils tiennent bon, arrivant même à prendre le dessus dans l’Oise et aux Chemins des Dames. Pourtant, cela ne va pas durer. En juillet, les Allemands sont stoppés et en août, ce sont les Français qui reprennent le dessus. Dès lors, les armées allemandes enchaînent les défaites et leur commandement se rend bien compte que les choses tournent à leur désavantage. Les Français profitent de la situation pour aller de l’avant et les Alliés progressent alors sur tous les fronts. La Bulgarie capitule en octobre. Les Allemands reculent encore, acculés de tous les côtés et les soldats, épuisés, commencent à se rebeller. C’est également à cette époque que l’Allemagne connaît une crise du pouvoir : Guillaume II est dans une posture difficile ; il ne s’avoue pas vaincu et échafaude de nouvelles stratégies avec ses généraux pour reprendre le dessus alors même que ses troupes ne suivent plus et que ses opposants veulent le voir déchu. Il ne peut compter ni sur les Turcs ni sur les Autrichiens qui sont également défaits sur plusieurs fronts et qui capitulent. Au début du mois de novembre, tout bascule : Le Kaiser abdique, la République est proclamée, le pouvoir est réorganisé et l’armistice est signé le 11 novembre 1918 à Rethondes. d. Le traité de Versailles, une porte ouverte à la Seconde Guerre Mondiale … L’armistice signé avec les Français et les Anglais est lourde de conséquences ; les conditions de la trêve imposées par le Maréchal Foch sont sévères et elles contraignent l’Allemagne à de gros sacrifices, notamment en termes de territoires : les Allemands doivent se retirer de toutes les zones envahies et surtout de l’AlsaceLorraine mais ils perdent également certaines de leurs possessions et sont contraints à quitter l’Afrique Orientale. Le pays est entièrement désarmé, etc. La France, l’Angleterre, les Etats Unis et l’Italie attribuent à l’Allemagne la responsabilité morale de la guerre et donc les dommages qu’elle a causés. Aussi estce à elle de les réparer et le tribut demandé, colossale, marquera profondément les Allemands. Mais ces conditions ne seront définitives qu’à la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919. Ce traité marque également la reconnaissance de la Pologne, « taillée » dans les territoires allemands. L’Allemagne n’est pas le seul pays à signer des traités de paix contraignant avec les « gagnant » : en effet, l’Autriche, la Hongrie et la Bulgarie, dont on reconnait également les torts, signent toutes les trois un traité qui n’est pas à leur avantage. Lorsque tout est finit, toute l’Europe est meurtrie et l’Allemagne est complètement ruinée. Les Allemands, qui prennent peu à peu conscience des conséquences des conditions de la paix, deviennent amers et beaucoup commencent à avoir du ressentiment envers la République qui a accepté le traité de Versailles mais également contre la France et ses alliés qui humiliaient littéralement leur pays. Ce ressentiment grandira dans le cœur de beaucoup d’autant que la vie deviendra très difficile pour beaucoup d’Allemands et nombreux sont ceux qui s’évertueront à chercher les responsables de la déchéance de leur pays. Parmi eux, un certain Adolphe Hitler exploitera la détresse sociale allemande pour justifier les pires horreurs. Mais contrairement à ce qu’on peut penser, les Allemands et leurs alliés ne furent pas les seuls à dénoncer le traité de Versailles. Des pays alliés de la France et de l’Angleterre comme l’Italie et le Japon s’estimèrent laissés pour compte par ce traité et très vite, des mouvements et des idéologies naîtront dans ces états pour dénoncer la « mascarade » dont ils avaient été victimes. Ces mouvements et idéologies, poussés à l’extrême, mèneront à des tendances racistes, fascistes et développera les envies de revanches tant chez les « laissés pour compte » côté gagnant que chez les perdants de la Grande Guerre. Exacerbés, tous ces éléments mèneront à un second conflit mondial vingt ans plus tard. 7. Portraits d’acteurs de la Grande Guerre François Ferdinand d’Autriche : François-Ferdinand naquit le 18 décembre 1863 à Graz (Styrie) et se maria le 1er juillet 1900 en la chapelle du château de Reichstadt (Bohême), aujourd'hui Zákupy en République tchèque. Son père, l'archiduc Charles-Louis de Habsbourg, époux de Marie Annonciade Princesse des Deux Siciles, était le frère cadet de l'empereur François-Joseph. Neveu de François-Joseph Ier, il devint l'héritier potentiel du trône impérial à la mort de son cousin germain Rodolphe d'Autriche, mort de façon mystérieuse à Mayerling, le 30 janvier 1889 (en compagnie de sa maîtresse Marie Vetsera), et devint héritier en première ligne à la mort de son père, en 1896. Il fut assassiné à Sarajevo le 28 juin 1914 avec son épouse Sophie Chotek (comtesse de la vieille noblesse tchèque), par le nationaliste serbe Gabriel Princip. Sa mort poussa l'Autriche-Hongrie à attaquer la Serbie. Ce fut l'évènement déclencheur de la Première Guerre mondiale. Princip Gavrilo : Princip Gavrilo (1894-1918) est né en juin ou juillet 1894, et il est le fils d'un facteur. Premier d’une fratrie de neuf enfants, dont six sont morts dans la petite enfance, la santé de Princip était fragile dès l'enfance : sa mort finale a été causée par la tuberculose. Après être allé à l'école à Sarajevo et Tuzla, Princip est parti pour Belgrade en mai 1912. C’est à ce moment, en Serbie, que Princip a rejoint la société secrète la Main Noire, un mouvement nationaliste favorisant une union entre la Bosnie-Herzégovine et la Serbie. Princip était un de trois hommes envoyés par Dragutin Dimitrijevic (le chef du Département d'Intelligence dans l'Armée serbe et le chef de la Main Noire) pour assassiner l'Archiduc Franz Ferdinand, l'héritier du trône austro-hongrois, durant son séjour à Sarajevo le 28 juin 1914. Ferdinand avait accepté l'invitation de Général Oskar Potiorek pour assister aux manœuvres de l’armée puisqu’il était Inspecteur Général de l'armée de l’Empire. Les autres hommes envoyés pour assassiner Ferdinand étaient Nedjelko Cabrinovic et Trifko Grabez. Les trois hommes ont été instruits pour se suicider après l’assassinat de l'Archiduc. À cette fin on leur avait donné une fiole de cyanure, avec un revolver et des grenades. Chacun des hommes a souffert de la tuberculose et savait par conséquent qu'ils n’auraient pas longtemps vivre; en fait, Dimitrijevic ne souhaitait aucun témoin qui puisse dire qui était derrière l'assassinat. On avait donné au Premier ministre de la Serbie le préavis du complot d'assassinat mais celui-ci, craignant une guerre avec l’Empire des suites de cet attentat, donna l’ordre de faire arrêter les trois hommes. En vain. Une fois en Bosnie-Herzégovine les trois hommes ont rencontré six autres conspirateurs et tous ont rejoint Sarajevo. François Ferdinand est arrivé à Sarajevo le dimanche 28 juin 1914 et a été accueilli à la gare de chemin de fer par le Général Potiorek ; il fut ensuite mené à l'hôtel de ville pour la réception et les discours. Sept membres de la Main Noire ont suivi le parcours de l’Archiduc et c’est Nedjelko Cabrinovic, qui a agi en premier en jetant une grenade en direction de la voiture de l'Archiduc. Mais la grenade a rebondi sur la voiture et a roulée au-dessous d’elle, la faisant exploser un instant plus tard; deux de ses occupants ont été sévèrement blessés. Cabrinovic a alors avalé sa capsule de cyanure comme cela était prévu et a sauté dans la Rivière Miljacka. Il n'est cependant pas mort, et fut capturé puis arrêté. On pense que la capsule ne contenait rien d'autre en réalité qu'une solution inoffensive à base d'eau. Ferdinand s’est rendu à la réception qui se tenait à l'hôtel de ville mais s'est plaint de l’accueil que lui faisait la population. Après la réception l'Archiduc, voulut visiter les deux blessés de l'explosion dont il avait lui-même réchappé et se rendit à l'hôpital de la ville. Le général Potiorek décida que le cortège d'automobiles devrait prendre un itinéraire de délestage vers l'hôpital, pour éviter le centre-ville. Cependant le conducteur de la voiture de Ferdinand, Franz Urban, n'a pas été informé du changement de plan et a emprunté la route habituelle pour se rendre à l’hôpital. Le Général Potiorek, passager de la voiture, se rendit compte de l’erreur du chauffeur et le somma de faire demi-tour pour pouvoir emprunter l’itinéraire qu’il avait défini. Le Chauffeur s’exécuta mais Princip Gavrilo, qui n’était pas loin, saisit alors l’opportunité d’accomplir sa mission et fit feu, blessant grièvement l’Archiduc et tuant sa femme. le chauffeur tenta de mener ses passagers en lieux sures mais il était déjà trop tard. Après l’attentat, Princip retourna son arme contre lui mais il fut saisis on l’empêcha de se donner la mort. Il fut arrêté et emmené en prison. Plusieurs personnes furent accusées du meurtre de l’Archiduc et de sa femme mais Gavrilo ne fut pas exécuté car il n’avait pas l’âge légal pour être pendu (en effet, il n’avait pas 20 ans) et on le condamna à une réclusion de 20 ans. Il ne mourra de la tuberculose que le 28 avril 1918, en prison. Lloyd Georges : Considéré comme pacifiste jusqu’en 1914, Lloyd George change de position quand la Première Guerre mondiale éclate et que la Belgique est envahie par les Allemands. Il est nommé ministre des Munitions puis Secrétaire d’État à la Guerre, poste auquel il s’efforce de mobiliser l’ensemble des forces dans le conflit. Favorable à la formation d’un conseil de guerre, dirigé, non pas par le Premier Ministre, mais par une personne ne se consacrant qu’aux questions relatives à la guerre, Lloyd George obtient la démission du Premier Ministre Asquith, qu’il remplace. Lloyd George réduisit alors le cabinet de 20 à 5 ministres et participa à la constitution d’un commandement allié unifié, sous les ordres de Foch. Avant la guerre, l’Angleterre ne disposait que de trois arsenaux travaillant essentiellement pour la marine, et d’aucune artillerie lourde. Lloyd George devra en quelques mois préparer la fourniture de centaines de millions de balles et d’obus pour une armée de cinq millions d’hommes fraichement levée, alors même que les alliés (France, Italie et Russie surtout), en manque de munitions, demandaient l’aide de l’Angleterre. Début 1917, la production de mitrailleuses étaient 27 fois plus élevée qu’en 1916, celle de canons moyens multipliée par 36, alors que celle des canons lourds était multipliée par 11. La guerre des tranchées consommait d’énormes quantités de munitions et Lloyd George en Angleterre, comme Joseph Joffre en France, devait faire face à une « crise des munitions ». Comme en France et dans d’autres pays en guerre, c’étaient surtout les femmes qui ont fait tourner les usines (plus d’un million rien qu’en Angleterre). Lloyd George dirige le pays pendant le reste de la guerre et représente le Royaume Uni à la Conférence de paix de Paris en 1919 et au Traité de Versailles, se heurtant à la fois au premier ministre français Georges Clemenceau et au président des ÉtatsUnis Woodrow Wilson. Il veut punir l’Allemagne politiquement et économiquement, mais sans aller, comme le souhaiterait Clemenceau, jusqu’à anéantir sa puissance. Lorsqu’on lui demandera ensuite comment il s’en est tiré à Versailles, il répondra par un trait d’esprit : « Pas mal en considérant que j’étais assis entre Jésus Christ et Napoléon ». Il défendit aussi l’idée de plébiscite pour déterminer le tracé de la nouvelle frontière germano-polonaise. Il en résultera une très longue frontière, militairement indéfendable et théâtre de nombreux incidents. Georges Clémenceau : Né le 28 septembre 1841, à Mouilleron-en-Pareds (Vendée), Georges Clemenceau, après une enfance vendéenne, devient médecin comme son père et suit des études à Nantes puis à Paris en 1865. Il commence déjà à faire de la politique au Quartier Latin. A 24 ans, il est docteur en médecine et part pour les Etats-Unis afin d'y étudier la Constitution. Il y reste cinq ans et s'y marie. De retour en France, il participe à l'insurrection parisienne contre le régime impérial. Elu maire de Montmartre à trente ans puis député de la Seine, il est aussi conseiller municipal de Paris, Président du conseil municipal en 1875 et député du Var en 1880. Clemenceau, chef de l'extrême gauche radicale depuis 1876, s'oppose violemment à la politique coloniale de Jules Ferry et est à l'origine de la chute de plusieurs gouvernements. Ce sont ses coups de griffe qui seront à l'origine de son surnom de "Tigre". Battu aux élections de 1893, il retourne à ses premières amours, l'écriture et surtout le journalisme. Il collabore à différents journaux dont l'Aurore où il fait publier l'article d'Emile Zola "J'accuse" en faveur de Dreyfus. Sénateur du Var en 1902, il est ministre de l'Intérieur puis Président du Conseil en 1906 jusqu'à 1909. Il institue le Ministère du Travail et fait voter des lois sur le repos hebdomadaire, la journée de 10 heures, les retraites ouvrières mais réprime aussi durement les grèves. Renversé, il