L`Europe des Temps Modernes (XVI XVII XVIII )

publicité
Attention : ce document sera illustré dans une seconde version
disponible en ligne avant la fin du week-end.
L’Europe des Temps Modernes (XVIe XVIIe XVIIIe)
I. L’Europe politique
1. L’Europe est monarchique.
Cette époque est dominée par cinq grandes puissances :
- La France (dynastie des Bourbons) et l’Espagne (dynastie des Habsbourg), les deux
plus puissantes (parce que les plus peuplées) qui sont aussi rivales pour être au
premier rang.
- L’Angleterre et les Provinces Unies (aujourd’hui : les Pays Bas) viennent ensuite.
- Le Saint Empire est un cas particulier : c’est une mosaïque de 350 États allemands
qui sont indépendants les uns des autres.
D’autres États commencent à prendre de l’importance : la Prusse et la Russie.
Presque partout, les États sont des monarchies héréditaires et absolues (ou
qui aspirent à être absolues). On n’admet pas d’autre liberté que celle du roi. Leur
modèle est la France de Louis XIV. L’objectif de chaque monarque est de réaliser une
ambition : la puissance.
Cependant, l’idée de liberté individuelle existe quand même en Angleterre et aux
Provinces Unies. Quant au Saint Empire, il pratique la monarchie élective : les princes
(chefs des principaux États) élisent l’empereur.
- Pour établir son autorité absolue, la monarchie doit réaliser l’affaiblissement de la
noblesse. En France, Richelieu (ministre de Louis XIII) ordonne de raser les châteauxforts. Puis Mazarin (ministre de la mère de Louis XIV enfant) réprime la Fronde, révolte
de la noblesse.
- En Angleterre, la monarchie absolue ne parvient pas à s’établir. A la suite d’une
guerre civile, le Parlement limite le pouvoir royal.
- Aux Provinces Unies, ce sont les marchands (la bourgeoisie) qui dominent la société
et possèdent le pouvoir politique sous la forme d’une république. C’est la même chose
à Venise.
2. Des monarchies rivales
Les ambitions des rois (défendre ou agrandir le royaume) provoquent des
guerres. L’ambition française se heurte à l’encerclement du royaume par les
Habsbourg dont une branche règne sur l’Espagne et une autre branche sur le Saint
Empire.
L’Espagne, riche de ses colonies découvertes et conquises en Amérique, est une très
grande puissance. Cependant, elle perd plusieurs guerres, et la France devient la
puissance dominante en Europe.
A la même époque, pourtant, l’Angleterre s’affirme comme première puissance sur la
mer. Son commerce maritime rivalise avec celui de la France et les deux pays
s’opposent aux Antilles, en Amérique du nord et en Inde. La France doit finalement lui
abandonner ses possessions au Canada et en Inde.
A l’époque des Temps Modernes, la puissance d’un pays repose sur l’existence d’une
armée permanente (des soldats engagés, renforcés par des mercenaires étrangers). Il
faut les payer. Pour cela, l’État doit créer une administration efficace, capable de faire
payer des impôts réguliers.
II. L’Europe des villes et des campagnes
1. La démographie est fragile.
Vers le XVIIe siècle, la population vit dans la crainte du gel ou d’un été
pourri qui provoquerait une mauvaise récolte et une disette (alimentation insuffisante).
Le passage des armées (qui vivent de pillage) et les épidémies sont aussi des
menaces fréquentes.
Cette mortalité est encore plus présente chez les enfants : un sur quatre meurt avant
l’âge d’un an (mortalité infantile), et seulement un sur deux parvient à l’âge adulte : la
population n’augmente pas beaucoup.
La situation s’améliore au XVIIIe siècle : les crises démographiques sont moins
nombreuses (dernière peste en France en 1720). Comme la natalité reste élevée, la
baisse de la mortalité permet à la population d’augmenter rapidement : en 200 ans, on
passe de moins de 100 millions à plus de 150 millions.
2. Les campagnes : un monde traditionnel
80 à 90% de la population vit dans les campagnes, ce sont presque tous
des paysans. Ils cultivent surtout des céréales (du blé), et le pain est l’aliment de base.
Les techniques agricoles n’ont pas évolué depuis le moyen-âge.
Il y a peu d’élevage, le bétail est mal nourri et fournit peu de fumier. La terre produit
donc peu (le rendement est faible), ce qui impose de pratiquer la jachère (un an sur
trois, le plus souvent) pour qu’elle se repose. Et l’on n’a donc pas assez de terre pour
nourrir du bétail. C’est un cercle vicieux.
Pour améliorer leur revenu, beaucoup de paysans pratiquent une activité
complémentaire, un travail à domicile : le filage ou le tissage.
Ils doivent aussi payer des impôts au roi et des taxes au seigneur. Dans l’est de
l’Europe (par exemple en Russie), les paysans sont encore des serfs : ils ne peuvent
quitter la terre du seigneur et doivent accomplir des corvées.
