VINSONNEAU Laura DUTERTRE Florence 25/02/11, anapath, N. Rioux-Leclerc Les tumeurs épithéliales I. Introduction A. Epithéliums Les tumeurs épithéliales malignes : carcinome sont les tumeurs les plus fréquentes chez l’adulte juste avant les lymphomes. Elles se développent à partir de trois types de muqueuses : - Malpighienne : œsophage, sphère ORL, canal anal, peau. - Glandulaire : de l’estomac jusqu’au rectum - Transitionnel = urothélial = de type paramalpighien (signe histologique comparable avec l’épithélium malpighien) B. Place de l’immunocytochimie 1. Cytokératine à large spectre ? Quelque soit le type de muqueuse, elles ont un phénotype commun : l’expression de cytokératines, c’est une spécificité des épithéliums. Pour définir un tissu comme épithélial, on détecte les cytokératines à large spectre, grâce à l’immunocytochimie. De ce fait, en cas de suspicion de K épithélial on peut le mettre en évidence grâce à l’utilisation d’AC anticytokératines. Tout les carcinomes expriment des cytokératines, certaines permettent d’orienter le diagnostic vers un organe : ce sont les cytokératines spécifiques. 2. Cytokératine spécifiques Epithélium glandulaire : CK7/CK20 permettent de classer 80% des adénocarcinomes. Différents profils sont possibles en fonction du niveau d’expression, par exemple : CK7+/CK20+ : pancréas, ovaire CK7++/CK20+/- ou - : voies urinaires CK7+/CK20- : poumons à petites cellules, ADK … CK7-/CK20- : foie, prostate … pas à retenir… 1/9 C. Diagnostic Le diagnostic est posé sur : - liquide (ascite, urines…) - biopsie - pièce opératoire. Il faut toujours une confirmation histologique avant d’opérer, sauf dans un contexte d’urgence (ex : syndrome occlusif). D. Facteurs de risques - Virus: Human Papilloma Virus (HPV) -UV : epithelium malpighien cutané - Alcool et tabac : notamment pour les tumeurs ORL, oesophage et poumons. - Obésité/ Sedentarité : le risque de cancer du sein est multiplié par 10 entre une femme mangeant sainement, pratiquant régulièrement du sport et une ne le faisant pas. - Risques professionnels : amines aromatiques pour les tumeurs de la vessie (colorants : benzidine ; caoutchouc ; plastique ; résines époxydiques). - Facteurs génétiques importants lors d’une atteinte des 2 allèles du gène. Exemple du cancer colorectal : il existe une prédisposition héréditaire au cancer colorectal : polypose adénomateuse familiale (gène APC) et syndrome de Lynch (polypose non héréditaire, HNPCC), qui représentent à eux deux 5 à 10 % des cancers colorectaux. Il y a de plus un risque majoré lors de cancers associés : - spectre étroit : endomètre, grêle, voies urinaires. - spectre élargi : estomac, ovaire, voies biliaires et cutané. Chez l’homme, 6 gènes sont impliqués dans un système de reconnaissance et de réparation des mésappariements de l’ADN se produisant lors des divisions cellulaires. Ce sont les gènes Miss Match Repair : MLH1, MSH2, MSH6, MSH3, PMS1, PSM2… Les patients porteurs d’une HNPCC héritent d’une anomalie sur un des quatre gènes : MLH1, MSH2, MSH6 et PMS2, ce qui n’entraîne pas de conséquence, il faut qu’au court de la vie, sous l’effet des facteurs environnementaux qu’une seconde anomalie survienne sur ce même gène pour que le K apparaisse. Il faut que les deux allèles soit atteints : « théorie des doubles X» Si on a un patient présente des ATCD familiaux de K colorectal au premier degré, on fait une enquête génétique familiale : conduite à tenir : *immunohistochimie : on utilise 6 Ac anti protéines (codé par les 6 gènes du MMR) pour rechercher leur expression sur le prélèvement. *recherche de mutation par biologie moléculaire si un ou plusieurs des tests Ac se sont révélés être négatifs. Rappel TD classification : okkkkk Bénin Malin MalpiSKIen Papillome Carcinome malpighien Glandulaire Adénome Adénocarcinome Transitionnelle Papillome Carcinome urothélial 2/9 II. Lésions pré-néoplasiques : A. Métaplasie : Tous les carcinomes épithéliaux passent par un état pré-néoplasique mais parfois ils se