retourne alors dans l'opposition et fonde un nouveau journal: "L'Homme Libre" qui devient "L'Homme Enchaîné" en 1914 à cause de la censure. Le 20 novembre 1917, Poincaré fait appel à lui pour être à nouveau Président du Conseil. Il sait prendre des mesures impopulaires, mais se rendre lui-même populaire en parcourant les tranchées la canne à la main (à 76 ans !). Il sait surtout faire confiance à Foch, contre l'avis des députés. Au lendemain de l'Armistice, Président de la Conférence de la Paix, il se montre intraitable avec l'Allemagne. Il n'est pourtant pas pleinement satisfait du traité, y ayant discerné les faiblesses. Candidat à la présidence de la République en 1920, Clemenceau se voit préférer Deschanel. Il se retire donc dans sa petite maison de pêcheur à Saint Vincent sur Jard, en Vendée, où il continue à écrire, s'alarmant du réarmement de l'Allemagne. Guillaume II, empereur d’Allemagne : Guillaume II, fils de l'empereur Frédéric III et de l'impératrice Victoria, petit-fils de Guillaume 1er de Hohenzollern par son père et de la reine Victoria d'Angleterre par sa mère, est né à Potsdam le 27 janvier 1859. Après des études au lycée de Kassel, il suit pendant deux ans les cours de l'université de Bonn et entame sa formation militaire dans les troupes de la Garde. Lieutenant au 1er régiment de la Garde à pied en 1877, capitaine en 1880, commandant aux hussards de la garde en 1881 puis du 1er bataillon du 1er régiment de la Garde à pied en 1883, il est promu colonel, commandant des hussards en 1885 et nommé général en 1888. Entre-temps, il épouse en 1881 la princesse Augusta-Victoria, fille de FrédéricAuguste de Schleswig-Holstein. En mai 1844, il effectue un voyage en Russie pour conforter l'alliance des trois empereurs (Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie), selon les directives du chancelier Bismarck. Couronné roi de Prusse et empereur d'Allemagne le 15 juin 1888, après le règne de trois mois de Frédéric III, il entend dès lors exercer un réel pouvoir politique. Son implication est cependant très fluctuante en fonction de son état de santé. Ses divergences de vues avec Bismarck, notamment concernant les questions sociales, les relations avec la Russie ou la politique coloniale, se multiplient et, en 1890, ce dernier démissionne. Guillaume II nomme, pour le remplacer, Leo von Caprivi auquel succèdent, en 1894, le prince Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst, en 1900 le prince Bernhard von Bülow et en 1909 Theobald von Bethmann-Hollweg. Attaché au développement de la puissance militaire et de la richesse de l'Empire allemand, il s'engage alors dans une politique d'expansion commerciale, coloniale et maritime. L'Allemagne connaît un essor économique important, devenant progressivement la première puissance industrielle en Europe. Les retombées sur le plan social ne manquent pas mais les tensions n'en sont pas moins nombreuses. Les sociauxdémocrates ne cessent de gagner du terrain, obtenant la plus large représentation au Reichstag en 1912. Sur le plan intérieur, le pays est également confronté à ses minorités : Polonais de Posnanie, Danois du Schleswig et Alsaciens-Lorrains qui refusent la politique de germanisation. En Europe, la croissance de l'Allemagne comme sa politique extérieure inquiètent. La concurrence dans la recherche de débouchés commerciaux, les interventions au Proche-Orient ou dans les pays balkaniques sont autant de sujets de discorde, d'autant que l'empereur adopte une attitude oscillante, se rapprochant tantôt de l'une tantôt de l'autre des quatre autres grandes puissances européennes (GrandeBretagne, France, Autriche-Hongrie, Russie). Ne reconduisant pas le traité d'assistance mutuelle avec la Russie en 1890, il consacre ses efforts à renforcer la Triple Alliance (Triplice) entre l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie, renouvelée en 1892, 1902 et 1912, non sans quelques tentatives de rapprochement avec la GrandeBretagne et la France (qui signent entre elles le traité de l'Entente cordiale en 1904) et la Russie elle-même. Les relations germano-anglaises ne cessent cependant de se détériorer. Le traité d'alliance défensive avec la Russie (traité de Björkö, 1905) est un échec. De même, la tentative de rapprochement avec la France après l'affaire d'Agadir (1911) n'aboutit pas. L'Allemagne se trouve de plus en plus isolée diplomatiquement. Guillaume II fait accélérer le renforcement de sa marine et de son armée. Au cours du conflit qui éclate en 1914, commandant en chef des armées, il conserve son pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions ainsi que son rôle de coordination et d'arbitrage entre politiques et militaires. Il doit cependant céder la direction des opérations à Hindenburg et Ludendorff, devenus très populaires à la suite des succès de Tannenberg et des lacs Mazures d'août et septembre 1914 et nommés à la tête du haut-commandement durant l'été 1916. Confronté à la défaite allemande et aux troubles révolutionnaires de novembre 1918, l'empereur abdique le 9. Il se réfugie aux Pays-Bas qui refusent la demande d'extradition déposée par les Alliés afin d'appliquer à son encontre les sanctions prévues par le traité de Versailles. Il se consacre alors à l'écriture et publie, en 1922 et 1927, ses Mémoires : Ereignisse und Gestalten, 1878-1918 et Aus meinem Leben, 1859-1888. Il décède à Doorn, en 1941. Albert I de Belgique : Fils du prince Philippe, comte de Flandre (le frère du roi Léopold II) et de la princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, Albert 1er est prince de Belgique, duc de Saxe et prince de Saxe-Cobourg-Gotha. Le 2 octobre 1900, il épouse Elisabeth, duchesse de Bavière, dont il aura trois enfants : Léopold, futur Léopold III ; Charles-Théodore, régent du royaume de 1944 à 1951 et Marie-José qui deviendra reine d'Italie durant seulement un mois, du 9 mai au 13 juin 1946. Albert Ier prête le serment constitutionnel le 23 décembre 1909, pour devenir le troisième roi des Belges après Léopold Ier et Léopold II, souverains non d'un royaume mais d'un peuple (comme Louis-Phillipe Ier était " roi des Français ", en 1830). Succédant à son oncle, le roi Léopold II, il trouve un pays opulent avec deux communautés, Flamands et Wallons, où prédominaient ces derniers, et doté d'une riche colonie, le Congo. En 1914, Albert Ier rejette l'ultimatum lancé par l'empereur Guillaume II pour obtenir le libre passage de ses troupes sur le sol belge. Le 4 août, les Allemands envahissent la Belgique dont l'armée, après une lutte acharnée à Liège et à Anvers, se retranche derrière l'Yser le 15 octobre. Calme, modeste, presque effacé, le roi Albert va alors révéler son énergie en exigeant d'assumer personnellement sa prérogative constitutionnelle de commander l'armée. Il refuse de suivre le gouvernement belge en exil à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre, et fixe son quartier général à La Panne, en Flandre-Occidentale, partageant durant toute la guerre la vie de ses soldats. Il est admirablement soutenu par son épouse, la reine Elisabeth (1876-1965). Bavaroise de naissance (née Von Wittelsbach) et nièce de l'impératrice d'Autriche Elisabeth, épouse de l'empereur François-Joseph, elle se dévoue auprès des blessés, des réfugiés, fondant un hôpital à La Panne où elle sert comme infirmière. Leur fils, le prince Léopold, duc de Brabant, est mobilisé en 1915 comme simple soldat au 12e de Ligne, à l'âge de 13 ans. En septembre 1918, Albert Ier participe activement à l'offensive décisive déclenchée par Foch pour la conquête de la crête des Flandres (29 septembre) et la bataille de Torhout-Tielt (14 - 18 octobre) qui aboutit à la reconquête de Bruges. Enfin, le 22 novembre 1918, accompagné de la reine Elizabeth et de ses enfants, Albert Ier rentre triomphalement à Bruxelles. La noblesse de son attitude à la tête de son armée lui vaut le surnom de "roichevalier". Au lendemain de la guerre, il représente la Belgique aux négociations de paix à Versailles, défendant les intérêts de son pays mais tentant aussi, en vain, de s'opposer à la politique d'humiliation excessive de l'Allemagne. Woodrow Wilson : Woodrow Wilson est le vingt-huitième président des Etats-Unis. Il engage son pays dans la Première Guerre mondiale, en avril 1917, après trois ans de neutralité et, au sortir de la guerre, oeuvre à la réconciliation des pays européens, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1919. Woodrow Wilson est le fils d'un pasteur presbytérien qui l'élève dans la rigueur et l'attachement à ses valeurs. Après des études de droits à l'Université de Princeton, il devient avocat (Atlanta 1882-1883) et professeur de sciences politiques dans diverses institutions (18901910). Elu gouverneur démocrate de l'Etat du New Jersey en 1910, il est choisi par le Parti démocrate comme candidat à l'élection présidentielle du 5 novembre 1912 qu'il remporte grâce à la division de ses adversaires républicains, Théodore Roosevelt et William Taft. Wilson est favorable à un pouvoir exécutif fort et met en place un ambitieux programme démocratique et économique. Il abaisse les droits de douane, réforme le système bancaire en créant une réserve fédérale facilitant le crédit et renforce la loi antitrust autorisant les grèves et le boycott par les ouvriers. Sur le terrain politique, il fait voter une loi interdisant le travail des enfants, instaure le droit de vote féminin, met en place l'impôt sur le revenu et un système de retraite pour les salariés fédéraux, et réduit la journée de travail à 8 heures. En politique extérieure, Wilson n'est pas partisan de l'interventionnisme mais il développe néanmoins une diplomatie active et renforce la prédominance américaine sur le continent en tentant d'y imposer une démocratie à l'américaine. Mais il ne souhaite pas que les Etats-Unis s'engagent dans les conflits européens, au nom de la doctrine Monroe qui refuse que les Etats-Unis interviennent en Europe et se mêlent des problèmes internationaux. Dès le 4 août 1914, il déclare la neutralité américaine dans le conflit en affirmant "cette guerre n'est pas la nôtre". Il sera d'ailleurs réélu pour un second mandat, en novembre 1916, notamment sur le thème "Il nous a préservé de la guerre" (He kept us out of war), indiquant néanmoins, dans son discours d'investiture, que cette position sera probablement très difficile à tenir. Ainsi, victime de la reprise de la guerre sous-marine à outrance menée par les Allemands (elle avait été suspendue après la mort d'une centaine de citoyens américains dans le torpillage du paquebot Lusitania, le 7 mai 1915) et indigné par les manœuvres allemandes pour entraîner le Mexique dans une guerre contre les Etats-Unis (télégramme de Zimmermann, le secrétaire d'Etat allemand des affaires étrangères) le président Wilson demande au Congrès le droit d'entrer en guerre contre l'Allemagne ; demande qui sera approuvée le 6 avril 1917. Un mois plus tard, le 18 mai, il rétablit le service militaire obligatoire qui était aboli depuis la fin de la guerre de Sécession (1865). Wilson organise l'effort de guerre et fournit aux Alliés une aide matérielle, morale et militaire (En octobre 1918, près de deux millions de soldats américains auront débarqué sous le commandement du général Pershing pour combattre en France). Il cherche également à prendre la direction politique de la coalition et définit les buts de guerre des Alliés. Le 8 janvier 1918, dans un discours au Congrès, il formule un programme en quatorze points définissant les objectifs de paix. Ces Quatorze points prônent la fin du colonialisme, l'abandon des obstacles économiques entre les nations, la garantie de la liberté des mers, l'autodétermination des peuples et la création d'une Société des Nations en vue de fournir "des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux grandes nations comme aux petites". Certains points de son programme serviront de base au Traité de Versailles de 1919. De retour aux Etats-Unis, Wilson présente lui-même le Traité de Versailles pour ratification par le Congrès mais il se heurte à un puissant courant isolationniste qui refuse de signer un traité les contraignant à intervenir dans un nouveau conflit. Par deux fois, en novembre 1919 et en mars 1920, le Congrès rejette le Traité de Versailles et se prononce contre l'adhésion à la SDN. Désavoué par le Congrès et une majorité du peuple américain, Wilson connaît donc l'ultime ironie de voir son propre pays refuser de se joindre à la Société des Nations mais ses efforts de réconciliation des pays européens lui valent néanmoins le prix Nobel de la paix en 1919 (reçu en 1920). Epuisé physiquement par l'effort qu'il a déployé pour l'établissement de la paix, il subit une attaque d'apoplexie qui le laisse pratiquement paralysé. Il restera cloîtré à la Maison Blanche jusqu'en 1921, après la victoire écrasante du candidat républicain conservateur, Warren Harding. Ferdinand Foch : Foch naît à