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tation rénale préemptive. Lorsqu’on décide
de créer la stule chez un patient diabétique
il faut également prendre en considération le
fait que le temps nécessaire à la maturation de
la stule sera plus long que chez les autres pa-
tients urémiques (Murphy 2002). Si le patient
commence à avoir des symptômes d’urémie,
il est illusoire de penser que l’on pourra utili-
ser sa stule rapidement. Il vaut mieux alors
prévoir la pose d’un cathéter tunnellisé pour
débuter l’épuration avant que la stule soit
utilisable.
Le geste opératoire
Concernant le geste opératoire lui-même il
n’y a pas de recommandations particulières.
Certaines équipes préconisent une antibio-
thérapie prophylactique à large spectre, ac-
tive sur les staphylocoques et sur les germes
à Gram négatif pour toutes les stules, pro-
thétiques ou non (Chiche). D’autres réservent
plutôt l’antibioprophylaxie aux prothèses ou
aux stules huméro-basiliques. On peut pen-
ser que l’antibioprophylaxie est justiée chez
les patients diabétiques.
La stratégie concernant le site d’implanta-
tion de la stule:
Comme chez les sujets non diabétiques, les
stules prothétiques doivent être évitées. La
stule native radio-céphalique au poignet
doit être privilégiée. Lorsqu’elle présente
une maturation normale, c’est l’accès qui a
la meilleure longévité et le taux le plus faible
de complications. L’inconvénient principal
est un pourcentage élevé de thromboses
précoces et de défauts de maturation. Cela
concerne particulièrement les patients dia-
bétiques. Lorsqu’une stule au poignet parait
impossible en raison de vaisseaux de mau-
vaise qualité, une stule native plus proximale
radio-céphalique au milieu de l’avant-bras
ou huméro-céphalique ou huméro-basilique
peut être proposée. Konner rapporte une pro-
portion de 62% de stules au poignet chez les
non diabétiques contre seulement 23% chez
les diabétiques. L’évolution à long terme des
stules au bras est bonne. Leur inconvénient
est le risque d’hypoperfusion distale, qui peut
entrainer une ischémie de la main (Tordoir).
Certaines équipes préconisent d’ailleurs de
s’acharner à créer des stules au poignet an
de réduire les risques d’ischémie de la main.
Cette stratégie très volontariste suppose
d’accepter des traitements complémentaires
par angioplastie des sténoses artérielles an
de permettre le développement de la stule
(Turmel-Rodrigues 2009).
2) Les complications des stules:
Le retard de maturation peut être du à une
sténose veineuse ou à une sténose artérielle.
Il faut penser à la sténose artérielle chez le dia-
bétique.
L’ischémie artérielle est plus fréquente chez
les patients diabétiques. Dans l’étude de
Kommer, la fréquence des interventions pour
vol vasculaire est de 7 pour 100 patients-an-
nées chez les diabétiques versus 0,6 pour 100
patients-années chez les autres patients. Le
principal facteur est la précarité du lit arté-
riel distal chez ces patients, conjugué avec
l’inversion habituelle du ux artériel dans
l’arcade palmaire consécutif à la présence de
la stule. Cliniquement, le vol se traduit par
des douleurs parfois aggravées par la dialyse
et par une froideur de la main. Le risque est
l’apparition de nécroses digitales. Le traite-
ment n’est pas spécique. L’angioplastie de
sténoses artérielles est intéressante. De nom-
breuses astuces chirurgicales sont proposées
P. BRUNET