développent à partir d’une métaplasie : Ex : Muqueuse malpighienne au niveau de l’œsophage : En cas d’un RGO, l’œsophage est agressé par le reflux acide de l’estomac. La muqueuse devient métaplasique c’est-à-dire qu’elle se dédifférencie en muqueuse glandulaire. (Muqueuse malpighienne + métaplasie glandulaire = endobrachyoesophage EBO). Ex : vessie du paraplégique On observe une stagnation d’urine entrainant des infections chroniques d’où une agression permanente de la muqueuse transitionnelle. Ce qui entraine soit - métaplasie malpighienne puis carcinome malpighigien - métaplasie glandulaire plus rarement !!!! QCM Tumeur primitive de la vessie = carcinome urothélial Tumeur oesophagienne suite à un RGO = carcinome glandulaire et non malpiSKIen B. Etat pré-néoplasique Tous les carcinomes épithéliaux passent par un état pré-néoplasique. Il existe quatre phases : - Dysplasie de bas grade BG - Dysplasie de haut grade HG - Carcinome in situ CIS - Carcinome infiltrant. C. Atypies observées à l’état pré-néoplasique Les atypies observées dans toutes les tumeurs épithéliales au stade pré-néoplasique sont : - désorganisation architecturale par rapport à la muqueuse normale - atypie nucléo-cytoplasmique : RNP augmenté, chromatine plus dense, mitoses plus nombreuses, mb nucléaire plus épaisse - Mitose anormale - Pas infiltration Lors d’une dysplasie de bas grade, ces trois facteurs sont moins importants et ne concerne pas toute la hauteur de l’épithélium. La sévérité des atypies est plus grave dans la dysplasie de haut grade, cependant, elles n’atteignent pas toute la hauteur de l’épithélium ; contrairement au carcinome in situ, qui concerne toute l’épaisseur de la muqueuse. Dans ces quatre phases, il n’y a pas d’infiltration. Les traitements sont très différents en fonction du stade, et de l’organe. On n’opère jamais pour une dysplasie de bas grade. 3/9 Description DIAPO : Dysplasie -BG : Atypies sur la moitié de la hauteur de l’épithélium -HG : Atypies sur les ¾ -CIS : toute la hauteur est concernée, pas de risque métastatique -Carcinome infiltrant : risque métastatique dès la microinflitration D. Atypies observées à l’état de carcinome infiltrant - Atypie nucléo-cytoplasmique, - Mitose anormale, - Nécrose - Même lésions qu’en pré-néoplasique, le seul critère majeur est l’infiltration. - Apprécier la maturation et la différenciation de la tumeur : - La différenciation sarcomatoïde (si supérieur à 50%, c’est traité comme un sarcome) ou endocrine (si supérieur à 50%, traité comme un cancer glandulaire). La différentiation n’est pas liée au degré d’évolution de la tumeur, elle est à prendre en compte afin d’adopter la bonne stratégie thérapeutique. - La maturation : carcinome qui synthétise la même sécrétion que le tissu d’origine. Ex : carcinome malpighien qui synthétise de la kératine. - Stroma tumoral III. Tumeur malpighienne : Les tumeurs malpighiennes représentent 70% des tumeurs et plus de 50% des cancers sont des carcinomes. A. Localisation - Revêtement cutané (++) avec kératinocytes = cellules malpighiennes qui produisent de la kératine) - Muqueuse du tube digestif : œsophage et canal anal - Sphère ORL : à noté que la langue est le seul épithélium malpighien de la sphère ORL qui produit de la kératine B. Papillome Le papillome est la forme bénigne, elle peut toute fois évoluer vers un carcinome (malin). • Macroscopie : présence d’HPV (human papilloma virus) est recherchée systématiquement, exemple des verrues aux orteils, blanche en surface dû à la kératinisation. • - Microscopie : histologie désorganisation architecturale : organisation papillaire, c’est à dire papille en surface prolifération anormale des cellules malpighiennes qui prennent une forme de papille : la couche est plus épaisse autour de l’axe conjonctivo-vasculaire 4/9 - kératinisation en surface, parfois, atypie nucléo cytoplasmique avec des degré de dysplasie différents pas d’infiltration C. Carcinome malpighien • • - Macroscopie : blanchâtre, saigne, friable