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BATSFORD
sont restées insaisissables jusqu’aux travaux fondateurs de Clemens von Pirquet.
En 1903 von Pirquet, en se fondant simplement sur des observations cliniques, a
émis comme hypothèse l’existence de réactions pathogènes liées aux anticorps, au
lieu des réactions immunes normales qu’il a appelées allergie (« réaction modi-
fiée ») (publication en anglais en 1911 [1]). Le terme de glomérulonéphrite post-
streptococcique (GNAPS) a commencé à être utilisé après la démonstration que
le streptocoque
β
-hémolytique était responsable de la scarlatine [2].
Le concept théorique important proposé par la suite était celui des souches
streptococciques « néphritogènes ». À l’origine, cette notion a été mise en avant
par Seegal et Earle [3], qui avaient remarqué que le rhumatisme articulaire aigu
et la GNAPS, deux complications non infectieuses courantes des infections à
streptocoques, ne coexistaient pas chez un même patient, avaient des localisations
géographiques différentes, un sex-ratio différent (GNAPS : deux fois plus fréquen-
tes chez l’homme), et une propension à la guérison définitive pour la GNAPS
contrairement au caractère récidivant des rhumatismes articulaires aigus. Même
si Seegal et Earle reconnaissaient le fait que les différences des facteurs liés à
l’hôte « pouvaient jouer un rôle certain », ils privilégiaient une explication simple,
à savoir l’existence de souches streptococciques hémolytiques provoquant le rhu-
matisme articulaire aigu (souches rhumatogènes) et d’autres souches provoquant
la glomérulonéphrite (souches néphritogènes). Au départ, il a semblé que les
recherches ultérieures validaient ce concept (
voir la revue critique
de Carapetis
2005 [4]) et établissaient les bases de la recherche sur les antigènes néphritogènes
dans les souches de streptocoques du groupe A isolées chez des patients atteints
de néphrite.
MODÈLES EXPÉRIMENTAUX DE GLOMÉRULONÉPHRITE
POST-STREPTOCOCCIQUE
Suite à la démonstration du rôle étiologique du streptocoque du groupe A dans
l’induction de la néphrite aiguë, de nombreuses tentatives ont été effectuées afin
de provoquer une glomérulonéphrite expérimentale chez l’animal, notamment
les lapins, les souris et les singes. La principale difficulté est évidente : le strepto-
coque du groupe A est un agent pathogène spécifique à l’homme. Les injections
de streptocoques inactifs, les produits extracellulaires toxiques, les vaccins anti-
streptococciques, les infections profondes et superficielles provoquées par les
inoculations de bactéries vivantes, ainsi que les implantations en chambre de dif-
fusion ont été tentés par de nombreux auteurs dans le but de reproduire les carac-
téristiques de la GNAPS trouvée chez l’homme [2]. Une discussion détaillée des
résultats obtenus avec des extraits streptococciques non infectieux sera fournie
ci-après. Dans le cas d’infection expérimentale, des recherches antérieures
avaient permis de déclencher une albuminurie et une hématurie, et parfois éga-
lement une hypertension et une azotémie. Malheureusement, les découvertes
histologiques de ces études, bien que minutieuses, étaient insuffisamment défi-
nies, et incompatibles avec les lésions observées dans la glomérulonéphrite
aiguë. De plus, ce type de modèle expérimental ne permet pas une évaluation
individuelle facile des antigènes généralement reconnus comme antigènes
néphritogènes.
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