1. Introduction
Les externalités informationnelles, mises en évidence par Marshall (1920), ont acquis
un pouvoir explicatif important dans les modélisations théoriques de ces vingt cinq dernières
années. Elles apportent des éléments nouveaux pour la compréhension des processus
d’innovation et de croissance d’une part et des dynamiques de localisation des activités
économiques d’autre part. Ainsi, après avoir longtemps considéré ces phénomènes comme
secondaires, Krugman reconnaît aujourd’hui toute leur importance dans la configuration
spatiale des activités économiques et regrette que la nouvelle économie géographique ne leur
accorde pas plus d’attention (Krugman, 2000).
Cependant, le développement des Technologies de l’Information et de la
Communication (TIC) semble de nature à remettre en cause cette relation entre proximité
géographique et accumulation de connaissances. En effet, les innovations majeures qui ont eu
lieu dans les domaines du matériel informatique, des logiciels et du matériel de
communication sont de nature à imposer des bouleversements. De manière générale, on peut
s’attendre à deux types de répercussions sur l’activité économique, et plus particulièrement
sur les activités innovantes, fortement consommatrices de connaissances1.
- Premièrement, si on considère les TIC comme facteur de production, on peut s’attendre à
des gains de productivité avec les répercussions que cela implique en terme de croissance. Le
fait marquant sur lequel repose cette idée est la concomitance de la forte croissance
américaine de ces dernières années avec la diffusion des TIC (Welfens, 2002). Cependant,
plusieurs études demeurent très réservées quant à l’impact spécifique des TIC sur la
croissance et la productivité. Ainsi par exemple, pour la plupart des pays d’Europe, la relative
faiblesse de la croissance observée dans les années 1990 serait non seulement due à un
moindre investissement dans les TIC mais aussi à une contribution des TIC à la croissance
trois fois plus faible qu’aux Etats-Unis (Mairesse et al., 2002). Ces controverses ne sont pas
sans rappeler le fameux « paradoxe de la productivité » de Solow.
- Deuxièmement, on peut s’attendre à des répercussions sur les dynamiques d’agglomération,
et ce pour plusieurs raisons. D’une part l’émergence d’un nouveau secteur d’activité conduit à
1 Plus marginalement, un troisième type de conséquence peut être repéré. Les conversations téléphoniques, les
rencontres lors de conférences, les visites de laboratoires de recherche sont complétées par une communication
d’ordinateur à ordinateur au sein de réseau nationaux et internationaux. Du fait de l’accélération de l’échange de
connaissances induite par ce développement des TIC (Les travaux de recherche sont par exemple de plus en plus
souvent disponibles en ligne bien avant d’être publiés dans les revues ou les ouvrages), il est probable que l’on