QUEL EST VOTRE DIAGNOSTIC? 591
méningite aseptique est une complication redoutée,
car souvent dicile à diérencier d’une étiologie bac-
té rienne en raison de l’état fébrile associé à la primo-
infection VIH. Elle nécessite une hospitalisation, une
ponction lombaire et une antibiothérapie intravei-
neuse jusqu’à réception des cultures du liquide cépha-
lo-rachidien (LCR). L’atteinte cutanée est fréquemment
retrouvée. Elle apparaît généralement à jours après
le début des symptômes et peut durer une semaine.
Elle touche le corps entier de façon diuse sous forme
de lésions maculaires et infracentimétriques, bien
délimitées, non prurigineuses. L’hémogramme est
souvent contributif avec la mise en évidence d’une
leucopénie (généralement lymphopénique, mais une
neutropénie peut également être retrouvée) associée à
une thrombopénie et parfois une anémie modérée;
une cytolyse hépatique modérée est souvent présente.
Cependant, aucun de ces résultats n’est spécique d’une
primo-infection VIH.
Les autres causes fréquentes de syndrome mono-
nucléosique doivent être recherchées: virus d’Epstein-
Barr (EBV), cytomégalovirus (CMV) et la toxoplasmose
(Toxoplasma gondii)
. Bien que les ulcérations muco-
cutanées ne fassent pas partie du tableau clinique des
étiologies susmentionnées, le rash cutané aurait pu
correspondre à une réaction secondaire à l’administra-
tion d’antibiotique lors d’une mononucléose à EBV.
Une recherche pour la syphilis (voir précédemment,
question), le gonocoque et les hépatites virales est
également recommandée an d’exclure une autre in-
fection sexuellement transmissible.
Prise en charge
Contrairement à l’infection chronique à VIH, il n’y a
pas de recommandations clairement établies concer-
nant la prise en charge de la primo-infection. Une viré-
mie très élevée est généralement corrélée avec une
sévérité des symptômes plus importante ainsi qu’un
risque de transmission élevé. Cependant, toutes les
séroconversions doivent être traitées, quelle que soit la
virémie. Les buts du traitement sont de réduire la mor-
bidité associée à une infection VIH en supprimant la
virémie et en restaurant l’immunité, et de prévenir la
transmission du virus. Il est recommandé de débuter le
traitement aussi vite que possible, généralement avant
d’avoir établi de façon dénitive le prol de résistances
du virus. Une fois le traitement débuté, il est à pour-
suivre au long cours. Un suivi du compte des CD est
recommandé tous les à mois durant les deux pre-
mières années de traitement antiviral, puis une fois
par an au minimum en cas de suppression de la charge
virale. Un suivi rapproché de la formule sanguine et
des transaminases est indiqué à l’instauration du trai-
tement puis tous les à mois. Si l’on obtient une viré-
mie indétectable durant une année chez un patient qui
a des relations sexuelles stables avec la même personne
et pas d’autre infection sexuellement transmissible, le
port du préservatif n’est plus obligatoire (pour autant
que le/la partenaire soit d’accord)
.
En cas d’intolérance
au traitement, il n’est pas recommandé de le stopper,
mais plutôt de modier la combinaison thérapeutique.
En eet, une interruption est fortement associée avec
une augmentation de la morbidité et de la mortalité
secondaires au VIH.
L’adhésion au traitement est conditionnée par de mul-
tiples facteurs, incluant la condition sociale et l’état de
santé du patient, le traitement prescrit (nombre de com-
primés par exemple), et la relation que le patient entre-
tient avec son médecin. Il est primordial que le patient
soit informé et comprenne ces informations, que ce
soit les buts du traitement (suppression de la charge
virale, reconstitution immunitaire, diminution de la
morbi-mortalité résultant d’une infection à VIH, dimi-
nution du risque de transmission du virus), les eets
secondaires potentiels du traitement et la nécessité de
poursuivre le traitement à long terme. Ce dernier point
est crucial, surtout le jour où la virémie sera indétec-
table et le patient asymptomatique.
Dans le cas de notre patient, très rapidement après le
début du traitement, nous observons une disparition
du rash cutané, un amendement de l’état fébrile et des
diarrhées, ainsi qu’une normalisation du compte pla-
quettaire.
Disclosure statement
Les auteurs n’ont déclaré aucun lien nancier ou personnel en rapport
avec cet article.
Références recommandées
– Günthard HF, Aberg JA, Eron JJ, et al. Antiretroviral treatment of
adult HIV infection: recommandations of the International
Antiviral Society-USA Panel. JAMA. ;:.
– Dépistage du VIH eectué sur l’initiative des médecins, mai
(http://www.bag.admin.ch/hiv_aids).
– http://aidsinfo.nih.gov/guidelines (Last updated April , ; last
reviewed April , ).
– Swiss Statement: Vernazza P, Hirschel B, Bernasconi E, et al.
Lespersonnes séropositives ne sourant d’aucune autre MST et
suivant un traitement antirétroviral ecace ne transmettent
pasle VIH par voie sexuelle. Bull Med Suisses. ;:–.
– EACS guidelines octobre , version ..
http://www.eacsociety.org/les/guidelines_.-english.pdf
Correspondance:
Dr Christophe Kosinski
Médecin assistant
Service de médecine interne
BH -
Av du Bugnon
CH- Lausanne
Christophe.Kosinski[at]
chuv.ch
Réponses:
Question 1: b, e. Question 2: e. Question 3: d. Question 4: a.
SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(28–29):589–591