Tarbes, en 1851, au sein d'une famille bourgeoise et pieuse. Lycéen travailleur et brillant, il devient bachelier en lettres puis en sciences. Envoyé à Metz en 1869 pour y préparer l'Ecole polytechnique, il connaît l'occupation prussienne qui s'abat sur la Lorraine. Epreuve déterminante ? A Polytechnique, il choisit la carrière des armes. Capitaine à 26 ans, ami de Gustave Doré, il se marie en 1883. Elève à l'Ecole de Guerre en 1885. il y professe de 1895 à 1901, avant d'en devenir le commandant en 1908. Déjà, deux ouvrages ont regroupé ses conceptions stratégiques. "La réalité du champ de bataille est qu'on n'y étudie pas ; on fait simplement ce que l'on peut pour appliquer ce que l'on sait ; dès lors, pour y pouvoir un peu, il faut savoir beaucoup et bien" (Foch. in "Principes de guerre"). Août 1914 : la guerre éclate. Général depuis 1907, Foch commande alors le 20e corps d'armée à Nancy. Le 29 août, il prend la tête des unités qui vont former la 9e armée, se distinguant dans la bataille des marais de Saint-Gond, opération capitale dans la 1ère bataille de la Marne. Il coordonne ensuite le groupe des armées alliées du Nord qui arrêtent les Allemands dans leur "course à la mer", puis dirige les offensives d'Artois en 1915 et celles de la Somme en 1916. Mais l'impact du résultat de celles-ci, jugé insuffisant, s'ajoutant à des rivalités internes, entraîne une disgrâce provisoire du général. En 1917, la situation militaire des Alliés est inquiétante : échec du général Nivelle sur le Chemin des Dames, mutineries, effondrement de l'empire russe, déroute italienne... Foch est rappelé comme chef d'état-major général de l'Armée. Désigné comme généralissime des troupes alliées, il bloque l'offensive allemande en avril 1918 et lance la contre-attaque décisive du 18 juillet. Le 11 novembre, il a le sentiment du devoir accompli. Mais il songe aussi aux millions de soldats morts dont son fils et son gendre - et il sait qu'il faut aussi gagner la paix. "Je ne fais pas la guerre pour la guerre. Si j'obtiens par l'armistice les conditions que nous voulons imposer à l'Allemagne, je suis satisfait. Le but étant atteint, nul n'a le droit de faire répandre une goutte de sang de plus". (Mémoires du maréchal Foch, t. II. p. 285). Les honneurs l'auréolent : il est maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne, académicien, titulaire de 37 décorations françaises et étrangères, Président du Conseil supérieur de la guerre. Conseiller lors de la conférence qui s'ouvre le 18 janvier 1919, il ne réussit pas à imposer sa conception d'une paix exigeant le Rhin comme frontière de l'Allemagne plutôt que fondée sur d'hypothétiques promesses. Déçu par les clauses du traité, il veut faire entendre sa voix en se présentant aux élections présidentielles de 1920. Son échec lui fait renoncer à la politique. Il voyage, écrit ses mémoires, ne cessant de défendre sa conviction : une nation moralement forte, puissamment armée, est nécessaire pour éviter que ne recommence la guerre. L'isolement de la France, le marasme économique qui se profile, la déliquescence des traités de paix, assombrissent d'autant ses dernières années. Le 20 mars 1929 s'achève une vie placée sous la devise : "Que soit vaincu celui qui ne veut vaincre". Le nom de Foch est lié à la victoire de 1918, et c'est symboliquement que de très nombreuses municipalités en ont baptisé une rue, une place, un boulevard : le maréchal Foch est incontestablement l'un des personnages historiques les plus évoqués dans les villes de France. Joseph Joffre : Né à Rivesaltes, le 12 janvier 1852, Joseph Joffre s'avéra un élève brillant qui entra à l'Ecole Polytechnique à 17 ans. Embrassant la carrière militaire, il choisit l'arme du génie correspondant le mieux à ses capacités d'ingénieur. Après la guerre de 187071, il servit aux fortifications de Paris agrandies par le général Séré de Rivières d'où, en 1874, il partit " aux colonies ". En 1885, il était capitaine en Indochine où il participa à la campagne du Tonkin, décoré de la Légion d'Honneur en septembre 85. Sapeur, il fortifia l'île de Formose, alors base de la flotte de l'amiral Courbet. En 1892, il créait au Soudan français des voies ferrées puis, dans le cadre des opérations contre le sultan Samory, il conquit Tombouctou. Plus tard, colonel sous le général Galliéni, il fortifia le port de Diego-Suarez, à Madagascar. Devenu général de division, en 1905, il accéda au poste de directeur du génie au ministère de la Guerre ; après d'autres importantes affectations telles que chef du 2e corps d'armée, il devenint membre du Conseil supérieur de la Guerre puis fut nommé en 1911 chef d'état-major de l'armée, futur générallissime en cas de conflit. Depuis ce poste suprême, il remania l'armée, réforma la doctrine, les règlements, le matériel, les effectifs, la mobilisation, etc… Il renforça la défense du pays, conscient d'une menace allemande de plus en plus pesante. Dans ce but, il fut un vif acteur de l'alliance militaire avec la Russie impériale qu'il raffermit en 1913. Les hostilités avec le IIème Reich éclatèrent le 3 août 1914 lorsque l'Allemagne déclara la guerre à la France. Les opérations se déclenchèrent à l'Est comme à l'Ouest en un conflit généralisé rapidement mondial. Joffre lança son plan XVII de l'Alsace à la Belgique. Il essuya de durs revers lors des batailles dites "des Frontières ", ne reprit le dessus des opérations d'une manière offensive que lorsque les armées ennemies avaient atteint la grande banlieue parisienne, la Marne et au-delà, stoppées sur l'Ourcq, à Verdun et sur la ligne de front en avant de Nancy, Epinal, Belfort. Ses armées et ses généraux gagnèrent la bataille de la Marne du 5 au 12 septembre 14, avec l'appui de l'armée anglaise ; bataille qu'il a conduite avec son grand-état-major, à l'initiative du général Galliéni, gouverneur de Paris. Il dressa ensuite une barrière de troupes, après la " Course à la mer ", grâce au général Foch, qui aboutit à fermer la route de Calais, à Dixmude et sur l'Yser, aux côtés des Belges et des Britanniques. Le 26 novembre 14, Joffre était décorée de la Médaille Militaire. Stabilisée, la lutte s'enlisa sur 770 km de front, devint une guerre de siège qu'il dirigea depuis son G.Q.G. de Chantilly, affrontant aussi la crise des munitions, la crise du matériel, réussissant à doter ses troupes de meilleurs armes, uniformes, notamment du casque Adrian, du mortier de 58 mm de tranchée, de grenades à main, du masque à gaz, du fusil-mitrailleur Chauchat, du fusil Berthier, des chars lourds Schneider, Saint-Chamond, etc. En 1916, il commandait l'ensemble des armées françaises et non plus le seul front du nord-est mais il coordonnait depuis des mois ses opérations offensives avec celles des alliés anglais, italiens, russes, persuadé de l'avantage d'imposer aux Centraux des actions décidées en commun. Il mena en 1916 une défense imperturbable à Verdun grâce aux généraux de Castelnau et Pétain, puis il passa à l'offensive sur la Somme avec Haig, Foch et Fayolle. Lançant à Verdun les offensives Nivelle-Mangin, il reprit Fleury, Douaumont, Vaux, à l'automne. Malgré tout, en décembre 16, le président du Conseil, Aristide Briand, le remplaça par le général Nivelle. Joffre était élevé à la dignité de maréchal de France. Gardant sa renommée incontestée auprès des Alliés, Joffre fut utilisé en 1917 par le gouvernement français comme conseiller militaire auprès de la mission Viviani chargée d'intégrer activement les Américains dans le conflit, puis il fut nommé inspecteur général des troupes U.S. en France où il jugea de leurs progrès dans l'apprentissage du combat de tranchées ainsi que dans l'utilisation d'armes nouvelles. Le 13 novembre 18, les Etats-Unis le décoraient de la Distinguished Service Medal. La guerre gagnée, la paix signée, Joffre chevaucha en tête du défilé de la Victoire du 14 juillet 1919 à Paris. Se consacrant ensuite à ses mémoires, à des voyages, élu à l'Académie française, il travailla jusqu'à s'éteindre en 1931, âgé de 79 ans. Honoré d'obsèques nationaux, il fut inhumé dans sa propriété de Louveciennes (Yvelines ) où il repose toujours actuellement. Sources http://www.curiosphere.tv/guerre14_18/index.htm http://www.pages14-18.com/C_PAGES_DOCUMENTS/unites_1914.htm http://www.atf40.fr/ATF40/documents/chapitre%201.pdf http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/1914-1918.html http://www.premiere-guerre-mondiale-1914-1918.com/chronologie-14.html http://www.verdun.fr http://hg-ec.ac-orleans-tours.fr/joomla/attachments/188_presse1gm.pdf http://www.guerre-mondiale.net http://www.larousse.fr http://www.firstworldwar.com Dossier Collège Fiche n°1 : Les soldats français Cette fiche, en rapport avec les pages 2-3 du « Repères pour éduquer Junior », présente les évolutions de l’armée française de la conscription. Le document A, éclairé du B, témoigne des évolutions de l’armée française. La première armée d’Europe sort amoindrie de la guerre franco-prussienne. La fin du XIX° siècle et le début du XX° siècle montrent le renforcement du dispositif : Les régions militaires se multiplient ; L’ensemble des hommes est conscrit, même dans les colonies ; La durée du service militaire, réduite à 2 ans, est prolongée à 3 ans. Tout cela témoigne des crispations qui font jour dans les années 1910 et la montée à la guerre. La France se lance dans la course à l’armement. Le document B concerne plus l’encadrement des combattants potentiels à partir de la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle : Le service militaire ne concerne plus une minorité mais l’ensemble des jeunes hommes français. L’armée intègre dorénavant toute la jeunesse. L’État cherche à augmenter à tout prix le nombre de soldats mobilisables en prolongeant la durée du service militaire et en contraignant les blancs créoles des colonies à accepter la participation des colonisés qui veulent prouver leur patriotisme. Au nationalisme, ce texte montre également, en négatif, la faible place des idées pacifistes dans l’Europe antérieur à la Première Guerre mondiale. Les horreurs du conflit feront énormément évoluer cette attitude (voir fiche n°8 sur la commémoration du 11 novembre). Fiche n°1 : Les soldats français Doc. A : L’armée française Au XVIIIème siècle, l’armée française était considérée comme l’une des plus puissantes armées d’Europe. En effet, depuis la bataille d’Iéna en 1806 où elle a infligé une écrasante défaite à la Prusse, la France passait pour être un adversaire européen redoutable. Mais après sa défaite face à ce même ennemi en 1871, tout change : la France perd ses territoires à la frontière allemande en plus de son prestige, l’empereur est déchu et le pays entier se remet en question. C’est tout le système de défense du pays qui est remis en cause au début du XXème siècle et, entrant dans le jeu des puissances européennes, la France se livrera également à la même époque à une course à l’armement. Avant que la guerre n’éclate, l’armée française est une armée active et organisée sur l’ensemble de la métropole. En effet, en France, les corps d’armées d’infanterie existent en temps de paix sous la forme de régions militaires. Ce nombre passe à 18 en 1873 puis à 20 en 1913 auxquelles il faut y ajouter le 19ème corps d’armée en Afrique du Nord. En 1914, l’armée française se compose de 40 000 hommes mais elle peut compter sur 800 000 soldats mobilisables immédiatement. Doc. B : Conscription pour tous les français ? Au début du XXème siècle, le service militaire peut s’appliquer à tous les hommes de la France métropolitaine. En effet depuis la loi de juillet 1892, les Français tirés au sort doivent effectuer un service militaire de 5 ans. En 1905, le tirage au sort est supprimé et la durée du service est réduite à 2 ans. Mais à la veille de la guerre, l’Etat français, pressentant l’imminence d’un danger, décide de le rallonger à 3 ans (…) La conscription a mis du temps à s’instaurer à la fin du XIXème siècle car beaucoup de notables et de bourgeois refusent que leurs fils y participent. En effet, leurs enfants sont pour la plupart destinés à de belles carrières et non à une carrière militaire et les années passées au front risqueraient de tout compromettre. Ils demandent des dispenses arguant de faux prétextes et les effectifs prévus par l’Etat ne sont pas atteints. Or, dans les colonies, c’est un tout autre problème qui se pose : par exemple, lorsque la conscription est votée dans les colonies antillaises, la bourgeoisie et les élites, majoritairement blanches, refusent de voir des hommes de couleur dans les rangs de l’armée française. Pourtant, les menaces qui planent en Europe et le besoin de main d’œuvre poussent les autorités françaises à exiger l’application de la conscription sur l’ensemble du territoire français et ainsi, répondre aux appels des colonisés qui eux, souhaitaient payer ce qu’ils appelaient « l’impôt du sang », preuve de leur appartenance à la France. Fiche n°2 : Le déclenchement du conflit