s’alliant tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre des deux adversaires. C’est le cas
notamment du roi d’Angleterre Henri VIII et, en Italie, de Venise et de la papauté. Le
sultan Soliman conclut même avec François Ier, en 1536, une alliance de fait contre
Charles Quint, sous couvert d’accords commerciaux dits à torts «capitulations», au
grand scandale de la Chrétienté. La guerre se déroule en Italie, en Provence, en
Roussillon, en Picardie, Champange ou Lorraine. Deux épisodes sont particulièrement
dramatiques. Vaincu et fait prisonnier à Pavie en 1525, François Ier est retenu a
Madrid durant près d’un an par son adversaire, qui exige de lui, pour recouvrer la
liberté, la cession de la Bourgogne et du Milanais; rentré en France, le roi refuse
d’executer un traité signé sous la contrainte. En 1553 c’est au tour de Charles Quint
d’essuyer un grave échec devant Metz.
Enfin, épuisés financièrement, Henri II, successeur de François Ier, et Philippe II,
successeur de Charles Quint, signent en 1559 le traité du Cateau-Cambresis: la France
est, de fait, evincée d’Italie dominée désormais par l’Espagne mâitresse de Milan et
de Naples, mais conserve en revanche les Trois Évêchés lorrains de Metz, Toul et
Verdun, occupés en 1552, et garde Calais, pris aux anglais en 1558.
L’EUROPE DÉCHIRÉE AU TEMPS DE PHILIPPE II
Philippe II d’Espagne, champion du catholicisme
Bien que Charles Quint n’ait laissé a son fils, en 1556, ni les domanines autrichiens ni
la couronne impériale, Philippe II n’en est pas moins le plus puissant souverain de son
temps. En dehors de l’Espagne, il possède les Pays-Bas et la Franche-Comté ce qui lui
permet de continuer à menacer virtuellement la France. Il domine la péninsule
italienne puis’il possède au nord le Milanais, au sud les royaumes de Naples et de
Sicile. Hors d’Europe, les trois quarts de l’Amerique sont espagnols (le Brésil étant
portugais), de même que l’archipel de Philippines. En outre, en 1580, Philippe II
devient rois de Portugal; il ne s’agit que d’une union personnelle de deux couronnes,
et le roi a promis de respecter les libertés portugaises; du moins se trouve ainsi
réalisée l’union non seulement de la péninsule Ibérique, mais encore des deux plus
grands empires coloniaux alors existants.
Souverain quasi absolu, Philippe se donne pour buts le renforcement de l’unité
politique et religieuse de l’Espagne et la défense des intérêts espagnols dans toute
l’Europe, de la mer du Nord à la Méditerranée, bientêt confondue avec la défense
même du catholicisme menacé à la fois par les protestants et par les Turcs. Ainsi
s’expliquent, non sans une constante ambiguïté née de cette confusion même, ses
relations conflictuelles avec l’Angleterre protestante, aboutissant à l’échec de
l’Armada envoyée contre les Iles Britanniques en 1588, ses interventions en France
lors des dernier épisodes des guerre de Religion, sa participation à la lutte contre les
Turcs, notamment lors de la victoire chrétienne de Lépante en 1571. Il est vrai que le
roi dispose de moyens à la hauteur de ses ambitions. Non seulement les Pays-Bas et le
Milanasi sont le régions les plus riches et les plus actives de toute l’Europe (sans
parler de l’éclat de leur civilisation), mais le Nouveau Monde est devenu pour le roi
d’Espagne un véritable pactole. L’argent du Potosi arrive à Seville par tonnes depuis
1545, et le roi, qui prélève le «quint» sur ces arrivages, peut ainsi faire partiellement
face aux énormes dépenses qu’entraînent une diplomatie très active et surtout
l’entretien de la meilleurs armée et de la meilleur flotte d’Europe.
Ce long règne (1555-1598) s’inscrit tout entier dans ce que l’on a appelé le «siècle
d’Or» espagnol, qui va de 1530 environs aux années 1640. L’expression vise non
seulement l’éclat de la civilisation (Thérèse d’Avila, Jena de la Croix, Cervantès, le
Greco), mais ausi la prospérité économique (au moins jusque verse 1590). Cette