forme végétante : aspect de chou fleur, forme infiltrante : effet cartonné, la tumeur se développe sous la peau, l’infiltration est vers l’intérieur, l’aspect de la peau est normal, mais au toucher c’est cartonné. forme ulcérée : sang, pus. Microscopie : histologie désorganisation architecturale : prolifération anormale des cellules malpighiennes, formation de travées, lobules, massifs. Cellules cubiques, cytoplasme basophile (les cellules deviennent bleutées), atypie nucléocytoplasmique, aspect de cadre clair et ponts d’union (desmosomes) entre les cellules carcinomateuses cohésives. Caractère spécifique : !! maturation kératinisante = sous forme de squame cornée ou de globe corné (gros amat de cellules productrices de kératine), cellules dyskératosiques (=commençant à sécréter de la kératine=rose). ME : tonofilaments intracytoplasmiques attachés sur des desmosomes de la membrane cytoplasmique. IV. Tumeur épithéliale glandulaire A. Localisation Concerne tous les organes avec des glandes ou des canaux. - Organes creux : muqueuse digestive de l’estomac au rectum inclus, voies biliaires intra et extra hépatiques, bronches. - Parenchyme exocrine : foie, pancréas, glande salivaire, sein, glande sudorale, reins, ovaires, prostate. - Parenchyme endocrine : hypophyse, thyroïde, corticale surrénalienne, pancréas, ovaire et testicule. B. Adénome L’adénome est la tumeur bénigne d’origine glandulaire. • Macroscopie : - plage surélevée - adénome sessile : adénome tapisse la muqueuse - adénome pédiculé : plus exposé aux irritation, donc aux saignements. • Microscopie : - glande Lieberkhün à architecture normale : « champ de pâquerettes », cellules à grosses vacuoles, noyaux côte à côte au pôle basal. 5/9 - Atypie sur toute la hauteur de la glande = CIS - Désorganisation architecturale : o Prolifération uniquement glandulaire : adénome tubuleux, o Prolifération de villosités : adénome villeux, o Adénome tubulo-villeux. Du plus au moins grave : villeux, tubulo-villeux, tubuleux. - Atypie nucléo-cytoplasmique : augmentation du rapport nucléo-cytoplasmique, mitose anormale, cellules sont plus basophile, hyperplasie glandulaire. C. Adénocarcinome C’est la tumeur maligne d’origine glandulaire. • Macroscopie : - Tumeur unique ou multiple, - Aspect bourgeonnant, végétant, friable, ulcéré (car sur le passage du bol alimentaire), infiltrant, (80% des adénocarcinome du colon sont bourgeonnant), - Aspect de squirrhe, linite : lésion fibreuse souvent retrouvée au niveau de l’estomac et des seins d’aspect cartoné et retracté. La lésion est plane et dure. - Coloration jaune chamois. • Microscopie : - désorganisation architecturale : prolifération anormale glandulaire, tubulaire, papillaire/ villeuse, acineuse, polyadénoïde = cribiforme ce sont plusieurs glandes qui ont fusionnées. - cellules cylindriques ou cubiques, - atypie nucléaire : gros noyau, chromatine hétérogène, - mitose, nécrose, hémorragie, - maturation = mucosécrétion, - ME : recherche des produits sécrétions (grains), - coloration PES, bleu alcian pour colorer les grains de sécrétions Rq : si il y a infiltration de nerf, il y aura une douleur (pancréas ++ et colon), le rein est peu innervé, donc pas douloureux. V. Tumeur Urothéliale = tumeur transitionnelle = paramalpighienne, car ressemble au revêtement malpighien. Sur le plan embryonnaire, ces deux épithéliums dérivent du même feuillet. On a facilement des métaplasies malphigiennes à partir d’un épithélium transitionnelle. A. Localisation - Voies excrétrices, - Vessie, - Urètre. Dans la dysplasie de bas grade et de haut grade, il y a des cellules à gros noyaux basophiles, à gros cytoplasme, de même taille, ressemblant à des œufs sur le plat. Dans le carcinome in situ, les grosses cellules perdent leurs molécules d’adhésion, se détachent et partent dans les urines . 