L’intérêt de cette fiche, en rapport avec les pages 6-7 du « Repères pour éduquer Junior », est de mettre en avant les mécanismes qui ont permis l’embrasement de toute l’Europe. La carte des alliances lors de l’entrée en guerre permet de faire émerger : Les vives tensions frontalières entre pays européens. Deux exemples servent à mieux comprendre le propos : - L’Alsace-Lorraine, longtemps membre du Saint-Empire Romain Germanique, fut rattachée définitivement à la fin du XVII° siècle à la France et reprise par l’Empire allemand en 1871 à la suite de la guerre franco-prussienne. Cette perte provoque chez les Français un profond désir de revanche à l’encontre des AllemandsLes Balkans, marqués par le recul de l’Empire Ottoman et la (re)naissance d’un ensemble d’États dont la Serbie. Les Serbes vivent mal l’annexion de la BosnieHerzégovine (comptant un grand nombre de Serbes) par l’Autriche-Hongrie. Désireux de réaliser l’unité des Yougoslaves (Serbes, Croates, Slovènes), un jeune nationaliste serbe, Gravilo Princip, tue l’héritier du trône d’Autriche, FrançoisFerdinand et son épouse. La division de l’Europe entre les nations et la monté des alliances : - Pour se protéger de l’Allemagne, la France s’allie avec le Royaume-Uni et la Russie (elle-même alliée de la Serbie) ; ils forment la Triple Entente. - L’Allemagne s’unit à l’Autriche-Hongrie et à l’Italie dans la Triple Alliance ou Triplice. - Ces alliances vont évoluer lors du conflit : l’Entente est rejointe par l’Italie, le Portugal, la Grèce et la Roumanie (l’entrée en guerre des Etats-Unis et la sortie de la Russie seront traitées dans la fiche n°6). L’Alliance obtient le renfort de la Bulgarie et de l’Empire Ottoman. Fiche n°2 : Le déclenchement du conflit Fiche n°3 : Les tranchées L’intérêt de cette fiche, en rapport avec les pages 6-7 du « Repères pour éduquer Juniors », est de montrer la vie du soldat. Pour cela, le témoignage direct a été favorisé. Ces deux documents permettent de mettre en avant : La mise en place dès la fin de l’année 1914 de la guerre de position : avec les tranchées le front se stabilise (doc. A et B) ; La description des tranchées (doc. A) ; Les conditions de vie dans les tranchées (doc. A) ; Les pertes impressionnantes pour des résultats bien faibles (doc. B) Le sentiment d’inutilité de ce type de combat voire de lassitude entrainant parfois des gestes jugés antipatriotiques (doc. A et B) Le double sentiment du poilu envers l’arrière. D’un côté, l’arrière c’est le retour à la vie normale, la vie de famille, la douceur du foyer. C’est aussi l’arrière fantasmé avec le retour à la vie amoureuse. Lorsque les soldats entendront les louanges du don du soldat lors de leurs permissions (« les bons patriotes de l’arrière », doc. B), certains n’hésiteront pas à répondre : « Allez-y puisque c’est si beau !» Fiche n°3 : Les tranchées Doc. A : Journal de l’officier Paul Tézena du Montcel 11 juin [1915]. – Terrible nuit ; on s’est cru noyé, ou presque… Le boyau* n’est plus qu’un ruisseau où il y a 30 à 50 centimètres d’eau. La plus part des guitounes* sont envahies ou éboulées : impossible d’y rentrer. Cependant quelques uns de mes hommes sont tellement las qu’ils dorment littéralement dans l’eau. J’y suis moi-même à moitié. Tristes pensées ! J’envisage presque la fin dans cette eau… Quelle mort lamentable et sans gloire ! Je pense aux miens… à Paris… J’ai lu hier des annonces de spectacles et de revues… Il y a des gens qui sont paisiblement calfeutrés dans leurs chambres, étendues dans des lits bien chauds, d’autres qui s’amusent et qui font la fête pendant que nous sommes ici ! Notre sort est pourtant le meilleur, mais ce serait trop bête de finir ainsi ! [...] Nous peinons, nous souffrons, nous mourrons sans combattre ! Sans avoir vu l’ennemi ou si peu ! Paul Tézenas du Montcel, Dans les tranchées. Journal d’un officier du 102° territorial, Montbrison, Eleuthère Brassart, 1925 Doc. B : Cahier de guerre de Louis Barthas, capitaine dans l’infanterie Chaque jour en ligne, les hommes attendaient anxieusement la relève ; ils étaient à bout de forces, mais nos chefs implacables ne voulaient pas ordonner la relève tant qu’on avait pas atteint comme dans toutes les offensives le pourcentage imposé de pertes. Exaspérés, désespérés, des hommes se rendirent aux Allemands et des Allemands se rendirent aux Français. « Quels lâches ! » diront les bons patriotes de l’arrière. Mais si des deux côtés tous les soldats avaient fait pareil n’eût-ce pas été sublime ? Les généraux se seraient battus entre eux. Poincaré eût pu faire quelques rounds de boxe avec le Kaiser. C’eût été rigolo. Louis Barthas, 16ème cahier (26 avril-1er juillet 1917) dans Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Paris, La découverte, 1997 Lexique : Boyau : un boyau est une voie de communication entre deux lignes de tranchées. C’est par les boyaux que « montent » et « descendent » les unités lors des relèves, non sans problème, dû à l’étroitesse du boyau qui peut empêcher les files d’hommes de se croiser, et aux ramifications multiples qui font s’égarer les unités. Guitoune : Désigne une tente ou un abri en argot militaire. Source : http://crid1418.org/espace_pedagogique/lexique/lexique_ej.htm Fiche n°4 : La guerre totale Cette fiche intègre des éléments contenus dans les pages 8-9-12-14 du « Repères pour éduquer Junior ». Le document A : au-delà des aspects factuels de cette description ce document témoigne de l’utilisation pour la guerre de la science et des techniques. Cela peut-être mis en relation avec la mobilisation de l’économie à travers l’obligation qu’ont certaines industries de s’orienter dans la production d’armes et de logistique. Le document B peut être étudié sous l’angle d’un questionnement progressif : Tout d’abord : présenter le document, décrire la couverture du magasine et le texte ; Ensuite : décrire l’activité (double) des femmes ; Enfin : tenter d’expliquer pourquoi les femmes sont appelées à travailler (le départ des ouvriers et des paysans au front). En ouverture : interroger les élèves sur les problèmes que vont poser la démobilisation des soldats (le retour des femmes dans les foyers). Ces documents permettent de montrer que la Première Guerre mondiale est une guerre totale c’est-à-dire que toutes les forces de la nation sont mobilisées pour gagner la guerre : - l’économie (doc. A et B) : à l’arrière, les gouvernements obligent les usines à se reconvertir en fabriquant du matériel pour le transport et de l’armement pour les soldats (ex : Renault qui produit des chars, obus ou des moteurs d’avions) ; - les sciences et les techniques (doc. A) : l’armement se modernise (ex : aviation, artillerie, gaz) ; - les populations (doc. B : à l’arrière, on fait appel aux femmes et aux vieillards pour travailler dans les usines (ex : munitionnettes) ou dans les champs ; - les esprits (doc. B) : les gouvernements utilisent la propagande (utilisation de l’information pour influencer l’opinion publique) pour donner une fausse image de la guerre (des journaux, affiches, cartes postales). Les informations pouvant démoraliser les populations sont censurées (contrôle du courrier des soldats et des familles). Fiche n°5 : Verdun Doc. A : Lettre de Gaston Biron, un poilu Samedi 25 mars 1916 (après Verdun) Ma chère mère, « [...] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des fois s'il est vrai que je suis encore vivant ; pense donc, nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois cents ; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance de s'en tirer, je n'en sais rien, pourtant j'aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit longs jours, j'ai cru ma dernière heure arrivée. Nous étions tous montés làhaut après avoir fait le sacrifice de notre vie, car nous ne pensions pas qu'il fût possible de se tirer d'une pareille fournaise. Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert et personne ne pourra jamais savoir par quelles transes et quelles souffrances horribles nous avons passé. A la souffrance morale de croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s'ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d'un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille ; ah ! j'ai bien pensé à vous tous durant ces heures terribles, et ce fut ma plus grande souffrance que l'idée de ne jamais vous revoir.[...] » Jean-Pierre GUÉNO, Paroles de poilus. Lettres et carnets du front 1914-1918, Librio, 1998 Doc. B : Verdun en chiffres 2 millions d'obus tirés le premier jour, 21 février 1916, par plus de 1.200 canons allemands. 270 canons côtés français. 30 millions d'obus tirés au total sur le champ de bataille. 300 jours, 300 nuits, soit 9 mois de combats. 378.000 pertes françaises (environ 62.000 morts, 215.000 blessés et 101.000 disparus). 337.000 pertes allemandes. Bilan humain total: plus de 300.000 morts, près de 400.000 blessés, ce qui représente environ 1000 morts par jour. Le sol de la Meuse a reçu 10 obus au centimètre carré en moyenne. Source : Annie Yankebian, http://www.france2.fr/info/dossiers/france/18322000-fr.php?page=accueil Fiche n°6 : L’année 1917 L’intérêt de cette fiche, en rapport avec les pages 12-13 du « Repères pour éduquer Junior », est de montrer les soubresauts et les bouleversements de l’année 1917 qui marquent un tournant dans le conflit. Le document A permet de faire comprendre aux élèves : La décision des Etats-Unis de renter en guerre contre l’Allemagne ; Le motif concret de ce changement d’attitude des Etats-Unis : la guerre sous-marine contre les navires américains ; Le motif symbolique (ou plutôt la justification) de cette guerre : la lutte pour la liberté des démocraties contre les « gouvernements autocratiques », qui ne respectent pas la souveraineté nationale. Le document B développe deux faits importants pour l’année 1917 : La révolution russe de février 1917. L’instabilité révolutionnaire débouchera ensuite par la révolution bolchévique d’octobre et la signature du traité de Brest-Litovsk entre l’Allemagne et la Russie soviétique, ce qui constitue l’autre grand changement de 1917 dans les alliances ; Les retentissements chez les soldats français qui ne supportent plus les souffrances de la guerre qui durent depuis trois ans. Cela peut entrainer chez eux une volonté de suivre l’exemple russe (et montre la progression des idées socialistes dans les tranchées); soit le gouvernement signe la paix, soit il sera confronté à la révolution comme en Russie. Mais la raison principale est le refus de participer à des attaques répétées provoquant beaucoup de pertes pour des résultats médiocres. Cet état d’esprit mène aux mutineries de 1917. L’insistance des soldats pour avoir leurs permissions permet d’évoquer l’une des solutions mises en avant (en plus de l’exécution des principaux meneurs) pour résoudre les problèmes de mutineries de 1917 : l’amélioration des conditions de vie des soldats en termes de cantonnement, de nourriture ou de tours de permission. Fiche n°7 : Le règlement du conflit Doc. A : Le traité de Versailles (1919) Article 42 : Il est interdit à l'Allemagne de maintenir ou de construire des fortifications soit sur la rive gauche du Rhin, soit sur la rive droite, à l'ouest d'une ligne tracée à 50 kilomètres à l'est de ce fleuve. Article 43 : Sont également interdits, dans la zone définie à l'article 42, l'entretien ou le rassemblement de forces armées. Art. 119 : L'Allemagne renonce, en faveur des principales puissances alliées et associées, à tous ses droits et titres sur ses possessions d'outre-mer. Art. 160 : L’armée allemande ne pourra dépasser 100 000 hommes. Art. 171 : Sont également prohibées la fabrication et l'importation en Allemagne des chars blindés Art. 198 : Les forces militaires de l'Allemagne ne devront comporter aucune aviation militaire ni navale. Art. 232 : L'Allemagne [...] prend l'engagement, que soient réparés tous les dommages causés à la population civile de chacune des puissances alliées et associées et à ses biens. Fiche n°8 : Commémorer le 11 novembre L’intérêt de cette fiche, en rapport avec les pages 16-17 du « Repères pour éduquer Junior », est de montrer le poids de la Première Guerre mondiale sur les sociétés belligérantes dans les années 1920 – 1930. Les documents A, B et C concernent la société du souvenir qui se met en place à la suite du conflit : Les sociétés pleurent leurs morts et les commémorent ; Les monuments aux morts « fleurissent » dans les villes et les villages français ; Tous participent à la commémoration, ici des étudiants, ailleurs des enfants… ; Aux monuments s’ajoutent les noms des rues, places, boulevards… À Rouen, les boulevards enserrant le centre historique sont renommés boulevards « des Belges », « de la Marne », « de l’Yser » et « de Verdun » (sur lequel se trouve le monument aux forains morts pour la France). Les anciens combattants prennent une place importante dans la société à travers les cérémonies, les défilés, les associations, les