II Manifestations neurologiques associées à VIH en zone tropicale

PARTIE II
Manifestations neurologiques
associées à VIH en zone tropicale
Neurologie tropicale.
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1993, pp. 81-90.
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Les infections rétrovirales sous les tropiques
C. M. POSER
Département de Neurologie, Han'ard Medical Sclwoi et Hospital Beth Israel, Boston, MA, USA.
Parmi les infections rétrovirales, l'infection par le virus de l'immunodépression humaine
(VIH) a pris l'ampleur d'une épidémie dans l'Afrique subsaharienne. La séropositivité
est retrouvée partout mais présente curieusement de larges variations au sein des diffé-
rentes populations noires du continent africain. Les aspects cliniques du SIDA prennent
des formes souvent différentes de celles observées en Amérique et en Europe, tout parti-
culièrement en ce qui concerne la nature des infections opportunistes. Le mode de trans-
mission est également différent en ce sens qu'il est presque exclusivement hétérosexuel
chez l'adulte. La transmission de la mère à l'enfant est fréquente, mais la transmission
par aiguilles infectées chez les drogués, par transfusion ou par relations homosexuelles
est d'importance mineure. Un des problèmes majeurs pour les techniciens de la santé tra-
vaillant en Afrique est l'ignorance des modes de transmission
[6,27].
L'infection par le VIH
L'éventail des maladies neurologiques causées par le VIH est large et intéresse de nom-
breux domaines du système nerveux. La physiopathologie de ces manifestations et leur
siège anatomique est variable [20] (Figure 1). Pendant la période de latence, lorsque
l'immunosuppression est peu marquée, des méningites aseptiques, éventuellement à
rechutes ou chroniques, peuvent survenir. De même des anomalies électrophysiolo-
giques peuvent être observées à l'EEG ou à l'EMG. Des polyradiculonévrites inflam-
matoires sont également caractéristiques de ces stades précoces. La démence, les mono-
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C.
M. Poser
névrites multiples ainsi que les atteintes musculaires débutent au stade de F ARC (AIDS
Related Complex). Au stade de SIDA évolué, les démences, les myélopathies, les poly-
névrites sensitives sont plus fréquentes que les atteintes musculaires. Les causes de
l'atteinte neurologique sont variables, incluant des maladies virales variées ainsi que la
classique encéphalite subaiguë du SIDA à cellules géantes multinucléées. Outre la toxo-
plasmose et la cryptococcose qui sont le plus souvent en cause, plusieurs types d'infec-
tions opportunistes non virales rares et trompeuses peuvent être en cause [22]
(Mycobacterium tuberculosis, M. aviaire, Candida albicans, Aspergillus, Listeria,
Nocardia...).
SéropositivitéARCSIDA
MPA*Méningite chronique ou à rechutes
Anomalies électrophysiologiques : EEG, EMG, PE
Mononévrites
* Méninaites
Durulentes
aiaues
Figure 1. Complications neurologiques de l'infection VIH selon le stade évolutif de la maladie.
*Méningites purulentes aiguës. D'après Koralnik et Hirschel [3].
Il n'est pas inintéressant de comparer les infections opportunistes observées en
Afrique à celles observées chez les patients américains. Par exemple, au cours des SIDA
africains, la pneumocystose, les pneumonies interstitielles, ou les deux, sont observées
chez 25 % des patients ; la cryptococcose méningée chez 13 % et la toxoplasmose céré-
brale chez 21 %, alors que chez les patients américains ces atteintes se chiffrent respecti-
vement à 63,6 %, 6,8 %, et 2,5 %. Ces différences ont également été notées en Haïti et à
Trinidad
[5,9].
Il faut cependant remarquer que les moyens diagnostiques sont considéra-
blement plus performants en Belgique qu'au Zaïre, ce qui rend compte également des
différences de pourcentage.
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Les infections rétrovirales sous les tropiques
En Afrique, une maladie neurologique est hautement évocatrice
d'une
infection par le
VIH. Ainsi en est-il du caractère très évocateur
d'une
paralysie faciale isolée (100 %),
d'une
éruption zostérienne,
d'une
cryptococcose ou
d'une
tuberculose méningée
[10,7,3] (TableauxletII).
Tableau I. Valeur prédictive de l'atteinte du système nerveux comme indicateur
de
l'infection
VIH-1
à
Bangui, Centre Afrique.
Paralysie faciale isolée
Zona
Méningite à cryptoccoque
Méningite purulente
Méningo-encéphalite
Déficit focal
Méningite tuberculeuse
Coma
Nbre de cas
4
9
8
21
13
16
3
13
VIH-1 (+)
4
9
8
9
8
9
3
10
Valeur prédictive %
100
100
100
43
62
56
100
77
Modifié d'après Di Costanzo et
al.
[10]
Tableau II. Atteintes du système nerveux associées à la présence d'anticorps anti-VIH-1 et VIH-2
à Abidjan, en Côte-d'Ivoire.
Centrale
Méningo-encéphalite
Méningite lymphocytaire
Méningo-myélite
Méningo-myélo-radiculite
Démence
Séropositivité
Sérologie HIV-1 +
Sérologie et CSF HIV-1 +
Sérologie HIV-2 +
Sérologie HIV-1 et 2 +
Sérologie et CSF HIV-1 et 2 +
Périphérique
Syndrome de la queue de cheval
Polyradiculonévrite
Polyneuropathie ataxiante
Neuropathie distale sensitivomotrice
Mononévrite
Nombre de cas
Centrale Périphérique
2 3
4 0
1 0
0 3
12 4
Modifié d'après Giordano et
ai.
[13]
Une méningite purulente, une encéphalite, une méningoencéphalite, de même que des
déficits neurologiques focaux, sont relativement évocateurs. Il est vraisemblable que la
plupart des déficits focaux sont en rapport avec une toxoplasmose cérébrale qui, en règle
générale, ne peut être diagnostiquée car une scannographie est rarement possible.
Une des caractéristiques des infections rétrovirales en Afrique est la fréquence avec
laquelle on trouve une double séropositivité vis-à-vis du VIH-1 et du VIH-2 à la fois
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1 / 106 100%

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