Un début de transformation des campagnes se produit seulement au XVIIIe
siècle et seulement à l’ouest de l’Europe. Les champs sont alternativement semés en
blé et en cultures fourragères (trèfle ou luzerne pour nourrir le bétail). Cette alternance
permet d’abandonner la jachère. De plus, avec un bétail mieux nourri et plus de fumier,
les rendements augmentent. C’est un cercle vertueux.
Ces nouveautés apparaissent principalement en Angleterre et aux Provinces Unies.
3. Les villes : le monde des marchands
Bien que les petits ateliers d’artisans produisent l’essentiel des textiles et
des métaux, on voit apparaître les premières manufactures qui rassemblent des
centaines d’ouvriers travaillant à la main.
A la suite des Grandes Découvertes, le trafic maritime avec l’Afrique et l’Amérique
s’organise en commerce triangulaire : on apporte en Afrique des pacotilles (= faible
valeur) qu’on échange contre des esclaves, lesquels sont transportés dans les
plantations d’Amérique et vendus aux riches planteurs. On revient en Europe chargé
de canne à sucre, de tabac ou de coton.
Ce trafic produit des bénéfices très importants pour les marchands. D’immenses
fortunes enrichissent les ports de l’Atlantique : Londres, Amsterdam, et en France :
Nantes et Bordeaux.
Cette richesse permet de transformer les villes : grandes avenues et places, bâtiments
officiels bien visibles. C’est la naissance de l’urbanisme.
Les marchands s’unissent en compagnies maritimes auxquelles le roi accorde le
monopole du commerce avec une région du monde. C’est ainsi que les intérêts de la
Compagnie française des Indes occidentales (= l’Amérique) s’opposent à ceux de la
Compagnie anglaise des Indes occidentales.
III. L’Europe chrétienne
1. La chrétienté est divisée.
Déjà au XIe siècle les chrétiens s’étaient divisés entre Catholiques et
Orthodoxes.
Au XVIe siècle, les Protestants rejettent l’autorité du pape et se séparent des
Catholiques. Cette Réforme prend plusieurs formes : les Protestants qui suivent les
idées de Luther (luthériens) sont nombreux dans le Saint Empire, tandis que la Suisse
suit les idées de Calvin (calvinistes). L’Angleterre adopte la forme anglicane.
Ainsi, c’est plutôt l’Europe du nord qui est protestante. Le catholicisme reste puissant
dans l’Europe méditerranéenne.
L’Église catholique se donne des outils pour conserver son influence.
Il y a d’abord les Jésuites, des religieux soigneusement formés et cultivés qui seront
les confesseurs et conseillers des rois, qui prononceront aussi le dimanche des
sermons aux chrétiens dans les églises.
Il y a aussi l’art baroque (dans l’architecture, la peinture). Cette forme artistique utilise
le mouvement et le déséquilibre des lignes courbes pour frapper l’imagination du
spectateur et provoquer une émotion religieuse. Le décor est fastueux, il s’oppose à
l’austérité des Protestants. On représente la Vierge et les Saints qui sont les
personnages dont l’Église catholique veut développer le culte partout. C’est un art
européen.
En France, cependant, l’art baroque ne s’impose pas face à l’art classique qui
montre la gloire de la monarchie. Les lignes droites et la symétrie illustrent la puissance
et la stabilité de la monarchie absolue. C’est un art français mais qui sera imité.
Aux Provinces Unies (protestantes, où il n’y a pas d’église à décorer), la riche
bourgeoisie des marchands se fait représenter en portraits par des peintres comme
Rembrandt.
2. Tel prince, telle religion.
Pour faciliter l’autorité royale, le peuple doit avoir la même religion que
son roi. C’est pourquoi les minorités religieuses sont persécutées :
- l’Angleterre protestante (forme anglicane) persécute les Catholiques, et aussi les
Puritains (ils veulent une religion plus pure que celle des Anglicans). Certains Puritains
s’embarquent pour l’Amérique et sont à l’origine des États-Unis.
- l’Espagne catholique expulse les Juifs et les Musulmans.
En France, le roi Henri IV met fin aux Guerres de religion entre Catholiques et
Protestants en signant l’Édit de Nantes (qui permet le culte protestant). Cependant, le
petit fils d’Henri IV : Louis XIV, révoque l’Édit de Nantes, obligeant les Protestants à la
conversion forcée ou à l’exil.
3. La chrétienté est déchirée par des guerres.
Les Protestants des Pays-Bas (appartenant aux Habsbourg) se révoltent
contre l’Espagne catholique et donnent naissance à la république des Provinces Unies.
Cas exceptionnel en Europe, on y pratique la tolérance religieuse.
Le Saint Empire connaît une crise très grave quand l’empereur catholique (un
Habsbourg) veut imposer sa religion aux princes de ses États protestants. La Guerre
de Trente Ans (1618-1648) qui les oppose et qui ravage l’Empire se conclut par la
liberté religieuse pour les princes.
En France, la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV provoque une longue
révolte des Protestants dans la région des Cévennes.
Téléchargement