organisations… Ils exercent un véritable lobby pacifiste résumé par le slogan « la der des ders ». Ce pacifisme, la volonté de ne plus revivre les mêmes traumatismes a amené certains à chercher la paix à tout prix avec l’Allemagne d’Hitler, à s’opposer à l’entrée en guerre et à soutenir l’armistice de 1940. Fiche n°8 : Commémorer le 11 novembre Doc. A : Monument aux forains morts pour la France en 1914-1918 Rouen, monument fleurit lors du 11 novembre 2007. Source : S.Deboos. Doc. B : Rue de 11 novembre 1918 Doc. C : Manifestation du 11 novembre 1940 Source : Documentation CIDEM Des étudiants de l'Institut agronomique s'apprêtent à défiler sur les Champs Élysées pour fleurir la tombe du Soldat inconnu. Source : Documentation CIDEM. Droits réservés. Dossier pédagogique école primaire L’uniforme français en 1914 La tenue d'essai réséda : En 1911, plusieurs unités du 6e Corps d'Armée, dont le 106e R.I (régiment d’infanterie), sont choisies pour expérimenter une nouvelle tenue et un nouvel équipement. L’objectif de cette réforme était de remplacer l’uniforme bleu et rouge, hérité de la guerre de 1870, par un uniforme moins voyant qui permettait de se camoufler. Les objectifs parallèles étaient de remplacer le képi par un casque fin, et de supprimer tout apparat voyant sur l’uniforme. Cette réforme reçu un avis négatif, car on ne voyait pas l’utilité alors de se camoufler et à cela venait s’ajouter des considérations esthétiques : les uniformes de couleur gris-vert (réséda) ne reflètent pas l’esprit national des uniformes bleu-rouge des armées de la république (et ce depuis la Révolution). Doc 2. La tenue réséda 1. De quelles couleurs sont les uniformes français en 1914 ? ................................................................................................................ Doc 1. uniforme français en 1914. ................................................................................................................ ................................................................................................................ ................................................................................................................ Périodes Morts sur le terrain, prisonniers et disparus Août -Septembre 1914 : Bataille des frontières, bataille de la Marne 313 000 Octobre Novembre 1914 : Première bataille d’Artois, l’Yser 104 000 Décembre 1914 Janvier 1915 : Stabilisation Février Mars 1915 : Première offensive de 1915, première bataille de Champagne Avril, Main, Juin 1915 : Deuxième bataille d’Artois Juillet, Août 1915 : Stabilisation Septembre Novembre 1915 : Deuxième offensive, Deuxième bataille de la Marne, Troisième bataille d’Artois 62 000 55 000 121 000 39 000 115 000 Doc 3. Tableau des pertes françaises sur les années 1914-1915 1. Quelle période est la plus meurtrière ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………........................................................................................ 2. Quelles sont les conséquences sur les premiers mois de la guerre (surtout lors des phases de mouvements) ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………........................................................................................ 3. Cela aurait-il pu être évité ? Comment ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………........................................................................................ …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 4. Quelles hypothèses peux-tu proposer pour expliquer la chute du nombre de morts, disparus ou prisonniers lors des phases de stabilisation ? …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………….......................……………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………........................…………………………………………………………………………………………………………………………… 5. En quoi, le nouvel uniforme est plus adapté au combat ? ..................................................................................... ..................................................................................... ..................................................................................... ..................................................................................... Doc 4. Uniforme français, illustration de Louis, un soldat dans la Grande Guerre, CIDEM, 2011. Les origines d’une guerre Doc 1. Carte des alliances et des pays existants en 1914, source CIDEM Doc 2. L’assassinat de l’archiduc héritier de la couronne d’AutricheHongrie, François Ferdinand de Habsbourg, extrait de Louis, un soldat dans la Grande Guerre, CIDEM, 2011. Doc 3. Les conséquences du jeu des alliances Conséquence de cet acte, l’empire d’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie, (car c’est un étudiant nationaliste serbe qui a tué l’héritier) pour venger l’assassinat, puis les affaires se compliquèrent rapidement. Par le jeu des alliances, en l’espace de quelques jours les grandes puissances de l’Europe se sont fait face. Le 1 août, le Kaiser allemand déclara la guerre à son cousin le Tsar de Russie. Le 3 août, l’Allemagne déclara la guerre à la France, et le 4 la Grande-Bretagne la déclara à son tour à l’Allemagne en réponse à l’agression de ce pays contre la Belgique. Les colonies de ces derniers étant mobilisés, ce n’est plus l’Europe mais le monde qui entre dans une guerre qui sera sanglante. er 1. Place Sarajevo sur la carte (Doc1). 2. Dans le document 2, qui est assassiné ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 3. Pourquoi sa mort est-elle importante ? ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... 4. A quoi correspondent toutes les étoiles sur la carte? ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... 5. Que peux-tu imaginer aux vues des ces étoiles ? ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................... 6. Pourquoi la France va-t-elle être entrainée dans une guerre qui ne semblait pas la concerner géographiquement ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 7. Quels sont ses alliés ? …………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………… 8. Donne les raisons pour lesquelles l’Empereur François Joseph a déclaré la guerre à la Serbie à la suite de l’attentat de Sarajevo ? …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 9. Sachant qu’après 1870, la France a perdu l’Alsace et la Lorraine, quelles peuvent être ses motivations d’avoir des alliances avec les pays entourant l’Empire allemand ? …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 1914 La stabilisation du front Ouest 1914 La stabilisation du front Ouest 1. En observant la carte, que peux-tu dire de la situation sur les Vosges ? ............................................................. ............................................................. ............................................................. ............................................................. 2. Comment se termine cette course à la mer ? les Allemands ont-ils réussi à déborder les Alliées ou les Franco- britanniques ont-ils réussi à prendre à revers Doc 1. Carte montrant « la course à la mer » © Coll. Historial de la Grande Guerre. Photo Y. Medmoun les Allemands ? ............................................................. ............................................................. .............................................................. ………………………………………………………….. ………………………………………………………….. …………………………………………………………. …………………………………………………………. …………………………………………………………. ………………………………………………………….. Sur les crêtes des Vosges, le front franco-allemand s’est stabilisé début septembre. En Champagne, à partir du 6 septembre, les alliés attaquent de flanc l’aile droite allemande et disloquent le dispositif ennemi (bataille de la Marne, 6-9 septembre). Les Allemands doivent se replier, mais se fixent sur les hauteurs qui dominent l’Aisne, qu’ils garnissent de tranchées : après d’inutiles assauts, les Alliés creusent leurs propres défenses. Au Nord-ouest de Compiègne, le terrain demeure libre. A partir du 13 septembre, Alliés et Allemands tentent de se déborder mutuellement (« course à la mer »). Les combats qui ont lieu sur la Somme, à Arras et sur l’Yser, prolongent le front jusqu’à la mer du Nord. Fin 1914, sur 750 kilomètres, tranchées allemandes et alliées se font face. Une guerre d’un type nouveau commence. Malgré tous les essais d’offensive, la guerre de position dure, sur le front occidental, jusqu’au printemps 1918. Doc 2. Extrait du récit de chronologie de la 1 ere Guerre Mondiale, source Historial de la Grande Guerre. 3. Combien de kilomètres de tranchées y-a-t-il à la fin de cette course ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 4. Combien de temps dure cette guerre de position ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 5. Qu’est-ce qu’une guerre de position ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 6. Combien de temps dure en tout la première Guerre Mondiale ? ..................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................... La vie dans les tranchées a été terriblement affreuse, plus encore que ce que les descriptions peuvent en apporter ou témoigner : le danger y était permanent, jamais à l’abri d’un pilonnage d’artillerie (et de ses erreurs célèbres où elle bombarde ses propres troupes), d’un assaut soudain de l’ennemi, d’un tir de tireur isolé ou d’un lancer de grenades ou de gaz moutarde. A cela, viennent s’ajouter le froid hivernal, les pluies abondantes et donc la vie dans la boue, et dans l’eau, les guêtres humides, les pieds mouillés, les rats, les poux, les odeurs nauséabondes, l’absence presque totale d’hygiène et le ravitaillement mal assuré. Tout cela fait que la vie en ces lieux tenait plus de l’enfer, que d’autre chose. Le plus grand ennemi du soldat, qui vient se lier avec l’incertitude, le manque de sommeil, est sans nul doute la peur. Et puis, la dépression, la lassitude, qui produisent des suicides ou des mutilations pour quitter les tranchées et ses premières lignes. Mais les tranchées, c’est aussi un monde de camaraderie, d'une solidarité sans faille entre soldats d'une même unité qui trouvaient le réconfort dans les plaisanteries, les chansons ou les lettres écrites à leurs familles. Les poilus, surnommés ainsi parce qu'ils ne pouvaient ni se laver, ni se raser, restaient un mois dans les tranchées avant d'être relevés et envoyés à l'arrière où ils pouvaient manger chaud à leur faim et dormir au sec. Doc 3. La vie dans les tranchées 7. Souligne en rouge ce qui est dangereux pour le soldat, en bleu ce qui complique son existence et en vert ce qui peut lui apporter un peu d’espoir et de réconfort. Note-le ci-dessous : dangers complications espoirs Une guerre technologique La 1ere Guerre Mondiale voit le perfectionnement et le développement massif de nouvelles technologies qui seront utilisées à des fins destructrices. Ainsi, c’est le perfectionnement des mitrailleuses qui peuvent tirer environ 600 coups par minutes, l’utilisation des lance-flammes (de deux types : petit modèle et gros modèle) ou des gaz toxiques (le gaz moutarde, chlore ou gaz lacrymogène). Il y a aussi, les canons à longue portée, comme la grosse Bertha (un obusier qui tire à 10km) et d’autres canons qui peuvent bombarder jusqu’à 130 km ! Au niveau des véhicules terrestres, ce conflit voit apparaître les premiers tanks, qui vont ensuite se généraliser. Dans les airs, il y a les zeppelins, énormes dirigeables qui peuvent bombarder, les premiers avions de combats (chasseurs et bombardiers) et dans le domaine maritime, c’est la guerre sous-marine avec les sous-marins allemands et les nouveaux cuirassés britanniques qui vont révolutionner la marine à cause de leur blindage. Par ailleurs c’est la montée en puissance du camouflage (sur les bateaux, dans les uniformes...). Doc 1. Les évolutions technologiques pendant la 1ere Guerre Mondiale 1. Souligne les différentes armes nouvelles qui voient le jour pendant cette guerre. 2. Classe-les selon le milieu qui les concerne : Terre Mer Air Depuis le début de l’année, ils essaient de nous en mettre plein la vue avec leurs avions et leurs Zeppelins mais les Anglais leur ont bien fait comprendre, qu’eux aussi, ils s’y connaissaient dans les airs. A ce qu’il paraît, y a de quoi faire au-dessus de la Manche! On nous a dit aussi qu’à Ypres les Allemands avaient utilisé des gaz contre nous et que maintenant fallait qu’on fasse attention. On n’a pas encore de masques et certains camarades disent que les gaz peuvent rester dans l’air et voyager avec le vent. Ça devient n’importe quoi cette guerre. On ne sait plus quoi inventer pour vaincre l’ennemi… Doc 2. Extrait de Louis, Soldat de la Grande Guerre, CIDEM, 2011 3. Doc1 et 2- A la lecture de ces documents, quels sont les dangers d’utiliser des gaz toxiques pour la guerre ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... 4. Où sont-ils utilisés pour la première fois ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... 