6/9 B. Papillome = tumeur urothéliale bénigne. Le papillome représente 90% des tumeurs urothéliales. • Macroscopie : en forme de méduse , végétante • Microscopie : - prolifération papillaire, - quantifier le degré d’atypie, - critères du grading : épaisseur des papilles, désorganisation architecturale, atypie nucléo-cytoplasmique, mitose. C. Carcinome transitionnel = tumeur urothéliale maligne. Le carcinome donne les urines très sales avec de grosses cellules détectables à l’ECBU. On opère quand le détrusor est atteint, avant cela on préfère un traitement endovésical. Lorsqu’une composante endocrine est associée : la coloration est bleu intense VI. Facteurs pronostics A. Facteurs histo-pronostiques - Différenciation de la tumeur : si bien différencié = bon pronostic, si peu différencié = mauvais pronostic. Taille du nucléole dans le rein (si la taille augmente = mauvais pronostic). Pour la prostate, c’est l’architecture qui est à prendre en compte. Pour le sein, c’est uniquement la taille des noyaux qui comptent. B. Stade TNM Le stade TNM est spécifique à chaque organe - T: taille de la tumeur, (ex : d’une tumeur rénale) T1: sous muqueuse, (6 cm) T2: infiltrante : muscle, (10 cm) T3: graisse, (dépasse le rein dans la graisse) T4: dépasse l'organe, (infiltre la surrénale et le foie) - N: métastases ganglionnaires régional à l'organe - M: métastases à distance (ganglions autres que la région de drainage) ex : tumeur rénale infiltrante sur les surrénales et le foie + métastases vertébrales = stade T4 M1 7/9 C. Place de la prise en charge thérapeutique de patients EX : Les molécules de signalisation agissent par l’intermédiaire d’un récepteur tyrosine kinase. Ce récepteur est activé par la protéine c-kit, codé par le gène c-kit. Lors d’une mutation du gène c-kit, la protéine c-kit est hyperexprimée, ainsi, elle active le récepteur de la tyrosine kinase, par ce biais, elle empêche l’apoptose, augmentent les signaux. Cette mutation est retrouvée dans les tumeurs. Stratégie thérapeutique : - soit on bloque le récepteur à activité tyrosine kinase - ou on bloque les voies d’activation dans la cellule Ainsi la thérapie ciblée consiste à bloquer la voie cellulaire impliquée dans le développement de la tumeur concernée. (De cette manière on peut bloquer la voie de production anormale de facteur de proangiogénèse : voie VHL / HIF 1alpha) QCM Une lésion dysplasique peut se définir par le(s) critère(s) suivant(s): - Il s’agit d’une lésion prénéoplasique - Elle évolue inéluctablement vers un sarcome - Elle peut évoluer vers un carcinome - Elle survient le plus souvent sur les épithéliums -Son traitement est différent selon le tissu d’origine Réponses : 1, 3, 4, 5 Le stade TNM prend en compte: - L’extension locale de la tumeur - L’extension régionale de la tumeur - La nécrose tumorale - La présence de métastase ganglionnaire -La présence de métastase à distance -Les embols vasculaires Réponses: 1, 2, 4, 5 Parmi les caractéristiques suivantes, laquelle (lesquelles) peut (peuvent) s’appliquer à au carcinome? 1. Atypies nucléocytoplasmiques 2. Présence d’un stroma inflammatoire abondant 3. Présence d’une composante sarcomatoïde associée 4. Nécrose 5. Mitoses Rep : 1, 2, 3, 4 ,5 8/9 Devant une métastase ganglionnaire d’un carcinome malpighien, vous allez procéder à: A. un examen ORL B. une fibroscopie bronchique C. un examen cutané D. une coloscopie E. un examen bactériologique des selles Rep : A, B, C Devant une métastase ganglionnaire d’un adénocarcinome vous allez procéder à: A. une fibroscopie digestives B. un examen gynéco si c'est une femme avec vérification des ovaires C. un examen en ORL D. un toucher rectal avec dosage des PSA si c'est un mâle E. un examen bucal Rep : A, B, D, E Devant une métastase ganglionnaire d’un carcinome transitionnel vous allez verifier 1. 2. 3. 4. 5. 6. Le poumon la vessie la prostate le rein les voies excrétrices supérieures le côlon Rep: 2, 3, 4, 5 Les facteurs pronostiques utilisés par le pathologiste peuvent prendre en compte: 1. 2. 3. 4. 5. les atypies nucléaires le nombre de mitoses la présence de foyers de nécrose l'extension de la tumeur la taille tumorale Rep: TOUT 9/9