II. L’Europe des villes et des campagnes
1. La démographie est fragile.
Vers le XVIIe siècle, la population vit dans la crainte du gel ou d’un été
pourri qui provoquerait une mauvaise récolte et une disette (alimentation insuffisante).
Le passage des armées (qui vivent de pillage) et les épidémies sont aussi des
menaces fréquentes.
Cette mortalité est encore plus présente chez les enfants : un sur quatre meurt avant
l’âge d’un an (mortalité infantile), et seulement un sur deux parvient à l’âge adulte : la
population n’augmente pas beaucoup.
La situation s’améliore au XVIIIe siècle : les crises démographiques sont moins
nombreuses (dernière peste en France en 1720). Comme la natalité reste élevée, la
baisse de la mortalité permet à la population d’augmenter rapidement : en 200 ans, on
passe de moins de 100 millions à plus de 150 millions.
2. Les campagnes : un monde traditionnel
80 à 90% de la population vit dans les campagnes, ce sont presque tous
des paysans. Ils cultivent surtout des céréales (du blé), et le pain est l’aliment de base.
Les techniques agricoles n’ont pas évolué depuis le moyen-âge.
Il y a peu d’élevage, le bétail est mal nourri et fournit peu de fumier. La terre produit
donc peu (le rendement est faible), ce qui impose de pratiquer la jachère (un an sur
trois, le plus souvent) pour qu’elle se repose. Et l’on n’a donc pas assez de terre pour
nourrir du bétail. C’est un cercle vicieux.
Pour améliorer leur revenu, beaucoup de paysans pratiquent une activité
complémentaire, un travail à domicile : le filage ou le tissage.
Ils doivent aussi payer des impôts au roi et des taxes au seigneur. Dans l’est de
l’Europe (par exemple en Russie), les paysans sont encore des serfs : ils ne peuvent
quitter la terre du seigneur et doivent accomplir des corvées.
Un début de transformation des campagnes se produit seulement au XVIIIe
siècle et seulement à l’ouest de l’Europe. Les champs sont alternativement semés en
blé et en cultures fourragères (trèfle ou luzerne pour nourrir le bétail). Cette alternance
permet d’abandonner la jachère. De plus, avec un bétail mieux nourri et plus de fumier,
les rendements augmentent. C’est un cercle vertueux.
Ces nouveautés apparaissent principalement en Angleterre et aux Provinces Unies.
3.
Les villes : le monde des marchands
Bien que les petits ateliers d’artisans produisent l’essentiel des textiles et
des métaux, on voit apparaître les premières manufactures qui rassemblent des
centaines d’ouvriers travaillant à la main.
A la suite des Grandes Découvertes, le trafic maritime avec l’Afrique et l’Amérique
s’organise en commerce triangulaire : on apporte en Afrique des pacotilles (= faible
valeur) qu’on échange contre des esclaves, lesquels sont transportés dans les
plantations d’Amérique et vendus aux riches planteurs. On revient en Europe chargé
de canne à sucre, de tabac ou de coton.
Ce trafic produit des bénéfices très importants pour les marchands. D’immenses
fortunes enrichissent les ports de l’Atlantique : Londres, Amsterdam, et en France :
Nantes et Bordeaux.
Cette richesse permet de transformer les villes : grandes avenues et places, bâtiments
officiels bien visibles. C’est la naissance de l’urbanisme.
Les marchands s’unissent en compagnies maritimes auxquelles le roi accorde le
monopole du commerce avec une région du monde. C’est ainsi que les intérêts de la
Compagnie française des Indes occidentales (= l’Amérique) s’opposent à ceux de la
Compagnie anglaise des Indes occidentales.