5. Doc 3- Comment s’appelle l’objet en haut à gauche ? ................................................... ................................................... ................................................... ................................................... ................................................... ................................................... 6. Observe ce dessin et déduisen les fonctions que pouvait avoir l’objet dans le ciel. ................................................... ................................................... ................................................... ................................................... ................................................... ................................................... Doc 3. Illustration de Louis, Soldat de la Grande Guerre, CIDEM, 2011. 7. Les soldats français l’appelaient « la saucisse », qu’est-ce qui peut justifier un tel surnom ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... 8. Explique quels sont, selon toi, les risques d’utiliser la science et la technologie pour faire la guerre ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... Une guerre mondiale : l’aide des colonies Doc 1. Carte des empires coloniaux en 1914, Alain Houot, Académie Aix-Marseille 1. Voici une carte du monde. Repère les différents pays en conflits en Europe. Que peux-tu dire de l’Empire colonial français ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... De l’Empire britannique ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... De L’Empire allemand ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... Voilà la liste des différentes colonies ou protectorats français de l’époque : Afrique du Nord : Maroc, Algérie et Tunisie Afrique Occidentale Française (Aof) : Sénégal, Soudan Français, Guinée Française, Cote d'Ivoire, Dahomey L'Afrique Equatoriale Française (Aef) : Le Congo et les territoires à l'est du lac Tchad. L'Afrique Orientale Française : La Côte Française Des Somalies (Djibouti), Madagascar, L'ile de La Réunion.. Les Colonies Françaises d'Asie : L'Indochine Française, La Cochinchine, Le Cambodge, Annam, Le Tonkin, les comptoirs autour de l'Inde: Chandernagor, Pondichéry, Mahé, Yanaon et Karikal. Les Colonies Françaises d'Amérique : St Pierre et Miquelon, La Guadeloupe, La Martinique, La Guyane Française. Les Colonies Françaises D'Océanie : La Nouvelle Calédonie Autres Iles : Iles De La Loyauté, Nouvelles Hébrides, Wallis Et Futuna, Iles De La Société, Iles Tuamotu, Iles Touba, Iles Gambier, Iles Marquises, Les Iles Australes: Amsterdam, St Paul Kerguelen et l'ilot de Clipperton au large du Mexique. Doc 2. : Liste des différentes colonies françaises 2. Sur quels continents la France, au travers de son Empire colonial, est-elle représentée ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... France (incluant métropole et Empire). Il faut noter que la Guadeloupe, la Martinique et d’autres ne figurant pas sur la liste ont eu des soldats envoyés sur le front mais incorporés dans les effectifs globaux de la métropole) Algériens Marocains Tunisiens Africains noirs Malgaches Indochinois Total des colonies Mobilisés Tués, disparus ou prisonniers 8 317 000 1 393 000 175 000 40 000 80 000 180 000 41 000 49 000 35 000 12 000 21 000 25 000 2 500 1 600 Doc 3. : Source Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, Culture coloniale, la France conquise par son Empire (1873-1931), Editions Autrement, 2002, p.117 3. A combien se montent les effectifs « coloniaux » mobilisés ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... Même si le nombre paraît peu important, les nombreux faits d’armes héroïques de ces troupes ainsi que les nombreuses décorations reçues sont autant de témoignages de la valeur et de l’engagement des « peuples Français ». La femme dans la société française pendant la guerre Doc 1. Carte postale, collection CIDEM 1. Décris cette carte postale, que fait cette femme ? ................................................ ................................................ ................................................ ................................................ ................................................ 2. Que peux-tu en déduire ? .................................................................................................................................................................. .................................................................................................................................................................. .................................................................................................................................................................. .................................................................................................................................................................. 3. Décris cette carte postale, que font ces femmes ? ................................................ ................................................ ................................................ ................................................ ................................................ Doc 2. Carte postale, collection CIDEM 4. En quoi est-ce une nouveauté pour elles ? .................................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................................ ................................................................................................................................................................ La France de 1914 compte 41.6 millions d'habitants. Cette France est essentiellement rurale. (44% des Français vivent de la terre). Mais fait amorcé depuis la Révolution Industrielle, l’exode rural et parfois vers les colonies, de la société paysanne modifie le paysage humain. Une société ouvrière et principalement minière d’environ 5,5 millions de personnes est présente et en constante augmentation malgré des conditions de travail très difficiles. 5. Quel éclairage ce texte apporte-t-il sur le sens de ces cartes postales ? ................................................................ ................................................................ .................................................................. Doc 3. Nature de la population Française en 1914 Dès août 1914, les femmes doivent assurer le travail des champs. Le président du conseil les exhortait résolument à assurer l’approvisionnement non seulement de l’arrière mais surtout du front. L’entrée dans une guerre longue implique ensuite très vite de faire appel aux femmes dans des secteurs qui leur étaient jusqu’alors généralement étrangers. Les « munitionnettes » s’habillent comme des hommes, font des gestes d’hommes, travaillent comme des hommes… Les femmes s’impliquent aussi plus directement dans un certain nombre d’emplois. La figure de l’infirmière est typiquement féminine : l’infirmière dont l’habit blanc est synonyme de pureté, guérit les corps et les âmes. Elle accompagne l’action des médecins tout en consolant les blessés. Les marraines de guerre ont aussi pour rôle de soutenir les combattants qui n’ont pas de familles ou qui se trouvent dans les zones occupées par les Allemands. Enfin, elles ont aussi été employées dans les services publics. (...) La guerre totale a donc complètement modifié et transformé le rôle et la place des femmes dans le monde du travail et dans la société. Dans des circonstances très difficiles, la femme a connu une transformation de son rôle pendant la guerre et elle a gagné une place plus importante dans la société. Les femmes ont gagné un début d’émancipation face à leur mari, car elles ont montré qu’elles pouvaient assurer de nombreux rôles qui étaient précédemment dévolus aux hommes. Cette émancipation reste toutefois limitée comme le montre l’échec de l’obtention du droit de vote. Celui-ci avait été approuvé par l’Assemblée nationale mais il a été finalement rejeté par le sénat en 1922. Doc 4. Les femmes et la Première Guerre mondiale, source Académie de Grenoble 6. Doc 4- Quelles autres fonctions mentionnées dans le texte la femme est-elle appelée à effectuer ? ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................ 7. Quelle fonction n’est pas mentionnée mais est très importante ? ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................ 8. Qu’est-ce que cela a changé à la fin de la guerre ? ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................. 9. Quelles sont les limites de cette évolution dans la société ? ................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................. Les conditions d’hygiène et les mutineries dans les tranchées Doc 2. Extrait du même livret, p. 1 Doc 3. Extrait du même livret, p. 3 Doc 1. Couverture de Conseils au Soldat pour sa Santé, collection CIDEM 1. Regarde le document ci-dessus. De quel type de document s’agit-il ? ............................................................................................ ............................................................................................ ............................................................................................ 2. D’après toi, quand tu compares les documents 1, 2 et 3 à l’image ci-dessous, en quoi ces conseils semblent-ils difficiles à mettre en œuvre ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… Doc 4. Illustration, Louis, soldat de la Grande Guerre, CIDEM 3. Malgré l’élan patriotique, les conditions difficiles vont amener des « mutineries ». Recherche le sens de ce mot. ………………………………………………………………………………………………………………………………………………. ...................................................................................................................................................... ...................................................................................................................................................... 4. Les circonstances font que des mutineries explosent un peu partout dans chaque camp. Donne les conséquences pour les mutins Français. Condamnations prononcées par les tribunaux militaires d’exception pour les mutineries de 1917 en France : Au total : 3427 arrêts rendus : 554 condamnés à mort dont 504 graciés (peines commuées en prison à vie) et 50 fusillés ; 1381 condamnés aux travaux forcés et à de longues peines de détention, 1492 peines plus légères. Doc 5. Le sort des mutins 5. Ces décisions te semblent-elles juste ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... 6. Comment peux-tu justifier ces décisions ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... 7. Comment peux-tu expliquer les différences de peines ? ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................... La commémoration : un droit et un devoir 1. Décris le document 1 : ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... Doc 1. Poilu au cimetière, CIDEM 2. Décris le document 2 : ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... Doc 2. Monument aux morts, CIDEM 3. Décris le document 3 : ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... ................................................................... Doc 3. La flamme du soldat inconnu A la fin de la guerre vient le temps des bilans. Cette guerre a causé plus de 10 millions de morts dans le monde. Du côté français, 1 400 000 victimes, ce qui correspond à 10 % de la population active masculine, 3 000 000 de blessés ; certains sont tellement mutilés que le retour à la vie civile sera impossible (membres arrachés, figures déchiquetées (ceux là sont les gueules cassées)). Sur ces 3 000 000, il y a 1 100 000 invalides. 570 000 civils périront de maladies, de faim, ou sous les balles et obus. Doc 4. Bilan de la guerre en France 4. Remets les éléments du texte dans un tableau, et additionne le tout pour voir combien le prix de cette guerre a été lourd à payer en France et dans le monde entier. 5. Compare ces chiffres avec celui de la population française en 1914 (41.6 millions) .............................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................. 6. En analysant les documents, et sachant que les derniers poilus survivants sont décédés depuis quelques années, pourquoi, selon toi, doit-on continuer de célébrer le 11 novembre ? ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ 7. Donne ta définition du « devoir de mémoire » ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ Corrigés L’uniforme français en 1914 La tenue d'essai réséda : En 1911, plusieurs unités du 6e Corps d'Armée, dont le 106e R.I (régiment d’infanterie), sont choisies pour expérimenter une nouvelle tenue et un nouvel équipement. L’objectif de cette réforme était de remplacer l’uniforme bleu et rouge, hérité de la guerre de 1870, par un uniforme moins voyant qui permettait de se camoufler. Les objectifs parallèles étaient de remplacer le képi par un casque fin, et de supprimer tout apparat voyant sur l’uniforme. Cette réforme reçu un avis négatif, car on ne voyait pas l’utilité alors de se camoufler et à cela venait s’ajouter des considérations esthétiques : les uniformes de couleur gris-vert (réséda) ne reflètent pas l’esprit national des uniformes bleu-rouge des armées de la république (et ce depuis la Révolution). Doc 2. La tenue réséda 1. De quelles couleurs sont les uniformes français en 1914 ? Doc 1. uniforme français en 1914. Les uniformes français sont de couleurs rouge et bleu, héritage de la guerre de 1870. Ils symbolisent la République. Périodes Morts sur le terrain, prisonniers et disparus Août -Septembre 1914 : Bataille des frontières, Bataille de la Marne 313 000 Octobre Novembre 1914 : Première bataille d’Artois, L’Yser 104 000 Décembre 1914 Janvier 1915 : Stabilisation Février Mars 1915 : Première offensive de 1915, Première bataille de Champagne Avril, Main, Juin 1915 : Deuxième bataille d’Artois Juillet, Août 1915 : Stabilisation 62 000 55 000 121 000 39 000 Septembre Novembre 1915 : Deuxième offensive, Deuxième bataille de la Marne, Troisième bataille 115 000 d’Artois Doc 3. Tableau des pertes françaises sur les années 1914-1915 2. Quelle période est la plus meurtrière ? La période d’août à septembre 1914 avec les batailles des frontières et de la Marne est la plus meurtrière. 3. Quelles sont les conséquences sur les premiers mois de la guerre (surtout lors des phases de mouvements) ? Ces premiers mois sont terriblement meurtriers, le tableau en prenant que le début de la guerre et donc une phase de mouvement où les coloris vifs des tenues françaises peuvent faciliter leur repérage et donc leur mitraillage. 4. Cela aurait-il pu être évité ? Comment ? En mettant en place l’uniforme réséda testé avant la guerre mais qui n’a pas été retenu car ne symbolisant pas les couleurs républicaines. Les autorités militaires de l’époque gardant le souvenir du panache des uniformes sans tenir compte que les mentalités avaient évoluées. 5. Quelles hypothèses peux-tu proposer pour expliquer la chute du nombre de morts, disparus ou prisonniers lors des phases de stabilisation ? Les phases de stabilisation étant des phases avec moins de mouvements, on peut imaginer que le côté vif des uniformes se voit moins que lors des phases de mouvements et donc explique mieux, la chute spectaculaire des pertes du côté français. 6. En quoi, le nouvel uniforme est plus adapté au combat ? Le casque protège mieux des chocs et des tirs et l’uniforme gris bleu, lui se dissimule mieux que le précédent même si on est loin du kaki adopté par l’armée britannique ou par les américains. Doc 4. Uniforme français, illustration de Louis, un soldat dans la Grande Guerre, CIDEM, 2011. Les origines d’une guerre Doc 2. L’assassinat de l’archiduc héritier de la couronne d’AutricheHongrie, François Ferdinand de Habsbourg, extrait de Louis, un soldat dans la Grande Guerre, CIDEM, 2011. Doc 3. Les conséquences du jeu des alliances Conséquence de cet acte, l’empire d’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie, (car c’est un étudiant nationaliste serbe qui a tué l’héritier) pour venger l’assassinat, puis les affaires se compliquèrent rapidement. Par le jeu des alliances, en l’espace de quelques jours les grandes puissances de l’Europe se sont fait face. Le 1 août, le Kaiser allemand déclara la guerre à son cousin le Tsar de Russie. Le 3 août, l’Allemagne déclara la guerre à la France, et le 4 la Grande-Bretagne la déclara à son tour à l’Allemagne en réponse à l’agression de ce pays contre la Belgique. Les colonies de ces derniers étant mobilisés, ce n’est plus l’Europe mais le monde qui entre dans une guerre qui sera sanglante. er 1. Place Sarajevo sur la carte (Doc1). 2. Dans le document 2, qui est assassiné ? L’archiduc héritier de la couronne d’Autriche-Hongrie, François Ferdinand de Habsbourg est assassiné. 3. Pourquoi sa mort est-elle importante ? Il était l’héritier du trône impérial d’Autriche-Hongrie et dont l’empereur était assez âgé. 4. A quoi correspondent toutes ses étoiles sur la carte ? Ces étoiles correspondent à des zones de tensions et on peut constater quelles sont nombreuses aux frontières 5. Que peux-tu imaginer au vu des ces étoiles ? Cet attentat qui débouche sur une guerre n’était qu’un prétexte et au vu des nombreuses zones de tensions, ce n’était qu’une question de temps avant que la guerre n’éclate. 6. Pourquoi la France va-t-elle être entrainée dans une guerre qui ne semblait pas la concerner géographiquement ? Par le jeu des alliances. Mais là encore, la France est revancharde et désire en découdre avec le Reich Allemand. Ainsi ses alliances avec la Russie et la Serbie... ne font qu’entourer l’ennemi et prépare au combat. 7. Quels sont ses alliés ? La Grande-Bretagne, la Russie, la Serbie, le Monténégro, la Belgique et le Luxembourg. 8. Donne les raisons pour lesquelles l’Empereur François Joseph a déclaré la guerre à la Serbie à la suite de l’attentat de Sarajevo ? L’Empereur a déclaré la guerre à la Serbie car son héritier, François Ferdinand, a été assassiné en Serbie. Mais il cherchait également un moyen de récupérer les territoires serbes pour agrandir son empire comme il le faisait déjà depuis quelques années. 9. Sachant qu’après 1870, la France a perdu l’Alsace et la Lorraine, quelles peuvent être ses motivations d’avoir des alliances avec les pays entourant l’Empire Allemand ? L’entourer pour le pousser à la faute et avoir un prétexte de faire la guerre et ce sur plusieurs fronts, grâce au jeu des alliances. 1914 La stabilisation du front Ouest 1914 La stabilisation du front Ouest 1. En observant la carte, que peuxtu dire de la situation sur les Vosges ? Les Vosges sont stabilisées avec deux lignes de part et d’autres et les tentatives de part et d’autres se sont annulées. 2. Comment se termine cette course à la mer ? les Allemands ont-ils réussi à déborder les Alliées Doc 1. Carte montrant « la course à la mer » © Coll. Historial de la Grande Guerre. Photo Y. Medmoun ou britanniques les ont-ils Francoréussi à prendre à revers les Allemands ? Match nul. Cette course à la mer va simplement déboucher sur l’occupation d’une partie du territoire français et de la Belgique par les troupes allemandes. 3. Combien de kilomètres de Sur les crêtes des Vosges, le front franco-allemand s’est stabilisé début septembre. tranchées y-a-t-il à la fin de cette course ? 750 kilomètres de tranchées. 4. Combien de temps dure cette En Champagne, à partir du 6 septembre, les alliés attaquent de flanc l’aile droite allemande et disloquent le dispositif ennemi (bataille de la Marne, 6-9 septembre). Les Allemands doivent se replier, mais se fixent sur les hauteurs qui dominent l’Aisne, qu’ils garnissent de tranchées : après d’inutiles assauts, les Alliés creusent leurs propres défenses. guerre de position ? Au Nord-ouest de Compiègne, le terrain demeure libre. A partir du 13 septembre, Alliés et Allemands tentent de se déborder mutuellement (« course à la mer »). Les combats Un peu plus de trois ans, (fin 1914-printemps qui ont lieu sur la Somme, à Arras et sur l’Yser, prolongent le 1918). front jusqu’à la mer du Nord. 5. Qu’est-ce position ? qu’une guerre de Fin 1914, sur 750 kilomètres, tranchées allemandes et alliées se font face. Une guerre d’un type nouveau commence. Malgré tous les essais d’offensive, la guerre de position dure, sur le front occidental, jusqu’au printemps 1918. Une guerre de position est une phase de la guerre où les grandes offensives ne sont plus de Doc 2. Extrait du récit de chronologie de la 1ere Guerre mise et où on joue sur le long terme pour créer Mondiale, source Historial de la Grande Guerre. l’usure dans le camp adverse et le découragement. 6. Combien de temps dure en tout la première Guerre Mondiale ? Un peu plus de quatre ans. (été 1914- automne 1918). 7. Ainsi donc, il y a trois temps dans cette guerre : une phase d’offensive, une de position et une dernière de ... (justifie) D’offensive vers la victoire. Après plus de trois ans d’attentes et de vaines tentatives de reprises d’offensive, la percée se fait et les lignes adverses sont enfoncées, malgré des combats d’arrière-garde violents et rapidement le sort de la guerre est scellé. La vie dans les tranchées a été terriblement affreuse, plus encore que ce que les descriptions peuvent en apporter ou témoigner : le danger y était permanent, jamais à l’abri d’un pilonnage d’artillerie (et de ses erreurs célèbres où elle bombarde ses propres troupes), d’un assaut soudain de l’ennemi, d’un tir de tireur isolé ou d’un lancer de grenades ou de gaz moutarde. A cela, viennent s’ajouter le froid hivernal, les pluies abondantes et donc la vie dans la boue, et dans l’eau, les guêtres humides, les pieds mouillés, les rats, les poux, les odeurs nauséabondes, l’absence presque totale d’hygiène et le ravitaillement mal assuré. Tout cela fait que la vie en ces lieux tenait plus de l’enfer, que d’autre chose. Le plus grand ennemi du soldat, qui vient se lier avec l’incertitude, le manque de sommeil est sans nul doute la peur. Et puis, la dépression, la lassitude, qui produisent des suicides ou des mutilations pour quitter les tranchées et ses premières lignes. Mais elles étaient aussi un monde de camaraderie, d'une solidarité sans faille entre soldats d'une même unité qui trouvaient le réconfort dans les plaisanteries, les chansons ou les lettres écrites à leurs familles. Les poilus, surnommés ainsi parce qu'ils ne pouvaient ni se laver, ni se raser, restaient un mois dans les tranchées avant d'être relevés et envoyés à l'arrière où ils pouvaient manger chaud, à leur faim et dormir au sec. Doc 3. La vie dans les tranchées 8. Souligne en rouge ce qui est dangereux pour le soldat, en bleu ce qui complique son existence et en vert ce qui peut lui apporter un peu d’espoir et de réconfort. Note-le cidessous : danger complication espoir pilonnage d’artillerie le froid hivernal monde de camaraderie assaut soudain de l’ennemi les pluies abondantes et donc solidarité sans faille la vie dans la boue, et dans l’eau, tir de tireur isolé les guêtres humides, les pieds les mouillés plaisanteries, chansons ou les les lettres écrites à leurs familles lancer de grenades ou de gaz les rats, les poux manger chaud, à leur faim moutarde. le manque de sommeil les odeurs nauséabondes, la peur l’absence presque totale d’hygiène la dépression, la lassitude suicides ou des mutilations le ravitaillement mal assuré dormir au sec Une guerre technologique La 1ere Guerre Mondiale voit le perfectionnement et le développement massif de nouvelles technologies qui seront utilisées à des fins destructrices. Ainsi, c’est le perfectionnement des mitrailleuses qui peuvent tirer environ 600 coups minutes, l’utilisation des lance-flammes (de deux types : petit modèle et gros modèle), des gaz toxiques (le gaz moutarde, chlore ou gaz lacrymogène). Il y a aussi, les canons à longue portée, comme la grosse Bertha (un obusier qui tire à 10km) et d’autres canons qui peuvent bombarder jusqu’à 130 km ! Au niveau des véhicules terrestres, ce conflit voit apparaître les premiers tanks, qui vont ensuite se généraliser. Dans les airs, il y a les zeppelins, énormes dirigeables qui peuvent bombarder, les premiers avions de combats (chasseurs et bombardiers), dans le domaine maritime, c’est la guerre sous-marine, avec les sous-marins allemands et les nouveaux cuirassés britanniques, qui vont révolutionner la marine, à cause de leur blindage. Par ailleurs c’est la montée en puissance du camouflage (sur les bateaux, dans les uniformes...). Doc 1. Les évolutions technologiques pendant la 1ere Guerre Mondiale 1. Souligne les différentes armes nouvelles qui voient le jour pendant cette guerre. 2. Classe-les selon le milieu qui les concerne : Terre Mer Air perfectionnement des mitrailleuses Bateaux à blindage zeppelins camouflage avions l’utilisation des lance-flammes des gaz toxiques (le gaz moutarde, chlore ou gaz lacrymogène) , les canons à longue portée Sous-marins Tanks Depuis le début de l’année, ils essaient de nous en mettre plein la vue avec leurs avions et leurs Zeppelins mais les Anglais leur ont bien fait comprendre, qu’eux aussi, ils s’y connaissaient dans les airs. A ce qu’il paraît, y a de quoi faire au-dessus de la Manche! On nous a dit aussi qu’à Ypres les Allemands avaient utilisé des gaz contre nous et que maintenant fallait qu’on fasse attention. On n’a pas encore de masques et certains camarades disent que les gaz peuvent rester dans l’air et voyager avec le vent. Ça devient n’importe quoi cette guerre. On ne sait plus quoi inventer pour vaincre l’ennemi… Doc 2. Extrait de Louis, Soldat de la Grande Guerre, CIDEM, 2011 3. A la lecture de ces documents, quels sont les dangers d’utiliser des gaz toxiques pour la guerre ? Les gaz sont dangereux pour l’ennemi du fait de leur potentiel mortel et leur volatilité fait qu’il arrive que le vent tourne et que le gaz frappe les troupes qui l’ont envoyé. 