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1. Résumé
L’avenir de la médecine de premier recours réserve de nombreux défis: ainsi, le vieillisse-
ment de la population et la multiplication des maladies chroniques entraînent par ex. une
augmentation des demandes de prestations médicales (à domicile) et de soins et nécessi-
tent de plus en plus une prise en charge médicale intégrée. Dans le même temps, on peut
craindre à l’avenir une pénurie de praticiens, au moins dans les deux principaux groupes de
professionnels de la médecine de premier recours (médecins de famille et infir-
miers/infirmières).
Des changements s’imposent donc dans le domaine de la médecine de premier recours. Les
nouveaux modèles de soins constituent une approche possible. Ceux-ci permettraient de
mettre en place une médecine de premier recours de grande qualité, fondée sur l'intérêt du
patient et en même temps économique. Sachant qu’environ 20% de malades chroniques
et/ou graves occasionnent près de 80% des coûts en Suisse, il serait possible de gagner en
qualité et en efficacité en améliorant la prise en charge de ces patients, et aussi en amélio-
rant la prévention. Toutefois, les nouveaux modèles de soins ne devront pas se limiter à
cette population de patients mais assurer une prise en charge globale.
Les nouveaux modèles de soins se caractérisent par une approche intégrée, visant le béné-
fice du patient, et par leur adaptation aux besoins. Pour réussir une prise en charge inté-
grée, il faut améliorer la collaboration entre les catégories professionnelles et optimiser la
répartition des tâches et des compétences dans les nouveaux modèles de soins. Cette ap-
proche est prometteuse pour tous les métiers puisqu’elle permet de coordonner de façon
optimale les domaines d’activité et de profiter des connaissances des autres professionnels.
Tout en optimisant l’utilisation des ressources, elle améliorerait aussi l’attractivité de ces
métiers.
Pour que les nouveaux modèles de soins soient attrayants pour les professionnels de santé1
en exercice et futurs, les conditions de travail doivent être adaptées à notre époque (par ex.
possibilité de travail salarié, à temps partiel, en équipe). Enfin, les nouvelles organisations
de soins doivent s’engager pour assurer la relève par la formation de base et postgrade.
De nouveaux modèles de soins ont fait leur apparition depuis quelques années dans
d’autres pays. Ils se basent souvent sur le modèle de „chronic care“, un concept de soins
basé sur la médecine de premier recours et adapté aux besoins de malades chroniques.
Des ébauches de nouveaux modèles voient également le jour en Suisse, par ex. des centres
de santé ou les projets du réseau Gesundheitsnetz 2025 de la ville de Zurich.
La création et la diffusion de ces nouveaux modèles en Suisse doit bénéficier, d’une part, de
conditions cadres qui n’entravent pas leur développement mais au contraire le favorisent.
Cela nécessite une compensation des risques basée sur la morbidité, un système de finan-
cement axé sur des critères de qualité, d’efficacité et de coût économique total et adapté à
la nouvelle répartition des compétences et des tâches, ainsi que des formations de base et
postgrade permettant de former aujourd’hui des professionnels armés pour les défis de de-
main. D’autre part, les projets innovants doivent bénéficier si nécessaire, au démarrage, du
savoir-faire et du soutien financier des pouvoirs publics.
De nouveaux modèles de soins médicaux de premier recours peuvent être mis en place si
tous les acteurs y apportent leur contribution: pouvoirs publics, prestataires, associations
professionnelles, établissements de formation de base et postgrade, partenaires tarifaires,
mais aussi les patients et leurs proches, partenaires importants des prises en charge fu-
tures.
1 La notion de „professions de santé“ inclut toutes les professions de santé ayant une qualification de niveau
tertiaire (par ex. médecins, infirmiers et infirmières, physiothérapeutes, sages-femmes, etc.).