4. Où sont-ils utilisés pour la première fois ? A Ypres à la frontière Franco-belge. 5. Comment l’objet en s’appelle haut à gauche ? Un zeppelin 6. Observe ce dessin et déduis-en les fonctions que pouvait avoir l’objet dans le ciel. Observer, impressionner et bombarder. Doc 3. Illustration de Louis, Soldat de la Grande Guerre, CIDEM, 2011. 7. Les soldats français l’appelaient « la saucisse », qu’est-ce qui peut justifier un tel surnom ? Sa forme allongée et son origine allemande. 8. Explique quels sont, selon toi, les risques d’utiliser la science et la technologie pour faire la guerre ? Cela apporte plus de morts (gaz, nouveaux véhicules...), mais peut également sauver des vies (blindage, camouflage...). L’utilisation dans le champ non-militaire à la fin de la guerre permettra de développer les transports notamment. Une guerre mondiale : l’aide des colonies Doc 1. Carte des empires coloniaux en 1914, Alain Houot, Académie Aix-Marseille 1. Voici une carte du monde. Repère les différents pays en conflits en Europe et que peuxtu dire de l’Empire colonial Français ? Il est de grande taille en comparaison de la taille de la France. De l’Empire Britannique ? Il est de grande taille en comparaison de la taille de la Grande-Bretagne. De L’Empire Allemand ? Très petit, légèrement implanté en Afrique. L’Allemagne a payé son manque d’ouverture maritime lors de la grande course à la découverte entamée dès le XVIème siècle. Voilà la liste des différentes colonies ou protectorats français de l’époque : Afrique du Nord : Maroc, Algérie et Tunisie Afrique Occidentale Française (Aof) : Sénégal, Soudan Français, Guinée Française, Cote d'Ivoire, Dahomey L'Afrique Equatoriale Française (Aef) : Le Congo et les territoires à l'est du lac Tchad. L'Afrique Orientale Française : La Côte Française Des Somalies (Djibouti), Madagascar, L'ile de La Réunion.. Les Colonies Françaises d'Asie : L'Indochine Française, La Cochinchine, Le Cambodge, Annam, Le Tonkin, les comptoirs autour de l'Inde: Chandernagor, Pondichéry, Mahé, Yanaon et Karikal. Les Colonies Françaises d'Amérique : St Pierre et Miquelon, La Guadeloupe, La Martinique, La Guyane Française. Les Colonies Françaises D'Océanie : La Nouvelle Calédonie Autres Iles : Iles De La Loyauté, Nouvelles Hébrides, Wallis Et Futuna, Iles De La Société, Iles Tuamotu, Iles Touba, Iles Gambier, Iles Marquises, Les Iles Australes: Amsterdam, St Paul Kerguelen et l'ilot de Clipperton au large du Mexique. Doc 2. : Liste des différentes colonies françaises 2. Sur quels continents la France, au travers de son Empire, est-elle représentée ? Sur tous les continents la France est représentée, tout comme la Grande-Bretagne dans une mesure différente. France (incluant métropole et Empire). Il faut noter que la Guadeloupe, la Martinique et d’autres ne figurant pas sur la liste ont eu des soldats envoyés sur le front mais incorporés dans les effectifs globaux de la métropole) Algériens Marocains Tunisiens Africains noirs Malgaches Indochinois Total des colonies mobilisés Tués, disparus ou prisonniers 8 317 000 1 393 000 175 000 40 000 80 000 180 000 41 000 49 000 35 000 12 000 21 000 25 000 2 500 1 600 Doc 3. : Source Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, Culture coloniale, la France conquise par son Empire (1873-1931), Editions Autrement, 2002, p.117 3. A combien se montent les effectifs « coloniaux » mobilisés ? 565 000 mobilisés Même si le nombre paraît peu important, les nombreux faits d’armes héroïques de ces troupes ainsi que les nombreuses décorations reçues sont autant de témoignages de la valeur et de l’engagement des « peuples Français ». La femme dans la société française pendant la guerre 1. Décris cette carte postale, que fait cette femme ? Elle travaille dans les champs, labourant les terres. 2. Que peux-tu déduire ? Cette tâche dure et pénible en l’absence des hommes, se doit d’être faite par des femmes. Doc 1. Carte postale, collection CIDEM en 3. Décris cette carte postale, que font ces femmes ? Elles travaillent dans une usine d’armement. 4. En quoi est-ce une nouveauté pour elles ? Le travail à l’usine n’était pas destiné aux femmes, mais l’absence des hommes a amené les femmes à investir également Doc 2. Carte postale, collection CIDEM ce champ-là. La France de 1914 compte 41.6 millions d'habitants. Cette France est essentiellement rurale. (44% des Français vivent de la terre). Mais fait amorcé depuis la Révolution Industrielle, l’exode rural et parfois vers les colonies, de la société paysanne modifie le paysage humain. Une société ouvrière et principalement minière d’environ 5,5 millions de personnes est présente et en constante augmentation malgré des conditions de travail très difficiles. Doc 3. Nature de la population Française en 1914 5. Quel éclairage ce texte apporte-t-il sur le sens de ces cartes postales ? Les deux composantes du travail dans la société reviennent aux femmes (agriculture et industrie). Le tertiaire n’existe pas. Dès août 1914, les femmes doivent assurer le travail des champs. Le président du conseil les exhortait résolument à assurer l’approvisionnement non seulement de l’arrière mais surtout du front. L’entrée dans une guerre longue implique ensuite très vite de faire appel aux femmes dans des secteurs qui leur étaient jusqu’alors généralement étrangers. Les « munitionnettes » s’habillent comme des hommes, font des gestes d’hommes, travaillent comme des hommes… Les femmes s’impliquent aussi plus directement dans un certain nombre d’emplois. La figure de l’infirmière est typiquement féminine : l’infirmière dont l’habit blanc est synonyme de pureté, guérit les corps et les âmes. Elle accompagne l’action des médecins tout en consolant les blessés. Les marraines de guerre ont aussi pour rôle de soutenir les combattants qui n’ont pas de familles ou qui se trouvent dans les zones occupées par les Allemands. Enfin, elles ont aussi été employées dans les services publics. (...) La guerre totale a donc complètement modifié et transformé le rôle et la place des femmes dans le monde du travail et dans la société. Dans des circonstances très difficiles, la femme a connu une transformation de son rôle pendant la guerre et elle a gagné une place plus importante dans la société. Les femmes ont gagné un début d’émancipation face à leur mari, car elles ont montré qu’elles pouvaient assurer de nombreux rôles qui étaient précédemment dévolus aux hommes. Cette émancipation reste toutefois limitée comme le montre l’échec de l’obtention du droit de vote. Celui-ci avait été approuvé par l’Assemblée nationale mais il a été finalement rejeté par le sénat en 1922. Doc 4. Les femmes et la Première Guerre mondiale, source Académie de Grenoble 6. Quelles autres fonctions mentionnées dans le texte la femme est-elle appelée à effectuer ? Infirmière : dont l’habit blanc est synonyme de pureté, guérit les corps et les âmes. Elle accompagne l’action des médecins tout en consolant les blessés. Les marraines de guerre : elles ont aussi pour rôle de soutenir les combattants qui n’ont pas de familles Employées dans les services publics 7. Quelle fonction n’est pas mentionnée mais est très importante ? Celui de mère. 8. Qu’est-ce que cela a changé à la fin de la guerre ? Le début d’émancipation et le courage manifesté sur tous les fronts, a fait que le statut de la femme a évolué dans les mentalités. 9. Quelles sont les limites de cette évolution dans la société ? Le refus de leur octroyer le droit de vote est un exemple indéniable des limites de cette évolution. Car il y a eu le décalage avec le législateur. Les conditions d’hygiène et les mutineries dans les tranchées Doc 2. Extrait du même livret, p. 1 Doc 3. Extrait du même livret, p. 3 Doc 1. Couverture de Conseils au Soldat pour sa Santé, collection CIDEM 1. Regarde le document ci-dessus. De quel type de document s’agit-il ? D’un document officiel (ministère de la guerre) à destination des soldats. 2. D’après toi, quand tu compares à l’image ci-dessous, en quoi ces conseils semblent-ils difficiles à mettre en œuvre ? Il paraît difficile de conserver une hygiène irréprochable quand la vie se passe dans la boue, sous la pluie et dans le froid. Il n’y a pas forcément moyen de dormir convenablement, encore moins de se nourrir correctement pour se fortifier. Doc 4. Illustration, Louis, soldat de la Grande Guerre, CIDEM 3. Malgré l’élan patriotique, les conditions difficiles vont amener des mutineries. Recherche le sens de ce mot. Mutinerie : Rébellion contre l'autorité. Emeute, insurrection, rébellion, révolte, révolution, sédition, soulèvement. Des peines de prisons à vie, des fusillés, des peines de travaux forcés. Condamnations prononcées par les tribunaux militaires d’exception pour les mutineries de 1917 en France : Au total : 3427 arrêts rendus : 554 condamnés à mort dont 504 graciés (peines commuées en prison à vie) et 50 fusillés ; 1381 condamnés aux travaux forcés et à de longues peines de détention, 1492 peines plus légères. Doc 5. Le sort des mutins 4. Les circonstances font que des mutineries explosent un peu partout dans chaque camp, donne les conséquences pour les mutins Français. Les mutins français sont jugés par les tribunaux militaires. Ils peuvent être condamnés à mort ou à des peines comme l’emprisonnement ou les travaux forcés. 5. Ces décisions te semblent-elles juste ? Au vu des conditions de vie des soldats, cette rébellion contre l’autorité pourrait sembler difficilement contestable, mais certains des gestes chez les mutins furent plus condamnables que d’autres. Certains officiers n’étaient là que pour faire respecter les ordres. 6. Comment peux-tu justifier ces décisions ? Dans le cadre de l’armée, les rangs et grades doivent être respectés. Il n’est pas question de contester les ordres. 7. Comment peux-tu expliquer les différences de peines ? Par la gravité des gestes et l’implication des uns ou des autres. La commémoration : un droit et un devoir 1. Décris le document 1 : Un ancien poilu, en tenue avec ses décorations, témoignage de son héroïsme, se trouve entouré de ses compagnons morts au combat. Doc 1. Poilu au cimetière, CIDEM 2. Décris le document 2 : Un monument aux morts comme il y en a dans chaque commune de France, qui sert de lieu de mémoire pour tous les soldats morts pour la France. Doc 2. Monument aux morts, CIDEM 3. Décris le document 3 : Après que le deuxième classe Auguste Thin fit son choix le 10 novembre 1920, le cercueil du soldat inconnu quitta Verdun dans la foulée sous escorte militaire. Il fut transporté à Paris par train et veillé toute la nuit. Le cercueil fit une entrée solennelle sous l'arc de Triomphe le 11 novembre 1920, mais ne fut mis en terre que le 28 janvier 1921. La flamme sacrée sous l'arc de Triomphe fut ainsi allumée pour la première fois le 11 novembre 1923. Autre lieu de commémoration, celui-ci est l’officiel devant lequel les instances républicaines viennent se recueillir. Doc 3. La flamme du soldat inconnu A la fin de la guerre, vient le temps des bilans. Cette guerre a causé plus de 10 millions de morts dans le monde. Du côté français, 1 400 000 victimes ce qui correspond à 10 % de la population active masculine, 3 000 000 de blessés, certains tellement mutilés que le retour à la vie civile sera impossible (membres arrachés, figures déchiquetées, ceux sont les gueules cassées), Sur ces 3 000 000, il y a 1 100 000 invalides. 570 000 civils périront de maladies, de faim, ou sous les balles et obus. Doc 4. Bilan de la guerre en France 4.Remets ces éléments dans un tableau, et additionne le tout pour voir combien en France, mais dans le monde entier, le prix à payer à la guerre a été lourd. Nombre de soldats tués en France 1 400 000 Blessés (dont invalides) 3 000 000 (1 100 000) Victimes civiles 570 000 Total : nombre de personnes touchées par la 4 970 000 guerre en France Morts dans le monde 10 000 000 5.Compare ces chiffres avec celui de la population française en 1914 (41.6 millions) 10 % de la population globale de la France avec déjà 10 % de la population active masculine. 6.Alors en analysant, ces documents, et ce tout en sachant que les derniers poilus survivants sont décédés depuis quelques années, pourquoi doit-on poursuivre de célébrer le 11 novembre ? Car ces soldats se sont sacrifiés et se sont battus pour protéger leurs pays, mais surtout les valeurs de ce pays et leurs familles et leurs proches. Il s’agit davantage de se souvenir de la camaraderie au combat que de l’idée de prendre une revanche ou du désir de victoire sur d’autres peuples. 7.Donne ta définition du « devoir de mémoire » Le devoir de mémoire est à la fois, un droit et un devoir. Nous avons le droit de nous souvenir sans aucune honte, mais au contraire avec fierté que des hommes se sont sacrifiés pour la liberté. La notion de devoir inclut une certaine obligation morale et c’est également juste. Nous nous devons de ne pas oublier afin de ne pas retomber dans les mêmes excès et les mêmes erreurs.